Aiguille du Midi

L'aiguille du Midi se situe dans le massif du Mont-Blanc. Culminant à 3 842 mètres, elle est la plus haute des aiguilles de Chamonix. Sur le sommet principal s'élève une tour, portant des antennes de télécommunication, qui représente le point culminant actuel.

Ne doit pas être confondu avec un des Pics du Midi.

Aiguille du Midi

Vue de la face ouest de l'aiguille du Midi.
Géographie
Altitude 3 842 m[1]
Massif Massif du Mont-Blanc (Alpes)
Coordonnées 45° 52′ 43″ nord, 6° 53′ 14″ est [1]
Administration
Pays France
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Haute-Savoie
Ascension
Première par Alexandre Devouassoux, Ambroise et Jean Simond
Voie la plus facile Arête NE ou téléphérique et ascenseur
Géolocalisation sur la carte : Haute-Savoie
Géolocalisation sur la carte : France

L'aiguille est le point d'arrivée d'un téléphérique — le téléphérique de l'aiguille du Midi. Sa gare supérieure est située à 3 777 mètres d'altitude. L'aiguille abrite le plus haut centre d'émission hertzien de France. Elle est le point de départ de la descente de la vallée Blanche et de la télécabine Panoramic Mont-Blanc qui traverse le glacier du Géant jusqu'à la pointe Helbronner sur le versant italien à 3 462 mètres, avec sa vue imprenable sur la vallée d'Aoste et tout le Piémont.

Toponymie

Carte topographique de l'aiguille

Le sommet est nommé Agouelye de Mi-jorn (prononcer [a'gɔʎə də mi'ðɔʀ]) en arpitan savoyard[2]. L'aiguille du Midi doit probablement son nom à sa situation, au sud de Chamonix-Mont-Blanc. Vu depuis le centre-ville, le soleil passe au droit du sommet aux alentours de 12 heures.

Histoire des téléphériques

Le premier téléphérique de l'aiguille du Midi (à l'époque dit funiculaire aérien de l'aiguille du Midi - Mont-Blanc et aujourd'hui téléphérique des Glaciers[3]) aboutissait en deux tronçons en contrebas au nord-ouest de l'aiguille elle-même. Sa construction s'est étalée de 1909 à 1927. Le premier tronçon, ouvert le [4], fut le premier téléphérique pour voyageurs de France[5]. Le troisième tronçon, qui devait gagner le col du Midi, est entamé en 1938. Les travaux poursuivis pendant la Seconde Guerre mondiale sont abandonnés en 1947 [6]. La ligne de service, opérationnelle, permit de construire le nouveau téléphérique au tracé plus direct emprunté de nos jours[7]. La gare de départ de cet ancien appareil est aujourd'hui restaurée et ses cabines ont été classées monuments historiques en 1992[8].

Le téléphérique actuel, le téléphérique de l'aiguille du Midi, construit par le promoteur turinois Dino Lora Totino, a été édifié en seulement 5 ans de 1951 à 1955. Le , pour convaincre de la faisabilité du projet de téléphérique — à l'époque le plus haut et le plus long du monde (3 kilomètres sans pylône) — six guides chamoniards et valdôtains descendirent la face nord au bout d'un câble qui fut ensuite tendu entre le sommet et le Plan de l'Aiguille[9]. La télécabine Panoramic Mont-Blanc a été construite dans la foulée. Elle survole la vallée Blanche et rejoint le téléphérique qui relie depuis 1946 les environs de Courmayeur, au niveau du refuge Torino[10].

Lora Totino revend les installations à la Société touristique du Mont-Blanc (STMB), ancêtre de la Compagnie du Mont-Blanc, en 1972[11].

Le panorama

Panorama sur le mont Blanc depuis la terrasse sommitale

Face au mont Blanc et surplombant la vallée Blanche, le site de l'Aiguille du Midi offre une vue majestueuse sur les principaux sommets de plus de 4 000 mètres français, suisses et italiens, dont le Cervin, le mont Rose, les aiguilles de Chamonix, les Grandes Jorasses (4 208 mètres), l'aiguille Verte et les Drus, le dôme du Goûter (4 304 mètres) et bien sûr le mont Blanc (4 809 mètres).

Au nord, la vue plongeante sur Chamonix-Mont-Blanc est spectaculaire, alors que le panorama s'étend sur de nombreuses régions montagneuses, dont le massif des aiguilles Rouges au premier plan, les Aravis, le Chablais, le Genevois, le Jura, la Chartreuse. Des terrasses d'observations et tables d'orientations sont à la disposition du public.

Alpinisme

Face sud de l'aiguille du Midi.
Alpiniste rejoignant l'une des terrasses de l'aiguille du Midi depuis l'arête des Cosmiques.
Aiguille du Midi côté sud, vue depuis le glacier des Bossons.

Le sommet Nord de l'aiguille du Midi (3 795 m où se trouve aujourd'hui la station d'arrivée du téléphérique) a été gravi le par le comte polonais Antoni Malczewski, avec Jean-Michel Balmat et 5 autres guides[12],[13]. Le , le comte Fernand de Bouillé avec les guides Alexandre Devouassoux, Ambroise et Jean Simond et sept porteurs parviennent à 25 mètres sous le sommet du piton rocheux du sommet Sud (point culminant à 3 842 m) ; seuls les trois guides parviennent au sommet pour y planter le drapeau blanc des monarchistes français[14].

La première ascension de la face nord est effectuée en 1879 par les alpinistes Dent et Maund et leurs guides Jaun et Maurer. En 1919, le célèbre alpiniste britannique George Mallory, qui disparaîtra en tentant l'Everest, ouvre sur cette même face la voie la plus directe qui porte aujourd'hui son nom[15].

La première ascension de l'arête sud-ouest (dite arête des Cosmiques) est au crédit de l'alpiniste et physicien britannique George Ingle Finch en 1911.

L'aiguille du Midi est très fréquentée par les alpinistes comme point de départ pour de nombreux sommets entourant la vallée Blanche et pour ses nombreuses voies glaciaires, mixtes ou purement rocheuses. Les arêtes nord-est (arête Midi-Plan) et sud-ouest (arête des Cosmiques) sont des voies relativement faciles. La face nord, surplombée par le deuxième tronçon du téléphérique, présente des itinéraires mixtes ou glaciaires de grande ampleur et de difficulté élevée. L'un des plus connus est l'éperon Frendo (première ascension par Édouard Frendo et R. Rionda le ).

La face Sud est parcourue par de nombreuses voies entièrement rocheuses et de niveau élevé, dont la célèbre Rébuffat ouverte par Maurice Baquet et Gaston Rébuffat le .

La première solitaire hivernale de la face nord a été réussie par Walter Cecchinel en 1971.

Contrairement à une opinion répandue, le départ de l'aiguille du Midi ne permet pas de faire l'ascension du mont Blanc par la voie normale (qui passe par l'Aiguille du Goûter), mais du mont Blanc du Tacul. Par contre, elle est le point de départ de la descente en ski de la vallée Blanche. Cependant, la voie dite « voie des trois monts Blancs » permet, au départ de l'aiguille du Midi, si on fait la course « à la benne », ou plus classiquement après une nuit au refuge des Cosmiques, d'enchaîner le mont Blanc du Tacul, le mont Maudit et enfin le mont Blanc. C'est un itinéraire un peu plus long mais surtout plus technique que celui de la voie normale du mont Blanc même si l'itinéraire ne passe ni au sommet du Tacul, ni au sommet du Maudit.

L'arrivée de l'arête des Cosmiques, course très fréquentée des alpinistes, s'effectue sur une des plates-formes de l'aiguille au moyen d'une échelle sous les yeux souvent ébahis des touristes.

Aménagements

Sommet (vue aérienne prise du sud-ouest). À gauche, le piton nord et la gare d'arrivée du téléphérique. En fond les Grandes Jorasses.
Les terrasses basses de l'Aiguille du Midi vues du sommet.

L'aiguille du Midi a été transformée au cours du temps en une véritable ruche humaine dédiée au tourisme. Elle est percée par tout un réseau de tunnels et supporte différentes installations, certaines dédiées à l'accueil touristique :

  • Sur le sommet nord, la gare d'arrivée et de départ du téléphérique, au-dessus le restaurant le 3842 (3842 est l'altitude en mètres du sommet de l'aiguille du Midi et non celle du restaurant), 2e plus haut restaurant d'Europe (derrière celui du Petit Cervin à Zermatt), et, encore au-dessus, la terrasse Chamonix. En arrière se trouve une cafétéria, le Croque-minute, et, tout au fond, la terrasse Aravis.
  • Depuis le sommet nord, une passerelle donne accès aux tunnels du piton central, desservant le départ de l'ascenseur vers le sommet, la galerie de glace, et la terrasse du mont Blanc. On accède par ces tunnels à une sortie vers l'arête NE et la vallée Blanche d'une part et d'autre part à la caisse et au départ de la télécabine Panoramic Mont-Blanc.
  • L'ascenseur d'origine a été remplacé en 2015 par un duplex d'ascenseurs neufs de marque Schindler. Leur installation a nécessité l'agrandissement de la gaine rocheuse (déroctage du granite) et la création d'une deuxième salle de machines. Les ascenseurs ont été conçus pour fonctionner à des températures très basses (limite basse −20 °C). Les équipements sont protégés contre les risques de foudre et les tremblements de terre (zone sismique niveau 2). La course des ascenseurs est de 65 mètres : 3 777 à 3 842 m. La vitesse nominale des appareils est de 2,5 m/s. Le duplex donne accès à la terrasse du sommet (piton central, également nommé sommet sud) au pied de la tour de télécommunication.
  • Un tunnel vitré nommé le Tube a été envisagé puis a été construit en 2015[16].

Le « pas dans le vide »

Le « pas dans le vide »

Une cage en verre transparente suspendue sur la paroi, dénommée le « pas dans le vide », a été ouverte au public le , permettant de procurer la sensation du vide aux visiteurs, face au mont Blanc, aux aiguilles Rouges et à la chaîne des Aravis.

La sécurité est assurée par la société Dania-Vitrage qui a réalisé le projet. La cage vitrée, au sol, au plafond et sur trois faces verticales munies d'un vitrage de 36 mm d'épaisseur, peut supporter 1 500 kg et résiste à des températures de −40 °C et des vents de 220 km/h.

La réouverture de l'ensemble d'ascenseurs doubles, de l'accès à la terrasse et du « pas dans le vide » est effective depuis le .

Notes et références

  1. « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  2. Alain Favre, Diccionèro de fata: Savoyârd - Francês / Français - Savoyard, Yoran Embanner, Spézet, 2005.
  3. Roy 2004, p. 36
  4. Roy 2004, p. 84
  5. Roy 2012, p. 103
  6. Roy 2004, p. 118-153
  7. Roy 2004, p. 154-187
  8. Berne 2012, p. 91
  9. Roy 2004, p. 154-169
  10. Roy 2004, p. 188-193
  11. Roy 2004, p. 204
  12. Roy 2004, p. 10
  13. Fournier et Cortay 2005, p. 3-4
  14. Roy 2011, p. 44
  15. Roy 2011, p. 46
  16. L’Aiguille du Midi bientôt dotée d’un « tube » qui fera le tour du site, Le Monde, 5 août 2015

Voir aussi

Bibliographie

  • Agnès Couzy et Catherine Mangeot, Aiguille du Midi et vallée Blanche, Hoëbeke, 2003.
  • André Fournier et Philippe Cortay, L'Aiguille du Midi, La Fontaine de Siloé, .
  • Pierre-Louis Roy, L'aiguille du Midi et l'invention du téléphérique, Glénat,, .
  • Pierre-Louis Roy, L'aiguille du Midi, un téléphérique au plus près du Mont-Blanc, Glénat,, .
  • Laurent Berne, L'aventure du premier téléphérique de France, Éditions des Rochers, .
  • Lucien Devies et Pierre Henry, Guide Vallot - La chaîne du Mont-Blanc, vol. 2, Les Aiguilles de Chamonix, Arthaud, 3e édition, 1977.
  • Sylvain Jouty et Hubert Odier, Dictionnaire de la Montagne, Arthaud, 1999.

Articles connexes

Liens externes

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