Évariste (chanteur)

Joël Sternheimer, connu aussi dans les années 1960 sous son nom de chanteur Évariste[1], est un chercheur indépendant français, né le à Montluel (Ain).

Pour les articles homonymes, voir Évariste.

Il transcrit des phénomènes vibratoires ainsi que quantiques des noyaux cellulaires des plantes en mélodies, qui, une fois rejouées, seraient capables de stimuler la croissance des végétaux et de soigner certaines maladies. Sa théorie est parfois critiquée.

Biographie

Jeunesse et études

Natif de Montluel, Joël Sternheimer grandit sans son père, mort à Auschwitz. Il est éduqué par sa mère, Renée Lévy-Sternheimer, son oncle et sa tante qu’il appelait « Oncle Gustave » et « Tante Alice ». Élève doué et attiré par la « masse des particules », il s’oriente vers une carrière de chercheur.

De 1960 à 1963, en classes préparatoires au Lycée du Parc à Lyon[2], il fait profiter ses camarades taupins de ses premiers textes sur l'air des chansons du hit-parade de l'émission Salut les copains et qu'il reprendra plus tard, comme Connais-tu l'animal qui inventa le calcul intégral ?[3] sur l'air de Est-ce que tu le sais ? chanté, en 1961, par Les Chats sauvages et, en 1962, par Sylvie Vartan ; sur l'air de J'entends siffler le train (1962) de Richard Anthony : « J'ai pensé qu'il valait mieux / Faire 5/2, c'est plus sérieux / Que de passer toute une année / En faculté ! » ; sur l'air de Les comédiens (1962) de Charles Aznavour : « Viens voir les lagrangiens / Voir les laplaciens / Qui arrivent… »

Il fait une deuxième année de math spé sans qu’il n'y ait aucun rapport avec sa passion pour la musique comme certains ont pu le penser. Recalé, en 1963, aux concours de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm et de l'École polytechnique[4], il va donc poursuivre ses études scientifiques à la Faculté des sciences de Paris ; il habitait rue Saint-Jacques car c’était « tout près de chez Daniel », son frère. Profitant de cette proximité géographique, il fréquente le restaurant de l'École normale supérieure, à défaut d'y avoir été admis.

En 1964, il obtient une licence ès-sciences mathématiques et un diplôme d'Études supérieures de mathématiques approfondies[5]. En 1966, il obtient son doctorat en physique théorique (3e cycle) à l'Université de Lyon[5].

En 1966, les frais de la guerre du Viêt Nam amènent une réorientation des crédits dans les universités américaines. Joël Sternheimer, docteur en physique théorique de 23 ans, voit son poste d’assistant à Princeton (chez le professeur Wigner) supprimé. Cependant, on lui propose un nouveau poste en remplacement qu’il refuse car il étudiait les applications de la théorie des groupes aux masses des particules et que le poste proposé avec le professeur Piroue s’orientait dans une direction contradictoire.

Chanteur

À cette époque, dans la France des années 1960, le phénomène Antoine prend l'allure d'une véritable révolution, ce chanteur ayant un diplôme d'ingénieur le met à part du monde classique de la pop et ses textes fascinent.

Joël Sternheimer écrit alors quelques chansons. Il passe avec succès une audition chez Disc AZ (obtenue via un ami rencontré au restaurant de l'École normale supérieure), et enregistre en quelques jours, sous le pseudonyme d’Évariste (en référence à Évariste Galois), un disque en forme de dialogue surréaliste entre un oiseau de nuit et un saurien rugissant, arrangé par Michel Colombier, qui, dans le sillage d’Antoine et de ses Élucubrations, connaît lui aussi un vif succès : Connais-tu l’animal qui inventa le calcul intégral ?[3].

Cette escapade se veut au départ sans lendemain. L’année suivante éclate cependant en France Mai 68, ce qui pousse le chanteur à reprendre la guitare. Durant l'occupation de la Sorbonne, il rencontre les membres du comité gavroche : Serge Cazenave-Sarkis, Blaise Recoin[6] ... et y croise également un certain Renaud Séchan, âgé de seize ans, et lui demande de taper à la machine les paroles de sa chanson La Faute à Nanterre, sortie en 45 tours avec le titre La Révolution[7] : « Si j’suis tombé par terre / C’est la faute à Nanterre / Le nez dans le ruisseau / C’est la faute à Grimaud »

Lucien Morisse, patron de Disc'AZ, qui ne peut sortir un disque aux accents clairement politiques, obtient du presseur de disque qu'Évariste ait les mêmes tarifs qu'eux, et Jean-Michel Pou-Dubois lui facilite l’accès à l'usage du studio d’Europa Sonor. Évariste publie donc un des premiers 45 tours autoproduits de France. La pochette est illustrée par Georges Wolinski, qui le présentera à la bande d’Hara-Kiri. Le disque est un succès et permet au chanteur de mettre de belles sommes de côté qui serviront notamment à financer ses recherches scientifiques indépendantes.

En 1968, Claude Confortès, qui découvre Évariste en juillet 1968 après avoir acheté son 45 tours dans la devanture de l’ancienne boutique Chanteclair qui était située sur le boulevard Saint-Michel après avoir vu la couverture dessinée par Wolinski, monte Je ne veux pas mourir idiot, un spectacle à partir de la série de dessins de Wolinski, et récidive l'année suivante avec Je ne pense qu’à ça. Évariste est chargé d'écrire et d'interpréter les chansons de ces deux spectacles[n 1].

Le 11 avril 1971, à Bourg-Madame, une manifestation non-violente accueille à son arrivée à la frontière espagnole une marche partie de Genève pour soutenir l'objecteur de conscience Pepe Beúnza (ca) emprisonné en Espagne. Les marcheurs espagnols sont arrêtés à peine la frontière franchie. Les autres militants, deux cent cinquante d’une dizaine de nationalités, sont bloqués par les douaniers espagnols. Des chanteurs dont Évariste et Henri Gougaud accompagnent la manifestation[8] qui est finalement dispersée par la police franquiste, « férocement », selon Midi Libre[9].

Joël Sternheimer s'éloigne ensuite progressivement de la chanson, même s'il interprète quelques titres plus calmes[10], pour se consacrer pleinement à la recherche. Son dernier disque, toujours auto-produit et illustré par Wolinski, paraît en 1975, toujours dans la même veine humoristique-révolutionnaire[11].

En 2015, le morceau Les pommes de lune est édité sur la compilation Wizzz! French psychorama 1967-1970 (vol. 3)[12] du label Born Bad Records[13].

Chercheur

Diplômé en 1966 de l'Université de Lyon en physique théorique, Joël Sternheimer travaille ensuite en tant que chercheur indépendant  avec les conseils d'André Lichnerowicz[réf. nécessaire]  sur les particules élémentaires, puis sur la régulation de la biosynthèse des protéines par les mélodies construites à partir des suites de fréquence associée aux acides-aminés successifs, sur lesquelles il dépose un brevet en 1992.

En 1984, ses travaux lui permettent d'entrer à la Cité des sciences et de l'industrie de la Villette comme conseiller scientifique[réf. nécessaire]. Ayant remarqué que les fréquences propres associées par la relation de Louis de Broglie aux masses des particules étaient réparties selon des gammes exponentielles emboîtées, il met en place un stand de la Cité des Sciences à la Villette qui se nomme Le piano des particules[réf. nécessaire].

Il obtient ensuite un « prix Philips éclairage » en 1999[réf. nécessaire].

Ses recherches sont mentionnées dans un ouvrage de Jean-Marie Pelt, Les Langages secrets de la nature (rééd. Livre de poche, Paris, 1998). Elles ont inspiré la nouvelle La Ferme enchantée de Jonas Lenn parue dans le recueil Moissons futures - 2050 : La SF française se met à table de Daniel Conrad (éd. La Découverte, Paris, 2005)[réf. nécessaire].

Thème de recherche : les protéodies

Brevets

Joël Sternheimer prétend que les fréquences propres des particules d'une stabilité supérieure au tiers de picoseconde (10-12,5 s environ) sont accordées sur une même gamme. Il l'interprète comme un phénomène de synchronisation (effet Huyghens) universel. C'est la base du brevet FR 2541024 déposé en 1983, mis en application dans "le piano des particules", et de son certificat d'addition FR 2565016 pour une application de type guitare.

Action sur la synthèse des protéines

Remarquant qu'il s'agit là d'une durée caractéristique de l'accrochage des acides aminés sur leur ARN de transfert, Sternheimer émet l'hypothèse que le même phénomène de synchronisation s'y produit. Cela lui donne un code pour les acides aminés, qui est celui sur lequel se fonde la régulation de la synthèse des protéines (brevet FR 2691976 déposé en 1992)[14]. L'ensemble des brevets précités est depuis 2013 dans le domaine public.

Il ne s'agit plus là, malgré d'étonnantes ressemblances, de musique à proprement parler, raison pour laquelle il forge le mot nouveau de « protéodie ». Cette musique biologique agit, selon lui, non par l'effet mécanique des sons, mais par sa « reconnaissance » par le sujet intégré où est synthétisée la protéine, qui n'a lieu que s'il y a aval des autres échelles (résonance) : il s'agirait de fait d'une action ciblée. Autrement dit, lors du processus de synthèse des protéines, les acides aminés émettent des séquences de signaux quantiques qui constituent une mélodie dont chaque note correspond à un acide aminé de la protéine visée[15]. En enchaînant les sons dans le bon ordre, on crée un morceau unique qui s'harmonise avec la structure interne de l'organisme concerné[16].

La discipline qui étudie les protéodies est aussi connue sous le nom de génodique[16]. Sternheimer traduit et convertit l’ondulation des protéines en séquences musicales[17], prêtes à être téléchargées, qui « ressemblent à des comptines », dont le « tempo, la durée et le volume sonore modulent leur effet : inhiber, ou stimuler une protéine »[18].

Application à l'agriculture

Sa méthode est aujourd'hui utilisée par des agriculteurs, des vignerons et des maraîchers, pour lutter contre diverses maladies des cultures[19],[20], comme l'esca sur les vignes de Champagne[21] :

« Tout particulièrement adaptée à la vigne, cette musique l'aide à mieux se défendre contre les "maladies du bois" ou le mildiou, mais peut aussi stimuler sa résistance au gel de printemps, ou au stress hydrique en été. Il faut brancher les diffuseurs sur un lieu stratégique, régler la musique pour que chaque pied de vigne puisse "l'entendre", et la magie opère.... A raison d'un répertoire choisi de 5 à 10 minutes, diffusé de deux à quatre fois par jour, la séance musicale produit son petit effet : le viticulteur peut réduire les pesticides utilisés, et constate une augmentation de ses rendements ainsi qu'une amélioration de l'expression de la vigne et de la qualité de son raisin[22]. »

Applications thérapeutiques

Les Japonais sont les premiers à exploiter ce processus dans la thérapeutique humaine.

De 2000 à 2004, au Department of Medical Science de la St Marianna University (en) de Kawasaki au Japon, « la corrélation entre le goût prononcé des malades pour certains passages de certaines chansons, et les molécules protidiques leur correspondant » est étudiée avec d’intéressants résultats ; une consultation est ouverte au public, en , à la Joshi-Idai de l'université de Tokyo[23][source insuffisante].

Dans le même institut, une expérience est menée sous le contrôle du Pr Keiko Hoshi, du Dr Yoichi Fukagawa, de Joël Sternheimer et de Bernard Marichal, docteur en médecine, sur 18 volontaires qui, pendant un an ont reçu de cinq à vingt-cinq protéodies pour traiter maux de tête, contractions musculaires, hypertension, anémie et diabète[18][source insuffisante].

Les protéodies sont étudiées et appliquées actuellement pour soigner les acouphènes :

« La sonothérapie fonctionnelle est un concept original de musicothérapie personnalisée utilisée comme traitement complémentaire chez les patients acouphèniques. Une étude clinique recourant à cette méthode a été réalisée pendant 18 mois sur une série de 100 patients qui a généré des statistiques épidémiologiques et des résultats encourageants. Elle n’est pas une thérapie alternative ni parallèle et peut s’adapter à tout autre traitement déjà en cours de type psychothérapie ou masquage d’acouphènes et adaptable à tout patient appareillé[24].[source insuffisante]. »

Critiques

Les travaux de Joël Sternheimer sont critiqués par des sceptiques scientifiques, sa théorie est, parfois, considérée comme une pseudo-science[25],[26],[27],[28]. Joël Sternheimer n'est affilié à aucune institution officielle et la majorité de ses travaux n'ont pas été publiés par des journaux avec comité de relecture.

Discographie

  • 1967 : 45 tours (4 titres) :
    • Connais-tu l'animal qui inventa le calcul intégral ? ;
    • Si j'ai les cheveux longs c'est pour pas m'enrhumer atchoum! ;
    • Dans la lune ;
    • Évariste aux fans.
  • 1967 : 45 tours (4 titres) :
    • La Chasse au boson intermédiaire ;
    • Wo i nee ;
    • Ma mie ;
    • Les Pommes de lune.
  • 1968 : 45 tours (2 titres) :
    • La Révolution ;
    • La faute à Nanterre.
  • 1969 : 33 tours :
    • Je ne veux pas mourir idiot.
  • 1970 : 33 tours :
    • Je ne pense qu'à ça.
  • 1974, télévision :
    • Belev Haleil.
  • 1975 : 45 tours (2 titres) :
    • Reviens Dany, reviens ;
    • L'amour et la révolution.

Notes et références

Notes

  1. Éditées sur deux disques 33 tours Je ne veux pas mourir idiot et Je ne pense qu’à ça, EMI Pathé, 054-10031 et EMI Pathé, 054-10.564.

Références

  1. Chanteur fou ou scientifique renommé, le cas étrange de Dr Sternheimer et Évariste [lire en ligne]
  2. « 1963 - XB - Lycée du parc (3ème à gauche au 2ème rang) », sur https://copainsdavant.linternaute.com/, .
  3. Évariste, Connais tu l'animal qui inventa le calcul integral ?, 1967 [lire en ligne]
  4. Admissible aux épreuves écrites du concours, puis reçu aux épreuves orales du 1er degré, il ne termine pas les épreuves orales du 2e degré.
  5. Pochettes et paroles sur le site « Bide et musique »
  6. Gervereau Laurent. Les chansons de mai-juin 68. In: Matériaux pour l'histoire de notre temps, n°11-13, 1988. Mai-68 : Les mouvements étudiants en France et dans le monde, sous la direction de Stéphane Courtois. pp. 198-199. [lire en ligne]
  7. Le futur chanteur Renaud, « ébloui », suit l'exemple de « cet ange tombé de nulle part » et « compose ce jour-là en une petite heure Crève salope ! », sa première chanson Renaud Séchan, Comme un enfant perdu : Autobiographie, Paris, éditions XO, , 302 p. (ISBN 978-2-84563-265-3), p.51
  8. Jean-Claude Rouy, « La « marche à la prison » des objecteurs de conscience espagnols », Le Monde,
  9. « La « Marche à la prison » s'est terminée à Bourg-Madame », Midi Libre,
  10. Notamment Haleil.vD9Ibk4&list=PLV4J1FJlCJCJsn31Q1cmR4CeRmiTazeni&index=3 Belev Haleil en live à la TV en 1974.
  11. Fiche de l'album sur Encyclopédisque.
  12. « BB069 Wizzz French psychorama 1966-1970 Volume 3 », sur Born Bad Records (consulté le )
  13. « Wizzz: vous reprendrez bien un peu de décapant », sur France Culture, (consulté le )
  14. Top Secret, Révélations d'un Univers étonnant, p. 104, Éd. Lulu.com, 2011, (ISBN 1446728382)
  15. Virginie Pape, Musiques de la vie, p. 70, Éd. Odile Jacob, 2011, (ISBN 2738199674)
  16. Nexus, no 71, novembre-décembre 2010, Concerto pour tomates géantes, par la rédaction, p. 9.
  17. « Se soigner avec la musique des protéines », Caroline Morel, article paru dans le journal Alternative santé no 26, mis en ligne le 24 août 2015.
  18. Quand la musique soigne, témoignage d'un vigneron paru dans Sud-Ouest () [lire en ligne].
  19. Témoignage d'un maraîcher paru dans Ouest-France () [lire en ligne].
  20. Nouvel instrument de lutte contre l'esca ?
  21. Documentaire "Quand la musique adoucit l’esprit du vin", France culture14/05/2017
  22. Nexus no 48 de janvier 2007
  23. La Thérapie Sonore Fonctionnelle : Traitement novateur des acouphènes par les protéodies, Dr Jacques Aime,
  24. site scepticisme scientifique ; Épisode #83: La génodique..
  25. http://www.entetedeligne.com/article/molecules-en-musique/
  26. « Et si les plantes n’étaient pas aussi sourdes que leurs pots ? / Afis Science - Association française pour l’information scientifique », sur Afis Science - Association française pour l’information scientifique (consulté le ).
  27. http://vigne.reussir.fr/actualites/pas-de-solution-miracle-contre-les-maladies-du-bois:KKWK52PA.html

Voir aussi

Bibliographie

  • Dominique Grandfils, Anthologie du rock français De 1956 à 2017, Éd. Camion Blanc, 2017, (ISBN 2357799277)
  • Science vol. 156, no 3777, p. 923, 19 may 1967 (Sciencemag).
  • The New York Times, april 16, 1967, p. 75.
  • C. Le Bidois, « Le réseau parallèle : compte-rendu d'une expérience d'autogestion, réponse à une culture imposée », revue Hermès no 4, , Paris.
  • [PDF] Décision du de la chambre de recours de l'Office européen des Brevets [lire en ligne].
  • « Dialoguer avec le vivant », interview par Anne de Grossouvre, revue Alliance, mars-.
  • Nathalie Troquereau, Docteur Mélodie, Évariste Interview, Gonzai.com, [lire en ligne].
  • Thibaut Schepman, Ces paysans français soignent leurs champs en musique, Terraeco.net, [lire en ligne].
  • Grâce aux protéodies, les vaches sont fans de Mozart, Paris Match, [lire en ligne]
  • Dr Jacques Aime, « Acouphènes et Protéodies – Retour vers la sérénité », Quintessence Holoconcept, Collection « Ressources et Santé », . (ISBN 2358052124)
  • J. Sternheimer, « Musique des particules élémentaires », Comptes-rendus de l'Académie des Sciences, tome 297, série 2, page 829 ().

Liens externes

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