Émile Boutmy

Émile Boutmy, né le à Paris où il est mort le , est un écrivain et politologue français.

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Associé à la constitution de la science politique, il est le fondateur de l'École libre des sciences politiques, future Institut d'études politiques de Paris, plus connue sous le nom de Sciences Po.

Biographie

Il est le fils de Louis Boutmy, d'une famille originaire de Flandre et Allemagne, et d'une fille d’un planteur des Caraïbes[1]. Son père et son parrain, Émile de Girardin, sont cofondateurs du journal la Presse[2]. Après de brillantes études au lycée Bonaparte, Émile Boutmy étudie le droit et soutient un doctorat. Il donne ses premiers articles au journal la Presse, puis il suit son parrain Émile de Girardin à la Liberté. Il enseigne ensuite le droit public, puis son goût prononcé pour l’esthétique le porta à concourir, avec Émile Trélat, à la fondation de l’École spéciale d'architecture, où il enseigna, de à , l’histoire des civilisations et l’histoire comparée de l’architecture, cours ensuite résumés dans trois ouvrages[3],[4].

Frappé par l'ignorance des questions politiques de l'opinion pendant la guerre franco-prussienne et la Commune, croyant qu’il serait utile d’organiser un centre d’études où se formerait une élite intellectuelle capable de prendre fermement en main la direction de la France, il donne une direction toute nouvelle à ses préoccupations et à son activité en fondant, avec René Stourm en , l'École libre des sciences politiques (Sciences Po) en s'entourant d'un groupe d'universitaires et d'industriels tels qu’Hippolyte Taine, Ernest Renan, Albert Sorel et Paul Leroy-Beaulieu. Il y assure de à l'enseignement d'histoire constitutionnelle de l'Angleterre, de la France et des États-Unis et est directeur de l'établissement jusqu'à sa mort, en .

Au cours d'une polémique à la fin des années 1880, il défend l'autonomie des sciences politiques, qu'il considère « en grande majorité expérimentales et inductives », alors que le jurisconsulte Claude Bufnoir insistait sur leur parenté avec le droit public, et se consacre lui-même désormais à la publication d’ouvrages sur l’histoire constitutionnelle.

Élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques, en , il était aussi membre du cercle Saint-Simon et docteur honoris causa de l'université d'Oxford. Le principal amphithéâtre de l'Institut d'études politiques de Paris, inauguré en , porte son nom.

Œuvres

  • Philosophie de l'architecture en Grèce, Paris, Éd. Germer Baillière, coll. « Bibliothèque de philosophie contemporaine », 1870.
  • Quelques idées sur la création d'une faculté libre d'enseignement supérieur : lettres et programme, (en collaboration avec Ernest Vinet), Paris, A. Lainé, 1871.
  • Projet d'une faculté libre des sciences politiques : programme des cours, (en collaboration avec Ernest Vinet), Paris, A. Lainé, 1871.
  • L'École libre des sciences politiques : extrait du rapport présenté à l'Assemblée générale du , Paris, Chamerot, 1879.
  • Le Développement de la constitution et de la société politique en Angleterre, Paris, Plon/Chevalier Maresq, 1887.
  • Études de droit constitutionnel : France, Angleterre, États-Unis, Paris, Plon, 1888.
  • Le Recrutement des administrateurs coloniaux, Paris, A. Colin, 1895.
  • Le Parthénon et le génie grec, Paris, A. Colin, 1897.
  • Les Conditions démographiques de la nationalité aux États-Unis, S.l., s.n., 1899.
  • La Notion de l'État aux États-Unis, S.l., s.n., 1899.
  • Essai d'une psychologie politique du peuple anglais au XIXe siècle, Paris, A. Colin, 1901.
  • Taine, Scherer, Laboulaye, Paris, A. Colin, 1901.
  • Éléments d'une psychologie politique du peuple américain : la nation, la patrie, l'État, la religion, Paris, A. Colin, 1902.
  • À propos de la souveraineté du peuple, Paris, A. Picard, 1904.
  • Études politiques, Paris, Armand Colin, 1907.

Iconographie

Une médaille à l'effigie d'Émile Boutmy a été exécutée par le graveur Oscar Roty en 1896. Un exemplaire est conservé au musée Carnavalet (ND 0584)au musée d'Orsay[5] ainsi que dans le « petit hall » de SciencesPo.


Émile magazine

Le magazine édité par l'association des élèves et anciens élèves de Sciences Po est rebaptisé, en , Émile Boutmy - le magazine des Sciences Po, en hommage au fondateur de l’école. Cette revue trimestrielle, qui s'appelait auparavant Alumni Sciences Po Magazine aborde les sujets d’actualité à travers l’œil, notamment, des professeurs et diplômés de Sciences Po. Diffusé à près de 15 000 exemplaires, le magazine existe également en ligne depuis 2016. Émile est un site d’actualité et d’analyse alimenté par l’équipe de l'association des anciens élèves de Sciences Po et par de nombreux contributeurs extérieurs – chercheurs, journalistes, sondeurs, écrivains[6]

Notes et références

  1. Richard Descoings, La fondation de l'École libre des sciences politiques, Paris, Presses de Sciences Po, (lire en ligne), p. 27-56
  2. Adrien de Tricornot, « Sciences Po, le renouvellement des élites », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  3. Introduction au cours d’histoire comparée de l’architecture (Paris, 1869, in-8°) ; Philosophie de l’architecture de la Grèce (Paris, 1870, in-8°) ; Le Parthénon et le Génie grec (Paris, 1871, in-12), dont une nouvelle édition a paru en 1896 (Paris, in-12).
  4. « 1835 - 1906 : Émile Boutmy », sur www.sciencespo.fr (consulté le )
  5. Plaquette Émile Gaston Boutmy
  6. « l'Association des Sciences-Po - Émile Magazine », sur www.sciences-po.asso.fr (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

Article connexe

Liens externes

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