Association des journalistes scientifiques de la presse d'information

L’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information, communément appelée AJSPI est une association loi de 1901 basée à Paris. Elle a été fondée en 1955 par un collectif de journalistes de la presse d'information avec André Labarthe comme premier président. Elle rassemble des journalistes professionnels spécialisés dans l'information scientifique et technique. Avec plus d’un demi-siècle d’existence, et malgré la modestie relative de ses effectifs au cours du temps, elle est reconnue dans le monde de la recherche et de l’industrie aussi bien en France qu’à l’international. Depuis 1967, l’AJSPI s’est doté d’un Club, constitué d’entreprises privées et d’organismes publics, qui comptait en 2018 une cinquantaine de membres.

Objectifs et Statuts

L’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPI) regroupe des journalistes scientifiques appartenant à la presse d'information générale, permanents et pigistes issus de la presse écrite, radiophonique, télévisée et audiovisuelle ou multimédia et Internet. Quantitativement, le nombre d’adhérents a varié au cours des années, globalement, de 150 à 300 ; le recensement en 2018 était de 242. Qualitativement, sa palette professionnelle est plus large qu’il n’y paraît, puisque que si l’on compte une bonne majorité de rédacteurs, on y trouve aussi d’autres métiers représentés : photographes, auteurs, vidéastes, réalisateurs, JRI, étudiants en journalisme, muséographes, ou producteurs dont l’activité est directement liée à la presse scientifique et technique.

Comme il est décrit dans ses missions et statuts[1], L'AJSPI, qui a pour objet de rassembler les journalistes professionnels spécialisés dans l'information scientifique et technique, entend :

  • faire respecter le principe de libre accès aux sources de l'information scientifique ;
  • promouvoir une meilleure information scientifique ;
  • entreprendre toute action destinée à faire reconnaître sa place à l'information scientifique dans tous les médias généralistes ;
  • favoriser la meilleure collaboration possible entre chercheurs et journalistes ;
  • agir pour que les organismes de recherche, publics ou privés, et les entreprises répondent positivement aux besoins d'information des journalistes ;
  • prendre toute initiative visant à faciliter l'exercice de leur profession à ses membres ;
  • participer aux unions internationales de journalistes scientifiques et collaborer avec des associations étrangères analogues.

Activités

Très active en dépit de sa structure légère et bénévole, l’AJSPI est à l’initiative de réunions et de débats entre ses membres, mais également de colloques et rencontres avec des chercheurs. Cela se concrétise par des réunions matinales dans un café, dites Petit-déjeuner, conférences, débats, sessions de formation, échanges chercheurs-journalistes, prix décernés et concours, sorties culturelles ou sportives, etc. L’association organise pour ses membres des voyages d’étude en France et dans de nombreux pays : Israël, Suisse, Japon, Maroc, Turquie, Québec, etc. Par exemple, du 16 au 29 octobre 2005, une douzaine de journalistes et photographes de l’AJSPI ont été invités, en partenariat avec l’Académie chinoise des sciences, à visiter un ensemble de laboratoires, d’entreprises et d’installations industrielles à Pékin, Shanghai et sur le site grand barrage des Trois-Gorges dans la province du Hubei. Comme il est de coutume, et afin d’en faire profiter les autres membres de l’AJSPI au retour de ces voyages, un compte-rendu rédigé par les journalistes (encore en ligne aujourd’hui [2] ) a fait l’objet d’une présentation publique lors de l’assemblée générale de l’association de l’époque.

Histoire

Contexte scientifique d’après-guerre

Spécialisation mal identifiée du monde de la presse, le journalisme scientifique n’était, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, pas vraiment reconnue professionnellement. Comme le raconte Robert Clarke, ancien journaliste au Parisien libéré, à France-Soir et au Matin de Paris, co-fondateur et deux fois président de l’AJSPI (1967 et 1982), les autorités scientifiques et médicales voyaient d’un très mauvais œil des journalistes se mêler de ce qui ne les regardait pas. La science et la médecine étaient des sujets trop importants, disait-on, pour les laisser à des non-spécialistes [3]. On fonctionnait encore sur de vieux réflexes d’avant-guerre qui voulaient que seuls les scientifiques étaient capables d’écrire sur la science : c’était, souligne Robert Clarke, sous la forme de feuilletons, des articles de bas de page, signés par des académiciens , comme cela se faisait de même pour la littérature, la médecine ou l’économie [3] .

Cependant les années 1950 sont riches d’inventions et de découvertes scientifiques qui intéressent un public croissant, de plus en plus en éveil, conscient de l’impact de ces avancées sociétales sur le progrès en général : découverte de la double-hélice d’ADN, exploration des fosses abyssales océaniques, mise au point du vaccin pour combattre la poliomyélite, émergence des premières centrales nucléaires, etc.

Dans l'arrière salle d'un café parisien

C'est dans ce contexte qu'une quinzaine de journalistes de la presse écrite décide de créer une association destinée à promouvoir et défendre l’existence de cette spécialisation inconnue jusqu’alors, l’information scientifique et médicale [3]. Le conciliabule a lieu dans l’arrière-salle d’un petit bistro parisien de la rue Daunou, près de l’Avenue de l'Opéra, le 21 mars 1955 ; c’est ainsi que l’AJSPI est créée. Participent à l'acte de naissance : Nicolas Skrotzky (1918-1998, AFP), Robert Clarke (France-Soir), Nicolas Vichney (1925-1975, Le Monde[4]), Louis Dalmas (1920-2014, Science et Vie[5],[6]), François Mennelet (Le Figaro), Jean-Claude Soum (1929-2017, La Croix[7]), Pierre Bourget (1925-2015)[8], journaliste de la rubrique médicale du quotidien L'Aurore.

On doit alors se choisir un président. Certains suggèrent André Labarthe (1902-1967). Non présent à cette réunion fondatrice, cet ingénieur, ancien membre de la France libre, dirige à l'époque la revue mensuelle Constellation qu’il a fondée en 1948 ; un magazine d’information destiné à concurrencer son homologue américain Reader's Digest. Très populaire, Constellation atteint le tirage de 600 000 exemplaires dans les années 1950. Fait d'armes notoire, André Labarthe est le seul journaliste français à avoir été admis pour assister le à l’explosion de la bombe atomique américaine sur l’atoll de Bikini. Autorité morale parmi ses confrères, Labarthe, premier président de l'AJSPI sera constamment réélu jusqu'en 1967, année où Robert Clarke lui succède.

Années médicales

Dès les premières années de sa création, l’association manifeste un dynamisme immédiat en créant en 1957 le prix « Découverte » qui devait récompenser des équipes de jeunes chercheurs. Mais « Traiter l’information médicale dans la grande presse fut la première grande bataille » se rappelle Robert Clarke. L’AJSPI va recevoir ainsi le soutien de patrons en blouse blanche de poids : comme celui du professeur Paul Milliez (1912-1994), célèbre pour ses interventions humanistes dans les débats publics comme au moment de la guerre d’Algérie en 1956 ou lors du procès de Bobigny autour de l’avortement en 1972 ; ou celui d’Henri Péquignot (1914-2003), professeur titulaire de la chaire de clinique médicale de l’Hôpital Cochin à Paris et auteur de plusieurs livres[9]. Les journalistes de l’association réussissent désormais à publier des articles dans des revues scientifiques et médicales. Progressivement l’AJSPI parvient à instaurer un climat de confiance entre les journalistes et leurs informateurs.

Colloque de Caen 1966

En 1966, l’ASPI participe au Colloque de Caen, une réunion de savants qui marque le lancement de la recherche scientifique publique, avec à la clef le recrutement de plus d’un millier de chercheurs. Dans les années 1970-1980, l’association participe aux instances créées pour développer la culture scientifique et technique dans le milieu de la recherche. Quelques chercheurs et médecins choisissent à leur tour de prendre la plume et deviennent membres de l’AJSPI. C’est le cas d’Albert Ducrocq (1921-2001) pionnier de la cybernétique française, chroniqueur à Air & Cosmos et auteur de plus de 40 ouvrages ; de Martine Barrère (1941-1995)[10], physicienne, ancienne du CEA, entrée au mensuel La Recherche en mars 1971 pour y rester deux décennies, présidente de l’AJSPI en 1980 ; du docteur Claudine Escoffier-Lambiotte (1923-1996), chroniqueuse médicale au quotidien Le Monde entre 1956 et 1988 ; ou de Nicolas Skrotzky (1918-1998), passé de l'AFP à France-Soir, auteur de nombreux livres[11], producteur de l’émission télévisée Visa pour l’avenir de 1962 à 1967[12] et président de l’AJSPI en 1970. L’association aura également comme présidents des journalistes de télévision comme François de Closets (1971) ou Martine Allain-Regnault (1977) et, à de nombreuses reprises, des rédacteurs en chef, des directeurs de publication, ou des chefs de rubrique science de quotidiens et d’hebdomadaires de la presse écrite. Voir plus loin la liste complète des présidents de l’AJSPI.

Club AJSPI et Colloque de Nice 1969

Douze ans après sa naissance, l’AJSPI franchit en 1967 une nouvelle étape d’immersion dans l’environnement scientifique, technique et industriel de l’Hexagone avec la création d’un « Club » qui allait fédérer autour d’elle des entreprises privées et des organismes publics. Lors du Colloque de Nice, en 1969, trois journées de débats animés vont permettre aux journalistes de se rapprocher encore un peu plus des chercheurs ; et de les rallier à leurs souhaits. Le prix Nobel de physiologie ou médecine 1965 Jacques Monod dira à cette occasion : Il appartient au scientifique d’informer, mais c’est aux journalistes de transférer cette information vers le public , ajoutant c’est leur responsabilité, elle est importante, et nous devons la respecter, car elle participe à la démocratie en associant les citoyens aux prises de décision [3].

Culture scientifique et technique

Les années 1980 marquent un tournant de la politique française en matière de recherche scientifique, mais aussi de la diffusion des connaissances attachées aux progrès techniques et à l’émergence des nouvelles technologies : informatique, robotique, biotechnologies, génie génétique, nouveaux matériaux, etc. Dès 1981, Jean-Pierre Chevènement, Ministre de la recherche et de l’industrie, engage l’ensemble du monde scientifique français dans une grande consultation sur les perspectives et les enjeux de la décennie à venir avec les États généraux de la recherche [13]. Et le 13 janvier 1982, lors du colloque national « Recherche et Technologie » à Paris, François Mitterrand, président de la République, s’exprime en ces termes : Ambition majeure de notre politique, la recherche l’est pour des raisons fondamentales (…) Ce sont les pays les plus audacieux qui orientent l’évolution et la culture, révolution du modèle de développement (…) nous voulons assurer à l’activité scientifique et technique la perspective d’un développement résolu, d’une insertion profonde dans la vie de la nation [13].

De nouvelles revues d’information scientifique de qualité vont être publiées : Biofutur, revue de biotechnologies créée en 1982 par Jean Comar (1927-1995)[14], dirigeant de l’industrie pharmaceutique, et Jacques Robin ; et Sciences et Techniques dont la direction est confiée à l’ancien ingénieur André-Yves Portnoff (membre de l'AJSPI) avec un numéro 1 qui paraît le . En 1986 est publié l’ouvrage La Révolution de l’intelligence – Rapport sur l’état de la technique, un hors-série collégial de Sciences et Techniques rédigé par des chercheurs, des ingénieurs et des journalistes, dont certains de l’AJSPI, sous la direction du polytechnicien Thierry Gaudin[15], créateur et directeur de 1982 à 1992 du Centre de Prospective et d'Évaluation (CPE) du Ministère de la Recherche et de la Technologie.

Dans ce contexte volontariste des pouvoirs publics à vouloir faire infuser la culture scientifique et technique avec la société civile, l’AJSPI allait pouvoir inscrire son action par plusieurs moyens. Au milieu des années 1980, la Cité des sciences et de l'industrie de La Villette, encore en chantier, ne prendra forme que le 13 février 1986, jour de son inauguration par François Mitterrand. Des discussions avec les responsables de ce projet pharaonique vont permettre d’une part, de proposer des représentants de l’AJSPI dans le Comité d’Orientation chargé de poser les fondements de la Cité ; et d’autre part de signer une convention organisant la création de la salle Science Actualités[16] qui sera dirigée par un journaliste de l'AJSPI : ce sera tout d'abord Jean Penichon, auquel lui succédera Alain Labouze, entré lui-même à la Cité en 1991[17]. La seconde action fut la participation de membres de l’AJSPI à la formation de journalistes scientifiques, tant dans les écoles spécialisées qu’à l’Université : à Montpellier, et, dans la capitale, avec la création en 1984-1985 du cursus Licence/Maîtrise d’Information de Communication Scientifique et Technique (ICST), à Paris VII (devenu depuis Master Journalisme, culture et communication scientifiques[18]) . Martine Barrère (La Recherche) et Pierre Virolleaud (Usine Nouvelle), seront les premiers journalistes à venir enseigner dans ce cursus. Une troisième action, lancée en 2001, est l’organisation d’échanges chercheurs/journalistes, manière pour chacune des parties de se familiariser avec les problèmes professionnels quotidiens de l’autre, resserrant ainsi un climat de confiance mutuel.

Le Club de l’AJSPI

Fondée en 1967, cette structure rassemble les responsables des relations extérieures d’un nombre important d’organismes de recherche et d’entreprises industrielles concernés par l’information scientifique, technique et médicale. Ce Club regroupe en 2019 48 organismes : centres et laboratoires de recherche, universités, grandes écoles, entreprises publiques et privées. Dans cette liste non exhaustive il y a notamment : Académie des sciences, Ademe, Andra, Ariane Espace, BNP Paribas, BRGM, CEA, Cirad, CNRS, Collège de France, École Polytechnique, Ifremer, Inra, Inria, Inserm, Institut Curie, IRD, LVMH, L’Oréal, Météo France, Musée de l’Homme, Muséum d’Histoire Naturelle, Sorbonne Université, Université de Montpellier, Université Paris Diderot, Université de Technologie de Compiègne (UTC). Ces organismes, généralistes ou spécialisés (physique nucléaire, agronomie, espace, énergie, transports, biologie, médecine, informatique, environnement, etc), peuvent s’exprimer sur l’espace Club du site Internet de l’AJSPI[19] à travers des communiqués, articles ou annonces (jusqu’à dix par an) rédigés par leurs chercheurs ou par leurs chargés de relations extérieures. Ils organisent également des événements (séminaires, conférences, concours, remises de prix), soit en partenariat avec l’AJSPI, soit en invitant la profession des journalistes scientifiques à y participer. Toutes ces occasions constituent des opportunités, parfois uniques, d’échanges entre des chercheurs, des industriels et les représentants des médias. Via le site Internet de l’AJSPI, les membres du Club ont en outre un accès privilégié à l’annuaire de l’ensemble des journalistes de l’AJSPI répertoriés par spécialité et par média, et dont la base de données est constamment mise à jour au gré de l’arrivée, du départ ou des mutations des journalistes. Cet annuaire détaille, pour chaque personne concernée, le statut et la fonction (pigiste ou permanent en rédaction : journal, radio, télévision), ainsi que ses coordonnées professionnelles et/ou personnelles. Économiquement, le Club contribue à soutenir l’AJSPI dans les missions qu’elle s’est fixées depuis sa création en 1955 : « œuvrer pour une meilleure formation des journalistes, faciliter les relations entre le monde de la recherche et celui des médias, travailler à une meilleure diffusion de la culture scientifique et technique [20] ».

Les présidents de l’AJSPI

  • 2018-2020 : Yves Sciama (en exercice),
  • 2016 : Viviane Thivent (freelance),
  • 2014 : Cyrille Vanlerberghe (Le Figaro),
  • 2012 : Sylvestre Huet (Libération),
  • 2010 : Sophie Bécherel (France Inter),
  • 2008 : Philippe Pajot (freelance),
  • 2006 : Sophie Coisne (La Recherche),
  • 2003 : Jacques-Olivier Baruch (La Recherche),
  • 2000 : Cécile Lestienne (Science et Vie Junior),
  • 1998 : Patrice Lanoy (Le Figaro),
  • 1996 : Jean-Pierre Defait (Ciel et Espace),
  • 1994 : Dominique Leglu (Libération),
  • 1992 : Alain Cirou (Ciel et Espace),
  • 1989 : Marie-Jeanne Husset (Sciences et Avenir),
  • 1987 : Bernard Assemat (Industries et Techniques),
  • 1986 : Françoise Harrois-Monin (L’Express),
  • 1984 : Dominique Simonnet (L’Express),
  • 1982 : Robert Clarke (Le Matin),
  • 1980 : Martine Barrere (La Recherche),
  • 1979 : Serge Caudron (Science et Vie),
  • 1978 : Yvonne Rebeyrol (Le Monde),
  • 1977 : Martine Allain-Regnault (Antenne 2),
  • 1976 : Georges Leclere (Antenne 2),
  • 1975 : Dominique Verguese (Le Monde),
  • 1974 : Paul Ceuzin (Sciences et Avenir),
  • 1973 : Serge Berg (AFP),
  • 1972 : Nicolas Vichney (Le Monde), cofondateur.
  • 1971 : François de Closets (TF1),
  • 1970 : Nicolas Skrotzky (France-Soir), cofondateur.
  • 1969 : Georges Merchier (L’Aurore),
  • 1968 : Pierre de Latil (Le Figaro),
  • 1967 : Robert Clarke (France-Soir), cofondateur.
  • 1955 : André Labarthe (Constellation).


Bureau 2019

Le bureau 2019 se compose de :

  • Yves SCIAMA (indépendant) : Président
  • Audrey MIKAELIAN (TV): Vice-présidente
  • Emilie GILLET (indépendante) : trésorière
  • Olivier MONOD (Libération) : responsable des petits déjeuners et des débats
  • Hélène LE MEUR (indépendante) : responsable du club
  • Cécile THIBERT (le Figaro Santé) : responsable des formations
  • Agnès VERNET (indépendante) : responsable des visites
  • Gabrielle CARPEL (Drones actu) : webmastrice
  • Yannick SODREAU (permanent) : secrétaire exécutif

Références

Liens externes

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