Armée du Liban sud

L'Armée du Liban Sud ou ALS (en arabe : جيش لبنان الجنوبي - Jaysh Lubnān al-Janūbiyy ; en hébreu : צבא דרום לבנון, צד"ל - Tzvá Dróm Levanón, Tzadál) est une milice libanaise qui opéra avec le soutien de l'armée israélienne pendant l'invasion d'Israël au Liban du Sud au cours de la guerre du Liban.

Pour les articles homonymes, voir ALS.

Armée du Liban Sud
(ar) جيش لبنان الجنوبي
Idéologie
Statut actif jusqu'en 2000
Fondation
Date de formation 1976
Pays d'origine Liban
Fondé par Saad Haddad, Antoine Lahad
Actions
Zone d'opération Liban-Sud
Période d'activité 1976 - 2000
Guerre du Liban

Histoire

L'ALS est fondée en 1976 par des membres de l'armée libanaise basée dans les villes de Marjayoun et Qlayaa. La milice vise d'abord les factions palestiniennes présentes dans le sud du Liban, puis passe sous les ordres d'Israël, après l'invasion de la région en 1978[1].

À la mort de son premier dirigeant, le major Saad Haddad, des suites d'un cancer en 1984, l'ALS prend pour nouveau chef le lieutenant-général à la retraite, Antoine Lahad.

Après la prise de contrôle du Liban Sud par Israël et son retrait partiel sur la "Zone de Sécurité" en 1985, l'ALS continue à l'aider en combattant les forces d'autres milices libanaises menées par le Hezbollah jusqu'en 2000 et le retrait total décidé par le gouvernement de Ehoud Barak. L'ALS est alors aussi responsable de l'administration civile de la zone sous contrôle militaire de Tsahal. Israël fournit en contrepartie à l'Armée du Liban Sud, des fonds, des armes, des uniformes et des équipements logistiques.

L'ALS ouvre en 1985 un centre de détention à Khiam, lieu où des cas de torture ont été rapportés. Israël a toujours rejeté toute la responsabilité des activités de ce centre sur la seule ALS. Ce point est discuté par Amnesty International. L'ALS met également en place un service militaire obligatoire d'un an pour tous les hommes de plus de 18 ans vivant dans la Zone de Sécurité du Liban Sud. L'ALS comprend dans les années 1980 jusqu'à 5 000 combattants. Elle dispose au sommet de sa puissance aussi de soixante-dix chars d'assaut dont une trentaine de T-54 et T-55.

Dans les années 1990, le Hezbollah et les services de renseignement libanais infiltrés au sein de l'ALS affaiblissent progressivement la milice dont les effectifs diminuèrent en 10 ans de 3 000 à 1 500 combattants vers l'an 2000.

En mai 2000, à la suite du retrait des forces israéliennes de l'intégralité du territoire libanais, l'ALS, qui n'a pas été concertée, est rapidement dépassée et s'effondre. Le Hezbollah prend contrôle des positions précédemment tenues par l'Armée du Liban Sud[2]. Certains membres influents de l'ALS et leurs familles émigrent en Israël, tandis que les autres se rendent aux autorités libanaises ou sont faits prisonniers par le Hezbollah, qui les livre à la police libanaise pour être jugés pour collaboration avec l'ennemi. Ceux qui sont condamnés font des courts séjours en prison, sauf ceux qui sont accusés d'attaques contre des civils et qui n'ont pas fui le pays, qui font de longues périodes de travaux forcés[3]. Certains membres de l'ALS ont été protégés par le Hezbollah parce qu'ils leur auraient transmis des informations pendant l'occupation israélienne[3]. Après la guerre, le Hezbollah a appelé la population a ne pas prendre part à des actes de vengeance contre les anciens collaborateurs, et de laisser la justice enquêter. Hassan Nasrallah a appelé les « familles innocentes » (celles des collaborateurs) à rentrer d’Israël, ce que certaines ont fait[4].

Le gouvernement de Ehoud Barak a été grandement critiqué en Israël, notamment pour avoir abandonné à leur sort les collaborateurs et les habitants des territoires occupés. Antoine Lahad déplore « vingt-quatre ans de collaboration anéantis en vingt-quatre heures »[5]. Le 6 avril 2006, le Comité des finances du parlement approuve le paiement, dans les 7 ans qui suivent, de 40 000 shekels pour chaque famille des vétérans de l'ALS[6].

Exactions

L'Armée du Liban Sud se rend responsable de nombreuses exactions, dont notamment des actes de torture sur ses prisonniers[7].

Dans la prison de Khiyam, des centaines de personnes ont été torturées et ont disparu. La journaliste Doha Chams relate qu'« une ancienne détenue a raconté, sous couvert d’anonymat, comment Fakhoury [le directeur de la prison] et ses collaborateurs torturaient les prisonnières durant leur cycle menstruel. Elles étaient frappées sur le dos, sur le ventre et sur les seins, accentuant ainsi leurs saignements, qui se mêlaient à l’eau froide dont elles étaient régulièrement arrosées durant des heures, sous les moqueries de leurs bourreaux. Si elle n’a pas été violée, elle et ses camarades étaient dénudées, et subissaient des attouchements sexuels pendant les séances de torture, avec des câbles électriques ou les mains de leurs tortionnaires. Quant aux hommes, ils étaient crucifiés sur des croix de fer pendant des jours, sans nourriture ni sommeil, à tel point que deux prisonniers ont trouvé la mort. Les détenus n’oublient pas non plus les bombes lacrymogènes lancées dans de minuscules cellules sans fenêtre, au moment où Fakhoury et ses hommes réprimaient la révolte des prisonniers, en 1998. Cela avait entraîné la mort de deux prisonniers, ainsi que des maladies respiratoires chroniques chez les survivants, entre autres séquelles[4]. »

Voir aussi

Références

  1. « Au Liban, le retour de "collabos" avec Israël rouvre d'anciennes plaies », L'Obs, (lire en ligne)
  2. Domont et Charrara, Le Hezbollah: un mouvement islamo-nationaliste
  3. Palmer-Harek, Judith, Hezbollah: the Changing Face of Terrorism, London, IB Tauris
  4. Doha Chams, « Le Liban s’enflamme pour juger le bourreau de Khiyam - Cicatrices brûlantes de l'occupation israélienne », sur Orient XXI,
  5. Hana Jaber et Mounzer Jaber, « Fin d'occupation au Liban sud », sur Le Monde diplomatique,
  6. Knesset approves grants to SLA families Jerusalem Post, le 6 avril 2006
  7. « Au Liban, le retour à Beyrouth du « boucher de Khiam » rouvre les plaies », Le Monde, (lire en ligne)

Sources

  • Le Hezbollah : un mouvement islamo-nationaliste, Frédéric Domont et Walid Charrara, Éditions Fayard : Paris, 2004 (ISBN 2213620091)

Articles connexes

Liens externes

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