Afro-Équatoriens

Les Afro-Équatoriens sont les habitants d'origine africaine de l'Équateur. Ils sont pour la plupart descendants des survivants des bateaux négriers qui se sont échoués aux XVIe et XVIIe siècles sur les côtes de l'Équateur et de la Colombie, ou des esclaves des haciendas de la Costa et de la Sierra libérés à partir des années 1860. Tandis que les premiers se trouvaient essentiellement dans la province d'Esmeraldas, les seconds étaient dispersés dans tout le pays[1].

Répartition

D'après le recensement de 2010, la population afroéquatorienne représente 7,2 % de la population du pays. La province ayant le taux le plus élevé d'afro-équatoriens est celle d'Esmeraldas, avec 43,9 %.

Carte de répartition des Afro-Équatoriens en Équateur par province.
  • 10% - 99%
  • 5% - 10%
  • 2% - 5%
  • 0% - 2%
  • Sans données (zone non incorporées)
Population afro-équatorienne par province, recensement de 2010[2]
Province Population
totale
Population
afro-équatorienne
Pourcentage
province
Pourcentage
pays
 Esmeraldas534 092234 46643,91,62
 Guayas3 645 483353 6129,72,44
 Santa Elena308 69326 2398,50,18
 Santo Domingo de los Tsáchilas368 01328 3377,70,20
 El Oro600 65941 4456,90,29
 Carchi164 52410 5306,40,07
 Los Ríos778 11548 2436,20,33
 Manabí1 369 78082 1876,00,57
 Sucumbíos176 47210 4125,90,07
 Imbabura398 244215 0525,40,15
 Galápagos25 1241 3065,20,01
 Orellana136 3966 6834,90,05
 Pichincha2 576 287115 9334,50,80
 Cañar225 1845 8552,60,04
 Loja448 96610 7752,40,07
 Azuay712 12715 6672,20,11
 Cotopaxi409 2956 9581,70,05
 Napo103 6971 6591,60,01
 Pastaza83 9331 2591,50,01
 Zamora-Chinchipe91 3761 3711,50,01
 Tungurahua504 5837 0641,40,05
 Morona-Santiago147 9401 9231,30,01
 Bolívar183 6412 0201,10,01
 Chimborazo458 5815 0441,10,03
Équateur 14 483 499 1 042 812 7,2 7,2

Histoire

Trois caciques zambos de la zone d'Esmeraldas représentés en 1599 par le peintre Adrián Sánchez Galque.

La première arrivée d'hommes africains sur la côte équatorienne se serait produite avec le naufrage d'un navire négrier en 1533. Se métissant avec la population indigène locale, cette population de zambos parvient (selon l'historien Julio Estupiñan Tello) à vivre en marge du pouvoir central colonial puis républicain pendant plus de trois siècles, et ce malgré son incorporation officielle à l'Audience de Quito dès le début du XVIIe siècle. Pendant toute cette période, l'influence africaine sur la culture de la région s'intensifie à mesure que la République des zambos accueille des esclaves fuyant d'autres zones, en particulier les mines du sud-ouest de l'actuelle Colombie[3].

Culture

La culture musicale afroéquatorienne a été marquée historiquement par le rôle central du currulao, une danse qui se pratique au son des marimbas. Cette danse met en scène les relations de séduction, la compétition entre les hommes de la communauté via des solos chantés tandis que les femmes chantent en chœur. Cette danse réalise ainsi une catharsis pour des relations homme-femmes. Bien que réprimés voire interdite pendant une bonne partie de la première moitié du XXe siècle, la marimba continue d'occuper une place symbolique importante, et jusqu'au milieu des années 1960, chaque village avait un lieu dédié à cette forme d'expression musicale, qui était pratiquée chaque fin de semaine, parfois pendant 48 heures d'affilée. Sous la pression des autorités et des nouvelles élites descendues de la Sierra, ce rituel disparaît sous sa forme traditionnelle au début des années 1970[3]. En 2015, la marimba afroéquatorienne et afrocolombienne rentre au Patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO[4]. Parmi les grands joueurs contemporains de marimba, on peut citer Guillermo Ayoví Erazo (Papa Roncón), lauréat du Prix Eugenio Espejo en 2001. Parmi les représentants importants de la culture afroéquatorienne, on peut également citer les écrivains Nelson Estupiñán Bass (1912-2002) et Adalberto Ortiz (1914-2003)[5], ainsi que Antonio Preciado Bedoya (1944), poète, ministre, et ambassadeur de l'Équateur au Nicaragua.

La culture afroéquatorienne est toutefois très peu représentée dans les principaux musées, symbolisant son exclusion de la mémoire officielle du pays[6].

Sport

Les habitants de la Valle del Chota, une enclave de population afro-équatorienne dans les Andes équatoriennes, sont une source très importante de joueurs internationaux de football : sept des 23 joueurs de l'équipe d'Équateur à la coupe du monde 2002 étaient issus de cette zone peuplée de seulement 25,000 habitants, ainsi que quatre des joueurs de l'équipe de la Liga Deportiva Universitaria de Quito qui remporta la Copa Libertadores en 2008. Parmi les footballeurs choteños les plus célèbres Parmi eux, on peut citer Ulises de la Cruz ou Agustín Delgado. Ce dernier a créé en 2001 avec la fondation qui porte son nom une école de football où près de 300 enfants de la vallée s'entrainaient en 2009[7].

Situation socio-économique

Paramètres démographiques

Selon les données issues du recensement national de 2001, la population afroéquatorienne est essentiellement urbaine (68,7 %), a un taux de fécondité de 3,6 enfants par femme légèrement supérieur à celui de l'ensemble de la population (3,2 enfants par femme), mais plus faible que celui des femmes indigènes (5,4 enfants par femmes). Les afroéquatoriennes sont, en Équateur, le groupe présentant le plus important taux de grossesses précoces (entre 15 et 19 ans), en particulier pour celles qui vivent en secteur rural (le taux de grossesses précoces dépasse alors les 150 pour 1000, contre environ 120 pour mille pour le reste de la population). Cette différence peut être due à la fois à des différences culturelles et à une inégalité concernant l'exercice du droit à la santé sexuelle et reproductive par les femmes afroéquatoriennes. La mortalité infantile de la population afro-équatorienne (32,6 pour mille) est relativement proche de celle de la population non indigène et non afroéquatorienne (25,8 pour mille), et beaucoup plus faible que celui de la population indigène (59,3 pour mille)[8]

Paramètres socio-économiques

Le taux d'analphabétisme de la population afroéquatorienne était de 10,3 % en 2001, légèrement supérieur à la moyenne nationale (9 %), mais très inférieur à celui de la population indigène (28,1 %). En moyenne, les afroéquatoriens étudient moins longtemps que le reste de la population (5,6 années contre 6,6 en moyenne). Les afroéquatoriens ont également moins accès aux études supérieures que le reste de la population (17,3 % des afroéquatoriens étudient au moins 12 ans, contre seulement 5,3 % des indigènes, mais 26,3 % pour l'ensemble de la population)[8].

Personnalités afroéquatoriennes

Artistes

Sportifs

Maribel Caicedo (à g.) aux jeux panaméricains des moins de 20 ans (2017).

Reines de beauté

  • Mónica Chalá, Miss Équateur 1996
  • Mayra Rentería, Miss Équateur 2003
  • Lady Mina (en), Miss Équateur 2010

Personnalités politiques et militaires

Alexandra Ocle (députée), Gisela Chalá, porte-parole du front afro-équatorien d'Alianza Pais, et Cecilia Angulo, élue de la province d'Esmeraldas, le 10 août 2015 à Quito.

Notes et références

  1. Histoire des peuples afroéquatoriens sur afros.wordpress.com
  2. (es) « Censo 2010 - Resultados », INEC.
  3. Ritter, J., Articulating Blackness in Afro-Ecuadorian Marimba Performance, contribution à la conférence Musical Cultures of the World: Global Effects, Past and Present, UCLA, 28-30 mai 1999.
  4. La historia de la marimba, el nuevo patrimonio cultural inmaterial, El Comercio, Quito, 2 décembre 2015.
  5. Nelson Estupiñán Bass, los cien años del escritor de la negritud, El Comercio, Quito, 23 septembre 2012.
  6. Sánchez, J. A., Museos, memoria e identidad afroecuatoriana. Íconos, 29, 123-131, sept. 2007 ( (ISSN 1390-1249))
  7. Valle del Chota, cuna de futbolistas, El Espectador (Colombie), 15 juin 2009.
  8. Fernando Guerrero, Población indígena y afroecuatoriana en Ecuador: Diagnóstico sociodemográfico a partir del censo del 2001. Commission Économique pour l'Amérique Latine et les Caraïbes (CEPAL), Santiago du Chili, avril 2005.
  9. Maribel Caicedo puso nombre de Ecuador en letras de oro, El Tiempo, 18 juillet 2015.
  10. Alexandra Ocle: Derechos de pueblo afroecuatoriano están más vigentes que nunca, La Nación, 18 mai 2015.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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