Arsène Fridoil

L'abbé Arsène Fridoil (1815-1852) est, avec l'abbé Boilat, l'un des premiers prêtres indigènes du Sénégal. Il fut curé de Gorée.

Biographie

Arsène Fridoil est né à Saint-Louis le , d'un père anglais dont la garnison occupa la ville jusqu'en .

En 1822 la mère Anne-Marie Javouhey, fondatrice de la congrégation des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny, se rend au Sénégal et y acquiert la conviction qu'il faut au plus tôt y former un clergé local. Après une première expérience en 1825, vingt-cinq jeunes garçons sont à leur tour envoyés en France en 1827[1]. Parmi eux, trois seulement parviendront au terme de leurs études secondaires : Jean-Pierre Moussa, David Boilat et Arsène Fridoil. Ce dernier est baptisé le à Bailleul-sur-Thérain dont le château abrite le petit séminaire africain.

En 1834 les trois jeunes gens rejoignent le séminaire de Carcassonne où ils séjournent quatre ans. Le ils sont envoyés au Séminaire du Saint-Esprit à Paris. Ils y restent deux ans et c'est là qu'ils sont ordonnés prêtres le .

Boilat et Fridoil rentrent au Sénégal à la fin de l'année 1842 et Fridoil se voit confier la cure de Gorée.

Après l'abolition de l'esclavage en 1848, il se préoccupe de donner aux esclaves libérés une instruction religieuse dans leur langue maternelle, le wolof. L'abbé Boilat, plus attaché à la préservation de la langue française, doit pourtant reconnaître les résultats obtenus par son confrère :

« Il fit convoquer tous les Wolofs des deux sexes pour se rendre à l'église tous les soirs, à huit heures, pour apprendre les principes de la religion. On ne se serait jamais attendu au succès dont ses peines furent couronnées. Tous les soirs, à huit heures précises, l'église était entièrement remplie de noirs de tout âge et de tout sexe. M. Fridoil avait eu soin de mettre en forme de cantiques tout le dogme catholique, et de le faire chanter sur les airs mêmes des chansons des noirs. [...] Que de conversions s'ensuivirent !!... Tous les dimanches et fêtes, c'étaient des baptêmes de trente à quarante adultes de tout âge et de tout sexe[2]. »

L'abbé Fridoil rencontre néanmoins quelques difficultés. On lui reproche parfois la véhémence de ses prises de position, puis, lorsqu'il crée un internat dans le collège dont il a la charge à Saint-Louis, il est soupçonné de malversations ou du moins, selon les témoignages, d'une gestion imprudente, même si on lui reconnaît par ailleurs certaines qualités apostoliques[3].

Il doit quitter le pays en 1852 et, malade, il meurt pendant la traversée du retour[4].

Postérité

Un collège de Dakar porte son nom.

Notes et références

  1. J. R. de Benoist, Histoire de l'église catholique du Sénégal du milieu du XVe siècle à l'aube du troisième millénaire, p. 113-114
  2. D. Boilat, Esquisses sénégalaises, p. 18-19
  3. G. Lecuir-Nemo, Anne-Marie Javouhey : fondatrice de la congrégation des sœurs de Saint-Joseph de Cluny, 1779-1851, p. 186
  4. G. Lecuir-Nemo, op. cit., p. 187

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Joseph Roger de Benoist, Histoire de l'église catholique du Sénégal du milieu du XVe siècle à l'aube du troisième millénaire, Karthala, Paris, 2008, p. 113-114, 118-122, 125, 131, 175 (ISBN 978-2-7071-5637-2)
  • Joseph Roger de Benoist, Abdoulaye Camara, Françoise Descamps, Xavier Ricou, et James F. Searing, Histoire de Gorée, Maisonneuve & Larose, 2003, 155 p. (ISBN 9782706817656)
  • David Boilat, « Catéchisme woloff de M. Fridoil », in Esquisses sénégalises, Karthala, 1984, p. 18 (ISBN 2-86537-097-6)
  • Yvon Bouquillon et Robert Cornevin, David Boilat (1814-1901), le précurseur, Nouvelles éditions africaines, 1981, 111 p.
  • Geneviève Lecuir-Nemo, « Moussa, Fridoil et Boilat : les premiers prêtres sénégalais », in Anne-Marie Javouhey : fondatrice de la congrégation des sœurs de Saint-Joseph de Cluny, 1779-1851, Karthala, 2001, p. 181 et suiv. (ISBN 9782845862203)
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