Bernard Zadi Zaourou

Bernard Zadi Zaourou (né en 1938 à Soubré en Côte d'Ivoire et mort le à Abidjan)[1], connu également sous le nom de Bottey Zadi Zaourou, est un enseignant universitaire, homme politique, écrivain et syndicaliste ivoirien qui a occupé le poste de ministre de la culture dans le gouvernement de Daniel Kablan Duncan formé en 1993 sous la présidence d'Henri Konan Bédié.

Pour les articles homonymes, voir Zadi.

Biographie

Bernard Zadi Zaourou est le théoricien du Didiga, une esthétique qui se décline sur le plan artistique comme le récit des prouesses d'un héros chasseur nommé Djergbeugbeu et sur le plan philosophique comme l'art de l'impensable[2].

Zadi Zaourou peut être considéré comme un auteur avant tout engagé, musicien et poète et aussi féministe. En peignant l'image de femmes guerrières intrépides, il relance par la bouche de la gent féminine, la question de la fragilité du pouvoir mâle. Cet extrait de La guerre des femmes est à ce sujet un des plus expressifs :

Mahié
Oui, (...)Quand tu seras seule avec l’homme avec qui tu passeras la première nuit, observe bien sa nudité. À la lisière de sa prairie qui est à tous points semblable à la nôtre, tu découvriras un arbre sans feuillage. Il porte un fruit qui renferme deux fèves. Ne t’acharne pas sur le fruit. Tu tuerais l’homme. Caresse plutôt l’arbre. Il grandira et grossira subitement. À vue d’œil. Ne t’effraie pas. Couche-toi sur le dos. Amène ton double à s’allonger sur toi, de tout son long. Les tisons que tu portes là, sur ta poitrine, le brûleront d’un feu si doux qu’il roucoulera comme une colombe. Il s’abandonnera à toi. Engage alors son arbre dans ton sentier ; fais en sorte que lui-même lui imprime un rythme : haut-bas ! haut-bas ! haut-bas !

Tu verras. Ses yeux se révulseront et il s’oubliera dans une jouissance indicible. Quand tu le verras ainsi désarmé et à ta merci, ne le tue pas mais retiens que toi seule pourras l’envoûter de la sorte, chaque fois que tu le voudras, toi. Ce pouvoir, c’est l’arme nouvelle que je vous laisse. Dis à toutes mes filles, le moment venu, qu’elles en fassent bon usage et qu’elles n’oublient jamais que nous sommes en guerre et que la paix des hommes ne sera jamais qu’une paix de dupes !

(In La guerre des femmes, NEI Abidjan, éditions Neter, 2001)

Un documentaire est consacré à la compagnie "DIDIGA" lors d'une tournée de "La guerre des femmes".

Hommages

Bernard Zadi Zaourou a été honoré. Son nom a été donné à l’une des salles du plus grand musée d’Afrique situé au Burkina Faso, plus précisément à Manega, grâce à Pacéré Frédéric Titinga, avocat, écrivain et chef coutumier qui avait beaucoup d’estimes pour Zadi. Cette salle a été inaugurée en présence de plusieurs autorités burkinabées et aussi de l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Burkina[1]. Cinq ans après sa mort, un colloque-hommage international est organisé à son honneur en au sein de l’université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan (anciennement université d’Abidjan). À l’occasion de ce colloque-hommage, Michelle Tanon-Lora, vice-doyenne de l’UFR LLC (Langue, Littérature et Civilisation), dans son discours inaugural n’a pas manqué d’exposer l’engagement de Zadi à l'épanouissement culturel, intellectuel et artistique africain. Ce colloque portait essentiellement sur plusieurs axes qui étaient entre autres :

  • Zadi Zaourou, le théoricien.
  • Zadi Zaourou, le créateur.
  • Zadi Zaourou, l’homme politique.
  • Bernard Zadi Zaourou, le pédagogue[3].

Recueils de Poésie

  • 1958 : Aube prochaine
  • 1975 : Fer de lance (livre I), Honfleur : J.P. Oswald
  • 1977 : Les chants du souvenir
  • 1984 : Césarienne (Fer de lance, livre II), Abidjan : CEDA
  • 1984 : A cheval sur un nuage fou (couplé avec la Termitière)
  • 2002 : Fer de lance ; poésie, version intégrale" Abidjan : NEI/Neter
  • 2008 : Les quatrains du dégoût Abidjan : CEDA/NEA

Pièces de théâtre

  • 1967 : Les Sofas suivi de L'Œil, Paris : L'Harmattan
  • 1968 : Sory Lombe (inédit)
  • 1978 : La Tignasse, suivi de Kitanmadjo, Abidjan : CEDA
  • 1983 : Le Secret des dieux ; Il segretto degli Dei, Turin : La Rosa
  • 1984 : La Termitière, Paris/Abidjan : L'Harmattan/NEA
  • 1984 : Voyage au pays de l'or (inédit)
  • 1985 : La guerre des femmes, Abidjan : NEA
  • 1988 : L'Homme au visage de mort (inédit)
  • 1995 : Les Rebelles du bois sacré, Strasbourg
  • 1996 : Négresse Bonheur et Putain d'Afrique, Strasbourg
  • 2008 : Les quatrains du dégoût, Abidjan : CEDA/NEA

Études critiques

  • 1970 : Analyse stylistique du Cahier d'un retour au Pays natal, d'Aimé Césaire, Université Strasbourg II
  • 1972 : Visage de la femme dans la société africaine, Abidjan (communication colloque)
  • 1974 : Expérience africaine de la parole : problèmes théoriques de l'application de la linguistique à la littérature
  • 1974 : Rites funéraires et intégration nationale du pays bété, Abidjan (article in : Annales de lettres, D7)
  • 1977 : Langue et critique littéraire en Afrique francophone, Paris : Présence Africaine (communication colloque Yaoundé)
  • 1978 : Césaire entre deux cultures ; problèmes théoriques de la litt., négro-africaine d'Aujourd'hui, Abidjan : NEA
  • 1982 : La parole poétique dans la poésie africaine, Université de Strasbourg 1 (thèse pour le doctorat d'État)
  • 1983 : Qu'est ce que le Didiga (communication au colloque : Art, écriture et lectures de l'Ilena)
  • 1986 : Quest ce que le Didiga (Annales de lettres, série D, tome XIX, pp. 147/163
  • 1987 : La poésie orale, (article in : Notre Librairie, n° 86, pp. 47/60)
  • 1997 : Connaissance des arts tribaux (allocution, in : bull.trim.Assoc. Amis du Musée Barbier Muller)
  • 1999 : Titenga Frédéric Pacere : le tambour de l'Afrique poétique/Léon Yépri (préface pp.9 à 13), Paris : L'Harmattan

Références

  1. Weblogy, Abidjan, Côte d'Ivoire, cote d'ivoire, Ivory coast, « Bernard Zadi Zaourou ( homme politique et écrivain ) - Abidjan.net Qui est Qui », Abidjan.net, (lire en ligne, consulté le )
  2. Bruno Gnaoulé-Oupoh, La littérature ivoirienne, KARTHALA Editions, , 444 p. (ISBN 978-2-86537-841-8, présentation en ligne)
  3. Équipe de recherche Fabula, « L’éclat du Digiga : Bernard Zadi Zaourou, cinq ans déjà (Abidjan) », sur www.fabula.org (consulté le )

Articles connexes

  • Portail de la littérature
  • Portail de la politique
  • Portail de la culture ivoirienne
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.