Anton Kippenberg

Kippenberg a passé son enfance et sa jeunesse à Brême, en compagnie de neuf frères et sœurs. Son père August Kippenberg (de) et sa mère Johanne Kippenberg (de) étaient les fondateurs et directeurs de grandes institutions d'enseignement de la ville. Après avoir terminé ses études secondaires, Kippenberg a commencé en 1890 son apprentissage à la librairie Eduard Hampe.

Après son apprentissage, il a continué sa formation à Lausanne dans une librairie de référence. C'est là qu'il a écrit son premier article pour le Weser-Zeitung et acheté la dernière édition Sabatier du Faust de Goethe, posant ainsi inconsciemment la base de sa future collection.

En 1894 il a quitté Lausanne pour effectuer un court voyage en Italie du Nord, puis a fait un stage de trois mois à la librairie K. F. Köhler à Leipzig. Un an plus tard, il a commencé son année de service militaire à Brême et cherché à repartir à l'étranger. Ce projet n'a pas abouti, car il a reçu une proposition de l'éditeur scientifique de Leipzig Wilhelm Engelmann, qui lui a proposé de prendre en charge son réseau de distributeurs. Il a accepté cette proposition, qui lui permettait de remettre un pied dans l'ancienne capitale de l'édition. Il y a travaillé 18 mois avant d'entrer à l'Université de Leipzig en 1898.

Il y a étudié la germanistique et, comme disciplines secondaires, l'histoire de la musique, les langues romanes et l'esthétique. Il a aussi continué à travailler pour Wilhelm Engelmann, qu'il n'a quitté qu'en 1905 pour diriger Insel-Verlag. Durant cette période, les futurs éditeurs ont noué les premiers contacts avec l'imprimerie H. F. Jütte, qui devait plus tard produire les images en quadrichromie de très haute qualité de la collection Insel-Bücherei (de).

À l'été 1901, il a soumis sa thèse de doctorat sur Die Sage vom Herzog von Luxemburg (la légende du duc de Luxembourg) et a terminé ses études universitaires avec le titre de « Doctor Philosophiae et Magister Artium ».

Lorsqu'on lui a offert la direction d'Insel-Verlag, fondée 6 ans auparavant, il n'a pas hésité, car il souhaitait depuis longtemps déjà passer à l'édition artistique et littéraire. Il en a pris la direction avec Carl Ernst Poeschel (de), dont il avait fait la connaissance en 1902. La même année, il a épousé Katharina von Düring (de) (1876–1947), qu'il avait rencontrée à une réunion de la Société Goethe à Weimar. Elle est devenue sa plus fidèle collaboratrice, en même temps que traductrice et éditrice.

En 1906, Carl Ernst Poeschel (de) a démissionné d'Insel-Verlag, dont Kippenberg est resté le seul directeur et qui est devenu au cours des années suivantes un des principaux éditeurs littéraires d'Allemagne. Il a également défini les orientations principales de la maison : les œuvres de Goethe et de Rilke devaient en former la base. Parmi les autres auteurs, on trouvait Stefan Zweig, Nietzsche, Alfred Mombert (de), Ricarda Huch, Hugo von Hofmannsthal, Boccace et Rudolf Alexander Schröder. L'origine du succès de Kippenberg était son sens de la qualité littéraire, des goûts du lectorat, ainsi que sa souplesse commerciale et la production de textes soignés, dans des éditions adaptées à l'esprit du temps.

En 1909 il a publié le Volks-Goethe édité par Erich Schmidt (de). En 1912 il a fondé la collection Insel-Bücherei (de), de renommée mondiale. L'année suivante, il a publié le premier catalogue de la collection Kippenberg. Pendant la Première Guerre mondiale, il a publié sur le front le journal de la 4^e armée.

Il a consacré entièrement les deux décennies suivantes à son travail d'éditeur. Il était de son propre aveu dès 1924 un fervent antisémite et il a été nommé en 1933 vice-président de la Société Goethe pour sa mise au pas (Gleichschaltung)[1]. Le bâtiment principal d'Insel-Verlag a été détruit lors d'un bombardement en décembre 1943. Un an plus tard, sa maison personnelle de Gohlis (Leipzig) (de)[2], depuis laquelle il poursuivait son travail d'éditeur, a également été bombardée. Avant l'approche des troupes russes, il a été capable de convaincre les Américains de l'importance de sa collection Goethe, qui avait été mise à l'abri en Thuringe et en Saxe. Les Américains ont rassemblé ces œuvres à Marbourg, au Marburg Central Collecting Point (de). Aujourd'hui encore, elles constituent la plus importante collection sur Goethe du Musée Goethe de Düsseldorf.

Kippenberg s'est aussi illustré comme auteur, notamment de Schüttelreim publiés sous le pseudonyme anagramme de Benno Papentrigk. Ses archives se trouvent à la Deutsches Literaturarchiv de Marbach.

• (de) Die Sage vom Herzog von Luxemburg und die geschichtliche Persönlichkeit ihres Trägers. Dissertation, Leipzig 1901
• (de) sous le pseudonyme de Benno Papentrigk : Schüttelreime. Insel-Verlag, Leipzig 1939 (1942: Insel-Bücherei Nr. 219/3)
• (de) Geschichten aus einer alten Hansestadt. Insel-Verlag, Leipzig 1941