Alexandre Farnèse (cardinal)

Alexandre Farnèse, aussi appelé Alexandre Farnèse le jeune, en italien : Alessandro Farnese il giovane, né à Valentano le et mort à Rome le , nommé cardinal en 1534, il passe à l'histoire avec le surnom de « Gran Cardinale ». Ce fut un homme cultivé et un grand mécène ; grâce à la fascination qu'il suscita, il entretint beaucoup d'histoires sentimentales avec de nobles dames.

Pour les articles homonymes, voir Alexandre Farnèse et Cardinal Farnèse.

Alexandre Farnèse

Le cardinal Alexandre Farnèse.
Détail d'un tableau du Titien, 1546.
Biographie
Naissance
à Valentano (Italie)
Décès
à Rome (Italie)
Cardinal de l’Église catholique
Créé
cardinal
par le
pape Paul III
Titre cardinalice Cardinal-diacre de Sant'Angelo in Foro Piscium
Cardinal-diacre de San Lorenzo in Damaso
Cardinal-évêque d'Ostie
Évêque de l’Église catholique
Évêque de Monreale
Évêque de Jaén
Évêque de Viviers
Archevêque d'Avignon
Évêque de Parme

(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Jeunesse

Alexandre est le premier des cinq enfants de Pierre-Louis Farnèse, duc de Parme, et de Gerolama Orsini de Pitigliano. Il naît au château de Valentano ; la famille le destine immédiatement à la carrière ecclésiastique. Alexandre commence ses études à Parme puis les poursuit auprès du collège Ancarano de Bologne en compagnie de son frère Octave ; ils reçoivent un enseignement dans les matières littéraires, juridiques et théologiques.

Cardinal

Le , à seulement quatorze ans, il est nommé cardinal par son grand-père Paul III, depuis peu élu pape. Son cousin Guidascanio Sforza, fils de Costanza Farnèse, sœur de Pierre-Louis, et du comte Bosio II Sforza (it) de Santa Fiora est aussi nommé cardinal, à peine âgé de seize ans.

Le jeune Alexandre reçoit la barrette rouge des mains du cardinal Del Monte, le futur Jules III. Après sa nomination, le pape lui désigne comme précepteur Marcello Cervini, un jeune prêtre qui s'installe au palais Farnèse.

En août 1535, en raison de la mort du cardinal Hippolyte de Médicis, Alexandre devient vice-chancelier de l'Église et archevêque d'Avignon. Sans cesser d'appartenir à l'ordre des cardinaux diaconiens, il change son titre de Sant'Angelo in Foro Piscium en celui de San Lorenzo in Damaso. Après cette promotion, le pape adjoint à Marcello Cervini Bernardino Maffei, un poète et collectionneur de médailles dont il se sert pour ses leçons d'histoire. Au cours de cette période, il reçoit le diocèse de Jaen qui lui est attribué après la mort du cardinal Esteban Gabriel Merino, évêque de Bari, au mécontentement de Charles Quint qui avait un autre candidat en vue. Le différend dure jusqu'en 1536, lorsque Alexandre échange l'évêché de Jaen avec celui de Monreale, dont la rente se monte à 15 000 écus l'an. Ses rentes, dix ans après, sont estimées à 60 000 écus.

En 1538, il prend le secrétariat de Paul III aidé par Marcello Cervini, puis par Niccolò Ardinghelli, Girolamo Dandini et Bernardino Maffei. Il s'occupe de la ligue anti-turque et prépare le voyage de Paul III à Nice pour essayer de rétablir l'entente entre Charles Quint et le roi de France François Ier, proposant en juin 1539 un mariage entre l'empereur, veuf depuis peu, et Marguerite, la propre fille du roi de France.

En 1546, au côté de son frère Octave, Alexandre participe comme légat pontifical auprès de Charles Quint à la guerre contre la ligue de Smalkalde.

Crise à Parme

En 1547, Pierre-Louis, le père d'Alexandre, est assassiné à Plaisance. Se pose alors la question de la succession du duché de Parme, que Paul III veut voir revenir dans l'Église pour éviter que Charles Quint ne se l'accapare. Il nomme Octave nouveau duc, mais espère récupérer la ville de Parme. Son petit-fils Octave lutte âprement pour faire respecter son droit. C'est un coup dur pour le pape qui, âgé de 81 ans, doit s'aliter. Alexandre, sentant la fin imminente, adopte les mesures que les circonstances exigent. Il fait fermer les portes de Rome de façon à manipuler l'information et il enjoint au légat pontifical de Parme de confier la ville à Octave. Camillo Rosini, commandant de la place de Parme pour le compte du pape, venant à apprendre la vacance répond qu'il a reçu Parme d'un pape et qu'il ne la laissera seulement que sur l'ordre d'un nouveau pape, ordre qui vient de Jules III en remerciement de l'aide reçue lors du conclave. Le nouveau pape attribue au duc plus de 2 000 écus l'an pour la charge de gonfalonier. Quelques mois plus tard, l'empereur Charles Quint restitue Plaisance au duc Octave qui l'avait occupée après l'assassinat de Pierre-Louis.

En 1551 Alexandre est envoyé par Jules III auprès d'Octave pour le convaincre de restituer son duché, mais Alexandre désobéit au pape et se tient éloigné pendant un an de la cour pontificale. Il se réfugie au Palazzo Vecchio de Florence, auprès de Cosme de Médicis. Le pape furieux de la désobéissance du cardinal Farnèse confisque les diocèses de Monreale et les meubles du palais Farnèse qui sont vendus 30 000 écus. Le 8 juin de cette même année, Jules III déclare la guerre aux récalcitrants. Les opérations militaires se déroulent mal, aussi le pape renoue avec le « fils prodigue » : tous les biens des Farnèse sont restitués et le cardinal fait son retour à Rome en juin 1552.

Le Départ en France et son retour

Alexandre Farnèse, archevêque d'Avignon du au , sanguine du Recueil d'Arras, par Jacques le Boucq.

Après cet épisode, le cardinal se rend auprès de la cour d'Henri II. Il reçoit l'évêché de Grenoble et la promesse d'autres bénéfices vacants qui s'élèvent à 40 000 écus. Durant sa permanence, il est logé dans un appartement du château de Saint-Germain. En échange du traitement de faveur qu'il reçoit, Alexandre met à la disposition des ambassadeurs du roi auprès du Saint-Siège les maisons que la famille possède à Rome. Au cours de l'été 1554, il retourne en Italie sur l'insistance du pape. En raison des revenus provenant des différents diocèses dont Alexandre a la charge, cette période est la plus prolifique.

1556 voit la naissance de sa fille Clelia célèbre pour sa beauté. L'enfant est confiée à sa tante Vittoria Farnèse, duchesse d'Urbino, qui l'éduque avec sa cousine Lavinia Della Rovere.

En 1568, il fait construire l'église du Gesù, commencée sous la direction de Jacopo Barozzi dit Vignole, et terminée par Giacomo Della Porta, qui devient architecte en chef après la mort de Vignole.

En 1570, Clelia épouse Giovan Giorgio Cesarini (it), un aristocrate couvert de dettes dont elle a un fils, Giuliano. Alexandre aime beaucoup sa fille, mais il ne lui laisse pas une vie matrimoniale malheureuse : il l'emprisonne au château de Ronciglione, jusqu'à ce qu'elle accepte de se marier avec Marco Pio de Savoie (it). Le mariage est célébré à Caprarola en novembre 1587.

En 1580, il opte pour le titre de cardinal-évêque d'Ostie, c'est-à-dire qu'il devient doyen du Collège des cardinaux.

Le , Alexandre meurt. Le 4 mars, selon ses volontés testamentaires, il est inhumé dans l'église du Gesù. Quarante-deux cardinaux sont présents à ses funérailles.

Alexandre Farnèse et les arts

En 1564, il fait réaliser, d'après le projet de Vignole, les Horti Farnesiani qui sont de merveilleux jardins sur les ruines du mont Palatin et qui comprennent des volières, des prés, des bosquets et des sentiers. Les membres de l'Académie de la Virtu (it), créée par Claudio Tolomei, s'y réunissent.

Le Greco, quittant Venise, après un séjour de deux ans, se met au service du cardinal en 1570, et le quitte en 1572, sans que l'on en connaisse le motif concret[1].

En 1574, il fait compléter la partie arrière du Palazzo Farnese qui devient plus un musée qu'une habitation renfermant toutes les collections d'art de la famille.

En 1575, Alexandre porte à son terme ce qui peut être considéré comme un chef-d’œuvre de la renaissance : le palais Farnèse de Caprarola. Le cardinal, aimant la campagne, veut cette magnifique bâtisse pour pouvoir se retirer à proximité de Rome avec ses amis, sans avoir à rejoindre Gradoli ou Capodimonte dans le duché de Castro. Pour cette résidence, Alexandre fait appel à de grands artistes : Vignole qui succède à Antonio da Sangallo le Jeune, auteur du projet initial, les peintres Taddeo et Federico Zuccari, Giacomo Zanguidi dit le Bertoia, Giovanni De Vecchi, Raffaellino da Reggio et Antonio Tempesta.

Le cardinal Farnèse priant la Vierge, f.46 v° du livre d'heures du cardinal Farnèse (Pierpont Morgan Library).

En 1579, enfin, il acquiert la Villa Farnesina, résidence construite en 1508 par Agostino Chigi, le plus grand banquier italien de l'époque. La bâtisse est ornée de peintures de Raphaël, Le Sodoma, de Giulio Romano et de Sebastiano del Piombo.

Entre 1582 et 1584, il fait construire l'église de Santa Maria Scala Coeli (it), près de l'abbaye des Trois-Fontaines, imaginée par Giacomo della Porta. La richesse d'Alexandre s'est accrue grâce aux rentes de ses nombreux titres, qui lui permettent de confier la réalisation d'œuvres architecturales, d'enluminures, de joyaux et de fresques aux plus grands artistes de l'époque. Titien fait son portrait. Le cardinal est également un grand collectionneur de monnaies antiques et de joyaux. Il devient l'ami du célèbre enlumineur Giorgio Giulio Clovio, à qui il commande son fameux livre d'heures, dit Livre d'heures du cardinal Farnèse, livre de prières d'après la liturgie des Heures, ainsi qu'un lectionnaire, dit Lectionnaire Townely, d'un contenu analogue. Même Giorgio Vasari travaille pour lui, réalisant dans le palais de la chancellerie de Rome, une série de fresques célébrant Paul III. Les Vies de Vasari sont écrites sur les conseils du cardinal et de ses amis Paolo Giovio, Annibal Caro, Francesco Maria Molza (it) et Romolo Quirino Amaseo.

En raison de ses liens avec les jésuites et de son ambition pour la papauté, il construit et restaure beaucoup d'édifices religieux. Il fait restaurer par Vignole l'église de San-Lorenzo-in-Damaso, confiant les fresques de la nef à Giovanni De Vecchi, Niccolò Circignani et au Cavalier d'Arpin. Il restaure et fait réaliser des fresques dans la cathédrale de Monreale, l'abbaye de Grottaferrata et l'abbaye de Farfa.

Notes et références

  1. Selon G. Mancini dans ses Considerazioni sulla pittura (1617-1621), c'est la proposition d'El Greco de détruire et de repeindre les fresques de la Sixtine qui provoqua le courroux du cardinal et de sa cour. On conserve cependant la lettre de demande d'explication du Greco au cardinal, restée sans réponse.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail du catholicisme
  • Portail de la Renaissance
  • Portail d'Avignon
  • Portail de l'histoire de la Savoie
  • Portail du Vatican
  • Portail de l’Italie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.