Ali ibn Abi Talib

Ali ibn Abi Talib (vers 600-661) (en arabe : علي بن أبي طالب, ʿAlī ibn ʾAbī Ṭālib; en persan : علی پسر ابو طالب). Ali , est le cousin du prophète de l'islam Mahomet et fils d'Abû Tâlib, oncle de Mahomet qui l'a élevé et protégé comme son propre fils après la mort de son père Abdullah. Ali est né vers 600, à La Mecque (actuelle Arabie saoudite), une dizaine d'années avant le début de la mission prophétique de Mahomet. Ali a été à la fois le protégé, le cousin, le disciple et le gendre de celui-ci et a épousé Fatima Zahra, fille de Mahomet et de sa première épouse Khadija bint Khuwaylid.

Ali ibn Abi Talib

Portrait par Hakob Hovnatanian, XIXe siècle.
Titre
Calife et Commandeur des croyants

(4 ans, 6 mois et 11 jours)
Prédécesseur Othmân ibn Affân
Successeur Al-Hassan ibn Ali (pour les sunnites, les chiites duodécimains et les chiites zaydites),
Al-Hussein ibn Ali (pour les chiites ismaéliens)
Biographie
Date de naissance vers 600
Lieu de naissance La Mecque (Péninsule arabique)
Date de décès
Lieu de décès Koufa (Irak)
Sépulture Najaf (Irak)
Père Abu Talib
Mère Fatima bent Assad
Conjoint Fatima Zahra, Fatima bint Hizam dite Umm al-Banin (en), Khawlat bint Ja'far, Oumama bint Zaynab
Enfants Hassan, Hussein, Muhammad ibn al-Hanafiya, Abbas, Abdullah, Awn, Hilal, Ibrahim, Ja'far, Jamani, Joumâna, Khadîja, Maymoûna, Mouhammed (al-akbar), Mouhammed (al-aswat), Mouna, Nafîsa, Omar, Oumama, Oumm al-Kîrâm, Oumm Hani, Oumm Ja'far, Oumm Koulthoûm (as-soughrâ), Oumm Salama, Othmân (al-akbar), Othmân (al-asghar), Ramla (as-soughrâ), Salma, Zaynab (as-soughrâ)[1],[2].
Religion Hanifisme (jusqu'en 610)
Islam (à partir de 610)

Selon les chiites, Ali est né à l'intérieur de la Kaaba, à La Mecque, où il est resté avec sa mère pendant trois jours. Selon une tradition, Mahomet est la première personne qui a vu Ali. Mahomet a pris le nouveau-né dans ses mains et l'a nommé Ali, qui signifie « celui qui est élevé ». Ali fait partie des Ahl al-bayt, la famille du Prophète, qui tient une place de haut rang dans l'islam.

Il a été le quatrième calife de l'islam (656-661). Les chiites le considèrent comme le premier imam pour eux et l'ascendant du reste des imams. Il fut le père de Al-Hassan ibn Ali et de Al-Hussein ibn Ali.

Biographie

Naissance et enfance

La date exacte de la naissance d'Ali est inconnue. Elle est d'ailleurs un objet de controverse entre les différentes branches de l'islam car elle a des conséquences sur l'image du personnage. Plus sa date de naissance (autour de 600) est ancienne, plus il peut être considéré comme ayant adhéré volontairement et en toute connaissance de cause à la religion musulmane, ce qui augmente son mérite ; la conversion réfléchie d'un adolescent est en effet considérée comme plus méritoire que l'adhésion d'un enfant soumis à l'autorité du prophète (puisque vers l'âge de six ans, son père n'étant pas très aisé financièrement, il fut placé sous la protection du prophète Mahomet).

Ali est la seule personne à être née à l'intérieur de la Kaaba[3].

De La Mecque à Médine

Faisant partie de la maison du prophète (ahl al bayt), il est resté en compagnie de Mahomet durant tout son ministère, y compris à Médine (actuelle Arabie saoudite). Il a participé aux mêmes guerres que Mahomet, excepté à la bataille de Tabouk car Mahomet l'avait nommé responsable de Médine en son absence : Ali ayant protesté après que des personnes eurent répandu la rumeur selon laquelle Mahomet ne voulait que se débarrasser de lui en le laissant à l'arrière, Mahomet lui a dit : « N'es-tu pas satisfait d'être envers moi ce que Aaron était pour Moïse, excepté qu'il n'y aura pas de prophète après moi[4] ? ». Lors de la bataille de Uhud, Mahomet lui donna son sabre Dhû'l-fikar (Zulfikar) :

«  Mahomet pensa qu'il ne le prendrait pas et qu'il ne pourrait pas le manier. Cependant Alî ayant pris le sabre et se jetant dans la lutte, le prophète le vit combattre avec fougue, frapper avec Dhû'l-fikar en avant, en arrière, à droite et à gauche. Un quraychite s'étant présenté devant lui, se couvrant de son bouclier, Alî le frappa de façon que le sabre pénétra à travers le bouclier et le casque, fendit la tête de cet homme et traversa son corps jusqu'à la poitrine. Le prophète, en voyant cet exploit, dit : Il n'y a pas de sabre comme Dhû'l-fikar, et il n'y a pas de héros comme Alî[5] »

Ghadir Khumm

Une vue de la scène de Ghadir. Attribué à, livre Kitāb al-āthār al-bāqiyah `an al-qurūn al-khāliyah dans la bibliothèque de l'Université d'Édimbourg

En revenant de son dernier pèlerinage en 632, Mahomet fait des déclarations à propos d'Ali qui sont interprétées très différemment par les sunnites et les chiites. Mahomet arrête la caravane à Ghadir Khumm et réunit les pèlerins de retour de la prière commune[6]. Puis, selon l'Encyclopédie de l'Islam :

« Prenant Ali par la main, Mahomet demande à ses fidèles : « Ô gens ! N'ai-je pas plus de droit (awla) sur les croyants que ceux qu'ils ont sur eux-mêmes ? »  ; la foule a crié  : « Il est vrai, ô Messager d'Allah  ! » ; il a ensuite déclaré : « De celui dont je suis le mawla, de lui Ali l'est aussi (man Kuntu mawlāhu fa ʿ Alī-mawlāhu). »[7].  »

Les chiites considèrent ces propos comme constituant la désignation d'Ali comme le successeur de Mahomet et le premier Imam car le contexte de « mawla » ici est l'autorité. En effet, quand un mot a plus d'une signification en français tout comme en arabe, il faut regarder le contexte du mot, or ici, Mahomet avant de prononcer « Celui dont je suis le mawla, de lui Ali l'est aussi. » demanda à ses fidèles s'il n'était pas plus autoritaire à eux, donc le contexte du mot « mawla » est bien l'autorité… En revanche, les sunnites interprètent ces déclarations comme l'expression d'une relation spirituelle étroite entre Mahomet et Ali, et de son souhait qu'Ali, comme son cousin et beau-fils, hérite à sa mort de ses responsabilités familiales ; mais pas nécessairement d'une appellation d'autorité politique[8]. De nombreux soufis interprètent aussi l'épisode comme un transfert de pouvoir spirituel du pouvoir de Mahomet à Ali. Sur la base de ce hadith, les chiites disent qu'Ali a plus tard insisté pour que son autorité religieuse soit supérieure à celle d'Abou Bakr et Omar.

Sous les trois premiers califes

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  • Califat d'Abu Bakr : à la mort de Mahomet en 632, il se forma une réunion dans une Saqifah à Médine sans la présence de certains compagnons dont Ali, ce dernier étant resté pour veiller sur le corps de Mahomet avec Fatima. Ceux qui assistèrent à la Saqifa prirent Abu Bakr comme successeur.
  • Califat d'Omar Ibn Khattab : après la mort de Abou Bakr, Omar fut nommé calife en 634. Les chiites disent que le Prophète n'aurait jamais laissé sa communauté sans désigner un successeur et que dans le Coran Dieu exhorte chaque personne à faire son testament...
  • Califat de Othman Ibn Affan : voir Uthman.

Califat

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En 656, Ali accéda au pouvoir mais se heurta à des revendications pour appliquer la loi du Talion aux assassins de Othmân. Parmi les partisans de l'application de la loi du Talion sur les assassins de Othmân bin Affan, Aïcha la veuve de Mahomet, alliée à des compagnons de Mahomet, dont Talha et Al-Zubayr, qu'il vainquit près de Basra à la bataille du Chameau (656).

Lors de la bataille de Siffin (Syrie, 657), il doit affronter le gouverneur de Damas, le fils d'Abu Sufyan, Mu‘âwîya membre de la famille de ‘Uthman. Alors qu'il avait l'avantage, il accepte l'idée d'un arbitrage, mais celui-ci tourne en sa défaveur. Ali conserve néanmoins un certain pouvoir et se replie dans la ville de Koufa (Irak) dont il avait fait sa capitale.

La Mosquée bleue de Mazar-i-Sharif

Parmi ses fidèles, certains lui reprochèrent d'avoir accepté de se soumettre à un arbitrage humain et quittèrent ses rangs: on les appellera les kharidjites (les sortants). Plus tard, ils entrèrent ouvertement en rébellion contre Alî qui les vainquit à la bataille de Nahrawân (Irak, 658). Décidés à venger leurs morts, les kharijites firent assassiner Ali alors qu'il se prosternait pendant la prière de Al-Fajr (prière du lever de soleil) par Abd-al-Rahman ibn Muljam. Ali est également décédé à environ 63 ans, comme le prophète et ses principaux compagnons. Son califat a duré quatre ans et neuf mois[9].

Ali reste cependant un personnage emblématique dans l'histoire musulmane, empreint d'un charisme incontestable. La plupart des chaînes de transmission dans la doctrine mystique et spirituelle soufie et les chaînes de transmissions chez les sunnites remontent à Ali. Cependant, les chiites le considèrent comme détenteur des secrets divins et de la signification ésotérique de l'islam, qui lui auraient été transmis par Mahomet.

Ali est également considéré comme le maître de la rhétorique arabe. Il est l'auteur de nombreuses citations, sermons et réflexions qui ont été recueillis dans divers livres tels que Nahj al Balagha (La voie de l'éloquence), surtout étudié par les chiites.

La tombe d'Ali

Le tombeau d'Ali, à l'intérieur du mausolée de Nadjaf.

Les légendes sur le choix du lieu de sépulture d'Ali et sur son emplacement actuel sont contradictoires[10]. Selon une tradition afghane, il serait enterré dans la ville de Mazâr-e Charîf où son mausolée est visible sur l'esplanade de la Mosquée bleue. La majorité des chiites considèrent qu'il est enterré dans le mausolée de Nadjaf, dans l'actuel Irak, ville fortement endommagée par la guerre d'Irak de 2003[11].

Ali vu par les autres

Ali Ibn Abi Talib à travers les propos de Mahomet

Al-Tirmidhî rapporte un hadith par lequel Mahomet proclame: « Seuls les croyants aiment Ali et seuls les hypocrites le détestent ». Dans un autre hadith rapporté par Alhakam Mahomet affirme : « celui qui obéit à Ali m’a obéi et celui qui désobéit à Ali me désobéit. »[12]Ali était considéré comme l'un des meilleurs compagnons du Prophète, sa science en matière de religion était excellente, un hadith du prophète Mahomet affirme : Je suis la ville de la connaissance et Ali est sa porte. [réf. nécessaire]

Les œuvres

La compilation des sermons, des conférences et des cours attribués à Ali sont compilés sous la forme de plusieurs livres.

  • Nahj al-Balagha (Voie de l'éloquence) contient des sermons éloquents, des lettres et des citations attribués à Ali, compilées par Ash-Sharif ar-Radi (v. 1015). Reza Shah Kazemi déclare: «Malgré les questions en cours quant à l'authenticité du texte, des études récentes suggèrent que la plupart de la matière présente peut en effet être attribuée à Ali et à l'appui, il fait référence à un article de Mokhtar Jebli. Ce livre a une place importante dans la littérature arabe. Il est également considéré comme un travail intellectuel, politique et religieux important dans l'Islam. Masadir Nahj al-Balagha wa asaniduh, écrit par al-Sayyid 'Abd al-Zahra al-Husseini al-Khatib, introduit certaines de ces sources[13] en outre, Nahj al-Saada fi Mustadrak Nahj al-Balaghah par Muhammad Baqir al-Mahmoudi représente l'ensemble des discours existants d'Ali, des sermons, des décrets, des épîtres, des prières, et les paroles qui ont été recueillis. Il comprend le Nahj al-balagha et autres discours qui n'ont pas été incorporés par ash-Sharif ar-Radi ou n'étaient pas disponibles pour lui. Apparemment, à l'exception de quelques-uns des aphorismes, les sources originales de tout le contenu de la Nahj al-balagha ont été déterminées. Il existe plusieurs commentaires sur la crête de l'éloquence par les sunnites et les chiites comme les commentaires d'Ibn Abi al Hadid et ceux de Muhammad Abduh.
  • Dustur Ma'alim al-Hikam du Qadi Abu Abdallah al-Quda'i al-Shafi'i. Ce livre est un recueil de sermons, de lettres, d’invocations et de sagesses de l’Imam ‘Ali ibn Abi Talib. Écrit dans un contexte où le pouvoir en Égypte était d’obédience chiite ismaélienne, l’œuvre se veut l’équivalent sunnite du Nahj al-Balagha[14].
  • Supplications (Du'a), traduit par William Chittick[15].
  • Ghurar al-Hikam wa Durar al-Kalim (Les aphorismes et des perles du discours exalté), compilé par Abd al-Wahid Amidi (vers 1116), se compose de plus de dix mille propos attribués à Ali[16].

Bibliographie

  • Mohammad Ali Amir-Moezzi, Ali, le secret bien gardé. Figures du premier Maître en spiritualité shi’ite, Paris, Éd. du CNRS, , 472 p. (ISBN 978-2-271-12497-5)
  • (en) Maria Massi Dakake, The Charismatic Community : Shi'ite Identity in Early Islam, Albany (N. Y.), SUNY Press, , 323 p. (ISBN 978-0-7914-7033-6, notice BnF no FRBNF41005969)
  • (en) Reza Shah-Kazemi, Justice and Remembrance : Introducing the Spirituality of Imam Ali, Londres, I.B.Tauris, , 254 p. (ISBN 978-1-84511-526-5, notice BnF no FRBNF41151251)
  • (en) Sayyid Mohammad Hosayn Tabatabaei, Shi'ite Islam, Suny press, , 253 p. (ISBN 978-0-87395-272-9)
  • (en) Georges Jordac, Voice of human justice, Islamic Seminary, , 508 p. (ISBN 978-0-941724-24-1)
  • (fa) Ali Akbar Rashad (en), Encyclopédie de l'Imam Ali, (ISBN 978-9-648-35212-2)

Notes et références

Notes

    Références

    1. Il existe une 13e fille dont les historiens n'ont pas retenu le nom. Voir Hassan Amdouni, Les Quatre Califes, édition Al-Qalam (2005), (ISBN 2-909469-07-7).
    2. Des traditions racontent que Ali aurait au 36 enfants : 18 garçons et 18 filles.
    3. (en) « Ali », Britannica Online Encyclopedia, (consulté le )
    4. Martin Lings, Mohamad, Inner Traditions, Rochester, p. 331. (ISBN 978-1-59477-153-8).
    5. Muḥammad Ṭabarī (trad. Hermann Zotenberg), La chronique histoire des prophètes et des rois, vol. 2 : Mohammed, sceau des prophètes, Les quatre premiers califes, Les Omayyades, L'âge d'or des Abbasides, Arles, Actes sud Sindbad, (ISBN 978-2-7427-3318-7), p. 197
    6. Dakake 2008, p. 34–39
    7. Voir :
      • sourate 33: "6. Le Prophète a plus de droit sur les croyants qu'ils n'en ont sur eux-mêmes ; [...]"
      • Dakake 2008, p. 34–37
      • Ibn Taymiyyah, Minhaaj as-Sunnah 7/319 "من كنت مولاه فهذا علي مولاه"
    8. voir aussi :
    9. « assassinat-ali » (consulté le )
    10. (en) John Robertson, Iraq. A History, Oneworld Publications, (lire en ligne), p. 184.
    11. (en) Reza Shah-Kazemi, Medieval Islamic Civilization: An Encyclopedia, Taylor & Francis, , p. 36 et 37.
    12. Les chi'ites: contribution à l'étude de l'histoire du chi'isme des origines, Djaffar Mohamed-Sahnoun, p. 22
    13. Quarterly Journal de la pensée islamique et de la culture, Vol. VII, No. 1 numéro d'Al-Tawhid
    14. Biographie du Qadi Abu Abdallah al-Quda'i (at-tawhid.net)
    15. Ali ibn Abi Talib, Supplications (Du'a), Muhammadi Trust, (ISBN 978-0-9506986-4-9), p. 42
    16. Shah-Kazemi 2007, p. 4

    Articles connexes

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