Alphonse Laveran

Charles Louis Alphonse Laveran (1845-1922) est un médecin militaire et parasitologiste français, pionnier de la médecine tropicale, qui a découvert, en 1880, le parasite protozoaire responsable du paludisme. Pour la première fois était mis en évidence que les protozoaires pouvaient être la cause de maladies. Ses travaux lui ont valu de recevoir le prix Nobel de physiologie ou médecine de 1907[1].

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Biographie

Il est né le à Paris, dans le 12e arrondissement, fils du docteur Louis Théodore Laveran (1812-1879) qui eut également une belle carrière qu'il termina comme directeur de l'Hôpital du Val de Grâce.

Après des études classiques au collège Sainte-Barbe puis au lycée Louis-le-Grand à Paris, Laveran suit les traces paternelles et est admis, en 1863, à l’École impériale du service de santé militaire. Il suit les cours de la faculté de médecine de Strasbourg où il est reçu au concours de l’internat de l’Hôpital Civil en 1866 ; la même année, il soutient sa thèse de doctorat en médecine sous la direction d'Émile Küss.

Au début de la confrontation franco-prussienne de 1870, Laveran est affecté aux ambulances de l’Est. Il participe, à ce titre, à la bataille de Saint-Privat et assiste à la capitulation de la ville de Metz, le . En qualité de médecin, il peut quitter la ville pour être affecté à l’hôpital militaire de Lille, où il reste jusqu’à la fin de la guerre.

En 1874, il passe avec succès le concours d’agrégation du Val de Grâce : il est nommé Professeur des Maladies et Épidémies des Armées. En 1878, il est envoyé en Algérie, d’abord à l’hôpital militaire de Bône, puis à Biskra et enfin à Constantine. Pendant ce séjour, il commence à suspecter l’origine parasitaire des anomalies histologiques rencontrées dans le sang des patients impaludés. C’est en , qu’il a définitivement confirmation de ses hypothèses, en observant l’hématozoaire du paludisme[2]. En 1884, dans le Traité des fièvres palustres, il conjecture que ce microbe se trouve à l’état de parasite chez les moustiques, ce que le Britannique Ronald Ross confirmera quelques années plus tard.

En 1894, il est nommé Médecin Chef de l’Hôpital militaire de Lille, puis Directeur du Service de Santé du IIe corps d’Armée : privé d’un service hospitalier pour poursuivre ses recherches et devant le refus de l’administration de l’affecter à un poste où il aurait pu continuer ses travaux, il demande, en fin d’année 1896, à cinquante ans, sa mise à la retraite, ce qui lui est accordé.

C’est en qualité de bénévole qu’il reprend ses recherches à l’Institut Pasteur, accueilli cordialement par Émile Roux, où il est nommé chef de service honoraire ; à partir de 1900, il s’intéresse aux trypanosomes et publie avec Félix Mesnil, plusieurs études sur la maladie du sommeil ; en 1903 Laveran et Mesnil démontrent que le parasite responsable d'une fièvre de l'Inde (le Kala azar) est un protozoaire nouveau, indépendant des trypanosomes et de l'hématozoaire du paludisme.

Membre de l'Académie nationale de médecine, il est élu membre de l'Académie des sciences en 1901 et ses titres dans les sociétés étrangères ne se comptent plus en tant que membre associé ou membre honoraire ; en 1912, il reçoit la cravate de Commandeur de la Légion d'honneur.

En 1907, Laveran se voit attribuer le Prix Nobel de physiologie ou médecine « en reconnaissance de son travail sur le rôle joué par le protozoaire dans la cause des maladies[1] ». Ces œuvres, dit le rapporteur Carl Sundberg, constituent une preuve que le créateur de la Pathologie protozoaire continue à être le premier savant de cette branche; la moitié de ce prix fut consacré à l’installation du Laboratoire des Maladies Tropicales, où s’effectueront désormais ses recherches. En 1908, il fonde la Société de Pathologie exotique, dont le siège est à l’Institut Pasteur ; nommé président avec F. Mesnil comme secrétaire, son mandat est renouvelé successivement jusqu’en 1920.

Pendant la guerre de 1914 à 1918, Laveran fait partie de diverses commissions ayant pour objet de sauvegarder l’état sanitaire des troupes.

À partir de 1920, année où il préside le Centenaire de l’Académie de Médecine, ses forces déclinent et il meurt à Paris, le . Son épouse est décédée en 1950. Il est enterré au cimetière du Montparnasse.

Publications

Dessins de l'« hématozoaire du paludisme » par Alphonse Laveran

L’œuvre scientifique de Laveran est consignée dans plus de six cents publications.

Recherches expérimentales sur la régénération des nerfs , Thèse de médecine (sous la direction d'Émile Küss), Imp. Sibermann, Strasbourg, 1867, (Lire en ligne).

En 1875, paraît le Traité des maladies et des épidémies des armées (Lire en ligne), suivi en 1879, en collaboration avec Joseph Teissier de Lyon (1851-1926), de Nouveaux Éléments de Pathologie et de Clinique Médicale en deux volumes (Lire en ligne : tome 1 et tome 2).

En 1884, il publie le Traité des fièvres palustres (Lire en ligne) qui constitue la première édition de son Traité du paludisme, paru en 1897 (Lire en ligne) : ces publications constituent l’œuvre magistrale de Laveran.

Hommages

  • Hôpital Laveran à Marseille
  • Place Alphonse-Laveran à Paris dans le 5e arrondissement de Paris[3], en face de l'église du Val-de-Grâce.
  • École primaire Louis-Alphonse-Laveran à Montoy-Flanville, village mosellan où il épousa Sophie-Marie Pidancet le .
  • Un timbre à son effigie a été émis en Algérie en 1953.
  • Un village de la plaine de Timgad (Algérie) portait son nom, rebaptisé Sidi Mançar, aujourd’hui chef-lieu de la commune d’Ouyoun El Assafir. Au centre du bourg de Sidi Mançar trône encore (en 2020) une stèle « au docteur A. Laveran 1845-1922 » pour sa « lutte scientifique contre ces fléaux des colonies ».
  • Une rue porte son nom en qualité de bienfaiteur de l'humanité pour ses travaux de recherche en parasitologie au quartier résidentiel de Bellevue à Constantine (Algérie).
  • Une rue porte son nom à Metz dans le quartier de Queuleu depuis 1954.

Notes et références

  1. (en) « in recognition of his work on the role played by protozoa in causing diseases » in Personnel de rédaction, « The Nobel Prize in Physiology or Medicine 1907 », Fondation Nobel, 2010. Consulté le 20 novembre 2010
  2. « Je découvris des éléments filiformes, ressemblant à des flagelles, qui s’agitaient avec une grande vivacité en déplaçant les hématies voisines ; dès lors, je n’eus plus de doute sur la nature parasitaire des éléments que j’avais trouvés ; je décrivis les principaux aspects sous lesquels se présente l’Hématozoaire du paludisme dans des notes adressées en 1880-1882 à l’Académie de Médecine et dans un opuscule intitulé Description d’un nouveau parasite trouvé dans le sang des malades atteints de fièvre palustre. Ces premiers résultats de mes recherches furent accueillis avec beaucoup de scepticisme… L’hématozoaire que je donnais comme agent du paludisme ne ressemblait pas aux bactéries; il sortait en un mot du cadre des microbes connus et beaucoup trouvèrent plus simple de mettre en cause son existence (Extrait du rapport de Laveran à l’académie des sciences de Stockholm le 11 décembre 1907, exposant sa découverte à propos du Prix Nobel).
  3. Arr. du 8 décembre 1930

Annexes

Bibliographie

  • L. Colin, Notice sur l'inspecteur L. Laveran, Paris, 1879.
  • M. Phisalix, Alphonse Laveran, sa vie, son œuvre, 1923.
  • Edmond Sergent et al., La Découverte de Laveran : Constantine, , Masson, Paris, 1929, 48 p.
  • M. Phisalix, « Alphonse Laveran » in Biographies médicales, no 7 .
  • Hommes et destins in Dictionnaire biographique d'outre-mer, Académie des sciences d'outre-mer, 1975, p. 446.
  • Histoire de la médecine aux armées, tome 2, 1984.

Liens externes

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