Archives apostoliques du Vatican

Les Archives apostoliques du Vatican[1], en latin Archivum Apostolicum Vaticanum, en italien Archivio Apostolico Vaticano, anciennement Archives secrètes apostoliques du Vatican (Archivum Secretum Apostolicum Vaticanum)[2] de 1612 à 2019[3], sont les archives centrales du Saint-Siège contenant tous les actes et documents (parchemins, manuscrits, volumes anciens reliés de cuir ou de bois, bulles papales) concernant le gouvernement et l'activité pastorale du Pontife romain et des organismes du Saint-Siège. En tant que telles, les Archives apostoliques sont « avant tout et principalement [au service] du Pape et de sa Curie, c'est-à-dire du Saint-Siège » (motu proprio de Léon XIII du 1er mai 1884).

Pour les articles homonymes, voir Archives secrètes.

Sceau des Archives secrètes du Vatican.

Histoire

Débutées avec le rassemblement de documents par le pape Innocent III en 1198, les archives vaticanes sont conservées dans la Bibliothèque apostolique vaticane créée par le pape Nicolas V en 1448, mais les Archives secrètes du Vatican sont officiellement fondées le par Paul V, lorsque le pape les sépare de la bibliothèque du Vatican, formant ainsi deux institutions bien distinctes[4].

Un million et demi de documents sur 2 000 ans d'histoire[5] répartis dans 600 fonds sont actuellement conservés sur deux étages dans 85 kilomètres linéaires de tablettes d'étagères dans un bâtiment climatisé construit sous la cour du musée du Vatican et inauguré par Jean-Paul II en 1982[6].

Bien que le qualificatif de « secret » signifie « privé » (terme latin secretum faisant référence depuis le XVIIe siècle à l'usage privé de ces documents, par le pape et son entourage) et non à un caractère dissimulé de ces archives, de nombreux volumes restent interdits de consultation, notamment ceux précédant le VIIIe siècle[7]. Cependant en 1881, les Archives secrètes ont été ouvertes à la libre consultation des universitaires par Léon XIII (pour toute la période allant du VIIIe jusqu'au congrès de Vienne en 1815[8]) afin de répondre à une historiographie hostile au christianisme, donnant ainsi naissance à la commission cardinalice pour l’étude des sciences historiques[9]. Paul VI ouvre aux chercheurs les documents relatifs au concile Vatican II, Jean-Paul II à ceux des prisonniers de guerre 1939-1947 et Benoît XVI autorise l'ouverture de toutes les pièces relatives à l'entre-deux-guerres de 1920 à 1939[10]. Pour l’instant, ne sont ouvertes que les archives courant jusqu’au pontificat de Pie XI (1922-1939). Le pape François a cependant annoncé que les dossiers relatifs au pontificat de Pie XII de 1939 à 1958 seront ouverts le 2 mars 2020, 81 ans après le début de ce pontificat, dérogeant la règle voulant que les archives d’un pape ne s’ouvrent que 70 ans après sa mort[3].

En 2012, marquant le 400e anniversaire de la création de ces archives secrètes, l'exposition « Lux in Arcana, les archives du Vatican révélées » dans le musée du Capitole à Rome dévoile pour la première fois au public une centaine de documents[11] parmi les plus précieux : procès de Galilée, excommunication de Martin Luther, « confession » des Templiers sur un parchemin de soixante mètres, des lettres de Michel-Ange sur la construction de la basilique Saint-Pierre ou encore la requête en annulation du mariage d'Henri VIII et de Catherine d'Aragon[12].

Organisation

Le couloir transversal auquel on accède par le Cortile del Belvedere possède deux entrées : celle de gauche mène aux Archives, celle de droite à la Bibliothèque.

L'archiviste des Archives apostoliques du Vatican est Mgr José Tolentino de Mendonça, également bibliothécaire de la Sainte Église romaine.

Le préfet des Archives apostoliques du Vatican est depuis 1997 Mgr Sergio Pagano.

Le secrétaire général est Luca Carboni. Les archivistes sont Mgr Giuseppe Croce et Giuseppina Rosselli. Le conservateur des sceaux est Luca Becchetti.

Les Archives comprennent une salle d'études et une salle des index (ouvertes aux chercheurs), ainsi que des laboratoires (conservation et restauration des sceaux ; conservation, restauration et reliure ; photographie et reproduction numérique), des services informatiques, ainsi qu'une école de paléographie.

L'École vaticane de paléographie, diplomatique et archivistique

Appelée de nos jours Scuola Vaticana di Paleografia, Diplomatica e Archivistica, cette école, rattachée aux Archives apostoliques du Vatican, fut instituée par Léon XIII (motu proprio Fin dal principio du 1er mai 1884), sous le nom de « Scuola Vaticana di Paleografia e Critica applicata ». Cette fondation s'inscrivait dans un vaste programme d'approfondissement de la recherche historique concernant la papauté et l'Église.

Dès le début, avec son premier enseignant Isidoro Carini (1843-1895), l'école combine l'étude théorique et la recherche pratique sur les originaux (des Archives ou de la Bibliothèque apostolique vaticane), caractère qui la rend unique jusqu'à nos jours. C'est aussi le seul « Athénée pontifical » qui soit situé à l'intérieur des murs de la Cité du Vatican.

L'école forme des paléographes et des archivistes. Le cycle des cours dure à l'origine un an puis, selon les matières, deux ans. Très vite, le groupe des étudiants s'internationalise et se laïcise.

D'abord située dans les Musées du Vatican, son siège est transféré dans la cour du Belvédère en 1968, avec la réforme opérée par le pape Paul VI (statut définitivement approuvé en 1975). Dès lors, est instauré un cours annuel de paléographie grecque (dirigé par Mgr Paul Canart, Scriptor graecus de la Bibliothèque apostolique) à côté du cours annuel d'archivistique et du cours biennal de paléographie, diplomatique et archivistique.

Archivistes

De 1610 à 1879, le cardinal responsable des archives était le même que celui de la Bibliothèque apostolique vaticane.

Depuis 1912, le cardinal-bibliothécaire de la Bibliothèque apostolique vaticane est de nouveau responsable des archives vaticanes.

Préfets

  • Michele Lonigo (27 octobre 1610 - 25 juillet 1617)
  • Baldassarre Ansidei (31 janvier 1612 - 5 décembre 1614, avec Michele Lonigo)
  • Niccolò Alamanni (15 octobre 1614 - juillet 1626)
  • Felice Contelori (27 septembre 1626 - décembre 1644)
  • Costanzo Centofiorini (10 octobre 1644 - août 1656)
  • Domenico Salvetti (septembre 1656 - 1665)
  • Francesco Ravizza (14 juillet 1665 - 1675)
  • Pier Francesco de Rossi (1670 - 1675, en substitution de Francesco Ravizza, qui ne peut remplir son office)
  • Giuseppe Vallemani (juillet 1675 - août 1676)
  • Giovanni Bissaiga (1676 - 1691)
  • Tommaso di Giulio (1691 - 1712)
  • Giacomo Antonio de Preti (1712 - 1727)
  • Pietro Donnino de Pretis (4 décembre 1727 - 1741)
  • Filippo Antonio Ronconi (7 novembre 1741 - 1750)
  • Giuseppe Garampi (9 juillet 1751 - 27 janvier 1772, puis nommé archevêque in partibus de Berito)
  • Mario Zampini (mars 1772 - 1782)
  • Gaetano Marini (1782 - 1815)
  • Callisto Marini (1782 - 1822)
  • Carlo Altieri (1809- 1815)
  • Marino Marini (1815 - 1855)
  • Augustin Theiner, C.O. (6 décembre 1855 - juin 1870)
  • Giuseppe Cardoni (8 juin 1870 - 7 avril 1873)
  • Carlo Cristofori (14 avril 1873 - 13 janvier 1877)
  • Francesco Rosi Bernardini (17 janvier 1877 - juin 1789)
  • Cardinal Joseph Hergenröther (9 juin 1879 - 3 octobre 1890)
  • Agostino Ciasca, O.E.S.A. (13 juin 1891 - juillet 1892)
  • Peter Wenzel (28 juillet 1894 - 24 mai 1909)
  • Mariano Ugolini (29 mai 1909 - juin 1925)
  • Angelo Mercati (22 mai 1925 - octobre 1955)
  • Martino Giusti (1955 - avril 1984)
  • Josef Metzler, O.M.I. (24 mai 1984 - 1996)
  • Sergio Pagano, B., depuis le 7 janvier 1997

Voir aussi

Bibliographie

  • Religiosa Archivorum Custodia. IV centenario della fondazione dell'archivio segreto vaticano (1612-2012), Archivio segreto vaticano, 2012, Roma.
  • Les Archives secrètes du Vatican, VDH Books, 2009, 249 p. (ISBN 978-9-0888-1009-1)
  • Les Archives du Vatican, Historia no 806, 2014

Article connexe

Liens externes

    Notes et références

    1. « Motu proprio: le Pape renomme les Archives secrètes du Vatican », sur vaticannews.va, (consulté le ).
    2. Le mot 'secret' a créé un grand malentendu. Alors que, en latin d’Église, il signifie simplement 'privé' ou 'personnel' (comme un secrétaire est un 'écrivain privé'), le mot a pris le sens de 'caché' en français moderne.
    3. Nicolas Senèze, « Les archives du Vatican ne seront plus « secrètes » », sur la-croix.com, (consulté le ).
    4. (en) Owen Chadwick, Acton and History, Cambridge University Press, , p. 35
    5. AFP, « La vénérable Bibliothèque du Vatican au top de la modernité », sur lepoint.fr, (consulté le ).
    6. Myriam Seurat, « La lumière sur les archives secrètes du Vatican », émission Télématin sur France 2, 2 juillet 2012, 27 min 30 s.
    7. J'ai visité les caves secrètes du Vatican, « Florence Evin », sur Le Monde, .
    8. Paul Poupard, Connaissance du Vatican. Histoire, organisation, activité, Éditions Beauchesne, , p. 161
    9. Site des Archives du Vatican : http://asv.vatican.va/fr/arch/1_ieri.htm
    10. Simona Verrazzo, « Les Archives secrètes du Vatican dévoilées », sur Swissinfo,
    11. « A Rome, l’exposition « Lux in arcana » ouvre des archives secrètes du Vatican », sur RFI,
    12. « Le Vatican dévoile ses "secrets" », sur lepoint.fr, (consulté le ).
    • Sciences de l’information et bibliothèques
    • Portail du Vatican
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.