Bétés

Les Bétés sont un peuple vivant dans le centre-ouest de la Côte d'Ivoire, notamment dans les régions de Gagnoa, Ouaragahio, Soubré, Buyo, Issia, Saïoua, Daloa et de Guibéroua, dans ce qu'on appelle la « boucle du cacao ». Ils représentent environ 18 % de la population du pays, ce qui en fait démographiquement la deuxième du pays après les Baoulés.

Pour la langue, voir Bété (langue).

Pour l’article ayant un titre homophone, voir Bété.

Bétés
Brooklyn Museum 56.6.96 Standing Female Figure

Populations significatives par région
Côte d'Ivoire 3 086 348
Population totale 3 086 348
Autres
Langues Bété (langue)
Religions Christianisme, religion traditionnelle
Ethnies liées

proches: Wés, Dida, Nyabwa, Néyo, Godiés, Krou, Bakwé

sous-groupes:Niabré, Logobre, Nékédi, Zédi, Zabia, Guébié, Gbadi, Paccolo, Dri, Zikobouo, Kriwa, Lossom, Gotibo, Dakua, Bamo, Zuglo, Dudua, Galeba, Zakwa, Dikpi, Zebuo, Gbalongwa, Ngwadagwie, yocolo, Nogogo, Sobô, Yacolo, Jetegwie, Dogbogwie,Lobo, Badakua

Ethnonymie

Selon les sources et le contexte, on observe de multiples formes : Bèti, Bètia, Betegnan, Bété, Bétés, Bokya, Kpwe, Magwe, Shien, Shiens, Bété Tsien[1].

L'origine de l'ethnonyme du peuple Bété demeure inconnue.

Histoire

Appartenant au groupe culturel des Krous comprenant les Wés et les Didas, les raisons de la migration des Bétés demeurent inconnues. Certains ethnologues et anthropologues les font venir du Liberia (Maurice Delafosse), d'autres du Ghana (Jean-Pierre Dozon) ou même du Nigeria[2],[3],[4].

Les Bétés constituent aujourd'hui à la fois la population la plus importante du monde Krou de Côte d'Ivoire et celle qui occupe son espace de la manière la plus dense. Ils sont, avec les Sénoufos, l'un des peuples les plus anciens sur le territoire de l'actuelle Côte d'Ivoire.

Populations

Le peuple Bété est composé de 93 tribus, correspond tantôt au clan, tantôt à une fédération de lignages moyens[2].

Certains Bétés migrèrent dans la région de Divo pour se fondre dans une population autochtone et former une autre ethnie, les Didas. Aux Bétés se rattachent les Kouya, les Niédéboua et les Niaboua.

Langue

Il n'y avait qu'une seule langue avant la seconde dispersion des Bétés. Elle a connu des évolutions avec le contact des autres peuples. Ainsi, la langue est différente que l'on soit à Gagnoa ou à Daloa.

Glottolog recense 5 langues bété différentes[5] : le bété de Gagnoa et le sokuya forment la branche du bété oriental tandis que le bété de Daloa godié et le bété de Guiberoua forment la branche du bété occidental.

La langue la plus proche de la langue souche pourrait être celle parlée à Soubré, Guibéroua et Saïoua[6].

Religion traditionnelle

La religion bété comporte deux niveaux. Un niveau théorique, très englobant, qui parle de l'univers et des relations entre Dieu (Lago ou Lago Tapé) et les hommes et un niveau pratique qui gère le quotidien des hommes et apporte des solutions aux problèmes (santé, désordre social, etc.)[7]

Culture

En dépit de quelque variantes notées, il y a un fond culturel commun. Le culte du bagnon est présent dans toutes les régions bété. Chaque village a son bagnon. Il est désigné selon des critères physiques et moraux. Il est respecté et consulté en raison de sa vie exemplaire. On lui voue un véritable culte.

La production artistique est riche et variée. Elle est dominée par la danse et la chanson. Elles régissent les événements, heureux ou malheureux, de la vie sociale. Chaque région a son pepe ou tite, semaine artistique tournante qui rassemble plusieurs villages. Il existe plusieurs rythmes musicaux en pays bété notamment (le Towoulou, l'Alloukou, le Ziglibithy, le Gbégbé, etc.)[8]

En revanche, la culture et la langue varient en fonction des contacts qui ont été établis avec d'autres peuples selon la région. La langue est ainsi différente que l'on soit à Gagnoa ou à Daloa. De plus, les Bétés de Gagnoa ont une organisation sociale marquée par les Akans et les Mandingues du sud voisins, ils ne connaissent pas de masque, tandis que ceux de Daloa et d’Issia en contact avec les Wés ont une institution du masque.

Tenue traditionnelle

Les Bétés portent un pagne traditionnel appelé tapa ou gloko en Bété de Daloa. Le nom tapa est du au fait que ce tissu d’écorce d’arbre s’obtient après plusieurs étapes. Le tapa s’obtient selon les étapes suivantes : abattage d’arbre, extraction de l’écorce du bois, frappes multiples sur l’écorce d’arbre jusqu’à dilatation de l’écorce pour donner le tissu, séchage au soleil et enfin teinture selon le goût[11].

Écriture Bété

Frédéric Bruly Bouabré a créé un alphabet à partir de la langue bété, en élaborant un syllabaire 448 unités sous forme de pictogrammes. Seuls quelques initiés pratiquent cette écriture mais les dessins de Bruly circulent dans les musées du monde entier[12].

Matriclans chez les Bétés

Les matriclans (lêlé) existent chez les Bétés de Gagnoa. Le lêlé est une organisation parentale (matrilinéaire) qui prend à contre-pied l'organisation parentale (patrilinéaire) prépondérante en pays bété. Cette organisation parentale est très répandue chez les Zédi, les Zabia et les Gbadi. Toutefois les Nékédi, les Niabré (Gnébré), les Paccolo et les Guébié ne la méconnaissent pas, car certains de leurs ressortissants (ceux qui ont une mère issue de l'une de ses trois tribus précitées) se réfèrent à leur matriclan. Il faut aussi noter que le lêlé existe également chez les Didas (Yourou).

Les matriclans varient de 6 à 7 parfois 8 selon les villages, on distingue les Gatoua, les Têkpêtoua, les Médétoua, les Datoua, les Litoua, les Doutoua. Il est donc clair que chacun des Lêlé regroupe des milliers de personnes. Le nom de ces matriclans est celui des six ancêtres féminines dont la connexion généalogique avec les mères vivantes est impossible à établir, il s'agit de figures mythiques donnant lieu à une grande variété de récits.

Le lêlé c'est d'appartenir à une fratrie, on est membre de cette fratrie par sa mère. Par exemple si un Datoyou épouse une Têkpêtohonon, leurs enfants seront des Têkpêtoua. Enfin, il faut noter que les hommes et les femmes d'un même lêlé sont considérés comme frères et sœurs, ce qui a pour effet d'empêcher une éventuelle union conjugale (ce n'est pas un véritable interdit matrimonial, ceux qui souhaite passer outre doivent faire un sacrifice d'animal pour éviter la stérilité du couple)[13],[14].

Personnalités d'origine bété

Sportifs

Écrivains, philosophes

Musiciens

Acteurs, actrices

Personnalités politiques

Artistes

Matador

  • Gildas Gnafoua "Diamante negro"

Notes et références

  1. Source RAMEAU, BnF
  2. Jean-Pierre Dozon, La société bété : histoires d'une "ethnie" de Côte-d'Ivoire, , 367 p. (ISBN 978-2-86537-121-1, lire en ligne), p. 268.
  3. http://www.ijaw-naa.org/ijaw/home.htm
  4. http://www.wobebli.net/histoire/krous.htm
  5. (en) « Family: Beteic », sur Glottolog 4.1 (consulté le )
  6. « La société bété », Jean-Pierre Dozon (consulté le )
  7. « BÉTÉ », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  8. http://www.rezoivoire.net/cotedivoire/patrimoine/205/les-bete.html#.VEPM-1c0GSA
  9. Iris & B. Gerald Cantor Center for Visual Arts
  10. Château des Sforza
  11. « La mode ivoirienne fait un tapa », sur Afrik.com, (consulté le ).
  12. « Il a inventé l’alpha-bété – Jeune Afrique », Jeune Afrique, (lire en ligne, consulté le ).
  13. Jean-Pierre Dozon, La société bété : histoires d'une "ethnie" de Côte-d'Ivoire, , 367 p. (ISBN 978-2-86537-121-1, lire en ligne).
  14. Laurent Gbagbo, Sur les traces des Bété, , 174 p. (ISBN 978-2-7166-0026-2, lire en ligne).

Voir aussi

Bibliographie

  • Kipré Guekpossoro Edme Baroan, Mutation des noms africains : l'exemple des Bété de Côte d'Ivoire, Nouvelles Éditions Africaines, Abidjan, 1985, 253 p. (ISBN 2723607747)
  • Jean-Pierre Dozon, La société bété : histoires d'une "ethnie" de Côte-d'Ivoire, vol. 17, Éditions Karthala, coll. « Hommes et sociétés », , 367 p. (ISBN 2-86537-121-2, présentation en ligne)
  • E. Dunglas, Dans la forêt de la Côte d'Ivoire : coutumes et mœurs des Bété, Larose, Paris, 1939, 98 p.
  • Boniface Gbaya Ziri, Problèmes de regroupement des villages bété, Côte d'Ivoire : contribution à l'analyse des obstacles socioculturels au développement, L’Harmattan, Paris, 2005, 199 p. (ISBN 9782747595490) (d’après une thèse soutenue à l’Université de Paris 7, 1995)
  • Laurent Gbagbo, Sur les traces des Bété, PUCI, Abidjan, 2002, 174 p. (ISBN 2716600260)
  • Bohumil Holas, L'Image du monde Bété, Presses universitaires de France, Paris, 1968, 401 p.
  • Denise Paulme, Une société de Côte d'Ivoire hier et aujourd'hui : les Bété, Mouton, 1962, 200 p. (compte-rendu en ligne )
  • F. Dedy Séri, Les funérailles en pays Bété, Nouvelles éditions africaines, Abidjan, 1989, 27 p. (ISBN 2723615022) (tiré à part du Colloque international Funérailles et Développement en Afrique de mars-avril 1990)
  • E. Dunglas, Coutumes des bété dans la région Issia-Daloa (Document conservé aux Archives Nationales de Côte d'Ivoire, Abidjan), s.d.
  • Coutumes Néyo et Bété coutumiers. Cercle de Sassandra (document conservé aux Archives Nationale de Côte d'Ivoire, Abidjan), dactyl., dates diverses.
  • Joël Gronner, Les Bété de Soubré et le développement régional (Sud-Ouest de la Côte d'Ivoire) Thèse ORSTOM - EHESS 1982, 525 p. - https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers14-08/03780.pdf

Articles connexes

Liens externes

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