201e bataillon Schutzmannschaft

Le 201e bataillon Schutzmannschaft était un bataillon de milice ukrainien qui fut créé, pendant la Seconde Guerre mondiale, par les SS pour lutter contre la résistance dans les pays occupés par l'Allemagne nazie.

Histoire

Création

Le , après la dissolution du création du bataillon Nachtigall, 650 nationalistes ukrainiens (issus du mouvement OUN(B) de Stepan Bandera) sont reversés dans le nouveau bataillon no 201. Le commandement supérieur appartient à la Waffen SS. L'uniforme de la Wehrmacht est troqué pour celui de la gendarmerie polonaise. Le 201e bataillon était formé de 4 compagnies, le commandant du bataillon Nachtigall, Roman Choukhevytch prend le poste de capitaine de la première compagnie du 201e bataillon, la seconde est menée par Brigider, la troisième par Vasyl Sidor et la dernière par Pavlyk. Le bataillon est sous le commandement du major polonais Eugène Pobihuchtchy sous le contrôle d'un officier de liaison du SD, Wilhelm Mocha[1].

Le recrutement en Ukraine fut d’autant plus facile qu’un fort antisémitisme y sévissait avant la guerre[2]. D'autres membres éminents du OUN(B) participèrent aux côtés de Roman Choukhevytch aux opérations du 201e bataillon, notamment Oleksander Lutsky qui deviendra plus tard le premier commandant de l'UPA de la zone Ouest, ou encore Vasyl Sydor (en), commandant de l'UPA zone Ouest de 1944 à 1949[3], Mykola Ninowsky[4], coursier dans l'UPA.

Opérations

Une semaine après sa création, le 201e bataillon est engagé dans une campagne contre les populations civiles ashkénazes à travers les villes de Zolotchiv, Ternopil et Vinnytsia[5]. La troisième compagnie mentionne dans son rapport avoir exterminé « tous les Juifs » de trois villages autour de Vinnytsia « à coup de feu et de strichnine »[6]. Contrairement à ce qui passera plus à l'est où les ukrainiens se montreront passifs[7], les plus grandes violences, et cela dès le début de l'opération Barbarossa, sont commises par la population galicienne elle-même, guidée par quelques notables, armée de gourdins, faux, haches, brûlant les synagogues, violant les femmes, tuant parfois les enfants[8]. Ces armes, brandies entre deux rangs serrés où défilent les victimes, servent au même « supplice des piques »[9].

Du 29 au , le 201e bataillon participe au massacre de Babi Yar33 771 personnes[10] (Juifs, prisonniers de guerre soviétiques, communistes, Roms, Ukrainiens et otages civils) furent assassinés aux abords du ravin de Babi Yar.

L’Einsatzkommando 4a (de l’Einsatzgruppe C) décida ainsi de ne plus fusiller que les adultes, les Ukrainiens se chargeant d’assassiner les enfants. Quelquefois, la férocité des collaborateurs locaux effraya jusqu’aux cadres Allemands des Einsatzgruppen eux-mêmes. C’est le cas, en particulier, des membres de l’Einsatzkommando 6 de l’Einsatzgruppe C, « littéralement épouvantés par la soif de sang » que manifesta un groupe d’ukrainiens[11].

À la mi-mars 1942, le bataillon est transféré en Biélorussie, où il est appelé Sous-division de la 201e division de police, qui, avec d'autres brigades et bataillons, est en activité sous le commandement d'Erich von dem Bach-Zelewski (Obergruppfürher SS). L'historien allemand Frank Golczewski[12] raconte que les principales activités du bataillon étaient de combattre les partisans et de tuer les Juifs[13],[14]. Selon l'OUN, plus de deux mille partisans soviétiques ont été tués par le bataillon au cours des neuf mois de campagne en Biélorussie[15].

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. I. Kazymyrovych Patryliak, Військова діяльність ОУН(Б) у 1940—1942 роках., p. 371-282, Institut d'histoire ukrainienne de l'université Chevtchenko - NAN, Kiev, 2004.
  2. Lucy S. Dawidowicz, op. cit., pp. 650-653.
  3. Terrorists or National Heroes? Politics of the OUN and the UPA in Ukraine de Ivan Katchanovski de l'université d'Harvard
  4. (en) Richard Breitman, Hitler's Shadow : Nazi War Criminals, U. S. Intelligence, and the Cold War, DIANE Publishing, , 101 p. (ISBN 978-1-4379-4429-7, lire en ligne), p. 76-77
  5. I. Kazimirovitch Patryliak, Військова діяльність ОУН(Б) у 1940—1942 роках., p. 273-275, Institut d'histoire ukrainienne de l'université Chevtchenko - NAN, Kiev, 2004.
  6. Tzdavo - Archives centrales publiques des hautes autorités et du gouvernement de l'Ukraine (uk), f. 3833, cahier 1, liste 157, fonds no 7, Lviv, cité in Patryliak, p. 361-362, op. cité.
  7. R. Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, t. I, Paris, Gallimard folio Histoire, , p. 552.
  8. D. Bechtel, The 1941 Pogroms as Represented in Western Ukrainian Historiography and Memorial Culture, in Coll. The Holocaust in Ukraine : New Sources and Perspectives - Conférence presentations, p. 2, Center for advanced Holocaust studies of the USHMM, Washington, 2013.
  9. S. Friedländer, trad. P.-E. Dauzat, Les années d'exterminations, Seuil, Paris, 2008 (ISBN 978-2-7578-2630-0).
  10. (en) Georges Bensoussan (dir.), Jean-Marc Dreyfus (dir.), Édouard Husson (dir.) et al., Dictionnaire de la Shoah, Paris, Larousse, coll. « À présent », , 638 p. (ISBN 978-2-03-583781-3), p. 121
  11. Hilberg 2006, p. 553-563
  12. University of Hamburg, Prof. Dr Frank Golczewski Europäische Geschichte. Anschrift.
  13. “Die Kollaboration in der Ukraine”, in Christoph Dieckmann, Babette Quinkert, Tatjana Tönsmeyer (eds.), Kooperation und Verbrechen. Formen der “Kollaboration“ im östlichen Europa 1939-1945 (Göttingen: Wallenstein, 2003) p. 176.
  14. Per Anders Rudling, University of Alberta. The Shukhevych Cult in Ukraine: Myth Making with Complications page 17. An international conference September 23–26, 2009 Kyiv: World War II and the (Re)Creation of Historical Memory in Contemporary Ukraine. PDF document.
  15. Організація українських націоналістів і Українська повстанська армія.Інститут історії НАН України.2004р Організація українських націоналістів і Українська повстанська армія, Раздел 2
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