Andreï Tchmil

Andreï Tchmil (russe : Андрей Чмиль, ukrainien : Андрій Чміль, roumain : Andrei Cimili), né le à Khabarovsk (Russie, alors URSS) est un coureur cycliste professionnel de 1989 à 2002. D'abord Soviétique, il a ensuite eu les nationalités russe, moldave et ukrainienne, avant d'être naturalisé belge. Il a couru pour ces cinq nations. Après une carrière fructueuse, il a repris la nationalité moldave et a continué à se consacrer au sport, occupant diverses fonctions au sein du sport moldave depuis 2005 et étant président puis manager de l'équipe Katusha de 2008 à 2011.

Carrière sur route

Débuts amateurs en Union soviétique (avant 1989)

Durant cette période, Tchmil ne dispute que très peu de courses à l'extérieur de l'U.R.S.S, il ne participe pas aux grandes courses du calendrier amateur international comme la Course de la Paix. La fermeture du pays à l'occident durant cette période fait qu'il est très difficile de se faire une idée sur sa carrière en amateur. Toutefois en 1987, il gagne le Grand Prix International La Farola à Cuba ainsi qu'une étape de la Vuelta a Colombia[1].

Débuts professionnels (1989-93)

C'est à 26 ans qu'Andreï Tchmil signe son premier contrat professionnel dans l'équipe Alfa Lum, équipe qui a pour propriété de ne recruter que des coureurs soviétiques à partir de 1989. Dimitri Konyshev, Piotr Ugrumov, Sergueï Soukhoroutchenkov et d'autres cyclistes rompus aux joutes des courses amateurs d'Europe de l'Est font aussi partie de l'aventure[2] rendue possible par la glasnost. En 1989, tous ces coureurs logent alors dans un ancien hôtel proche de Rimini, mis à leur gracieuse disposition par leur sponsor. Ils gagnent 450 roubles sur leur compte en U.R.S.S. , soit l'équivalent de 12 € de 2014, plus 500 dollars payés en Italie. Ces premiers professionnels soviétiques sont en liberté surveillée, puisqu'ils doivent encore fréquenter les banquets du parti communiste italien. Mais devant la grogne de certains coureurs, des primes pour bons résultats seront régulièrement versées[3]. Chez Alfa Lum, Tchmil est surtout cantonné à un rôle d'équipier mais il décroche tout de même une sixième place à la Coppa Placci ainsi qu'un podium au Tour de Vénétie en 1989[4]. Puis des deuxièmes places au Grand Prix Pino Cerami et surtout dans la cinquième étape du Tour d'Italie en 1990[5]. L'équipe disparaissant à la fin de la saison 1990, il signe un contrat d'une année en faveur de SEFB-Saxon-Gan[6].

C'est en 1991 qu'il va obtenir ses premiers résultats probants et surtout ses deux premières victoires professionnelles. Dès le début de la saison, en mars, il prend la huitième place de la Flèche brabançonne[7] avant de remporter quinze jours plus tard le Grand Prix Pino Cerami[8]. Au mois d'août, il termine à la troisième place de la Coppa Bernocchi[9] et à la sixième du Championnat de Zurich[10], épreuve comptant pour la Coupe du monde. En fin de saison, il remporte sa deuxième victoire professionnelle : Paris-Bourges[11]. En cette année 1991, il inscrit son nom au palmarès du championnat d'URSS dont il reste, à jamais, le dernier vainqueur.

En 1992, il signe chez GB-MG Maglificio de Patrick Lefevere[12]. Même s'il ne gagne aucune course dans cette équipe, il continue sur sa série de bons résultats. Cette année-là, il finit notamment quatrième de Paris-Tours[13] et troisième du Tour d'Irlande[14]. Pour sa deuxième saison dans cette équipe, il voit l'arrivée dans l'équipe GN-MG du spécialiste des classiques Johan Museeuw. Tchmil termine deuxième de Tirreno-Adriatico[15], mais est évincé de la sélection pour Milan-San Remo, où Museeuw est désigné seul leader. Cet épisode marque le début de la rivalité entre les deux coureurs[16]. Le Moldave est ensuite troisième de la Flèche brabançonne[17] puis sixième du championnat du monde sur route[18] à Oslo. Lors de ces mondiaux, il refuse d'aider Museeuw, finalement quatrième et est rebaptisé « Judas » par la presse flamande[16]. Après cela, il est deuxième du Championnat des Flandres[19] et de la Course des raisins, deux courses où Museeuw se classe troisième. À la fin de la saison, il signe chez l'équipe belge Lotto[20].

Chez Lotto : le vainqueur de classiques (1994-2002)

Grand coureur de classiques, il a remporté pour l'équipe Lotto le Grand Prix E3 en 1994 et 2001, Paris-Roubaix en 1994, le Grand Prix de Plouay en 1994, Paris-Tours en 1997, Milan-San Remo en 1999 et le Tour des Flandres en 2000.

En 1995, Tchmil commence sa saison par l'Étoile de Bessèges, dont il prend la deuxième place derrière Sergueï Outschakov[21]. Il est également monté sur le podium de Tirreno-Adriatico (1993), du Tour des Flandres (1994, 1995, 1997), du Het Volk (1995, 1997), de Paris-Roubaix (1995), de Paris-Tours (1995, 2000), du Grand Prix de Plouay (1996), du Grand Prix E3 (1999), de Gand-Wevelgem (1997), du Championnat de Zurich (1999) et de la Classique de Saint-Sébastien (2000).

Sa régularité a été récompensée par le classement général de la Coupe du monde de cyclisme sur route 1999, dont il a été deuxième en 1995 et 2000, troisième en 1994 et sixième en 1997 et 1998. Il a figuré dans le top 10 du Classement UCI en 1995 (10e), 1997 (6e), 1999 (4e) et 2000 (9e). Il n'a par contre jamais brillé sur le Tour de France ou le Championnat du monde.

Andreï Tchmil a été détenteur du Ruban jaune à la suite de sa victoire dans Paris-Tours en 1997 à la vitesse record de 47,168 km/h. Ce record lui est resté jusqu'à ce qu'il soit battu en 2003 par Erik Zabel, également sur Paris-Tours.

Nationalité et licence sportive

Andreï Tchmil a connu de nombreuses licences sportives. Il est d'abord coureur soviétique de 1989 à 1991, puis russe en 1992. Il prend une licence moldave en 1993 et 1994, puis ukrainienne pour les championnats du monde 94. Il reste avec licence ukrainienne de 1995 à 1997. Pendant toutes ces années, il est cependant titulaire de la nationalité russe[22].

En , il choisit de demander la nationalité belge, son pays d'adoption, « parce que se lever à 5 heures du matin pour aller faire la queue à la police afin d’obtenir un visa, ce n’est pas quelque chose que je veux imposer à mes enfants plus tard »[23]. Il l'obtient en 1998. Deux ans plus tard, il remporte le Tour des Flandres, la classique la plus importante pour un Flamand.

Après carrière

Après avoir raccroché le vélo, il a brièvement conseillé l'équipe Chocolat Jacques en 2003. Dépité par l'absence d'obéissance des coureurs, il cesse sa relation avec l'équipe[24]. À partir de 2004, à la demande de l'Union cycliste internationale, il s'attelle à la création de centres de cyclisme en Europe de l'Est[24].

Il participe également au développement du sport moldave. Fin 2005, il est nommé premier vice-président du comité olympique national, avec le titre de directeur général de l'Agence sportive[25]. Le , Tchmil est officiellement nommé par le premier ministre moldave Vasile Tarlev directeur de cette agence (roumain : Agenția Sportului a Republicii Moldova)[26]. Sa mission est d'organiser une administration encore embryonnaire aux infrastructures défaillantes et de préparer le pays pour les Jeux olympiques de 2008[27]. Il quitte ce poste après les Jeux Olympiques[28], sur le bilan mitigé d'une médaille de bronze pour le boxeur Veaceslav Gojan. Il continue néanmoins à s'impliquer dans le sport moldave en devenant en 2009 président de la Fédération moldave de cyclisme, au budget limité[29].

Entretemps, Tchmil développe un de ses autres projets : créer la première grande équipe cycliste professionnelle russe. Sur l'ossature de l'équipe continentale professionnelle russe Tinkoff Credit Systems, il développe au long de l'année 2008 l'équipe Pro Tour Katusha, dont il est nommé président. Au , il en devient également manager général, après le départ de Stefano Feltrin, qui occupait le poste depuis 2007[30]. En , Tchmil annonce son remplacement par Hans-Michael Holczer, manager de Gerolsteiner de 1998 à 2008 ; l'ancien ministre désire en effet se consacrer à la campagne pour la présidence de l'UCI, en vue de l'élection de 2012[31]. Finalement, il décide de ne pas être candidat à la présidence de l'UCI mais plutôt à celle de l'UEC[32] où il sera battu par le Français David Lappartient[33] en .

Le 4 avril 2020, vingt années après son succès dans le Tour des Flandres, il annonce avoir été opéré d'une tumeur cancéreuse à Brescia, par le Professeur Baiocchi[34].

Palmarès

Résultats sur les grands tours

Tour d'Italie

3 participations

Tour de France

5 participations

Tour d'Espagne

3 participations

  • 1990 : 106e
  • 1998 : abandon (20e étape)
  • 1999 : abandon (5e étape)

Distinction

Notes et références

  1. « Palmarès de Tchmil », sur siteducyclisme.net
  2. « effectif Alfa Lum 1989 », sur les-sports.info
  3. « l'URSS passe pro », sur cyclismag.com
  4. « Classement Coppa Placci 1989 », sur les-sports.info
  5. « Classement Grand Prix Cerami 1990 », sur les-sports.info
  6. « Effectif équipe SEFB 1991 », sur les-sports.info
  7. « Classement Flèche Brabançonne 1991 »
  8. « Classement Grand Prix Cerami 1991 », sur les-sports.info
  9. « Classement Coppa Bernocchi 1991 »
  10. « Classement du Championnat de Zurich 1991 », sur les-spots.info
  11. « Classement Paris-Bourges 1991 », sur les-sports.info
  12. « Effectif GB-MG 1992 », sur les-sports.info
  13. « Classement Paris-Tours 1992 », sur les-sports.infos
  14. « Palmarès Tchmil », sur les-sports.info
  15. « Classement Tirreno-Adriatico 1993 », sur les-sports.info
  16. Vélo Magazine du 17 avril 2020
  17. « Classement Flèche Brabançonne 1993 », sur les-sports.info
  18. « Classement Championnat du monde 1993 », sur les-sports.info
  19. « Classement Championnat des Flandres 1993 », sur les-sports.infos
  20. « Effectif Lotto 1994 », sur les-sports.info
  21. (en) « Etoile de Besseges », sur cyclingnews.com,
  22. Profil d'Andreï Tchmil sur memoire-du-cyclisme.eu
  23. Tchmil valide son passeport flandrien
  24. (en) Andrei Tchmil, cité dans Gregor Brown, « Tchmil managing Moldavian sport », sur cyclingnews.com, 20 janvier 2007
  25. (ro) Ministère de la Justice de Moldavie, Décret n°1321 du 14 décembre 2005.
  26. (ro) Ministère de la Justice de Moldavie, Décret n°1081 du 20 septembre 2006. On lit souvent que Tchmil a été nommé ministre des Sports. Il ne s'agissait en fait pas d'un ministère mais d'une agence, dont Tchmil fut le premier directeur général (roumain : director general). L'agence a été rattaché au ministère de la jeunesse par Vlad Filat lors de la mise en place du gouvernement Filat I le . Le libéral Ion Cebanu fut le premier ministre de la Jeunesse et du Sport.
  27. (ru) « Интервью Агентству БАСА-пресс генерального директора Агентства спорта Молдовы Андрея Чмиля », sur le site de l'Agence sportive de la République de Moldavie, 19 juillet 2007.
  28. (ro) Ministère de la Justice de Moldavie, Décret n°1062 du 17 septembre 2008.
  29. (en) « National Cycling Federation is not satisfied with the policy of the Ministry of Youth and Sports », sur sports.md, 13 mai 2010.
  30. (en) Kirsten Robbins, « Management change for Katusha », sur cyclingnews.com, 29 mars 2009.
  31. (en) Gregor Brown, « Tchmil going for UCI presidency », sur cyclingweekly.co.uk, 16 septembre 2011.
  32. « Tchmil pas candidat pour l'UCI », sur cyclingnews.com
  33. « Lappartient bat Tchmil », sur ladepeche.fr
  34. Tchmil opéré d'un cancer, 20 ans après sa victoire au Tour des Flandres, sur rtbf.be, 5 avril 2020

Liens externes

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