Anna Borkowska

La Mère supérieure Bertranda (née Janina Siestrzewitowska ; 1900-1988), connue plus tard sous le nom de Anna Borkowska[1],[2], est une nonne dominicaine cloîtrée polonaise qui officie comme prieure dans son monastère du voïvodie de Wilno (aujourd'hui près de Vilnius en Lituanie). Elle est diplômée de l'Université Jagellon à Cracovie et entre au monastère après ses études. Pendant la Seconde Guerre mondiale, sous sa direction, les nonnes du monastère offrent refuge à 17 jeunes activistes juifs du Ghetto de Vilnius et aide la Fareynikte Partizaner Organizatsye en leur fournissant des armes. En reconnaissance de ces actes, elle est, en 1984, déclarée Juste parmi les nations par le Mémorial de Yad Vashem.

Le refuge pour les Juifs

Vilnius (Wilno) est pris par les allemands le lors de l'Opération Barbarossa et l'assassinat des Juifs commence presque immédiatement. La Mère supérieure Bertranda se questionne sur le sauvetage des Juifs peu après le massacre de Poneriai en . Elle réfléchit d'abord à obtenir le soutien de la direction catholique de Wilno mais ils refusent de peur que les occupants allemands ne détruisent des propriétés de l'église et ne décident de tuer tous les Chrétiens pris en train d'aider les Juifs[3].

Agissant de sa propre initiative, la Mère supérieur Bertranda accueille 17 membres de Hachomer Hatzaïr, un groupe sioniste local et les cache dans son monastère. Parmi les activistes se trouve Abba Kovner, le chef du mouvement, Avrom Sutzkever, Arie Wilner et Edek Boraks. Ils aident les nonnes en travaillant la terre, tandis que Kovner, comprenant le but de la Solution finale, travaille sur une organisation de résistance à l'Occupation et écrit son manifeste pour l'insurrection prochaine[2]. Lorsque plusieurs nonnes émettent des objections, la Mère supérieure menace de les expulser du monastère et de les excommunier. Certains membres d'Hachomer Hatzaïr décident de quitter le refuge du monastère et de retourner dans le ghetto Juif de Vilnius, où ils organisent un mouvement de résistance, la Fareynikte Partizaner Organizatsye (Organisation unifiée des partisans)[3].

Aide à la résistance juive

L'arbre et la plaque en mémoire d'Anna Borkowska à Yad Vashem.

Peu après, la Mère supérieure Bertranda quitte le monastère et va proposer ses services dans le ghetto de Vilnius[2]. Elle en est dissuadée par Kovner, qui lui propose de s'occuper de leur approvisionnement en provisions. Elle et les autres nonnes dominicaines décident d'aider la résistance juive de la ville en faisant de la contrebande d'armes et de munitions. Les autres nonnes de la communauté sont Sœur Bernadeta (Julia Michrowska), Sœur Cecylia (Maria Roszek), Sœur Diana (Helena Frackiewicz), Sœur Imelda (Maria Neugebauer), Sœur Jordana (Maria Ostrejko), Sœur Małgorzata (Irena Adamek) et Sœur Stefania (Stanisława Bednarska). Elles sont les premières à fournir la résistance intérieure du ghetto de Vilnius en Grenade à main et autres armes[4]. Entre août et , le ghetto est liquidé et près de 12 000 hommes, femmes et enfants sont déportés dans des camps en Estonie. La révolte, organisée par la FPO, est écrasée le .

En , la Mère supérieure Bertranda est arrêtée par les autorités nazis et envoyée dans un camp de travail à Perwejniszki près de Kovno (aujourd’hui Kaunas en Lituanie). Le monastère est fermé et les nonnes sont forcées de se disperser. Après la guerre, elle demande une dispense papale de ses vœux et quitte les Ordres. Elle adopte alors le nom de Anna Borkowska[1],[4],[5]. Elle continue d'être une fervente catholique[4].

Reconnaissance

En 1984, Borkowska, qui vit alors dans un appartement à Varsovie, reçoit le titre de Juste parmi les nations par le Mémorial de Yad Vashem. La médaille lui est remise par un des jeunes activistes Juifs qu'elle cacha pendant la guerre. Elle est la seule membre de sa communauté monastique à recevoir la récompense[4].

Références

Notes de bas de page

  1. (pl) « Historia pomocy - Borkowska Anna | Polscy Sprawiedliwi », sur sprawiedliwi.org.pl (consulté le )
  2. « Anna Borkowska », sur Yad Vashem
  3. (en) David C. Gross, The Jewish people's almanac, Doubleday, (ISBN 9780385156523, lire en ligne)
  4. « Wartime Rescue of Jews by the Polish Catholic Clergy: The Testimony of Survivors », sur Polish Educational Foundation in North America, (consulté le )
  5. (en) Dina Porat, The Fall of a Sparrow : The Life and Times of Abba Kovner, Stanford University Press, , 440 p. (ISBN 978-0-8047-7252-5, présentation en ligne)

Voir aussi

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