Stefan Zweig

Stefan Zweig (/ˈʃtɛ.fan t͡svaɪ̯k/[2]), né le à Vienne en Autriche-Hongrie et mort le [3] à Petrópolis au Brésil, est un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien.

Pour les articles homonymes, voir Zweig.

Stefan Zweig
Stefan Zweig vers 1912[1].
Naissance
Vienne, Autriche-Hongrie
Décès
Petrópolis, Brésil
Nationalité Autrichien
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Allemand
Genres

Œuvres principales

Ami de Sigmund Freud, Arthur Schnitzler, Romain Rolland, Richard Strauss, Émile Verhaeren, Stefan Zweig a fait partie de l'intelligentsia juive viennoise, avant de quitter son pays natal en 1934, à cinquante-trois ans, en raison de la montée du nazisme. Réfugié à Londres, il y poursuit une œuvre littéraire, de biographe (Joseph Fouché, Marie Antoinette, Marie Stuart) mais surtout d'auteur de romans et nouvelles : Amok, La Pitié dangereuse, La Confusion des sentiments, Le Joueur d'échecs. Dans son livre testament, Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen, Zweig se fait chroniqueur de cet « âge d'or » de l'Europe, et analyse ce qu'il considère comme l'échec d'une civilisation.

Biographie

La lente maturation d'un écrivain (1881-1904)

Stefan Zweig est le fils de Moritz Zweig, né en 1845, qui appartenait à une famille juive originaire de la Moravie, et avait d'abord été marchand avant de fonder, à l'âge de trente ans, une petite tisseranderie, dans le Nord de la Bohême, et de devenir fortuné comme fabricant de tissus ; Moritz Zweig épouse Ida Brettauer, née en 1854, fille d'un banquier récemment installé à Vienne après avoir fait ses débuts à Ancône. Stefan Zweig naît le à Vienne. Avec son frère aîné, Alfred, il complète une famille qui « a voulu réussir son intégration et tenu à donner une éducation laïque ». À l'exemple de ses parents, il ne parle pas le yiddish, ne fréquente pas la synagogue, ne pratique pas ses traditions culturelles, et l'auteur n'aime pas s'entendre rappeler qu'il est juif[4].

Zweig est élevé à Vienne, sur le Ring, dans une atmosphère bourgeoise et conformiste, caractéristique du règne de l'empereur François-Joseph. Inscrit en 1887 au Maximilian Gymnasium (actuel Gymnasium Wasagasse (en)), il y subit un enseignement scolaire extrêmement rigide et autoritaire, « comme un bagne ». Il réussit à obtenir son baccalauréat en [5], avec mentions en allemand, physique et histoire. À l'université de Vienne, il s'inscrit en philosophie et en histoire de la littérature, étudie la romanistique et la germanistique. À Vienne, il va être associé au mouvement d'avant-garde Jeune Vienne[6].

Stefan Zweig à Vienne, vers 1900.

À dix-neuf ans il quitte le foyer familial pour une chambre d'étudiant. Il s'intéresse aux poètes, en particulier Rainer Maria Rilke et Hugo von Hofmannsthal, déjà adulés en dépit de leur jeune âge. Zweig s'essaie lui-même à l'écriture, qui l'attire de plus en plus. Il compose plusieurs poèmes, dont une cinquantaine vont être réunis dans un recueil, Les Cordes d'argent, publié en 1901. Même s'il reniera ensuite cette première publication, elle lui attire un succès d'estime, mais outre ces poèmes, Zweig écrit également de courts récits, dont Dans la neige (Im Schnee), qui paraîtra également en 1901 dans le journal viennois sioniste Die Welt (en).

Stefan Zweig (debout) et son frère Alfred, vers 1900.

« Ma mère et mon père étaient juifs par le hasard de leur naissance ». Ses premiers essais, sous forme de feuilleton au « rez-de-chaussée », sont publiés dans « Die Neue Freie Presse », dont le rédacteur littéraire est Theodor Herzl : toutefois, Zweig ne sera pas attiré par le sionisme[N 1] ; ce n'est que tardivement qu'il rendra hommage à cet homme engagé. Une publication qui incitera ses parents à accepter sa carrière d'écrivain.

Encouragé par ces premiers succès, mais doutant encore de son talent, Zweig séjourne à Berlin. Il y découvre une autre avant-garde : les romans de Fiodor Dostoïevski et la peinture d'Edvard Munch. Il fréquente de nombreux cercles, rencontre Rudolph Steiner[N 2] ; en Belgique il voit Charles Van der Stappen, Émile Verhaeren, Ellen Key, avant de rencontrer Giovanni Cena (it) en Italie et de se lier d'amitié avec Johan Bojer. À son retour à Vienne, il défend sa thèse sur Hippolyte Taine, philosophe et historien français (), ce qui lui confère le titre de docteur en philosophie.

Avant la Première Guerre mondiale, porté par sa curiosité, il fait de nombreux voyages (Wanderjahre) : il parcourt l'Europe, effectue de longs séjours à Berlin, Paris, Bruxelles[N 3] et Londres, et en 1910, sur un conseil de Walther Rathenau, se rend en Inde[N 4], puis aux États-Unis et au Canada en 1911. Plusieurs chroniques publiées dans le Frankfurter Zeitung en témoignent, dont une, intitulée « Chez les Français du Canada » et qui relate un passage méconnu de Stefan Zweig au Québec[7]. Dans son journal, il se plaint de cette inquiétude intérieure déjà intolérable qui ne le laisse jamais en paix et justifie son goût des départs. Zweig voyage autant pour connaître et apprendre que pour se fuir lui-même, dans le mirage des changements d'horizons[8].

1904-1914 : période d'écriture

Romain Rolland en 1914.

Ses nombreux voyages ne l'empêchent pas de poursuivre ses activités d'écrivain (un recueil de nouvelles est publié en 1904), et de traduction, notamment de Verlaine, qu'il admire passionnément. Il traduit également le poète Émile Verhaeren, qu'il a rencontré à Bruxelles et dont la vitalité, à l'opposé de l'atmosphère engoncée de Vienne, influencera durablement le jeune Zweig.

Après une tentative dans le domaine du théâtre, avec sa pièce Thersite, sorte d'antihéros de la guerre de Troie, Zweig rencontre en l'écrivain français Romain Rolland, dont il partage les idéaux paneuropéens et l'esprit de tolérance, à l'opposé des visions nationalistes étriquées et revanchardes. Zweig et Rolland deviendront des amis proches, unis par leurs intuitions sur l'Europe et la culture. Le jeune Stefan Zweig a d'emblée été conquis par l'œuvre de Romain Rolland et plus encore par l'homme. Il a été séduit par sa connaissance de la culture allemande, mais aussi son humanisme, son pacifisme, qui lui semblent représenter une synthèse entre leurs deux cultures. Ils s'écrivent beaucoup : on a retrouvé 520 lettres de Stefan Zweig à Romain Rolland et 277 lettres de Romain Rolland à Stefan Zweig.

Le , quand Romain Rolland fait paraître Jean-Christophe, Stefan Zweig publie un article dans le Berliner Tageblatt : « Jean-Christophe est un événement éthique plus encore que littéraire ».

Entre ces deux hommes, c'est l'histoire d'une grande amitié, qui commence par une relation de maître à disciple. Stefan Zweig fait connaître Romain Rolland en Allemagne, travaillant inlassablement à sa renommée. Il fait représenter son Théâtre de la Révolution et Romain Rolland lui dédie la pièce qu'il termine en 1924 intitulée Le jeu de l'amour et de la mort avec ces mots : « À Stefan Zweig, je dédie affectueusement ce drame, qui lui doit d'être écrit ». Durant cette période, ils se voient souvent, chaque fois qu'ils en ont l'occasion : en 1922, Stefan Zweig est à Paris et l'année suivante, c'est Romain Rolland qui passe deux semaines à Salzbourg, au Kapuzinerberg ; en 1924, ils sont à Vienne pour le soixantième anniversaire de Richard Strauss : le , Stefan Zweig présente son ami à Sigmund Freud, qu'il désirait rencontrer depuis longtemps ; en 1925, ils se retrouvent à Halle pour le festival Haendel, puis ils partent pour Weimar, visiter la maison de Goethe et consulter les archives de Nietzsche. En 1926, pour les soixante ans de Romain Rolland, paraît son livre jubilaire, conçu en grande partie par Stefan Zweig, qui va donner dans toute l'Allemagne de nombreuses conférences sur l'œuvre de son ami à propos de qui il a cette phrase magnifique : « La conscience parlante de l'Europe est aussi notre conscience ». En 1927, ils célèbrent ensemble à Vienne le centenaire de la mort de Beethoven, et c'est à l'initiative de Stefan Zweig que Romain Rolland fait partie des personnalités invitées aux festivités et que ses articles et son hommage à Beethoven paraissent dans nombre de journaux.

À trente ans, Zweig connaît une première idylle, en la personne de Friderike Maria Burger (1882-1971), déjà mariée et mère de deux filles. Durant les années qui vont suivre, les deux amants se voient régulièrement, et coulent des jours paisibles. Zweig poursuit ses voyages et entame un ouvrage sur Dostoïevski.

À l', il se marie avec Friderike et son bonheur semble parfait.

Le , l'assassinat de François-Ferdinand plonge l'Europe dans la guerre. Zweig revient à Vienne et cède durant une brève période à un élan patriotique. Il rédige des articles dans lesquels il prend parti pour l'esprit allemand, avant de retrouver bientôt la voie de ses idéaux de fraternité et d'universalité. Romain Rolland et Stefan Zweig sont atterrés par la guerre qui commence, et le , Romain Rolland écrit : « Je suis accablé. Je voudrais être mort. Il est horrible de vivre au milieu de cette humanité démente et d'assister, impuissant, à la faillite de la civilisation ». Mais contrairement à Stefan Zweig[réf. nécessaire], il se reprend vite, et publie en 1915 Au-dessus de la mêlée. C'est l'opiniâtreté de Romain Rolland dans sa lutte contre la guerre qui sauve Stefan Zweig de la dépression et fait qu'il admire de plus en plus celui qu'il considère comme son maître.

1914-1916 : Zweig pendant la guerre

Jugé inapte au front, Zweig est néanmoins enrôlé dans les services des archives militaires[9]. Il y apprend les nouvelles du front, les morts par milliers et les villages anéantis. Quelques rares voix s'élèvent pour appeler à la raison et au dépôt des armes. Elles sont mal reçues. Plusieurs de ses anciens amis, dont Zweig est maintenant coupé, entretiennent le feu. Même Émile Verhaeren, que Zweig admirait tant, publie des textes remplis de haine et de vengeance.

Envoyé sur le front polonais pour collecter des documents d'archives[10], Zweig a l'occasion de constater concrètement ce que la guerre entraîne de souffrance et de ruine. Les scènes déchirantes dont il est témoin renforcent sa conviction que la défaite et la paix vaudraient mieux que la poursuite de ce conflit insensé. Il prend également conscience du sort que subissent nombre de Juifs, confinés dans des ghettos[11].

À cette période, encouragé par son ami Léon Bazalgette, son style perd en ésotérisme, pour gagner en réalisme[N 5].

1916-1933 : le succès

De retour en Autriche, Zweig quitte Vienne et s'installe en compagnie de Friderike à Kalksburg. Plus éloigné des rumeurs de la guerre, Zweig est en mesure de terminer sa pièce de théâtre Jérémie (1916), où il laisse entrevoir la possibilité d'une défaite de l'Autriche. L'ouvrage lui donne l'occasion d'aller en Suisse en 1917, pour assister aux répétitions lors de sa création à Zurich. Il en profite pour rencontrer nombre de pacifistes, en particulier son ami Romain Rolland à Genève. Ils somment les intellectuels du monde entier de se joindre à eux dans un pacifisme actif — qui fut décisif dans l'attribution du prix Nobel de littérature à Romain Rolland. Zweig restera pacifiste toute sa vie et préconise l'unification de l'Europe.

L'armistice est signé en 1918. En , Zweig, en compagnie de Friderike et de ses filles, peut enfin revenir en Autriche et s'installe à Salzbourg, déterminé à « travailler davantage » et à laisser derrière lui les regrets inutiles.

Les années 1920 voient effectivement Zweig se consacrer à une production abondante : ce seront Trois Maîtres (Balzac, Dickens, Dostoïevski), Le Combat avec le démon (sur Kleist, Hölderlin et Nietzsche), et enfin Trois poètes de leur vie (essais sur Stendhal, Casanova et Tolstoï) ; viendra plus tard La Guérison par l'esprit (sur Freud, — à qui il fait lire ses nouvelles avant parution, et dont il rédigera en 1939 l'oraison funèbre —, Franz-Anton Mesmer et Mary Baker Eddy). Polyglotte accompli, Zweig traduit de nombreuses œuvres : de Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, John Keats… Il nourrit toute sa vie une grande passion pour les autographes et les portraits d'écrivains, qu'il collectionne.

Carte postale expédiée de Salzbourg par Stefan Zweig (1927).

Zweig parcourt l'Europe, donne de multiples conférences, rencontre des écrivains, des artistes, et tous ses vieux amis dont la guerre l'avait séparé. Fidèle à ses idéaux pacifistes, il invite les pays à fraterniser entre eux plutôt que de nourrir les antagonismes et les conflits. Il prêche pour une Europe unie, conviction qu'il défendra jusqu'à la fin de sa vie.

Ces activités apportent à Zweig la célébrité, qui commence avec sa nouvelle Amok, publiée en 1922. Dès lors, tous ses ouvrages sont des succès de librairie. Sa notoriété grandit et le met à l'abri des soucis financiers dans les difficiles années d'après-guerre. En contrepartie, la notoriété, nourrie par les traductions en plusieurs langues, entraîne son lot de sollicitations et d'engagements. Zweig s'épuise dans d'interminables tournées. Il ne trouve le repos que dans l'isolement de sa villa à Salzbourg, auprès de Friderike. Là, il reçoit ses amis, écrivains, musiciens et penseurs, d'où qu'ils viennent. Il tisse des liens avec de jeunes auteurs qui lui seront reconnaissants de l'aide et des encouragements qu'il leur a apportés.

En 1925, Zweig remanie la pièce Volpone de Ben Jonson. Cette pièce, traduite dans plusieurs langues, reçoit un accueil enthousiaste et contribue encore à sa renommée.

Zweig ne délaisse pas pour autant ses biographies. Il consacre un ouvrage à l'homme politique français Joseph Fouché en 1929, qui, en son temps, préfigurait déjà les jeux de coulisse que Zweig pressent dans les États européens. Les biographies, pour Zweig, sont l'occasion d'éclairer le présent à la lueur des agissements passés. Elles mettent en lumière toute l'incapacité apparente des hommes à apprendre de leurs erreurs, particulièrement en cette époque où apparaissent déjà les premiers signes avant-coureurs des nouvelles catastrophes à venir.

Zweig reconnaît sa dette envers Freud et lui exprime sa gratitude, notamment dans une lettre datée du . Il lui confie que la psychologie est « la grande affaire de [sa] vie », et que l'influence du psychanalyste a été fondamentale car il a appris « le courage » à des écrivains tels que Proust, D.H. Lawrence, James Joyce en levant leurs inhibitions : « Grâce à vous, » lui dit-il, « nous voyons beaucoup de choses. – Grâce à vous, nous disons beaucoup de choses qui, sinon, n'auraient été ni vues ni dites ». Il ajoute que l'autobiographie en particulier a gagné en clarté et en audace[12].

Parallèlement à sa carrière d'écrivain, Zweig consacre une grande part de son temps et de ses revenus à sa collection de manuscrits, de partitions et d'autographes. Elle constitue un véritable trésor, assemblée comme une œuvre d'art, où on retrouve notamment une page des Carnets de Léonard de Vinci, un manuscrit de Nietzsche, le dernier poème manuscrit de Goethe, des partitions de Brahms et de Beethoven. Cette collection inestimable sera confisquée par les nazis, dispersée et en grande partie détruite. Elle lui aura toutefois inspiré quelques textes, dont La Collection invisible.

À l'aube de la cinquantaine, Zweig subit l'usure du couple avec Friderike. Il entreprend un ouvrage sur Marie-Antoinette d'Autriche, où il explore le thème des êtres frappés par la tragédie, qui savent trouver dans le malheur une forme de rédemption et de dignité. L'ouvrage connaîtra un grand succès, tout juste avant la prise du pouvoir par les nazis en 1933.

Montée du nazisme

Photographie de Stefan Zweig dans le Correio da Manhã.

L'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler vient bouleverser la vie de Zweig, qui a très tôt une conscience claire du terrible danger que représente le dictateur pour les Juifs, pour l'Autriche et pour toute l'Europe. Cette année charnière voit l'exil forcé d'un grand nombre des amis allemands de Zweig. Lui-même juif, il suit avec effarement les troubles qui agitent le pays voisin. Il hésite à prendre position, voulant comme toujours se situer en dehors des choix politiques qui conduisent trop souvent à l'affrontement. Il est soutenu par le compositeur Richard Strauss, qui lui commande un livret et qui refuse de retirer le nom de Zweig de l'affiche pour la première, à Dresde, de son opéra Die schweigsame Frau (La Femme silencieuse). Mais finalement Zweig se sent mal à l'aise avec Strauss, qui ne prend pas ouvertement position contre le régime. L'opéra ne sera d'ailleurs présenté que trois fois, jugé comme une « œuvre juive »[13]. Zweig suscite également la colère des nazis lorsque l'une de ses nouvelles (Brûlant secret, en allemand Brennendes Geheimnis, publiée en 1911), est adaptée au cinéma en 1933 par Robert Siodmak, sous le titre Das brennende Geheimnis. Un autodafé a lieu à Berlin et ses œuvres en sont aussi victimes.

De son côté, Zweig s'intéresse ensuite à Érasme, en qui il voit un modèle humaniste proche de ses conceptions. La neutralité de Zweig est cependant bientôt mise à mal, lorsque l'Autriche, à son tour, succombe à la répression politique. Des partisans de la Ligue républicaine sont mitraillés dans les banlieues ouvrières. Zweig lui-même est l'objet d'une perquisition, qui a raison de toutes ses hésitations. Il fait aussitôt ses valises et décide de quitter le pays, en . Il laisse tout derrière lui, persuadé, à juste titre et contre l'avis des siens, que le bruit des bottes n'ira qu'en augmentant. Ses rêves de paix s'évanouissent. Zweig quitte donc l'Autriche sans grand espoir d'y revenir.

Départ pour Londres

Réfugié à Londres, Zweig entreprend une biographie de Marie Stuart. Le personnage l'intéresse, au même titre que Marie-Antoinette, dans la mesure où leurs deux destins illustrent le côté impitoyable de la politique, que Zweig a en aversion. Il entame également une liaison avec Lotte (Charlotte Elisabeth Altmann) (1908-1942), sa secrétaire, tandis que Friderike refuse de le rejoindre à Londres, jugeant non fondées les appréhensions de son époux. Elle et bien des amis, aveugles aux nuages toujours plus sombres qui s'accumulent au-dessus de l'Europe, lui reprochent d'agir en prophète de malheur.

Mais Zweig persiste dans ses craintes et ses intuitions. Il refuse de choisir son camp, comme Érasme en son temps, privilégiant la neutralité et la conscience individuelle à l'alignement sur un courant politique. Cette attitude prudente éloigne ses vieux amis, dont l'écrivain Joseph Roth et Romain Rolland, qui a épousé la cause du marxisme-léninisme.

Stefan et Friderike Zweig chez Henry et Grete Joske, à Vence, en 1937.

En 1936 éclate la guerre d'Espagne. Zweig accepte alors l'invitation de se rendre au Brésil, laissant derrière lui une Europe divisée et troublée. Précédé par sa célébrité, Zweig est accueilli avec tous les honneurs. Lui-même est subjugué par la beauté de Rio de Janeiro et loge un temps au Copacabana Palace[14].

Il y entreprend la rédaction d'une nouvelle biographie. Elle est consacrée à l'explorateur Magellan, en qui Zweig voit un héros obscur, comme il les affectionne, demeuré fidèle à lui-même en dépit des embûches. Il termine l'ouvrage tant bien que mal, en proie à des tourments qui présentent tous les aspects d'une dépression.

Naturalisation britannique

De retour à Londres, Zweig suit l'actualité autrichienne de près. Ce qu'il appréhende depuis des années finit par se réaliser. Le , Adolf Hitler traverse la frontière et proclame l'annexion de l'Autriche. Zweig se voit ainsi dépossédé de sa nationalité autrichienne et devient un réfugié politique comme les autres. Désireux d'échapper aux brimades réservées aux expatriés et considéré comme ennemi quand la guerre éclate, Zweig demande, puis reçoit enfin son certificat de naturalisation britannique. Entre-temps, il a rompu avec Friderike et a épousé Lotte. C'est avec elle qu'il quitte l'Angleterre durant l', juste avant le début des bombardements allemands sur Londres. Zweig cède de plus en plus au désespoir.

Comme pour compenser sa condition d'expatrié, il se plonge dans le travail. Avant de partir, il laisse un roman La Pitié dangereuse, paru en 1939. Il abandonne d'ailleurs derrière lui notes et manuscrits inachevés. Sa première escale est à New York, où sa condition d'Allemand lui attirera de l'hostilité. Il part pour le Brésil, pays qui lui avait fait une forte impression, et où il avait été bien reçu. Il est toujours accompagné de Lotte, dont la santé fragile commence à peser sur le couple.

Installation au Brésil et voyages en Amérique

Installé à Rio de Janeiro, Zweig parcourt le continent. Il se rend en Argentine et en Uruguay, pour une série de conférences, revient ensuite à New York en , pour la dernière fois. Il y revoit Friderike, qui a réussi à émigrer aux États-Unis. Zweig demeure quelques mois là-bas, et fréquente ses vieux amis, expatriés comme lui. Le , il prononcera sa dernière conférence. Désespéré et honteux du tort que cause l'Allemagne, il réitère néanmoins sa confiance en l'homme, mais on le sent alors très désabusé. De retour au Brésil durant l'été, il entreprend la rédaction de ses mémoires. Ce texte, dont il expédiera le manuscrit à son éditeur la veille de son suicide[15], sera publié deux ans après sa mort sous le titre Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen, et constitue un véritable hymne à la culture européenne que Zweig considérait alors comme perdue. Il revient sur les principales étapes de son existence, marquant de son témoignage un monde en destruction, comme s'il souhaitait qu'une trace de ce monde d'hier qu'il chérissait fût conservée. Il déménage ensuite à Petrópolis, où il fêtera le , loin de ses amis et des honneurs, son soixantième anniversaire.

« Né en 1881 dans un grand et puissant empire […], il m'a fallu le quitter comme un criminel. Mon œuvre littéraire, dans sa langue originale, a été réduite en cendres. Étranger partout, l'Europe est perdue pour moi… J'ai été le témoin de la plus effroyable défaite de la raison […]. Cette pestilence des pestilences, le nationalisme, a empoisonné la fleur de notre culture européenne »

 Stefan Zweig, Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen.

Lettre d'adieu de Stefan Zweig, Petrópolis, [N 6].

Suicide

Avec l'entrée en guerre des États-Unis en , Zweig perd de plus en plus espoir. Il n'en continue pas moins son œuvre, dont Le Joueur d'échecs, bref roman qui sera publié à titre posthume, et qui met précisément en scène un exilé autrichien que les méthodes d'enfermement et d'interrogatoire pratiquées par les nazis avaient poussé au bord de la folie. Au mois de février, en plein carnaval à Rio, il apprend la chute de Singapour, principale base militaire britannique en Extrême-Orient.

Hanté par l'inéluctabilité de la vieillesse, ne supportant plus l'asthme sévère de Lotte, et moralement détruit par la guerre mondiale en cours, il décide qu'il ne peut plus continuer à assister ainsi, sans recours, à l'agonie du monde[16]. Il se rend à Barbacena, rend visite à l'écrivain Georges Bernanos, qui tente en vain de lui faire reprendre espoir[17].

Le , après avoir fait ses adieux[18] et laissé ses affaires en ordre (il laissera un mot concernant son chien, qu'il confie à des amis[19]), Stefan Zweig met fin à ses jours en s'empoisonnant au Véronal (un barbiturique), en compagnie de Lotte qui refusa de survivre à son compagnon.

Traduction de la lettre par Laurence Baïdemir :

« Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité, j’éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m’a procuré, ainsi qu’à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De jour en jour, j’ai appris à l’aimer davantage et nulle part ailleurs je n’aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l’Europe, s’est détruite elle-même.

Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d’errance. Aussi, je pense qu’il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde.

Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l’aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux. »

 Stefan Zweig, Pétropolis, 22-2-42

Il aura droit à des funérailles nationales lors de son enterrement à Petrópolis, contrairement à ses vœux[20].

Adaptations biographiques à l'écran

Josef Hader, interprète de Stefan Zweig dans le film de Maria Schrader Stefan Zweig, adieu l'Europe, photographié en 2016, année de sortie du film.

Œuvres

Entrefilet du journal collaborateur Le Petit Parisien, où Stefan Zweig est présenté comme un « écrivain juif ». Sur la même page, figure un article reprenant un discours d'Adolf Hitler expliquant que « Les juifs seront exterminés », 26 février 1942.

Son œuvre, particulièrement éclectique, comporte quelques recueils de poésies, quelques pièces de théâtre (Thersite 1907, Volpone 1927…).

Mais Zweig est surtout connu pour ses nouvelles (Amok publiée en 1922, La Confusion des sentiments paru en 1926, Vingt-quatre Heures de la vie d'une femme publié en 1927), histoires de passion intense pouvant aller parfois jusqu’à la folie. Le Joueur d'échecs a été publié à titre posthume.

Il a écrit de nombreuses biographies (Fouché, Marie Stuart, Magellan, Marie-Antoinette…) d’une grande acuité psychologique et qui comportent une réflexion sur les problèmes de son temps (Érasme 1935). Il travaille durant plus de vingt ans à son recueil de nouvelles Les Très Riches Heures de l'humanité qui retracent les douze événements de l’histoire mondiale les plus marquants à ses yeux. Finalement, Zweig aura écrit quarante-trois récits ou nouvelles et deux romans, dont l'un est resté inachevé[21].

Stolperstein de Stefan Zweig au 5 Kapuzinerberg à Salzbourg (Autriche).

Livrets d'opéra

Poésies

  • Cordes d’argent, Berlin, 1901 (Silberne Saiten).
  • Les Couronnes précoces[22], 1906 (Die frühen Kränze).
  • La Vie d'un poète : Poèmes et écrits sur la poésie, inédit en français, traduction complète des poèmes et écrits sur la poésie de Zweig, édition bilingue, traduit de l'all. par Marie-Thérèse Kieffer, préface de Gérard Pfister, Éditions Arfuyen, 186 p., Paris, 2021, (ISBN 9782845903135)

Romans et nouvelles

  • Rêves oubliés (Vergessene Träume, nouvelle publiée en 1900 dans le Berliner Illustrierte Zeitung).
  • Dans la neige (Im Schnee), 1901.
  • Une jeunesse gâchée, 1901.
  • Printemps au Prater (Praterfrühling, nouvelle publiée à l’ dans une revue littéraire mensuelle).
  • L’Étoile au-dessus de la forêt (Der Stern über dem Walde, écrit v. 1903).
  • Les prodiges de la vie (Die Wunder des Lebens, 1904, tr. fr. 1990).
  • L'amour d'Erika Ewald (Die Liebe der Erika Ewald, 1904, tr. fr. 1990).
  • La Marche (Die Wanderung, 1904).
  • La Scarlatine (Scharlach, nouvelle publiée en ).
  • Première épreuve de vie. Quatre histoires du pays des enfants (Erstes Erlebnis. Vier Geschichten aus Kinderland, 1911) : Conte crépusculaire (Geschichte in der Dämmerung, tr. fr. 1931), La Gouvernante (Die Gouvernante, tr. fr. 1931), Brûlant secret (Brennendes Geheimnis, tr. fr. 1945) et Le Jeu dangereux (Sommernovelette, tr. fr. 1931).
  • Amok, recueil qui, dans sa version originelle de 1922, Amok - Novellen einer Leidenschaft (Nouvelles d’une mauvaise passion), incluait, outre la nouvelle Der Amokläufer (tr. fr. 1927 Amok ou Le Fou de Malaisie), quatre autres nouvelles dont Die Frau und die Landschaft (tr. fr. 1935 La femme et le paysage), Phantastische Nacht (tr. fr. 1945 La Nuit fantastique. Notes posthumes du baron de R…), Die Mondschein Gasse (tr. fr. 1961 La Ruelle au clair de lune) et Brief einer Unbekannten (tr. fr. 1927 Lettre d’une inconnue).
  • La Confusion des sentiments, recueil qui, dans sa version originelle de 1927, Verwirrung der Gefühle - Drei Novellen, incluait, outre la nouvelle du même titre (sous-titrée Notes intimes du professeur R de D, tr. fr. 1948), Vingt-quatre Heures de la vie d'une femme (Vierundzwanzig Stunden aus dem Leben einer Frau, tr. fr. 1929, révisée 1980) et Destruction d’un cœur (Untergang eines Herzens, tr. fr. 1931).
  • Vingt-quatre Heures de la vie d'une femme, 1927.
  • Un mariage à Lyon, recueil (1992) incluant, outre la nouvelle du même titre (Die Hochzeit von Lyon, publ. 8.1927), les nouvelles : Dans la neige (Im Schnee, publ. 8.1901, tr. fr. 1904 et 1992) ; La Croix (Das Kreuz, publ. 1.1906, tr. fr. 1992); Histoire d’une déchéance (Geschichte eines Untergangs, publ. 9.1910, tr. fr. 1992) ; La légende de la troisième colombe (Die Legende der dritten Taube, publ. 12.1916, tr. fr. 1992) ; Au bord du lac Léman (Episode am Genfer See, publ. 1919, tr. fr. 1992 ; La Contrainte (Der Zwang, écrit en 1916, publ. 1929, tr. fr. 1992).
  • La Peur, recueil (Angst, publié en 1925, tr. fr. 1935) incluant, outre la nouvelle du même titre (Angst, publiée en 1910) : Révélation inattendue d'un métier (Unerwartete Bekanntschaft mit einem Handwerk), Leporella (id.), Le Bouquiniste Mendel (Buchmendel) et La Collection invisible - Un épisode de l’inflation en Allemagne (Die unsichtbare Sammlung - Eine Episode aus der deutschen Inflation), ainsi que, dans la v. fr., La femme et le paysage (tr. fr. 1935, Die Frau und die Landschaft, originellement publiée en 1922 dans le recueil Amok - Novellen einer Leidenschaft).
  • Le Voyage dans le passé (Die Reise in die Vergangenheit / Widerstand der Wirklichkeit, 1re publication partielle 1929, v. complète publiée en 1976, tr. fr. 2008).
  • Le Jeu dangereux, 1931.
  • Le Chandelier enterré, recueil (1937) incluant, outre la nouvelle du même titre (Der begrabene Leuchter, 1937, tr. fr. 1937), Rachel contre Dieu (Rahel rechtet mit Gott, 1928, tr. fr. 1937) et Virata (Les yeux du frère éternel. Une légende -- Die Augen des ewigen Bruders. Eine Legende, 1922, tr. fr 1927 initialement publiée en 1927 dans le recueil Amok ou le fou de Malaisie (3 nouvelles) de 1927).
  • Un soupçon légitime (War er es, nouvelle probablement écrite entre 1935 et 1940, première publication 1987, tr. fr. 2009).
  • Les Deux Jumelles. Conte drolatique (Die gleich-ungleichen Schwestern, nouvelle publ. 1936 in recueil Kaleidoscop).
  • La Pitié dangereuse (Ungeduld des Herzens, 1939, tr. fr. 1939) - roman, le seul (au sens de la taille de l’œuvre) que l’auteur ait achevé.
  • Le Joueur d'échecs (Schachnovelle, nouvelle écrite par l’auteur durant les quatre derniers mois de sa vie, de à , publ. 1943 ; tr. fr. 1944, rév. 1981).
  • Un homme qu'on n'oublie pas (Ein Mensch, den man nicht vergisst, nouvelle, publ. posth. 1948, tr. fr. 1990).
  • Wondrak (id., nouvelle, publ. posth., tr. fr. 1990).
  • Ivresse de la métamorphose, roman inachevé (écrit en 1930/1931 et 1938/1939), publié à titre posthume sous le titre original Rausch der Verwandlung (titre emprunté à une phrase du roman, car l’auteur ne lui en avait pas donné) ; en collaboration avec Berthold Viertel, il en fera en 1940 un scénario de film, Das Postfräulein (La demoiselle des postes), qui sera réalisé en 1950 par Wilfried Franz sous le titre Das gestohlene Jahr (L’année volée) ; tr. fr. 1984. En 1989, Édouard Molinaro l'adaptera sous la forme d'une série télévisée en deux parties, avec Niels Arestrup et Evelyne Bouix dans les rôles principaux.
  • La Vieille Dette, 1951.
  • Clarissa, roman inachevé, retrouvé dans les archives de Zweig en 1981, et portant la mention suivante : « Vu à travers l’expérience d’une femme, le monde entre 1902 et le début de la guerre » - la seconde, en l’occurrence ; tr. fr. 1992.
  • Le wagon plombé, Sur Maxime Gorki, Le voyage en Russie, Payot 170 p. (ISBN 978-2-22891-768-1).

Théâtre

  • Thersite. Tragédie en trois actes (Tersites. Ein Trauerspiel in drei Aufzügen, 1907)[N 7].
  • La Maison au bord de la mer (Das Haus am Meer. Ein Schauspiel in zwei Teilen, 1911).
  • Le Comédien métamorphosé. Un divertissement du Rococo allemand (Der verwandelte Komödiant. Ein Spiel aus dem deutschen Rokoko, 1913).
  • Jérémie. Drame en neuf tableaux (Jeremias. Eine dramatische Dichtung in neun Bildern, 1916, tr. fr. 2014).
  • Légende d’une vie, (Legende eines Lebens. Ein Kammerspiel in drei Aufzügen, 1919, tr. fr. 2011).
  • Volpone (Ben Johnson’s Volpone. Eine lieblose Komödie in drei Akten, 1925, adaptation fr. de Jules Romains 1927, tr. de l'éd. orig. 2014).
  • L’Agneau du pauvre. Tragicomédie en trois actes (tr. fr. 1930), aussi connu sous le titre Un caprice de Bonaparte. Pièce en trois actes (tr. fr. de Alzir Hella 1952) (Das Lamm des Armen. Tragikomödie in drei Akten, écrite 1929, créée 1930).
  • Adam Lux, 1993, 88 p. (ISBN 978-2-87775-065-3).

Essais et biographies

  • Émile Verhaeren : sa vie, son œuvre (Emile Verhaeren, 1910), tr. fr. 1910.
  • Souvenirs sur Émile Verhaeren (Erinnerungen an Emile Verhaeren, 1917), tr. fr. 1931.
  • Marceline Desbordes-Valmore : son œuvre (Marceline Desbordes-Valmore - Das Lebensbild einer Dichterin. Mit Übertragungen von Gisela Etzel-Kühn, 1920), tr. fr. 1928.
  • Romain Rolland : sa vie, son œuvre (Romain Rolland : der Mann und das Werk, 1921), tr. fr. 1929.
  • Trois Maîtres : Balzac, Dickens, Dostoïevski (Drei Meister : Balzac, Dickens, Dostojewski [Die Baumeister der Welt. Versuch einer Typologie des Geistes, Band 1], 1921), tr. fr. 1949 et 1988.
  • Le Combat avec le démon : Kleist, Hölderlin, Nietzsche (Der Kampf mit dem Dämon : Hölderlin, Heinrich von Kleist, Friedrich Nietzsche [Die Baumeister der Welt. Versuch einer Typologie des Geistes, Band 2], 1925), tr. fr. 1937.
  • Les Très Riches Heures de l'humanité, 1927 (Sternstunden der Menschheit - 14 textes de nature historique, dont les premiers furent publiés en 1927), tr. fr. de 12 textes 1939.
  • Trois poètes de leur vie : Stendhal, Casanova, Tolstoï (Drei Dichter ihres Lebens: Casanova, Stendhal, Tolstoi [Die Baumeister der Welt. Versuch einer Typologie des Geistes, Band 3], 1928), tr. fr. 1937.
  • Joseph Fouché (Joseph Fouché. Bildnis eines politischen Menschen, 1929), tr. fr. 1930.
  • La guérison par l’esprit: Mesmer, Mary Baker-Eddy, Freud (Die Heilung durch den Geist : Franz Anton Mesmer, Mary Baker-Eddy, Sigmund Freud, 1931), tr. fr. 1982.
  • Marie-Antoinette (Marie Antoinette, Bildnis eines mittleren Charakters, 1932), tr. fr. 1933.
  • Érasme, Grandeur et décadence d’une idée (Triumph und Tragik des Erasmus von Rotterdam, 1934), tr. fr. 1935.
  • Marie Stuart (Maria Stuart, 1935), tr. fr. 1936.
  • Conscience contre violence ou Castellion contre Calvin (Castellio gegen Calvin, oder Ein Gewissen gegen die Gewalt, 1936), tr. fr. 1936, nouvelle traduction de Alzir Hella, 2010, Le livre de poche (ISBN 2253153710).
  • Magellan (Magellan. Der Mann und seine Tat, 1938), tr. fr. 1938.
  • Amerigo : récit d'une erreur historique [« Amerigo, die Geschichte eines historischen Irrtums »] (trad. de l'allemand par Dominique Autrand, écrit en 1941, publ. posth. 1944) (Biographie), Paris, Éditions Belfond, , 89 p., 23 cm (ISBN 2714427944 et 9782714427946, OCLC 26898562, notice BnF no FRBNF35495804, SUDOC 002522632, présentation en ligne).
  • Le Brésil, Terre d’avenir (Brasilien. Ein Land der Zukunft, 1941), tr. fr. 1942.
  • Balzac, le roman de sa vie (Balzac. Roman seines Lebens, publ. posth. 1946), tr. fr. 1950.
  • Hommes et destins, Belfond, 1999.
  • Le Mystère de la création artistique (Das Geheimnis des künstlerischen Schaffens, 1943), tr. fr. 1996.
  • Le Monde sans sommeil (Die schlaflose Welt).
  • Aux Amis de l’étranger (An die Freunde in Fremdland).
  • Montaigne. Essai biographique, publ. posthume, tr. fr. 1982.
  • Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen - autobiographie (Die Welt von Gestern - Erinnerungen eines Europäers, 1942, publ. posth. 1944 - traduction nouvelle de Serge Niémetz, éditions Belfond 1993) ; Zweig commença à l’écrire en 1934 ; il posta à l’éditeur le manuscrit, tapé par sa seconde femme, un jour avant leur suicide.
  • En cette heure sombre (In dieser dunklen Stunde).
  • Paul Verlaine, biographie, Le Castor Astral, 2015 (ISBN 979-10-278-0020-9) [présentation en ligne].
  • Seuls les vivants créent le monde (Textes sur la Grande Guerre, 1914-1918), traduction de David Sanson, présentation de Bertrand Dermoncourt, Paris, Robert Laffont, 2018 (ISBN 978-2-221-22150-1).
  • L'Uniformisation du monde (trad. par Francis Douville Vigeant, édition bilingue), Paris, Allia, 2021, (ISBN 979-10-304-1340-3)
  • Écrits littéraires : d'Homère à Tolstoï - Inédits (1902-1933) (trad. fr. par Brigitte Cain-Hérudent), Paris, Albin Michel, 368 p., 2021, (ISBN 978-2226440747)
  • Vienne, ville de rêves (trad. fr. par Guillaume Ollendorf & David Sanson), Paris, Bouquins, 432 p., 2021, (ISBN 978-2382920428)

Correspondance

Journal de Stefan Zweig aujourd'hui passé dans la littérature.
  • Sigmund Freud-Stefan Zweig, Correspondance, Paris, Rivages, 1991.
  • Arthur Schnitzler-Stefan Zweig, Correspondance, Paris, Rivages, 1994.
  • Richard Strauss-Stefan Zweig, Correspondance 1931-1936, Paris, Flammarion, 1994.
  • Friderike Zweig-Stefan Zweig, L’Amour inquiet, Correspondance 1912-1942, Paris, Des Femmes, 1987.
  • Romain Rolland-Stefan Zweig, Rencontre 1911.
  • Amélie Breton-Stefan Zweig, Lettres 1922.
  • Émile Verhaeren-Stefan Zweig, Genève, Labor, 1996.
  • Stefan Zweig, Correspondance 1897-1919 (préface, notes et traduction de l’allemand par Isabelle Kalinowski), Paris, Le Livre de Poche, coll. « Biblio » no 3414, 2005 (ISBN 978-2-253-10856-6).
  • Stefan Zweig, Correspondance 1920-1931 (préface, notes et traduction de l’allemand par Isabelle Kalinowski), Paris, Le Livre de Poche. coll. « Biblio » no 3415, 2005 (ISBN 978-2-253-10857-3).
  • Stefan et Lotte Zweig, Lettres d'Amérique : New York, Argentine, Brésil, 1940-1942 (préface et notes par Darién J. Davis et Oliver Marshall), Paris, Grasset, 2012 (ISBN 978-2-246-78743-3).
  • Stefan Zweig-Klaus Mann, Correspondance 1925-1941, Paris, Phébus, 2014.
  • Stefan Zweig et Romain Rolland, Correspondance 1910-1919, Paris, Albin Michel, .
  • Stefan Zweig et Romain Rolland, Correspondance 1920-1927, Paris, Albin Michel, .
  • Stefan Zweig et Romain Rolland, Correspondance 1928-1940, Paris, Albin Michel, .

Adaptations de ses œuvres

Au cinéma ou à la télévision

Plusieurs œuvres de Zweig ont été adaptées à l'écran :

Le film The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson sorti en 2014 revendique l'œuvre de Zweig comme source d'inspiration, dans le générique de fin.

En 2016, un film, Adieu l'Europe, retrace les dernières années de l'écrivain, en Amérique.

Au théâtre

Des romans ou nouvelles de Zweig ont aussi été adaptés en pièces de théâtre :

Notes et références

Notes

  1. « J'ai toujours éprouvé comme une distinction toute particulière qu'un homme aussi éminent que Theodor Herzl ait été le premier à se déclarer publiquement pour moi à une place aussi en vue et où il engageait toute sa responsabilité, et ce fut pour moi une résolution difficile à prendre que de paraître ingrat et de ne pouvoir pas me joindre, comme il l'aurait souhaité, à son mouvement sioniste en qualité de collaborateur actif et même de chef à ses côtés […] le manque de loyale et cordiale subordination qui se manifestait dans ce cercle m'éloignèrent de ce mouvement, dont je me serais rapproché avec curiosité en raison de ma seule sympathie pour Herzl ». Le monde d'hier, Stefan Zweig.
  2. « Je rencontrais ici Rudolph Steiner, qui devait être le fondateur de l'Anthroposophie, et à qui ses disciples construisirent par la suite les plus magnifiques écoles et académies, afin qu'il pût faire triompher sa doctrine, et pour la seconde fois après Theodor Herzl, un des hommes à qui les destinés avaient assigné la mission de servir de guide à des millions de gens. Personnellement, il ne donnait pas, comme Herzl, l'impression d'un chef, mais plutôt celle d'un séducteur ». Le monde d'hier, Stefan Zweig.
  3. « Ce pays avait pris à la fin du siècle passé un essor artistique extraordinaire, il avait même en un certain sens dépassé la France en intensité. Khnopff, Rops dans la peinture, Constantin Meunier et Minne dans la sculpture, Van der Velde dans les arts appliqués, Maeterlinck, Eckhoud, Lemonnier dans la poésie donnaient la mesure grandiose de la nouvelle puissance européenne. Mais avant tout c'est Émile Verhaeren qui me fascinait, parce qu'il avait ouvert au lyrisme des chemins tout nouveaux ». Le monde d'hier, Stefan Zweig.
  4. Frappé par la séparation des classes qu'il entrevoit dès le trajet en bateau, Zweig écrit : « Pour la première fois j'observais la folie de la pureté de la race, cette peste qui est devenue plus fatale à notre monde que la véritable peste dans les siècles passés ».
  5. « Et rien ne m'a rendu plus heureux que l'approbation de Balzagette, quand, au cours de la guerre mondiale, - reniant tout ce que j'avais fait jusque-là, - j'atteignis enfin une forme d'expression personnelle. Car je savais que son oui accordé à mes nouveaux ouvrages était aussi sincère que le non abrupt qu'il m'avait opposé pendant dix ans ». Le monde d'hier, Stefan Zweig.
  6. « Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité, j'éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m'a procuré, ainsi qu'à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De jour en jour, j'ai appris à l'aimer davantage et nulle part ailleurs je n'aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même.
    Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d'errance. Aussi, je pense qu'il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde.
    Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l'aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux »
  7. « Je n'ai pas besoin de dire ce que je pense aujourd'hui de ce morceau, qui ne vaut que par la forme, quand on saura que je ne l'ai jamais réédité, - comme d'ailleurs presque tous mes livres antérieurs à ma trente-deuxième année ». Le monde d'hier.

Références

  1. Isabelle Hausser, Album Zweig, p. 57, collection « La Pochothèque », Le Livre de Poche, 1997.
  2. Prononciation en allemand retranscrite selon la norme API.
  3. Michèle Levaux, Compagnie de Jésus (Stefan Zweig, Le Monde d'hier), Études : revue fondée en 1856 par des Pères de la Compagnie de Jésus, Paris, [s.n.], , 431 p., 25 cm (notice BnF no FRBNF34416001, lire en ligne), p. 418.
  4. Dominique Bona : Stefan Zweig, p. 19.
  5. « Chronologie : Stefan Zweig », sur kronobase.org (consulté le ).
  6. (de) Friderike Maria Zweig, Stefan Zweig : eine Bildbiographie, Kindler, , p. 14.
  7. « Zweig chez les Français du Canada », sur Le Devoir (consulté le ).
  8. Dominique Bona : Stefan Zweig, p. 84.
  9. Stefan Zweig, Le monde d'hier : souvenirs d'un Européen, Belfond, (ISBN 978-2-7144-2959-9, OCLC 937841496), p.284.
  10. Stefan Zweig (trad. de l'allemand), Le monde d'hier : souvenirs d'un Européen, Paris, Belfond, , 530 p. (ISBN 2-7144-2959-9, OCLC 937841496), p. 305
  11. Zweig et Rolland 2015, p. 193
  12. Sigmund Freud et Stefan Zweig, Correspondance, Paris, Éditions Rivages, , 141 p. (ISBN 978-2-86930-965-4), pp.52-53.
  13. R. Strauss, S. Zweig, Briefwechsel, W. Schuh (éd.), Frankfurt a. M., S. Fischer Verlag, 1957. Trad. fr. : Correspondance 1931-1936, B. Banoun (trad. et éd.) et N. Casanova (trad.), Paris, Flammarion, coll. Harmoniques, 1994. B. Banoun, L'opéra selon Richard Strauss : un théâtre et son temps, Paris, Fayard, 2000.
  14. Sophie Massalovitch, « La saga Belmond : terminus 5 étoiles », Challenges, no 625, , p. 116 à 118 (ISSN 0751-4417).
  15. Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen, quatrième de couverture (ISBN 978-2-251-20034-7).
  16. Dominique Frischer, Stefan Zweig, autopsie d'un suicide, L'Archipel, , 300 p. (ISBN 978-2-35905-032-5 et 2-35905-032-X).
  17. Lapaque S, « Stefan Zweig : le mystère de sa fin tragique », Le Figaro, .
  18. Antoine Oury, « La dernière lettre de Stefan Zweig : Mon foyer spirituel, l'Europe, s'est effondré », sur ActuaLitté, (consulté le ).
  19. « Stefan Zweig », sur France Inter.
  20. Selon Dominique Bona, dans sa biographie Stefan Zweig, 2011, réédition de 1997, éd. Perrin, p. 456.
  21. Stefan Zweig, La confusion des sentiments et autres récits, Robert Laffont, collection Bouquins, Paris, 2013, citant Klemens Renoldner, directeur de la société Zweig à Salzbourg.
  22. Stefan Zweig, 1 Romans et Nouvelles, La Pochotèque, Paris, 2000 (le livre fait référence à ce recueil mais ne contient que deux poèmes).

Annexes

Bibliographie

  • Dominique Bona, Stefan Zweig, l’ami blessé, Paris, Plon, 1996, 355 p. + 8 p.  de planches illustrées (ISBN 978-2-259-18213-3) (notice BnF no FRBNF35833626) ; Stefan Zweig, Paris, Grasset, 2010, 460 p. + 8 p.  de planches illustrées (ISBN 978-2-246-77251-4) (notice BnF no FRBNF42197539).
  • Jean-Marc Hiernard, Veilleur, que dis-tu de la nuit ?, Amazon Media EU, 2012, 223 p. (ASIN: B06Y3Z58GS).
  • Francis Huster, L'Énigme Stefan Zweig, éd. Le Passeur, 2015 (ISBN 978-2-36890-332-2).
  • Isabelle Kalinowski, « Zweig (Stefan) » (art.), dans Dictionnaire du monde germanique (dir. : Élisabeth Décultot, Michel Espagne et Jacques Le Rider), Paris, Bayard, 2007, p. 1234-1236 (ISBN 9782227476523).
  • Jean-Jacques Lafaye, L’Avenir de la nostalgie : une vie de Stefan Zweig, Paris, éd. du Félin, 1989, 207 p. (ISBN 978-2-86645-047-2) (notice BnF no FRBNF35014881).
  • Jean-Jacques Lafaye, Stefan Zweig. Un aristocrate juif au cœur de l’Europe, Paris, éd. du Félin, 1999, 141 p. (ISBN 978-2-86645-351-0) (notice BnF no FRBNF37088814) ; Paris, Hermann, coll. « Savoir. Lettres », 2010, 141 p. (ISBN 978-2-7056-6987-4) (notice BnF no FRBNF42190574).
  • (en) Martin Mauthner, German Writers in French Exile, 1933-1940, Vallentine Mitchell, Londres, 2007 (ISBN 978-0-85303-540-4).
  • Serge Niémetz, Stefan Zweig : le voyageur et ses mondes : biographie, Paris, Belfond, 1996, 599 p. + 12 p.  de planches illustrées (ISBN 978-2-7144-3360-2) (notice BnF no FRBNF35835833).
  • Daniel Parrochia, Le Joueur d’échecs : finales avec un fou, Paris, éd. du Temps, coll. « Lectures d’une œuvre », 2000, 95 p. (ISBN 978-2-84274-147-1) (notice BnF no FRBNF37213104).
  • Donald A.Prater, Stefan Zweig, Paris, La Table ronde, 1988.
  • Catherine Sauvat, Stefan Zweig, Paris, Folio Biographies, 2006, 288 p. (ISBN 2070308359).
  • Laurent Seksik, Les Derniers Jours de Stefan Zweig, Paris, Flammarion, 2011. L'auteur a signé le scénario de la bande dessinée du même nom parue chez Casterman en 2012, dessin de Guillaume Sorel.
  • (it) Giorgia Sogos, Le biografie di Stefan Zweig tra Geschichte e Psychologie. Triumph und Tragik des Erasmus von Rotterdam, Marie Antoinette, Maria Stuart, Firenze, Firenze University Press 2013, e- (ISBN 978-88-6655-508-7).
  • (de) Giorgia Sogos, Stefan Zweig, der Kosmopolit. Studiensammlung über seine Werke und andere Beiträge. Eine kritische Analyse, Bonn, Free Pen Verlag, 2017 (ISBN 978-3-945177-43-3).
  • Léopold Stern, La Mort de Stefan Zweig, Rio de Janeiro, Ed. Civilização brasileira, 1942.

Articles connexes

Liens externes

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