Adalbert de Prusse (1884-1948)

Adalbert Ferdinand Berenger de Hohenzollern, prince de Prusse (en allemand : Adalbert von Preußen), né le Potsdam (province de Brandebourg), et décédé le à La Tour-de-Peilz (Suisse).

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Son prénom est choisi en hommage au prince Adalbert de Prusse (1811-1873), fondateur de la marine prussienne.

Généalogie

Adalbert de Prusse appartient à la première branche de la Maison de Hohenzollern, dont certains membres devinrent électeurs de Brandebourg, rois de Prusse et empereurs d'Allemagne.

Famille

Il est le troisième fils de Guillaume II (1859-1941), empereur allemand, et d'Augusta-Victoria de Schleswig-Holstein (1858-1921).

Son père Guillaume II est le fils aîné de Frédéric III (1831-1888), prince de Hohenzollern, prince-héritier puis empereur allemand de 1888 à 1918, et de Victoria du Royaume-Uni (1840-1901). Il succède à son père, qui succède lui-même à son père au cours de l'année 1888 dite des Trois-Empereurs.

Sa mère Augusta-Victoria est la fille de Frédéric-Auguste de Schleswig-Holstein (1829-1880), duc de Schleswig-Holstein, et d'Adélaïde de Hohenlohe-Langenbourg (1835-1900), nièce de Victoria, reine du Royaume-Uni.

Ses frères et sœur sont Guillaume de Prusse (1882-1951), dernier prince-héritier de l'Empire allemand, Eitel-Frédéric de Prusse (1883-1942), de Auguste-Guillaume de Prusse (1887-1949), sympathisant nazi, Oscar de Prusse (1888-1958), Joachim de Prusse (1890-1920) et Victoria-Louise de Prusse (1892-1980), par mariage dernière duchesse de Brunswick.

Biographie

Enfance

Adalbert de Prusse naît le au Nouveau Palais de Potsdam, résidence d’été de ses parents. Dès sa naissance, son père le destine à une carrière dans la marine, comme son oncle le prince Henri de Prusse (1862-1929).

Le jeune prince a de nombreux parrains et marraines : Charles Ier, roi de Wurtemberg et son épouse, Olga Nikolaïevna de Russie ; Othon Ier, roi de Bavière ; Arnulf de Bavière, prince de Bavière ; Frédéric II, grand-duc de Bade ; Ferdinand-Salvator de Habsbourg-Toscane, archiduc d'Autriche ; et Louise-Sophie de Holstein-Augustenbourg. Deux de ses marraines sont issues de la proche parenté de son père : Alexandrine de Prusse, grande-duchesse de Mecklembourg-Schwerin et Charlotte de Prusse, duchesse de Saxe-Meiningen.

Adalbert reçoit une éducation stricte en compagnie de ses frères, sous la direction de deux gouverneurs : l’ancien attaché militaire allemand à Vienne, le général-major Adolf von Deines (de), et un gouverneur civil, M. Kessler. Ceux-ci sont secondés dans leurs tâches par un professeur, Fechner, et un éducateur, le sous-lieutenant Gustav von Rauch. Ethel Howard, gouvernante anglaise, laisse des mémoires sur sa vie à la Cour impériale allemande ainsi que des notes sur ses élèves.

Chaque semaine, un sergent-major du premier régiment d’infanterie vient enseigner le maniement d’armes. Miss Atkinson enseigne l'anglais et M. Girardin enseigne le français. L’empereur leur donne lui-même des leçons d’équitation. Enfin, les princes étudient le violon et le piano.

Leur mère tempère quelque peu par son indulgence cette éducation stricte. Elle assiste aux leçons, aux repas et au coucher. Leur père statue sur les punitions et les récompenses. Adalbert et ses frères restent sous la coupe de leur aîné, le Kronprinz Guillaume, réputé autoritaire.

Les enfants ont quelques instants de récréation et s'amusent avec des soldats de plomb, afin d' apprendre les multiples uniformes de l'armée impériale, ou se promènent sur les toits du palais impérial où ils s'amusent l'hiver. Ils jouent aussi dans une forteresse construite pour eux, près du Nouveau Palais. Trois dates par an sont importantes dans leur vie de jeune prince de la Couronne allemande : Noël, Pâques et leur anniversaire. La fête de Noël est l'occasion d'une grande fête en famille où les enfants reçoivent quelques cadeaux et des biscuits en pain d'épice.

Lorsque l'impératrice fait enregistrer sa voix à l'aide d'un phonographe, en 1891, elle trouve que le jeune prince a la même voix que son arrière-grand-père, Guillaume Ier, ce que l'assistance semble confirmer[1].

Jeunesse

Le prince Adalbert fait son entrée officielle dans la marine en 1894, suivant le souhait de son père. Il s'est déjà un peu familiarisé avec ce milieu auparavant : à l'école militaire de Plön un yacht était à sa disposition et il devait essayer de le faire manœuvrer dans un lac. Le , à l'occasion d'une brillante fête dans la rade de Kiel, Adalbert prête serment auprès du chef du cabinet de la marine, après un service religieux, sur le cuirassé Kaiser-Wilhelm. Il monte ensuite sur le bâtiment-école Charlotte où il va poursuivre son instruction. Le jeune garçon est alors Seekadett et reçoit des cours théoriques et pratiques pour obtenir son brevet d'officier de marine. Ensuite, le prince va participer à une courte croisière dans la Baltique, à la régate estivale de Kiel, traverser la Méditerranée vers le canal de Suez et visiter les diverses colonies allemandes[2]

Il est formé à Kiel, le principal port de la marine impériale à l'époque. Après quoi, Adalbert de Prusse voyage à l'étranger où il représente son père : il fait ainsi un voyage aux États-Unis pendant l'été 1912, mais également en Russie, en France ou au Danemark. L'empereur envisage pour son fils le poste de commandant en chef de la marine allemande, à la suite du prince Henri de Prusse. En qualité d'officier de la marine impériale allemande, le prince Adalbert réside dans une petite maison sur le port de Kiel, la villa Seelust. C'est dans cette ville qu'il donne parfois des bals, en conviant quelquefois son frère le Kronprinz, friand de mondanité.

C'est un homme qui s'avère doué et il est le favori des cercles politiques, à l'inverse de ses frères. Il est très proche de sa jeune sœur, la princesse Victoria-Louise, née en 1892, dont il est l'un des frères favoris. Il a beaucoup contribué, avec l'aide de leur belle-sœur la princesse Guillaume, née Cécilie de Mecklembourg-Schwerin, au mariage de la princesse d'avec le prince Ernest-August de Hanovre. Le prince est également choisi comme parrain pour le premier enfant du couple, Ernest-Auguste de Hanovre (1914-1987) À sa mort, en 1948, Adalbert ne conserve des liens avec sa famille que par elle.

Perspectives matrimoniales et romances

Le journal français L'Aurore énumère les refus successifs qu'essuie le jeune homme sans en comprendre toujours les raisons, celui-ci étant réputé aimable, élégant et mondain[3].

Parmi ces princesses qui lui opposèrent un refus, l'on peut citer : Sophie-Charlotte d'Oldenbourg (en)(1879-1964), qui épousera son frère, Oscar de Prusse , Thyra (1880-1945), princesse de Danemark, et sa sœur Dagmar (en)(1890-1961), princesse de Danemark ; Patricia de Connaught (1886-1974), princesse du Royaume-Uni ; Olga Nikolaïevna Romanova (1885-1918), grande-duchesse de Russie ; Marie-Adélaïde (1894-1924), grande-duchesse de Luxembourg ; Adélaïde de Schleswig-Holstein (en) (1889-1964), sa cousine germaine.

Cependant, le prince n'est pas en reste puisqu'il refuse la main d'Élisabeth de Roumanie (1894-1956), princesse de Roumanie et future reine des Hellènes. Dans son numéro du , le journal français Gil Blas cherche à démontrer que le prince n'a pas envie de se marier.

Tandis qu'il essuie ces multiples refus, le prince Adalbert entretient une relation avec une bourgeoise hongroise, Mlle de Csery, qu'il rencontre en 1909. Il la retrouve plusieurs fois à Marienbad, cité thermale de Bohême, notamment en où ils jouent au tennis et flirtent. L'impératrice Augusta-Victoria les rejoint à cette occasion et le journal Gil Blas suppose que la souveraine souhaite rencontrer la jeune femme avant d'autoriser son fils à convoler avec elle.[4].

En 1910, le mariage d'Adalbert et de Dagmar du Danemark, fille de Frédéric VIII, roi de Danemark, est abordé. Mais les Cours allemandes et danoises s'opposent profondément depuis la Guerre des Duchés, en 1866, qui vit les duchés de Holstein et de Schleswig soustraits de la Couronne danoise au profit principal du Royaume de Prusse. Le projet a donc été abandonné.

Cette même année, le prince Adalbert souhaite se marier avec la fille d'un prince de Thuringe. Son identité n'est pas précisée, et il s'oppose même à ses parents qui veulent qu’il se concentre sur sa carrière dans la marine. Le jeune homme avance l'argument d'être déjà plus âgé que ses trois frères lors de leurs mariages mais il doit accepter la demande de son père[5].

Pendant l'été 1912, le prince accompagne son père lors d'une visite officielle auprès de Nicolas II, empereur de Russie. Cette visite n'est pas anodine et un rapprochement entre les deux voisins est envisageable. À Berlin, des rumeurs circulent selon lesquelles le prince Adalbert se marierait avec Olga Nikolaïevna de Russie, fille aînée du Tsar. Or deux obstacles importants se dressent devant ces rumeurs : l'âge (il a 28 ans ; elle a 17 ans) et la religion (il est protestant ; elle est orthodoxe). À l'occasion de ce nouvel échec le journal français L'Aurore, dans son numéro du , compare Adalbert au prince Paul de l'opéra-bouffe La Grande-duchesse de Gérolstein[6]. Pourtant, selon le Washington Herald du la grande-duchesse Olga aurait confié à son père ne pas avoir été insensible aux attentions du prince.[7].

Dans son ouvrage Love intrigue of Kaiser's sons, William Le Queux note que les princes de Prusse rejettent avec mépris les femmes qu'ils séduisent.

En , peu après le mariage de la princesse Victoria-Louise de Prusse avec Ernest-Auguste de Hanovre, il est question de marier le jeune homme avec Olga de Hanovre (pt) (1884-1958), la sœur aînée de son nouveau beau-frère. Celle-ci est souvent invitée à la Cour de Berlin et l'impératrice s'arrange pour faire venir son troisième fils de Kiel. Or le prince n'éprouve pas d'intérêt pour la princesse. L'empereur Guillaume II se décide à intervenir mais le projet est abandonné lorsque Adalbert exprime son désir d'épouser Adélaïde de Saxe-Meiningen[8].

La princesse Adélaïde de Saxe-Meiningen

Le jeune prince rencontre Adélaïde de Saxe-Meiningen, une connaissance de sa mère, au début des années 1910. Elle est la seconde enfant de Frédéric-Jean de Saxe-Meiningen et de sa femme, née Adélaïde de Lippe-Biesterfeld et sœur du dernier duc de Lippe. La princesse Adélaïde est très malade et doit passer beaucoup de temps dans des cliniques pour suivre des cures, notamment à Hanovre en 1911. La jeune princesse est atteinte de porphyrie ce qui entraine des troubles mentaux chez la malade ainsi que quelques problèmes physiques.

Adalbert la rencontre et commence à lui envoyer des lettres d'amour pendant l'année 1914. Il lui demande de l'épouser : c'est ce qu'elle fait le à Wilhelmshaven, où le prince sert dans la marine impériale au commencement de la Première guerre mondiale. L'union du prince Adalbert est très bien perçue par l'empereur et l'impératrice, à l'inverse de celle du prince Oskar avec Ina von Bassewitz (en) quelques jours plus tôt. Peu après le mariage le beau-père du jeune prince meurt à la bataille de Tarcienne, près de Charleroi, le .

Le ménage est harmonieux et donne naissance à trois enfants, dont l'aînée Victoria-Marina (-) meurt dès sa naissance . Nait ensuite Victoria-Marina de Prusse (-1981), qui épouse en 1947 Kirby Patterson (1907-1984), et en divorce en 1962. Victoria-Marian et Kirby auront 3 enfants : Berengar Orin Bernhard Kirby Patterson ( - ), Marina Adelaide Emily Patterson ( - ), mariée en 1982 à John William Engel (né en 1946), Dohna Maria Patterson (), qui épouse en 1974 Stephen Leroy Pearl (né en 1951). Leur premier fils, Guillaume-Victor de Prusse (-1989), épousera en 1944 la comtesse Marie-Antoinette de Hoyos (1920-2004), fille du comte Frédéric. Deux filles naitront de cette union : Marie-Louise (née le qui épouse en 1971 le comte Rudolf von Schönburg-Glauchau (né en 1932) et Adalbert-Alexandre-Frédéric-Joachim-Christian (né le ) marié en 1981 à Eva Maria Kudicke (née en 1951).

Première Guerre mondiale

Alors que le conflit a débuté depuis deux mois, une rumeur circule selon laquelle le prince Adalbert a été retrouvé mort sur un champ de bataille. Le prince aurait été la victime d'un tir allemand, ce que relaye la presse étrangère mais, peu de temps après, cette histoire s'avère être fausse[9].

Pendant la Première Guerre mondiale, Adalbert de Prusse est commandant à bord du SMS Dantzig, puis commandant d'un navire torpilleur.

Le prince se rend également à plusieurs reprises sur le front oriental, dans l'actuelle Pologne, en tant qu'officier du régiment de grenadiers Frédéric-le-Grand. C'est à l'occasion d'une de ses visites que le jeune homme partage le quotidien des combattants, pendant deux jours. Avant de repartir, le lieutenant-colonel du régiment lui remet un billet que tout combattant doit avoir pour utiliser les chemins de fer : « Il est attesté par la présente que S.A.R. le prince Adalbert de Prusse a été désinfecté et se trouve actuellement exempt de vermines ».

La presse française évoque le fait que le Kaiser réserverait, en cas de victoire de l'Allemagne, la Couronne de Belgique pour son troisième fils[10].

Après la Première Guerre mondiale

En 1919, Adalbert de Prusse et sa famille quittent Kiel pour Bad Homburg où ils vivent retirés. La mauvaise santé de son épouse oblige le prince et sa famille à se rendre fréquemment en Suisse. La famille finit par s'installer en 1928, sur les bords du lac Léman à La Tour-de-Peilz.

Ils mènent une existence discrète sous le nom d'emprunt de comte et comtesse Lingen, sans prendre part à la politique menée par les nazis.

Littérature

Le prince Adalbert est l'un des personnages du roman de Carolly Erickson The Tsarina's Daughter (2008). Il est alors un fiancé potentiel pour sa cousine russe, la grande-duchesse Tatiana Nikolaïevna de Russie.

Bibliographie

  • Extraits des Aigles foudroyés de Frédéric Mitterrand.
  • Extrait des Mémoires d'exil de Frédéric Mitterrand.
  • Jean-Charles Volkmann, Généalogie des rois et des princes, éd. Jean-Paul Gisserot, 1998, (ISBN 978-2-87747-374-3).
  • Extraits de Imperial Requiem: Four Royal Women and the Fall of the Age of Empires de Justin C. Vovk.
  • Ethel Howard, Potsdam princes, 1915, lire en ligne.
  • William Le Queux, Love intrigues of Kaiser's sons, Londres, 1918.
  • Jörg Kirschstein, Kaiserkinder: Die familie Wilhelm II. in Fotografien, 2011.
  • John Rölh, Purple secret: genes, "madness" and the Royal Houses of Europe, 1998, p. 31-32.
  • Carolly Erickson, The Tsarina's Daughter, 2008.
  • Ferdinand Baudouin, Historique de la guerre. Fascicule 28, Partie 28. Impr. de Th. Martin. 1914-1915. (lire en ligne).

Références

Voir aussi

Liens externes

Articles connexes

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