Énergie éolienne en Europe

Le secteur de l'énergie éolienne en Europe assure 14,5 % de la production d'électricité de l'Union européenne en 2019 (48 % au Danemark, 33 % en Irlande, 27 % au Portugal, 26 % en Allemagne, 22 % au Royaume-Uni, 21 % en Espagne) et représentait 30 % de la puissance installée éolienne mondiale en 2018.

Vue aérienne d'un parc éolien en Espagne.

L'éolien en mer représente en Europe 16 % de la production éolienne en 2019 ; 79 % de la puissance installée éolienne en mer mondiale se trouvait en Europe fin 2018.

Potentiel éolien de l'Europe

Le potentiel éolien de l'Europe a été évalué par DTU Wind Energy (Université technique du Danemark) qui a publié un Atlas européen du vent pour les principaux pays[1] et pour l'offshore[2]. Une carte plus étendue est disponible[3].

Ces cartes montrent que les zones les plus favorables en Europe sont :

  • l'Écosse, les côtes nord et ouest de l'Irlande, les côtes ouest de la Norvège, de la Suède et de la Finlande, la côte nord-ouest du Danemark, la côte du golfe du Lion en France (basse vallée du Rhône et région de Narbonne à Carcassonne), la vallée de l'Ebre en Espagne ;
  • dans une moindre mesure : la plus grande partie de l'Angleterre, du Pays de Galles, de l'Irlande et des pays scandinaves ; la côte de la Galice en Espagne ; la Vendée, la Bretagne et les côtes de la Manche et de la mer du Nord ; la Crête et les îles de la mer Égée.

Pour l'offshore, on retrouve :

  • les côtes ouest et nord de l'Irlande, toutes celles de l'Écosse, la partie nord de la mer du nord, le golfe du Lion ;
  • secondairement, un ruban allant de la Galice à la Baltique en passant par la Vendée, la Bretagne, l'Irlande et l'Angleterre, la Manche et la Mer du Nord ; la moitié est et sud de la mer Égée.

Selon l'association WindEurope, les éoliennes en mer pourraient assurer entre 15 % et 30 % de la consommation d'électricité en 2050, contre 1,5 % en 2019[4].

Production éolienne en Europe

Parc éolien offshore de Rødsand I et II (Nysted).

L'énergie éolienne a produit 14,5 % de l'électricité consommée en Europe en 2019, contre 14 % en 2018 et 11,6 % en 2017. La puissance des nouvelles éoliennes installées en 2019 s'élève à 15,4 GW, dont 3,6 GW en offshore. Le Royaume-Uni a installé 2,4 GW, l'Espagne 2,3 GW, l'Allemagne 2,2 GW, la Suède 1,6 GW et la France 1,3 GW : en Allemagne, les branchements de nouveaux parcs terrestres (1,1 GW) sont à leur plus bas depuis 2000[5].

La production éolienne de l'Union européenne s'est élevée en 2018 à 379,3 TWh (estimation) contre 362,4 TWh en 2017, soit +4,7 % ; la part de l'éolien en mer atteint 15,1 % avec 57,3 TWh, contre 14 % en 2017. L'Allemagne (111,6 TWh) reste largement en tête devant le Royaume-Uni (55,8 TWh) et l'Espagne (50,8 TWh)[e 1]. La part de l'éolien dans la production d'électricité de l'Union européenne atteint 11,4 % en 2018[e 2].

Elle couvrait 10,4 % de la consommation électrique du continent en 2016 ; le Danemark avait le taux de pénétration le plus élevé : 36,8 %, suivi par l'Irlande : 27 % et le Portugal : 24,7 % ; l'Allemagne était à 16 % et la France à 4,4 %[6].

Production éolienne dans l'Union Européenne (GWh)
Pays 2010 2015 2016 2017 2018* dont
offshore
Part (%)
cons.**
2019
Allemagne37 79379 20678 598105 693111 59019 34126 %
Royaume-Uni10 28640 31737 36750 00455 80225 50322 %
Espagne44 27149 32548 90649 12750 78721 %
France9 94521 24921 40024 71127 9007 %
Italie9 12614 84417 68917 74217 4927 %
Suède3 50216 26815 47917 60916 71663615 %
Pologne1 66410 85812 58814 90915 0009 %
Danemark7 80914 13312 78214 77213 8924 63048 %
Portugal9 18211 60712 47412 24812 65727 %
Pays-Bas3 9947 5508 17010 56910 5493 63012 %
Irlande2 8156 5736 1497 4457 50033 %
Roumanie3067 0636 5907 4077 41011 %
Autriche2 0644 8405 2356 5746 70013 %
Belgique1 2925 5745 4366 5116 4183 31110 %
Finlande2942 3273 0684 7955 8572447 %
Grèce2 7144 6215 1465 5375 80012 %
Bulgarie6811 4521 4251 5041 6003 %
Lituanie2248101 1361 3641 40012 %
Croatie1397961 0141 2041 3348 %
Hongrie5346936847588002 %
Estonie2777155947238009 %
République tchèque3355734975916151 %
Luxembourg551021012352684 %
Chypre312212262112206 %
Lettonie491471281501502 %
Slovaquie666660,02 %
Slovénie066660,04 %
Total UE-28149 388301 876302 894362 404379 27057 29514,4 %
* estimation ; ** Part de la consommation couverte par la production éolienne du pays en 2019
sources : 2010-2016 : AIE[7] ; 2017-2018 : EurObserv'ER[e 1] ; part cons. : Windeurope[8]

La moyenne européenne de 15 % englobe aussi la Turquie (7 %), la Norvège (4 %), la Serbie (0 %), la Suisse (0 %).

Facteur de charge

Le facteur de charge moyen des parcs éoliens européens est de 26 % en 2019 ; celui des éoliennes terrestres est de 24 % et celui des éoliennes en mer de 38 % en moyenne. Les éoliennes les plus modernes ont un facteur de charge plus élevé grâce à leurs pales plus larges et à leur capacité de produire à des vitesses de vent plus faibles : 30-35 % pour les éoliennes terrestres, 35-55 % pour les éoliennes en mer. Le mois de mars a été le plus favorable en 2019, juillet le moins productif[8].

Puissance installée éolienne

Carte de la puissance éolienne installée en Europe fin 2017 ; code couleur : part de l'éolien dans la couverture de la consommation.

En 2019, les nouvelles installations ont atteint 15 369 MW en Europe, en progression de 27 % par rapport à 2018, mais 10 % au-dessous du record de 2017, dont 13 179 MW dans l'Union européenne : 9 552 MW d'éoliennes terrestres et 3 627 MW d'éoliennes en mer ; 178 MW ont été déclassées. La puissance installée éolienne de l'Europe s'élève donc à 204 814 MW fin 2019, dont 192 231 MW dans l'Union européenne[8].

Puissance éolienne installée dans l'Union Européenne (MW)
Pays 2008
[9]
2010
[10]
2012
[11]
2014
[12]
2015
[13]
2016
[14]
2017[e 3] 2018[e 3] 2019[8]
Allemagne23 90327 21431 30839 12844 94249 59255 71958 90861 357
Espagne16 74020 67622 79623 02522 98823 07523 10023 49425 808
Royaume-Uni3 2415 2048 64912 98714 29116 21719 83521 24323 515
France3 4045 6607 6239 31310 32411 76113 55015 10816 646
Italie3 7365 7978 1448 6388 9739 3849 76610 30010 512
Suède1 0212 1633 7455 4256 0296 4956 6117 4078 985
Danemark3 1803 7524 1624 8875 0755 2465 4866 1316 128
Pologne4721 1072 4973 8365 1005 7475 8485 8645 917
Portugal2 8623 8984 5254 9475 0345 3135 3135 3805 437
Pays-Bas2 2252 2372 3912 8653 3914 2574 2024 2924 600
Irlande1 0021 4281 7382 2622 4402 8273 3183 5644 155
Belgique3849111 3751 9592 1692 3832 8063 1913 879
Grèce9851 2081 7491 9792 1362 3702 6242 8443 576
Autriche9951 0111 3782 0862 4042 6492 8873 0453 159
Roumanie104621 9052 9532 9763 0253 0303 0303 029
Finlande1431972886321 0051 5322 0442 0412 284
Bulgarie158375674691691699698698691
Croatiendndnd339428483576576652
Lituanie54154225282438509518521548
Hongrie127295329329329329329329329
Estonie78149269300300310312312320
République tchèque150215260278281282308310337
Chypre082147157168158158158158
Luxembourg42585864117120120120136
Lettonie273160696970777766
Slovénie0,010,030455553
Slovaquie333533443
Malte000000000
Total EU-2864 93584 278106 040129 060142 041154 847169 244178 950192 231

En 2018, 10 051 MW d'éoliennes ont été installés dans l'Union européenne ; 245 MW ont été déclassées ; la puissance installée a donc progressé de 9 706 MW, en recul de 34 % par rapport à la progression nette de 2017 (14 783 MW) ; 7 383 MW ont été installés sur terre et 2 668 MW en mer ; le parc éolien atteint 178 950 MW fin 2018, dont 160 489 MW à terre et 18 461 MW en mer. L'Allemagne reste en tête avec un parc de 58 908 MW, suivie par l'Espagne (23 494 MW), le Royaume-Uni (21 243 MW), la France (15 108 MW hors DOM) et l'Italie (10 300 MW) ; l'Allemagne a installé 3 374 MW, soit 33,6 % des nouvelles installations de 2018, suivie par la France (1 558 MW) et le Royaume-Uni (1 407 MW)[e 3]. La puissance installée mondiale est estimée à 591 GW[e 4] ; l'Europe représente 30 % de ce total.

Selon GWEC,11 677 MW ont été installés en 2018 (Turquie comprise), dont 9 016 MW à terre et 2 661 MW en mer[g 1].

En 2014, l'Europe s'est trouvée reléguée au 2e rang du classement des continents par puissance éolienne installée avec 34,9 % du total mondial, derrière l'Asie qui a pris la tête pour la première fois ; en 2018, la part de l'Europe a reculé à 32,1 % contre 44,1 % pour l'Asie et 22,8 % pour l'Amérique ; les installations de l'année ont représenté 22,8 % du marché mondial contre 52,1 % pour l'Asie et 23,3 % pour l'Amérique[g 1].

En 2014, l'Allemagne à elle seule a installé 6 187 MW, soit près de 50 % du total européen ; elle a mis hors service 391 MW d'éolienne anciennes. Cette forte montée en puissance s'expliquait par la volonté des développeurs d'installer le maximum d'éoliennes avant la mise en place de la réforme de la loi sur les énergies renouvelables, effective au , qui supprime le tarif d'achat garanti pour les installations de plus de 500 kW et généralise le système de vente directe plus prime de marché, optionnel depuis 2012 ; elle limite de plus les installations annuelles terrestres dans une fourchette de 2400 à 2 600 MW et l'offshore à 6 500 MW d'ici 2020[15].

Les pays européens les plus engagés dans l'éolien sont le Danemark, l'Irlande, la Suède, l'Allemagne, le Portugal et l'Espagne :

Puissance éolienne par habitant dans l'Union Européenne (W/hab.)*
Pays 2014 2015[12] 2016[13] 2017[14]
Danemark862886918960
Irlande493537585705
Suède562619662672
Allemagne501554609671
Portugal471490509515
Espagne494496496498
Finlande115184279371
Autriche246281303324
Royaume-Uni194214230289
Belgique175198212251
Pays-Bas169201246250
Grèce180199220236
Estonie230254236236
France**145155175202
Luxembourg106112173196
Chypre171186186196
Lituanie95145176183
Pologne100134152168
Italie143147153161
Roumanie162150153154
Croatie80100110127
Bulgarie95969798
Lettonie33353534
Hongrie33333334
République tchèque27272727
Slovénie2222
Slovaquie1111
Malte0000
Total UE-28258279301330
* estimation ; ** hors DOM

Éolien en mer

Parc éolien offshore « Alpha ventus » en mer du Nord.

Les fermes éoliennes en mer (éolien offshore) prennent une part grandissante dans l'essor de l'éolien : fin 2020, le nombre d'éoliennes en mer connectées au réseau s'élevait à 2 294 au Royaume-Uni, 1 501 en Allemagne, 559 au Danemark, 537 aux Pays-Bas, 399 en Belgique, 80 en Suède, 19 en Finlande et 1 en France[16].

Fin 2019, la puissance installée totale d'éolien en mer en Europe atteignait 22 069 MW ; elle a progressé de 3 627 MW dans l'année, dont 1 764 MW au Royaume-Uni, 1 111 MW en Allemagne, 374 MW au Danemark et 370 MW en Belgique. Cette puissance se répartit en 9 945 MW au Royaume-Uni, 7 445 MW en Allemagne, 1 703 MW au Danemark, 1 556 MW en Belgique, 1 118 MW aux Pays-Bas, 202 MW en Suède, 92 MW en Finlande, 25 MW en Irlande, MW au Portugal et MW en Espagne. Le parc britannique de Hornsea One, mis en service en 2019, est le plus grand du monde avec 1 218 MW[8].

Fin 2018, la puissance installée totale d'éolien en mer en Europe atteignait 18 278 MW, soit 79 % du total mondial[g 1].

Installations annuelles à terre et en mer[17],[e 3]
MW à terre en mer total
20014 377514 428
20025 7431705 913
20035 1862765 462
20045 749905 839
20056 454906 544
20067 097937 190
20078 6323188 950
20088 1093738 482
20099 70457510 279
20109 0308839 913
20118 9208749 794
201210 9371 16612 103
20139 5921 56711 159
201411 12167011 791
20159 7723 02812 800
201610 9711 52012 491
201712 5263 15415 680
20187 3832 6689 706
2019[8]9 5523 62713 179

Industrie européenne de fabrication d'éoliennes

Plusieurs des principaux fabricants mondiaux d'éoliennes sont européens, en particulier le pionnier de cette industrie, le danois Vestas, ainsi que l'allemand Siemens Wind Power. Une vague de concentrations a réduit le nombre de ces fabricants : General Electric a acquis l'activité éolienne d'Alstom en 2014, Areva Wind (dont les usines sont en Allemagne) a fusionné avec l'espagnol Gamesa, qui a ensuite fusionné avec Siemens en 2017, Nordex a fusionné avec l'espagnol Acciona Windpower en 2016, l'allemand Enercon avec le néerlandais Lagerwey en 2018[e 5].

L'année 2015 a été une année faste pour l'industrie, après trois années difficiles : Vestas, numéro un mondial des turbines éoliennes, a annoncé des profits record sur 2015, à 685 millions d’euros (+75 %), pour un chiffre d’affaires de 8,4 milliards (+22 %) ; après avoir fortement réduit ses effectifs entre 2011 et 2013, de 22 000 à 17 000, Vestas a recommencé à recruter, employant 20 000 personnes à la fin de 2015. Un large mouvement de consolidation a touché le secteur : Gamesa a indiqué être en discussions pour une reprise par l’allemand Siemens, qui dispute à Vestas le rang de leader mondial, après avoir fusionné ses activités offshore avec celles d’Areva début 2015 ; General Electric, autre géant des turbines, a repris les activités d’Alstom dans ce domaine en novembre tandis que l’allemand Nordex fusionnait en octobre avec son concurrent espagnol Acciona Windpower[18].

Politique énergétique

Petite ferme éolienne offshore britannique (Burbo Bank), dans la lumière d'un coucher de soleil automnal.

Objectifs

Le développement des énergies renouvelables est un des éléments importants de la politique énergétique de l’Union Européenne. Le livre blanc de 1997 fixe l’objectif de 12 % d’énergie renouvelable commercialisée pour l’Union en 2010. Par la suite, la directive électricité renouvelable (2001) fixait l’objectif indicatif de 21 % d’électricité renouvelable dans la consommation brute de l'Union en 2020.

Le Paquet climat-énergie adopté en fixait l'objectif « 20-20-20 » ou « 3x20 » visant à :

La directive « Énergies renouvelables » 2009/28/CE[19], une des composantes principales du Paquet climat-énergie, fixe les objectifs de chaque pays concernant la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie finale en 2020.

Eurostat publie les statistiques de suivi de ces objectifs : en 2013, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d'énergie de l'Union européenne atteignait 15,0 % (contre 8,3 % en 2004) et était donc en ligne avec la trajectoire prévue pour parvenir à 20 % en 2020[20].

Le Conseil des ministres de l'Union européenne a adopté le un accord qui engage leurs pays à porter la part des énergies renouvelables à 27 % en 2030[21].

Subventions aux éoliennes

Éoliennes en Camargue, à proximité du Grand-Rhône.

En Europe, le système de soutien le plus utilisé pour compenser le manque de compétitivité de l'éolien, à la suite de la mise en place de la Directive 2001/77/EC, est celui des tarifs d'achat réglementés (en anglais : feed-in tariff, c'est-à-dire tarif d'injection [au réseau]) : les fournisseurs d'électricité ont l'obligation légale d'acheter toute la production des installations de production d'électricité à partir d'énergie renouvelable, pendant 10 à 20 ans, à des tarifs fixés par l'administration ; le surcoût de ces tarifs par rapport aux prix du marché de gros est remboursé aux fournisseurs au moyen d'une surtaxe sur les factures d'électricité des consommateurs :

  • en France, le tarif d'achat réglementé a été fixé pour l'éolien par l'arrêté du à 8,2 c€/kWh (indexé ensuite selon une formule qui l'amenait en 2012 à 8,74 c€/kWh)[22] ; le surcoût par rapport au prix du marché (moyenne prévue en 2015 : 42,6 /MWh), calculé à 3 156 M€ en 2013 par la CRE qui l'évalue à 3 722,5 M€ M€ pour 2013 et 4 041,4 M€ M€ pour 2015, est répercuté sur les consommateurs d'électricité par le biais de la CSPE, fixée à 13,5 /MWh en 2013, 16,5 /MWh en 2014 et 19,5 /MWh en 2015 ; la compensation du surcoût des EnR représente 63,7 % de la CSPE, dont 15,3 % pour l'éolien[23] ;
  • en Allemagne, le tarif d'achat réglementé était en 2012 de 8,8 c€/kWh pour les éoliennes terrestres et 15,6 c€/kWh pour l'offshore ; il est répercuté sur les consommateurs d'électricité par le biais de l'équivalent de la CSPE, appelé EEG-Umlage qui atteignait 5,277 c€/kWh en 2013 (+0,25 c€/kWh de taxe pour l'offshore) sur un prix moyen de l'électricité pour un ménage-type allemand de 28,5 c€/kWh[24] ;
  • un autre dispositif fréquemment utilisé est celui des appels d'offres : en France, il a pour finalité de soutenir les filières en retard de développement et est utilisé surtout pour les grandes installations (parcs éoliens en mer, grandes centrales solaires, centrales à biomasse, etc.) ; la Cour des Comptes relève que certains appels d'offres n'ont pas atteint leurs objectifs (cahier des charges insuffisamment respecté par les projets, tarifs proposés trop élevés, nombre insuffisant de projets candidats, etc) : celui de 2004 lancé pour installer 500 MW d’éolien terrestre n’a retenu que 287 MW, soit 56 % de l'objectif ; celui de 2010 n'a retenu que 66 MW pour un objectif de 95 MW. Pire : de nombreux appels d’offres n’ont pas permis de limiter les prix proposés par les porteurs de projet, soit par manque de concurrence, soit du fait de difficultés techniques ayant incité les candidats à prendre des marges de risque importantes, en particulier celui qui a été lancé en 2011 pour des parcs éoliens en mer : le prix de référence fixé dans l'appel d'offres n'a pas été respecté pour trois des quatre sites concernés[25].

En réaction au poids croissant des subventions aux énergies renouvelables, la Commission européenne préconise des réformes pour améliorer l'efficacité des systèmes de soutien en accroissant leur sélectivité et en cherchant à insérer progressivement les EnR dans les mécanismes de marché[26] :

  • mécanisme de « prix de marché plus prime ex-post » (Feed-in-Premium ex-post, ou contrat pour différence) : un niveau de référence (target price) est défini par le régulateur ; le producteur vend l’électricité produite au prix de marché de gros, directement ou via un « intégrateur », notamment pour les acteurs sans accès direct au marché (petits producteurs) ; le producteur perçoit un complément de rémunération (« prime ») dans le cas où la différence entre le niveau de référence et le prix de marché est positive ; sinon le producteur doit verser le surplus perçu ;
  • lancement d'appels d'offres technologiquement neutres (mise en concurrence de l’ensemble des technologies).

Selon les syndicats professionnels (SER et CLER), les appels d'offres technologiquement neutres empêcheraient le développement de filières industrielles nouvelles ; pour eux, les appels d'offres devraient être réservés aux gros projets, de même que la mise en œuvre des contrats pour différence ; ils souhaitent que les petites installations continuent à bénéficier de l'obligation d'achat à tarif réglementé[27],[28].

Les coûts des parcs éoliens offshore ont chuté dans les pays ayant déjà installé plusieurs gigawatts, grâce à l'augmentation de la taille des éoliennes, aux conditions de vent très favorables de la mer du Nord, et au regroupement de plusieurs parcs sur une même zone, qui permet des économies sur la construction, le raccordement et la maintenance. De plus, les coûts de raccordement (10 à 20 €/MWh) ont été mis à la charge des opérateurs de réseaux en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas. Ceci a permis d'abaisser les coûts à 50 à 80 €/MWh. En 2017, le parc éolien danois de Kriegers Flak (600 MW) a obtenu un prix de 49,9 €/MWh et le parc néerlandais Borssele III - IV (680 MW) un prix de 54,5 €/MWh. Plusieurs appels d'offres en Allemagne et aux Pays-Bas ont même attribué des projets sans subventions à des investisseurs qui se rémunéreront uniquement en vendant leur production au prix du marché : Hollandse Kust Zuid (700 MW, Pays-Bas, mise en service prévue e 2022) et en Allemagne : OWP West (240 MW), Borkum Riffgrund West 1 (420 MW), Borkum Riffgrund West 2 (240 MW), EnBW He Dreiht (900 MW) programmés pour 2024 et 2025[e 6].

Notes et références

Notes

    Références

    1. p. 6.
    2. p. 7.
    3. p. 4-5.
    4. p. 3.
    5. p. 11.
    6. p. 8.
    1. p. 29.
    • Autres références
    1. (en)European wind resources at 50 metres a.g.l, DTU Wind Energy
    2. (en)European Wind Atlas, map only, 300 dpi, jpg, DTU Wind Energy
    3. (en)European wind resources, DTU Wind Energy
    4. Les éoliennes en mer pourraient fournir 30 % de l'électricité européenne en 2050, Les Échos, 3 décembre 2019.
    5. L'éolien a fourni 15 % de l'électricité consommée en Europe en 2019, Les Échos, 17 février 2020.
    6. Le Monde.fr avec AFP, « En 2016, l’éolien a dépassé les capacités installées de centrales à charbon en Europe », sur Le Monde.fr, (consulté le ).
    7. (en)European Union - 28 : Electricity and Heat for 2016, Agence internationale de l’énergie, 21 septembre 2018.
    8. (en) Wind energy in Europe in 2019 (page 10), Windeurope, février 2020.
    9. [PDF] European Wind Map - 2008, sur le site ewea.org
    10. [PDF] (en) Wind in power 2010 European statistics, sur le site ewea.org
    11. [PDF] (en) Wind in power 2012 European statistics, sur le site ewea.org
    12. [PDF] EurObserv'ER Baromètre éolien 2015 (pages 6 et 7), février 2016.
    13. [PDF] EurObserv'ER Baromètre éolien 2017 (pages 6 et 7), février 2017.
    14. [PDF] Baromètre éolien 2018, EurObserv'ER, février 2018, p. 7-8 et 13.
    15. [PDF] EurObserv'ER Baromètre éolien 2014 (pages 3 et 4), février 2015.
    16. Éolien en mer : la France tente un nouveau départ, Les Échos, 26 avril 2021.
    17. (en)Wind in power - 2013 European statistics, site EWEA consulté le 14 mars 2014.
    18. L’électricité éolienne commence à s’imposer en Europe, Les Échos, 9 février 2016.
    19. Directive 2009/28/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 avril 2009, base Eur-lex.
    20. Part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d'énergie, site Eurostat consulté le 13 mars 2015.
    21. Climat : accord européen sur une baisse de 40 % des gaz à effet de serre, Les Échos, 24 octobre 2014
    22. [PDF] Charges de service public de l’électricité constatées au titre de 2012, sur le site de la CRE.
    23. Délibération de la CRE du 15 octobre 2014 portant proposition relative aux charges de service public de l’électricité et à la contribution unitaire pour 2015, site CRE consulté le 4 janvier 2015.
    24. (de) BDEW, « Erneuerbare Energien und das EEG: Zahlen, Fakten, Grafiken (2013) » [PDF], BDEW, (consulté le ), p. 41
    25. [PDF] Cour des comptes Rapport sur la politique de développement des énergies renouvelables, juillet 2013 (voir pages 51-52).
    26. Énergies vertes : Bruxelles choisit de ménager l'industrie, site du journal Les Échos consulté le 9 avril 2014.
    27. Réponse du SER à la consultation sur l'évolution des mécanismes de soutien, site du SER consulté le 11 mai 2014.
    28. Pour un système de soutien à l'électricité renouvelable juste et efficace, site du CLER consulté le 11 mai 2014.

    Voir aussi

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