Anopheles farauti

Anopheles farauti est une espèce d'insectes diptères, un moustique côtier présent en Océanie, dans la région Sud-Ouest du Pacifique. Il est le moustique vecteur principal de parasites du paludisme en Papouasie Nouvelle-Guinée, aux Iles Salomon et à Vanuatu[1]. Cette espèce peut aussi transmettre le parasite de la filariose.

Anopheles farauti est présent dans le Nord de l’Australie mais sans épidémie de paludisme depuis 1962. Sa présence est suspectée en Indonésie mais n'a pas été récemment documentée.

Taxonomie

Anopheles farauti est un moustique du genre Anopheles, sous-genre Celia, series Neomyzomya et appartenant au complexe d’espèces Anopheles punctulatus[2]. Anopheles farauti a été décrit la première fois par Laveran en 1902 aux Nouvelles Hybrides (actuellement Vanuatu)[1].

Espèces

Anopheles farauti est une des 13 espèces composant le groupe Anopheles punctulatus. Auparavant, le nom Anopheles farauti désignait plusieurs espèces similaires morphologiquement au sein de ce groupe, elles ont toutes un labium écaillé entièrement noir (partie des pièces buccales). Ce n’est qu’après des expériences de croisement infructueux dans les années 1980 puis de détermination par biologie moléculaire à partir des années 1990 que les 13 espèces sont aujourd’hui différenciées[3].

Les espèces similaires morphologiquement avec lesquelles Anopheles farauti (anciennement Anopheles farauti s.s. ou Anopheles farauti 1) était auparavant confondu sont: Anopheles hinesorum (anciennement Anopheles farauti 2), Anopheles torresiensis (anciennement Anopheles farauti 6), Anopheles irenicus (anciennement Anopheles farauti 7), Anopheles farauti 8

Capacité vectorielle

Anopheles farauti est l'une des cinq espèces du groupe Anopheles punctulatus qui sont vecteurs majeurs de Plasmodium, parasites du paludisme[4]. Les quatre autres sont : Anopheles punctulatus, Anopheles koliensis, Anopheles hinesorum, Anopheles farauti 4.

Habitat et répartition

La distribution d'Anopheles farauti est uniforme pour tous les pays où on le rencontre. C'est un moustique côtier. Bien qu'on puisse le trouver dans des eaux claires, il est typique de trouver ses larves dans des eaux saumâtres à moins de cinq kilomètres de la côte.

Vanuatu

Anopheles farauti est la seule espèce vectrice des parasites du paludisme[5].

Îles Salomon

Anopheles farauti est la seule espèce vectrice des agents du paludisme dans la province la plus proche de Vanuatu, la province de Temotu[6]. Dans les autres provinces où sévit le paludisme, elle n'est pas la seule [7] mais reste la principale[8].

Papouasie-Nouvelle-Guinée

Anopheles farauti n'est pas la seule espèce vectrice des parasites du paludisme[9], mais reste la principale, à l'exception des régions de hauts plateaux où d'autres espèces se sont adaptées à l'altitude[4].

Indonésie

La présence d'Anopheles farauti y est fortement suspectée malgré l'absence de données récentes.

Australie

Anopheles farauti est toujours présent dans le nord du pays. La dernière épidémie de paludisme a été recensée en 1962[4].

Comportement

Les femelles d'Anopheles farauti s'infectent en piquant des humains porteurs de gamétocytes du paludisme et après reproduction du parasite en elles pourront transmettre le parasite a leur tour à d'autres humains. Elles piquent le plus souvent dehors qu'à l’intérieur des maisons. Cette proportion s'est accentuée après les interventions de contrôle du paludisme et une bonne couverture de moustiquaires imprégnées d'insecticide. Si ces mesures ont eu raison d'autres espèces vectrices (comme Anopheles punctulatus et Anopheles koliensis dans les Iles Salomon), Anopheles farauti a changé son comportement et les populations de femelles piquent davantage plus tôt dans la soirée, avant que les personnes ne soient protégées par les moustiquaires[10].

Saisonnalité

Des études faites dans des villages côtiers au Nord de Guadalcanal, la principale île des Îles Salomon, montrent que le nombre de moustiques augmente à la fin de la saison la plus sèche et la plus forte baisse survient à la fin de la saison des pluies[8]. Ceci s'explique par le fait qu'à cette latitude, il y a toujours suffisamment d'eau dans les gîtes tout au long de l’année et que les fortes pluies de la saison des pluies lessivent les gîtes détruisant ainsi les larves[11].

Liens externes

Notes et références

  1. Jean Mouchet, Biogéographie du paludisme dans le monde, Paris, John Libbey Eurotext, , 420 p. (ISBN 978-2-7420-0452-2, notice BnF no FRBNF39178009), p. 180-188
  2. R.e. Harbach, « The classification of genus Anopheles (Diptera: Culicidae): a working hypothesis of phylogenetic relationships », Bulletin of Entomological Research, vol. 94, , p. 537–553 (ISSN 1475-2670, DOI 10.1079/BER2004321, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Nigel W. Beebe et Allan Saul, « Discrimination of all Members of the Anopheles punctulatus Complex by Polymerase Chain Reaction-Restriction Fragment Length Polymorphism Analysis », The American Journal of Tropical Medicine and Hygiene, vol. 53, , p. 478–481 (ISSN 0002-9637, PMID 7485705, lire en ligne, consulté le )
  4. Nigel W. Beebe, Tanya Russell, Thomas R. Burkot et Robert D. Cooper, « Anopheles punctulatus Group: Evolution, Distribution, and Control », Annual Review of Entomology, vol. 60, , p. 335–350 (PMID 25341094, DOI 10.1146/annurev-ento-010814-021206, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) « Vanuatu - Country profile for 2015 - Malaria », sur Organisation mondiale de la Santé (consulté le )
  6. (en) Hugo Bugoro, Robert D Cooper, Charles Butafa et Charles Iro'ofa, « Bionomics of the malaria vector Anopheles farauti in Temotu Province, Solomon Islands: issues for malaria elimination », Malaria Journal, vol. 10, (PMID 21592366, PMCID 3123245, DOI 10.1186/1475-2875-10-133, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) « Îles Salomon - Country profile for 2015 - Malaria », sur Organisation mondiale de la Santé (consulté le )
  8. Hugo Bugoro, Jeffery L Hii, Charles Butafa et Charlie Iro’ofa, « The bionomics of the malaria vector Anopheles farauti in Northern Guadalcanal, Solomon Islands: issues for successful vector control », Malaria Journal, vol. 13, (PMID 24528850, PMCID 3929755, DOI 10.1186/1475-2875-13-56, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) « Papouasie-Nouvelle-Guinée - Country profile for 2015 - Malaria », sur Organisation mondiale de la Santé (consulté le )
  10. (en) Tanya L Russell, Nigel W Beebe, Robert D Cooper et Neil F Lobo, « Successful malaria elimination strategies require interventions that target changing vector behaviours », Malaria Journal, vol. 12, (PMID 23388506, PMCID 3570334, DOI 10.1186/1475-2875-12-56, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Hugo Bugoro, Charlie Iro'ofa, Donna O Mackenzie et Allen Apairamo, « Changes in vector species composition and current vector biology and behaviour will favour malaria elimination in Santa Isabel Province, Solomon Islands », Malaria Journal, vol. 10, (PMID 21961990, PMCID 3192714, DOI 10.1186/1475-2875-10-287, lire en ligne, consulté le )
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