Abid al-Bukhari

L’Abid al-Bukhari (arabe : عبيد البخاري, littéralement "les esclaves d'Al-Bukhari" ) connue sous le nom de la Garde noire, était une armée, ou guich, formée en 1088 par le sultan almoravide Youssef ben Tachfin[1]. L'appellation "Garde Noire" revient au fait qu'elle était essentiellement composée de Haratins. L'armée est nommée après la serment fait par ses membres, juré sur la collection de hadiths de l'imam Al Bukhari. On les appelle aussi "les serviteurs d'Al-Bukhari".

Sous Moulay Ismaïl

L'Abid al-Bukhari demeure au service des dynasties ayant succédé aux almoravides, et l'armée connut une restructuration majeure lors du règne du sultan Moulay Ismaïl (1645-1727). Le terme "Abid" en arabe signifie esclave, mais il fut associé aux noirs[2]. Le royaume du Maroc est peuplé de tribus berbères mettant en question l'autorité de Moulay Ismaïl, ce qui l'amène à créer une armée. Il entreprend de constituer une armée d’esclaves pour éviter paresse ou désertion. Dans le monde musulman, les esclaves ne peuvent être que des non-musulmans. De nombreux esclaves du monde arabe sont alors des Noirs africains car provenant de régions de religions traditionnellement animistes. Mais Moulay Ismaïl va violer la loi musulmane en enrôlant de force toutes les personnes noires du royaume, musulmanes ou affranchies, en plus des esclaves déjà présent sur le territoire marocain. Malgré une résistance des Noirs eux-mêmes et de juristes musulmans, le projet s’accomplira tout de même avec succès. Femmes et enfants ne sont pas épargnés. Les hommes sont formés à l'artisanat et aux arts de la guerre, les femmes aux tâches domestiques. Moulay Ismaïl les fera se reproduire entre eux, leurs enfants, nés dans la violence et sous son joug lui voueront une loyauté sans pareil[2].

A son apogée, l'armée des Abid-al-Bukhari atteint entre 50 000 et 100 000 hommes[2].

La Garde noire sera envoyé dans plusieurs forteresses afin de défendre les frontières contre les attaques des Turcs et des Algériens mais aussi contre les menaces berbères.

Ils étaient crains par les autres peuples marocains, non seulement en raison de leur statut de serviteurs du roi, mais aussi car ils patrouillaient dans les campagnes marocaines et collectaient les impôts[3]. Ils étaient plus haut gradés que les Aluj (pluriel d'Alj), les esclaves blancs chrétiens, et grassement payés. Vers 1697-1698, on leur donna même le droit de posséder des biens[3]. Selon le consul français Jean-Baptiste Estelle : "Ce prince a rendu son autorité et celle de ses Noirs si grande que les Blancs, qui sont les habitants de ses royaumes, en sont devenus leurs esclaves."[2]

Après la mort de Moulay Ismaïl (1727), leur statut diminua car ils n'étaient plus payés.

Voir aussi

Références

  1. « La Garde royale marocaine », sur maghreb-observateur.qc.ca (consulté le )
  2. « Les Abid al-Bukhari, la garde royale noire du Maroc », sur Nofi Media (consulté le )
  3. Zineb SKARABI, « Les Serviteurs d'Al-Bukhari », sur Discovery Morocco, (consulté le )
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