Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain

L'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (ADMP) est une association française (loi de 1901) créée le , trois mois après la mort de Philippe Pétain.

Historique

L'ADMP succède à un « comité d'honneur » pour la libération de Philippe Pétain, fondé en 1948 à l'initiative des avocats du maréchal, et rapidement interdit. Au reste Pétain n'en avait pas accepté la constitution car il ne pouvait « accepter que sa mise en liberté soit envisagée ou demandée tant que demeuraient en prison ceux qui n'étaient coupables que d'avoir obéi à ses ordres »[1].

Objectifs

L'ADMP poursuit trois objectifs :

Les dirigeants et les membres de l'association peuvent être divisés en deux groupes : les anti-gaullistes, menés par Jacques Isorni, un des avocats de Pétain, qui ne pardonnent pas l'épuration et la politique algérienne du général de Gaulle, et les « pétaino-gaullistes », comme le colonel Rémy[1]. L’ADMP s’est aussi exprimée sur les questions d’actualité, sur l’Indochine et l’Algérie française, et sur le pouvoir gaullien après 1958[2].

L'organe principal de l'association est Le Maréchal. À cette publication s'ajoute, en 1972, La Voix du Maréchal. Le , le député socialiste Daniel Mayer dépose une proposition de résolution « tendant à inviter le Gouvernement à faire rechercher si l'association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain ne poursuit pas un objet illicite contraire aux lois et à la justice ce qui justifierait sa dissolution »[3], qui ne sera finalement pas retenue.

Après avoir été condamnée en 1993 par la Cour de cassation pour « apologie de crime de guerre » pour une publicité de l'ADMP parue dans Le Monde du [4] et après une longue bataille judiciaire, l'association obtiendra partiellement[Information douteuse] gain de cause devant la Cour européenne des droits de l'homme, le , celle-ci estimant (par l'arrêt Lehideux et Isorni contre France[5]) qu'il y avait eu violation de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme, relatif à la liberté d'expression. L'opinion majoritaire chez les juges fut qu'il devait être possible de présenter un personnage, quel qu'il soit, sous un jour favorable et de promouvoir sa réhabilitation — au besoin en passant sous silence les faits qui peuvent lui être reprochés — et que la condamnation pénale subie en France par les requérants était disproportionnée[6].

Ayant son siège social à Paris, l'ADMP sort en 2020 d'une longue crise au sein de ses instances dirigeantes[7].

Présidents

Les présidents ont été successivement[8] :

Le général Weygand est président d'honneur de l’association jusqu'à sa mort, en 1965[16].

Œuvres de mémoire

L'ADMP est copropriétaire de l'appartement de l’hôtel du Parc de Vichy occupé par le Maréchal de 1940 à 1944[17], depuis 1960 environ, ce qui donna lieu à une manifestation de protestation d'anciens résistants, menés par des députés gaulliste et communiste[18].

L'ADMP possède aussi sa maison de naissance à Cauchy-à-la-Tour, ayant pour objectif d'entretenir les lieux historiques où vécut le maréchal Pétain et possiblement d'en faire des musées privés[19].

Chaque année, des anniversaires rythment l'activité de l'association et induisent des pèlerinages : le , anniversaire de la naissance de Pétain, les nostalgiques se réunissent dans sa maison de naissance à Cauchy-à-la-Tour[20], le , anniversaire de la Charte du travail, le , date de la mort de Pétain, pour un pèlerinage à l'île d'Yeu, le [1].

Notes et références

Notes

  1. Né à Castres en 1937, ancien combattant de la guerre d'Algérie, il a participé en 1965 à la campagne électorale du candidat à l'élection présidentielle Jean-Louis Tixier-Vignancour. Membre du bureau exécutif de l'Alliance républicaine pour les libertés et le progrès (ARLP) de Tixier-Vignancour, il est ensuite membre du Front national à partir de 1985 puis du MNR, il a été conseiller municipal FN puis MNR d'Asnières-sur-Seine de 1989 à 2008.

Références

  1. Rousso 1990.
  2. Sur l’ADMP et ses prises de position, cf. Rousso 1984.
  3. « Daniel Meyer », sur Sycomore, base de données des députés de l'Assemblée nationale.
  4. Jean-Pierre Le Crom, « Juger l'histoire », Droit et Société, (DOI 10.3406/dreso.1998.1424, HAL halshs-00190970), p. 33–46.
  5. « Affaire Lehideux et Isorni contre France (55/1997/839/1045) », Cour européenne des droits de l'homme, .
  6. Patrice Rolland (professeur à l'université de Paris-XII), « Liberté d'expression et apologie de la collaboration, Affaire Lehideux et Isorni () », sur credho.org, Credho Paris Sud.
  7. « Le nouveau Maréchal », Le maréchal, organe de l'ADMP, no 266, , p. 3.
  8. Rousso 1990 donne la liste jusqu'à Lehideux. Cotillon 2003 donne la liste jusqu'à Le Groignec.
  9. Fiammetta Venner, Extrême France, Grasset, 2006.
  10. Jean-Paul Gautier, Les extrêmes droites en France: De 1945 à nos jours, Syllepse, 2017.
  11. « Les nostalgiques de Vichy rongent toujours le même os », L'Humanité, (consulté le ).
  12. « L'Association nationale Pétain-Verdun en Pétain à l'île d'Yeu », Le Monde, (consulté le ).
  13. Jacques Leclercq, Dictionnaire de la mouvance droitiste et nationale, de 1945 à nos jours, L'Harmattan, 2008.
  14. Frédéric Plancard, « Messe à Pétain : « Proscrire les fanatismes idéologiques » », L'Est républicain, .
  15. « M. Hubert Massol », Le Monde, (consulté le ).
  16. Fiammetta Venner, Extrême France : les mouvements frontistes, nationaux-radicaux, royalistes, catholiques traditionalistes et provie, Grasset, , p. 86.
  17. Philippe Cros, « Vichy : les nostalgiques de Pétain ont rénové sa chambre de l'hôtel du Parc », La Montagne, .
  18. Paris-presse, L'Intransigeant, 26 avril 1960.
  19. « Le bureau de Pétain vendu aux enchères à une "association de défense du maréchal" », Le Monde, .
  20. Jean-Baptiste Malet, Derrière les lignes du Front : Immersions et reportages en terre d'extrême droite, Villeurbanne, Golias, , 267 p. (ISBN 978-2-35472-137-4).

Voir aussi

Bibliographie

  • Jérôme Cotillon, Ce qu'il reste de Vichy, Paris, Armand Colin, coll. « L'histoire au présent », , 251 p. (ISBN 2-200-26382-1).
  • Henry Rousso, Le Syndrome de Vichy, de 1944 à nos jours, Paris, Seuil, coll. « Points / Histoire » (no 135), , 2e éd. (1re éd. 1987), 414 p. (ISBN 2-02-012157-3), p. 59–65.
  • Henry Rousso, « À contre-courant, l’Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain », dans Alfred Wahl (dir.), Mémoire de la Seconde Guerre mondiale (actes du colloque de Metz, -, organisé par le Centre de recherche histoire et civilisation de l'Europe occidentale de l'Université de Metz), Metz, Centre de recherche histoire et civilisation de l'Europe occidentale (no 16), , 301 p. (ISBN 2-85730-016-6), p. 111–123.

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