Ahi ma'a

Le ahi mā'a ou ahimā'a (en tahitien ahi signifie « feu » et mā'a, « nourriture ») désigne tant l'outil de cuisson et la technique que le mets préparé dans le four tahitien.

En tant qu'outil, c'est le four traditionnel polynésien pour cuire les aliments à l'étouffée.

Description

Il s'agit d'un trou creusé dans la terre (de 50 à 80 cm de profondeur et 2 mètres de diamètre) au fond duquel on place du bois et des noix de coco sèches, le tout recouvert de pierres volcaniques et poreuses. Le bois consumé, les pierres sont chauffées au rouge ; elles sont recouvertes d'un tapis de feuilles vertes de bananier sur lesquelles on dispose la nourriture que l'on recouvre de nouvelles feuilles de bananier et de sacs humides ou d'une nappe tressée de feuilles de purau, puis de terre ou de sable.

La taille du four varie selon la quantité de nourriture à cuire, ainsi que son usage.

Différents mets sont cuits dans un ahi mā'a :

  • avaro et faraoa 'ipo (pains paumotu et tahitien respectivement)
  • pua'a 'oviri (cochon sauvage) ;
  • uru (fruit de l'arbre à pain) ;
  • taro ;
  • fe'i (banane orange qu'on ne mange que cuite) ;
  • eia (poisson du large) ;
  • po'e (dessert (gelée) qu'on emballe, par petits paquets, dans des feuilles de bananier) ;
  • fāfā (un épinard local qu'on met dans une marmite) ;
  • manioc.

Traditionnellement, le ahi mā'a est préparé le samedi pour être ouvert le lendemain et servi après l'église ou le temple.

Préhistoire

Le niveau magdalénien de la grotte des Scilles, qui fait partie de l'ensemble des grottes de la Save sur Lespugue (Haute-Garonne), a livré une structure que René de Saint-Périer qualifie de « four polynésien » : « fosse mesurant m de longueur sur 40 cm de hauteur et 25 cm de profondeur, creusée dans l'argile, limitée au-dessus et au-dessous par des pierres calcaires plates posées côte à côte… »[1],[2].

Four polynésien préhistorique à Vantoux-et-Longevelle

Sur Vantoux-et-Longevelle (Haute-Saône) au lieu-dit Loitre Blin[3], un four de type « polynésien » a été découvert, que la céramique associée date du Bronze final IIIb (vers 900 av. J.-C.)[4].

Des structures similaires ont été trouvées lors des fouilles sur les communes de Ruffey-sur-Seille et Choisey (Jura)[5],[6] sur le tracé de l'A39 Dole - Bourg-en-Bresse, qui indiquent que ces fours ne sont pas isolés mais sont organisés en batterie ; d'autres fours de même type pourraient se trouver dans le prolongement du site vers le nord, hors de l'emprise de la fouille préventive programmée[4],[7].

Notes et références

  1. [Saint-Périer 1926] René de Saint-Périer, « La grotte des Scilles à Lespugue (Haute-Garonne) », L'Anthropologie, vol. 36, , p. 15-40, p. 17-18. Cité par Sophie de Beaune dans Langlais et al. 2010, p. 8.
  2. [Langlais et al. 2010] Mathieu Langlais, Jean-Marc Pétillon, Sophie de Beaune, Pierre Cattelain, François-Xavier Chauvière, Claire Letourneux, Carolyn Szmidt, Claire Bellier, Roelf Beukens et Francine David, « Une occupation de la fin du dernier maximum glaciaire dans les Pyrénées : le Magdalénien inférieur de la grotte des Scilles (Lespugue, Haute-Garonne) », Bulletin de la Société Préhistorique Française, vol. 107, no 1, , p. 5-51 (lire en ligne [PDF] sur halshs.archives-ouvertes.fr, consulté le ), p. 8.
  3. [Nowicki 2008] Patrice Nowicki (dir. de projet), « Vantoux-et-Longevelle – Loitre Blin » (Opération préventive de diagnostic), AdlFI Haute-Saône, (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consulté le ), paragr. 1.
  4. Nowicki 2008, paragr. 3.
  5. [Séara & Ganard 1996] Frédéric Séara et Véronique Ganard, Les gisements de Choisey « Aux Champins » et de Ruffey-sur-Seille « A Daupharde » (Jura) : étude des occupations mésolithiques, néolithiques et protohistoriques de deux sites de plaine alluviale, Besançon, SRA Franche-Comté, , 569 p.. Cité dans Nowicki 2008, paragr. 3.
  6. [Simonin 1996] O Simonin, Choisey (39) « À l'Ormoy », « Aux Champins » et « En Paroy » ; approche de l'occupation de la plaine alluviale dans la zone de confluence Doubs-Loue, Besançon, SRA Franche-Comté, , 183 p.. Cité dans Nowicki 2008, paragr. 3.
  7. [Cupillard et al. 2010] Christophe Cupillard, Hervé Laurent et Célia Prost, « Résultats significatifs en Franche-Comté pour les années 2008-2010 », AdlFI Bourgogne-Franche-Comté, (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consulté le ), paragr. 17.

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

  • Alimentation et gastronomie
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