Église catholique d'Allemagne face au nazisme

L'Église catholique d'Allemagne et le nazisme traite des relations entre l'Église catholique allemande  notamment le clergé  et le pouvoir nazi depuis la période qui précède l'arrivée au pouvoir du Parti national-socialiste des travailleurs allemands en janvier 1933 jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en mai 1945.

Sous la république de Weimar

Jusqu'en 1930, la hiérarchie épiscopale s'exprime peu sur le mouvement nazi en expansion. Peu à peu, la contagion des esprits par le néopaganisme nazi et les succès électoraux du NSDAP à partir de 1930 font apparaître l'urgence du danger aux yeux des catholiques.

Les évêques, par la voix de la Conférence épiscopale de Fulda, sont alors amenés à prendre officiellement position en déclarant qu'on ne peut être à la fois catholique et nazi (1931).

L'illusion national-socialiste

Arrivé au pouvoir en , Hitler signe dès le un concordat définissant les relations de l'état allemand avec l'Église catholique ce que l'ancien nonce apostolique à Berlin et futur Pie XII n'avait pu obtenir de la part de la République de Weimar, entraînant l'illusion chez beaucoup de catholiques d'un respect des nazis pour les institutions catholiques.

Dès lors, l'attitude de l'Église catholique sera un mélange d'accommodement, de tentatives d'intégration à l'intérieur du système nazi d'une part (levée de l'interdiction faite en 1931 aux catholiques d'appartenir au parti nazi en 1934), et de résistances aux empiètements du pouvoir qui violaient le concordat, d'autre part.

En effet, pour le chancelier Hitler, le concordat doit être un moyen de neutraliser l'Église catholique.

La condamnation

Le concordat, signé « en dépit de nombreuses et graves considérations » afin d'« épargner à Nos fidèles fils et filles d'Allemagne, dans la mesure des possibilités humaines, les angoisses et les souffrances que dans l'autre hypothèse les circonstances du temps faisaient prévoir avec pleine certitude » et afin de ne pas refuser de « tendre la main pacifique et maternelle de l'Église à quiconque ne la repousse pas » (introduction de l'encyclique Mit brennender Sorge condamnant l'attitude du gouvernement nazi et son idéologie), devient vite une pomme de discorde entre le Troisième Reich, le Vatican et la hiérarchie ecclésiastique allemande.

En moins de quatre ans, les évêques allemands enverront 55 protestations au chancelier (devenu président en 1935).

L'incompatibilité de la doctrine nazie avec celle de l'Église est au cœur de l'encyclique Mit brennender Sorge rédigée pour le pape Pie XI en 1937 par Eugenio Pacelli, futur Pie XII et ancien nonce en Bavière. Il s'agit du premier texte condamnant officiellement l'idéologie nationale-socialiste écrit par un chef religieux.

Écrite en allemand (et non en latin comme le veut l'usage), introduite clandestinement en Allemagne, elle est lue en chaire par tous les curés d'Allemagne le à l'occasion du Dimanche des Rameaux.

À la suite de sa lecture publique dans les églises, 1 100 prêtres sont arrêtés.

Face aux persécutions puis à la déportation et à l'extermination des Juifs, l'Église d'Allemagne intervient en faveur des Juifs convertis au christianisme ou mariés à des catholiques, mais reste pratiquement silencieuse publiquement concernant les Juifs non catholiques.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les catholiques allemands se montrent de bons patriotes.

Finalement, ce n'est qu'au sujet de l'eugénisme que l'Église catholique d'Allemagne parvient à faire reculer le pouvoir nazi. En tout, on dénombrera trois à quatre fois plus de prêtres catholiques envoyés en camp de concentration que de pasteurs protestants, alors que ces derniers étaient à l'époque trois fois plus nombreux que les prêtres[1].

Les catholiques dans l'Allemagne de 1930

Dans le courant des années 1870, un conflit, le Kulturkampf, avait opposé les catholiques au chancelier Otto von Bismarck qui présentait les catholiques comme un corps étranger à la nation allemande. À partir de 1880, le conflit s'était apaisé, mais les catholiques allemands, minoritaires dans un pays à majorité protestante, en ont gardé une sorte de complexe d'infériorité qui les pousse à prouver sans cesse qu'ils sont de bons et loyaux patriotes allemands.

Dans l'Allemagne de l'après-guerre, vaincue et humiliée, les catholiques et en particulier les mouvements de jeunesse participent à la montée du nationalisme et se plaisent à rêver d'un Empire allemand (Reich) dans lequel les principes chrétiens occuperaient une place importante[2].

Les catholiques sont 20 millions, concentrés en Bavière et en Rhénanie, minoritaires vis-à-vis des 40 millions de protestants. C'est une minorité que l'on peut qualifier d'active et de vigoureuse si l'on prend en compte ses 20 000 prêtres et ses 100 000 religieux (qui se comparent aux 16 000 pasteurs protestants), ainsi que ses organisations de masse comme la Ligue populaire des catholiques allemands (Volksverein für das Katholische Deutschland) qui regroupe 500 000 membres et 4 500 associations affiliées, ou encore ses mouvements de jeunesse (Jugend Deutschland) qui comptent 1 500 000 adhérents en 1933.

À cela, il faut ajouter une presse, des écoles confessionnelles, et un parti, le Zentrum, qui recueillait plus de 80 % des suffrages catholiques au moment du Kulturkampf, mais qui, sous la République de Weimar n'en recueille plus que 60 %. Cependant, une disposition héritée du Kulturkampf interdit aux ecclésiastiques, sous peine d'un emprisonnement pouvant aller jusqu'à deux ans, de prendre des positions politiques dans le cadre de leurs fonctions (donc notamment lors des sermons) : c'est le Kanzelparagraph, en vigueur depuis 1871.

Les catholiques allemands et la montée du nazisme

Au début des années 1920, les évêques allemands sont majoritairement conservateurs et monarchistes. En 1922, lors de l'ouverture d'un Congrès national de catholiques, le cardinal von Faulhaber, archevêque de Munich qualifie la révolution de novembre 1918 qui avait renversé la monarchie d'« acte de haute trahison ».

Tout au long des années 1920, une minorité de catholiques fait corps avec le parti national-socialiste (NSDAP) naissant. Ils sont attirés par l'anticommunisme, l'antilibéralisme, l'antiparlementarisme et l'antipacifisme du nouveau parti.

Aux prêtres engagés dans l'aventure hitlérienne, la hiérarchie conseille de se montrer prudents[3]. La hiérarchie épiscopale s'exprime peu sur le mouvement nazi en expansion. L'article 24 du programme du NSDAP demande « la liberté pour toutes les religions constituées dans la mesure où elles ne représentent pas un danger pour l'État… le Parti soutient le christianisme positif… » .

Interrogé par les journalistes catalans Eugenio Xammar et Josep Pla dans la journée du précédant le Putsch de la Brasserie, Adolf Hitler fait grief à Gustav von Kahr d'être trop timide dans le domaine des mesures anti-juives et attribue cette attitude au catholicisme de von Kahr, à la position du Vatican et à la « conspiration catholico-juive »[4].

En 1930, dans Le Mythe du vingtième siècle, le théoricien nazi Alfred Rosenberg explique ce qu'il faut entendre par Christianisme positif: Il s'agit de créer une Église allemande, ancrée dans les forces issues du sang, de la race et du sol, fondée sur un Nouveau Testament expurgé de superstitions, et libérée de l’Ancien Testament. Les écrits et les discours d'Adolf Hitler lui-même se montrent modérés vis-à-vis du catholicisme, entretenant ainsi aux yeux des catholiques une vision du « bon führer » entouré de mauvais conseillers.

Aux élections de 1930, le NSDAP obtient, avec 18,5 % des voix, son premier succès électoral important. Le succès des nazis est plus faible dans les régions à majorité catholique. Il n'empêche, le parti nazi apparaît maintenant aux yeux des catholiques comme un rival du zentrum et les évêques sont amenés à prendre position contre le nazisme.

La conférence épiscopale de Fulda

En , Ludwig Maria Hugo, évêque de Mayence, apporte son soutien à l'un de ses prêtres qui avait expliqué à ses paroissiens qu'il était interdit d'appartenir au Parti nazi, mais le même mois, Schreiber, évêque de Berlin soutient la proposition inverse.

Le , une déclaration signée des six évêques de la province de Cologne assimile les erreurs du national-socialisme à celles de l'Action française (voir aussi Antijudaïsme dans la période contemporaine). Les évêques de Cologne ne soulèvent pas la question des conséquences pour un catholique d'adhérer au NSDAP[3]. Toujours en , les trois évêques de la province de Paderborn déclarent inadmissible pour un catholique l'adhésion au parti nazi et les évêques de Haute-Rhénanie adoptent une position similaire.

Les évêques allemands avaient l'habitude de se réunir régulièrement dans la petite ville de Fulda. La conférence de Fulda d'août 1931 n'adopte pas un amendement qui propose d'étendre au parti nazi une directive de 1921 qui interdisait au catholique l'adhésion à des organisations qui poursuivaient des objectifs hostiles au christianisme : socialisme, franc-maçonnerie ou tout autre mouvement[3]. La conférence de Fulda d'août 1931 adopte le texte suivant qui prend position contre le nazisme[3]:

« La lutte contre l'extrémisme, c'est-à-dire aussi bien contre l'extrémisme nationaliste que contre le socialisme et le communisme, doit être menée avec les données de la foi… » [5]

Les contre-propositions catholiques

Parallèlement à la prise de position des évêques, les représentants de toutes les grandes organisations catholiques se réunissent sous les auspices du VKD pour discuter des moyens d'endiguer la marée brune[6].

Les résultats des délibérations, publiés en 1931 reflètent une sorte de surenchère au nationalisme : Le souhait est émis de créer un vaste mouvement populaire qui appuierait la campagne menée pour libérer le pays des chaînes du traité de Versailles, qui placerait les valeurs éducatives et nationales au centre des activités éducatives, qui accorderait plus d'attention aux minorités allemandes d'Europe centrale. Il est également noté que le peuple allemand doit se libérer de son assouvissement « à la ploutocratie et au capitalisme financier ». Guenter Lewy note : « Il semble que ces dirigeants catholiques n'aient pas songé un seul instant qu'ils essayaient d'exorciser le démon avec l'aide de Belzébuth » [7]

Le monde catholique allemand n'est pas uniforme, et il a existé en son sein des critiques totales du nazisme, mais la majorité des polémistes catholiques dirigent leurs coups contre le communisme. La plupart des critiques catholiques voient dans le nazisme un fond sain, celui du nationalisme et de l'antibolchevisme, perverti par des éléments antichrétiens. Ils regrettent qu'il ait pris le caractère d'une philosophie de la vie, d'une Weltanschauung au lieu de rester un mouvement patriotique. La menace contre la démocratie n'inquiète pas vraiment les prélats catholiques qui sont souvent restés hostiles à la République de Weimar. L'opposition du parti nazi aux écoles confessionnelles inquiète davantage l'Église que la menace dictatoriale.

La montée des périls

En dehors des prises de position plus ou moins philosophiques, la participation des SA en uniforme est un motif de conflit entre l'Église catholique et les nazis.

Les évêques bavarois, réunis à Freising le , interdisent aux prêtres de prendre part au mouvement nazi, interdisent la présence de formations national-socialistes en uniforme dans les offices et mettent en garde les fidèles contre le national-socialisme « aussi longtemps qu'il adhérera […] à un programme religieux et culturel incompatible avec la doctrine catholique »[3].

La prise du pouvoir par Hitler

Entre 1928 et 1931, le Parti du centre catholique qui est la charnière des majorités parlementaires de la République de Weimar bascule du côté de son aile droite[8]. Ludwig Kaas, un ecclésiastique, est élu à la tête du parti. Avec son aide, Heinrich Brüning devient chef du groupe parlementaire et sa nomination comme chancelier en 1930 signifie la dislocation de la grande coalition qui en réunissant avec le Parti du Centre les sociaux-démocrates et le parti du Peuple qui avait formé l'ossature de la République de Weimar. Brüning qui déclare être responsable devant la Nation davantage que devant le Parlement gouverne souvent par décret et conformément à la stratégie catholique, mène une politique étrangère nationaliste pour ne pas laisser ce terrain aux seuls nazis. Aux élections de , ces derniers obtiennent 37,4 % des voix. Le Parti du Centre et son allié bavarois en obtiennent 15 %, soit 13 millions de voix, ce qui n'est pas un mauvais score, mais on estime que 2 millions de catholiques ont quand même voté pour les nazis[8]. La conférence des évêques de Fulda confirme quand même qu'il est « inexcusable que beaucoup de catholiques rejoignent le parti national-socialiste ».

En rouge la cartographie du catholicisme en Allemagne, en brun-orange la cartographie du vote nazi : http://www.glaube-und-kirche.de/reichtagswahl_1932%20verteilung_katholiken_w%C3%A4hler_nsdap.jpg

Le , le président Hindenburg renvoie Brüning et le remplace par Franz von Papen, un catholique intrigant, membre du parti du Centre et immédiatement exclu du parti, mais des négociations se poursuivent entre Hitler et Brüning en vue de former un gouvernement d'union nationale. Ces contacts aboutissent dans un premier temps à l'élection du nazi Hermann Göring à la présidence du Reichstag.

Ces négociations sèment la consternation parmi beaucoup de catholiques, notamment les membres du clergé qui voient de plus en plus de nazis assister ostensiblement, en uniforme, aux offices catholiques.

Le , appelé par Hindenburg et soutenu par Von Papen, Hitler devient le dernier chancelier de la République de Weimar. En quelques mois tous les éléments de la vie démocratique allemande sont démontés. Le processus par lequel le nazisme s'attache à éradiquer toutes les formes d'expression indépendantes de la société s'appelle la Gleichschaltung. Les diverses institutions catholiques seront naturellement concernées. Aux élections de , le NSDAP, avec 44 % des voix n'a pas encore la majorité absolue. Pour s'opposer à Hitler, une alliance entre tous les autres partis, incluant, entre autres, le Centre et les communistes du KPD est, à cette époque, complètement inenvisageable. Le , les députés du Centre votent les pleins pouvoirs à Hitler.

Un courant dans le nazisme représenté par exemple par Alfred Rosenberg, nourrit des projets de fonder un « christianisme allemand », projets qui sont condamnés en 1937 dans le chapitre Vraie Foi en Dieu de l'encyclique mit brennender Sorge

" Prenez garde, Vénérables Frères, qu'avant toute autre chose la foi en Dieu, premier et irremplaçable fondement de toute religion, soit conservée en Allemagne, pure et sans falsification. Ne croit pas en Dieu celui qui se contente de faire usage du mot Dieu dans ses discours, mais celui-là seulement qui à ce mot sacré unit le vrai et digne concept de la Divinité. Quiconque identifie, dans une confusion panthéistique, Dieu et l'univers, abaissant Dieu aux dimensions du monde ou élevant le monde à celles de Dieu, n'est pas de ceux qui croient en Dieu" écrit le pape condamnant ainsi l'idée d'un dieu « national » avant de brocarder « une prétendue conception des anciens Germains »[9].

Personnellement, Hitler se moque du christianisme plus encore que Rosenberg[10]. Il préférera encourager l'établissement d'une mythologie encore assez vague de la « germanité ». « J'ai toujours dit à Rosenberg qu'on ne s'attaque ni aux soutanes, ni aux jupons » déclare Hitler au financier Schacht[11].

Le concordat du 20 juillet 1933

Le pape Pie XI mène une politique très active de négociation et de signature de concordats ; dix-huit seront signés au cours de son pontificat. Il en négocie avec tous types de régimes : autoritaires, démocratiques, socialistes (comme l'URSS) ou fascistes (comme l'Italie), en parvenant souvent à un accord[12]. Par cette politique, il cherche à protéger les catholiques et préserver les institutions de l'Église et de la famille chrétienne, dans deux domaines en particulier : l'éducation et le mariage.

La recherche d'un concordat avec l'Allemagne s'inscrit dans la continuité de concordats signés avec plusieurs länder : la Bavière (), la Prusse () et le pays de Bade (), tous dans des conditions globalement favorables à l'Église catholique. Le nonce apostolique en Allemagne, Pacelli, acteur des concordats précédents, avait engagé des négociations avec la République de Weimar dès le début des années 1920 pour obtenir un accord au niveau fédéral, mais les différents projets n'ont jamais pu faire l'objet d'un consensus parmi les partis non catholiques du Reichstag.

L'arrivée du Parti nazi au pouvoir en janvier 1933 change la donne. Aux côtés d'Hitler, Franz von Papen est nommé vice-chancelier. Pie XI relance les négociations au mois de mars, pour un accord au niveau fédéral. Il s'appuie sur Pacelli, devenu secrétaire d'État du Vatican, Gröber, archevêque de Fribourg, et Kaas, président du Zentrum. Les négociations se déroulent très rapidement. Le 20 juillet, la convention est signée. Von Papen y voit une grande victoire contre le bolchévisme ; Pie XI un accord « inattendu et inespéré » évitant un nouveau Kulturkampf.

Si le Zentrum disparaît, l'Église catholique romaine est reconnue pour la première fois dans l'ensemble du Reich ; les associations, les œuvres de jeunesse, l'école confessionnelle se voient accorder des garanties ; les biens confisqués sont restitués.

Autour du concordat s'articule ce que Guenter Lewy a appelé la « grande réconciliation » des catholiques et des nazis[13]. Après une période qui avait vu l'Église se positionner contre le NSDAP, par exemple, en interdisant l'adhésion à ses fidèles, les années 1933-1934 est celle de la levée des interdits. En , juste avant la signature officielle du concordat, une nouvelle conférence épiscopale se tient à Fulda et aboutit à une lettre pastorale signée de trois cardinaux Bertram, Faulhaber, Schulte d'un archevêque Gröber et de deux évêques, Ehrenfried et Preysing.

Cette lettre situe la gravité du contexte, de vieilles institutions qui disparaissent et un nouvel État qui prend forme, rappelle l'amour que les catholiques allemands ont toujours porté à leur patrie, font une analyse plutôt positive du nouveau régime :

« Notre Sainte Église catholique attache une valeur et une signification particulière au principe d'autorité... nous autres catholiques, nous n'éprouvons aucune difficulté à rendre hommage à la manière nouvelle et vigoureuse dont on insiste sur le principe d'autorité dans l'État allemand ».

La lettre émet bien une petite réserve en forme de souhait que l'État, prenant exemple sur l'Église « ne limiterait la liberté humaine que dans la mesure où l'exigerait le bien commun », mais finalement, les évêques se réjouissent des efforts des nouvelles autorités pour libérer le peuple allemand :

« Après des années de servitude... la nation allemande doit de nouveau avoir, dans la famille des nations la liberté et la place d'honneur qui lui sont dues, à cause de son importance numérique, de ces capacités et de ses réalisations culturelles... »[14].

Ainsi, les évêques catholiques, pris en corps constitué, ne réagissent pas à l'instauration d'un régime à parti unique, ils parlent d'un renouveau moral au moment où se déchaîne la terreur brune[15]. À cette époque, il est vrai, les églises protestantes, la plupart des intellectuels, et bien des gens à l'étranger ne montrent pas plus de flair politique[16].

C'est cet aveuglement (parallèle à de nombreuses résistances, il est vrai) que dénonce le pape en 1937 lorsqu'il écrit :

« Mais la franchise qui convient à Notre charge apostolique, si pleine de responsabilités, et la décision de mettre sous vos yeux et sous les yeux de tout l'univers chrétien la réalité dans toute sa gravité Nous obligent d'ajouter : « Il n'est pas de plus grand chagrin, ni de douleur plus amère à Notre cœur de Pasteur, que d'apprendre que beaucoup abandonnent le chemin de la vérité. » » (encyclique Mit brennender Sorge).

Les premières années du pouvoir nazi (1933-1938)

Dans les années 1933-1938, l'établissement de l'état totalitaire nazi va nécessairement aller à l'encontre de l'indépendance des Églises et des dispositions prévues par le concordat. Face à cette situation, l'attitude de l'Église catholique sera un mélange d'accommodement, de tentatives d'intégration à l'intérieur du système nazi, d'une part, et de résistances aux empiètements du pouvoir qui violaient le concordat, d'autre part.

Les motifs de conflits apparaissent dès l'année 1933 où la terreur à laquelle sont soumis tous les ennemis des nazis et opposants potentiels n'épargnent pas les prêtres, nombreux à être arrêtés. À Munich, pour stopper l'arrestation de prêtres, le délégué spécial SA exige à la fois la réhabilitation d'un prêtre suspendu pour avoir publié un article pro-nazi et la destitution du Dr Emil Mulher, antinazi qui est à la tête de l'action catholique. Le cardinal Faulhaber cède sur les deux points[17]. Mulher sera finalement arrêté le pour avoir répandu des récits sur les atrocités commises dans les nouveaux camps de concentration de Dachau.

Le , une vague d'arrestations déferle sur la Bavière, 1 900 personnes sont arrêtées parmi lesquelles beaucoup de notabilités catholiques. Ce n'est qu'après que le Parti du Peuple, parti catholique bavarois, proclame sa dissolution, le que les prisonniers sont relâchés.

La signature du concordat et sa ratification le marque une détente dans les relations entre l'Église et le nouveau pouvoir, mais le démantèlement d'une grande partie des organisations catholiques va créer une situation de contentieux permanents. Les Jeunesses hitlériennes (JH) créées en 1933 ont vocation à accueillir tous les jeunes Allemands. Leur chef Baldur von Schirach avait interdit la double appartenance aux JH et aux Jeunesses catholiques. Des négociations se déroulent jusqu'au mois de pour parvenir à un accord sur l'application de l'article 31 du concordat : toutes les associations sportives et ouvrières gravitant autour de l'Église sont incorporées à l'Action catholique qui est censée limiter ses actions au domaine purement religieux, culturels ou charitables. Les dirigeants possédant un passé politique doivent être remplacés. Pendant tout le temps des négociations, les JH avaient entrepris une vaste campagne de recrutement en appelant les jeunes catholiques à abandonner leurs dirigeants.

Au lendemain de cet accord surviennent les évènements du connus sous le nom de nuit des Longs Couteaux et qui ne sont pas seulement un règlement de comptes contre le chef des S.A. Ernst Röhm, chef des SA. Des personnalités catholiques sont assassinées : Erich Klausener, chef de l'Action Catholique de Berlin, Adalbert Probst, chef de l'organisation sportive catholique, Kuno Kamphausen, ancien membre du Zentrum, E. J. Jung, avocat munichois qui œuvrait à la destitution du nouveau chancelier et voulait rétablir un Reich chrétien et fédéral, Fritz Gerlich, calviniste converti au catholicisme, dont le journal était en possession de documents compromettants pour les nazis[18].

Le , le chef de la Deutsche Arbeitsfront (DAF : Front allemand du travail, sorte de syndicat officiel) interdit la double appartenance à la DAF et aux organisations catholiques ouvrières. Comme il est indispensable d'appartenir à la DAF pour trouver un emploi, cette décision implique la mort de toutes les associations ouvrières catholiques.

En , le ministre de l'intérieur Wilhelm Frick lance une nouvelle campagne contre les organisations catholiques. Les évêques envoient une lettre à Hitler, menacent de recommander aux fidèles de ne plus envoyer leurs enfants aux JH, ce qui s'avère impossible, car les pressions exercées sur les parents sont bien trop fortes. La dissolution des associations d'étudiants catholiques devra attendre 1938.

Tout au long des incessantes négociations entre l'Église allemande et le pouvoir, la position de l'Église peut se formuler ainsi : « Les dirigeants des associations catholiques servent le peuple allemand et la patrie avec courage, abnégation et fidélité, ils refusent toute conduite subversive, s'abstiennent de toute activité politique, se montrent résolus à repousser les avances que pourraient tenter les communistes. Les catholiques ne fomentent pas de révoltes et n'offrent pas de résistance violente » [19]

Toutes les restrictions imposées par les nazis aux associations catholiques et les violations du concordat étaient un motif de conflit entre les autorités du troisième Reich et l'Église, et d'une façon générale, les évêques auraient été plus enclins au compromis que Pacelli[réf. nécessaire], secrétaire d'État, c'est-à-dire chef de la diplomatie du Vatican et signataire du concordat de 1933. Pour ce dernier, le concordat est un traité entre l'Allemagne et l'Église catholique qu'il convient de faire respecter avec fermeté. Une autre source de conflit entre l'Église et les nazis est de nature doctrinale : des évêques allemands s'étaient plu à voir dans le chancelier Hitler un homme de dialogue et dans Rosenberg un idéologue que l'on pouvait espérer marginaliser. Rosenberg avait publié en 1930 Le Mythe du vingtième siècle qui donnait des bases théoriques à l'idéologie raciste nazie et développait des idées néo-paganistes et ne concevait la religion que comme devant être fondée sur le sang et la race.

Le , Rosenberg est nommé représentant du Führer, chargé de superviser la vie spirituelle et idéologique du parti national-socialiste. Tout en prétendant ne pas critiquer l'État, mais simplement le néo-paganisme de certains dirigeants du Parti, les évêques allemands répliquent aux thèses de Rosenberg, d'abord dans une lettre pastorale de , mais la Gestapo confisque les invendus et en interdit la publication dans la presse sous prétexte qu'elle est de nature à troubler l'ordre public, ensuite, dans un supplément de la gazette diocésaine d'octobre de Münster, le diocèse de von Galen qui, dans la préface, recommande explicitement cet ouvrage au clergé. Les auteurs de ce supplément intitulé Studien zum Mythus des 20.Jahrhunderts restent dans l'anonymat, mais soumettent le livre de Rosenberg à une critique érudite et sévère. Des extraits des Studien sont également publiés dans la gazette diocésaine du cardinal Schulte, à Cologne. La brochure, en tirant à 100 000 exemplaires peut toucher un vaste public. Dans les mois qui suivent, le débat se poursuit de diverses façons: lettres pastorale, lettre à Hitler, mise à l'index des ouvrages de Rosenberg.

En guise de compromis, pour enrayer une possible défection des catholiques, la Gestapo interdit des réunions du mouvement néo-païen de Ludendorf, marginal vis-à-vis du NSDAP, mais les doctrines de Rosenberg continuent d'être propagées à une grande échelle et en outre, le régime intensifie ses attaques contre les ordres religieux en ordonnant des poursuites pour perversions sexuelles. Simultanément, les parents catholiques font l'objet de pressions considérables pour ne plus envoyer leurs enfants dans les écoles confessionnelles, ce qui entraîne la liquidation de la plupart d'entre elles.

En 1935, le théologien Erik Peterson, récemment converti au catholicisme, publie l'étude « Le monothéisme comme problème politique », dans laquelle il s'oppose à la théologie politique de Carl Schmitt, devenu à cette époque le principal porte-parole d'une sorte de nazisme théologique[20].

Mit Brennender Sorge

Texte de l'encyclique Mit brennender Sorge, publié le 17 mars 1937 par Ludwig Sebastian, évêque de Spire.

C'est dans ce contexte qu'est élaborée par le cardinal Pacelli et plusieurs évêques allemands l'encyclique, Mit brennender Sorge. Au printemps 1937, elle est signée par le pape Pie XI, introduite clandestinement en Allemagne, imprimée secrètement, distribuée par messagers, et finalement lue en chaire le , dimanche des Rameaux, dans toutes les églises du Reich.

La croyance en un Dieu national, le rejet de l'Ancien Testament et l'établissement d'une église nationale sont désignés comme des erreurs, le Dieu chrétien ne peut pas être emprisonné « dans les frontières d'un peuple particulier, dans les origines d'une race particulière ». Le texte condamne essentiellement le néopaganisme, le mythe du "Sang et de la Race", le culte du chef et le déni de liberté religieuse. Écrire que les lois humaines contraires à la loi naturelle ne sont pas « obligatoires en conscience » a évidemment été considéré comme une attaque contre le régime, mais le totalitarisme politique et social n'est pas explicitement condamné. Pacelli s'en expliquera plus tard avec le gouvernement allemand : « Le Saint-Siège entretient des rapports amicaux, corrects ou au moins passables avec des États possédant diverses formes et orientations constitutionnelles... En ce qui concerne l'Allemagne, il est constamment demeuré fidèle à ce principe et entend continuer à l'être » [21]

Pie XI souligne que «  Nous ne souhaitions, ni Nous rendre coupable, par un silence inopportun, de n'avoir point clarifié la situation, ni endurcir par une excessive sévérité le cœur de ceux qui sont placés sous Notre responsabilité pastorale, bien qu'actuellement, ils s'éloignent de nous... » C'est qu'effectivement, la propagande anticatholique menée par les nazis obtient des résultats. Les défections, si elles ne sont pas catastrophiques sont quand même substantielles.

En , La Sacrée congrégation des séminaires et universités publie à la demande de Pie XI un Syllabus condamnant les théories racistes qui est adressé aux établissements catholiques du monde entier[22]. Philippe Chenaux qui fait référence au syllabus ne précise pas comment il a été diffusé en Allemagne[23]

Catholiques ayant abandonné l'Église et y étant revenus[24]
AnnéesAbandonsRetours
31 987 13 407
27 376 9 872
3 347 6 569
46 687 5 039
108 054 3 897
88 715 3 811
88 335 3 596
51 799 3 196
52 560 2 932
38 367 3 580

Avant et pendant la guerre

Relativement fermes sur le plan doctrinal, et soutenus en cela par le pape, les catholiques allemands prennent le risque d'un affrontement avec le pouvoir, mais d'un autre côté, ils revendiquent un patriotisme sans faille, et en tant qu'Allemands, se montrent vis-à-vis du même pouvoir comme les plus loyaux des sujets. Les évêques approuvent pratiquement toutes les actions d'Hitler en matière de politique étrangère: Non seulement les évêques applaudissent la remilitarisation de la Rhénanie, mais dans une lettre pastorale collective le , ils approuvent l'intervention de l'Allemagne dans la guerre d'Espagne « Puisse notre Führer, avec l'aide de Dieu, mener à bien cette entreprise terriblement ardue... ». Ils acceptent, et certains, joyeusement, de faire sonner les cloches le pour célébrer l'Anschluss qui regroupe à l'intérieur du Reich les Autrichiens en majorité catholiques. L'évêque autrichien Theodor Innitzer est allé tellement loin dans son soutien à l'Anschluss, qu'il est convoqué à Rome pour y être réprimandé et signer une mise au point.

Le , conformément aux accords de Munich, les troupes allemandes pénètrent en Tchécoslovaquie et occupent le territoire des Sudètes. Ce même jour, sur proposition du Cardinal Faulhaber, au nom de tous les cardinaux allemands, le Cardinal Bertram envoie un télégramme de félicitations à Hitler : « Le haut-fait d'avoir sauvegardé la paix internationale incite l'épiscopat allemand... à offrir respectueusement ses félicitations et ses remerciements, et à ordonner un carillon de fête pour ce dimanche. ».

Le patriotisme des catholiques allemands ne faiblit pas tout au long de la guerre de 1939-1945. Juste après le début des hostilités, en , une lettre pastorale invite les catholiques allemands à faire leur devoir de soldats :

« Nous exhortons les catholiques à faire leur devoir de soldats et à tout sacrifier d'eux-mêmes, en obéissance au Führer. Nous faisons appel aux fidèles pour qu'ils prient ardemment la divine Providence afin qu'elle conduise la patrie et le peuple à un bienheureux succès et à la paix. » [25]

Le , les évêques obéissent à l'injonction du ministre des Affaires Ecclésiastiques de faire sonner les cloches pendant sept jours pour célébrer la victoire sur la Pologne. Au même moment Radio Vatican et l'Osservatore Romano diffusent dans le monde entier des informations sur les atrocités commises par les Allemands en Pologne[26]. Quelques mois plus tard, en , les cloches carillonnent à nouveau pendant une semaine pour fêter la victoire sur la France.

À la fin de l'année, le ministère de la Propagande fait savoir à l'épiscopat allemand que l'État compte sur un soutien plus enthousiaste de la part des ecclésiastiques. Pendant les mois qui suivent, certains évêques ne se contentent plus de demander à prier « pour une victoire profitable à l'Allemagne », mais « pour la victoire de l'Allemagne ».

Après l'invasion de l'URSS, en , l'épiscopat se fait de nouveau rappeler à l'ordre par Kerrle, ministre de Affaires ecclésiastiques, qui s'attendait un soutien plus énergique à la « lutte contre le bolchevisme ». La lettre pastorale collective des évêques allemands réunis à Fulda, lue dans toutes les églises du Reich, le qui prône la désobéissance civile :

«  Jamais, en aucune circonstance, un homme ne peut, sauf en cas de guerre ou de légitime défense, mettre à mort une personne innocente. »

provoque la fureur des autorités [27]. Cette lettre est suivie des deux sermons de l’évêque de Munster, von Galen, du et du contre la politique eugéniste du pouvoir[28].

Cependant le même Galen exprime à plusieurs reprises son espoir en une victoire allemande[29].

En 1942, Adolf Hitler déclare :

« Si, à Poitiers, Charles Martel avait été battu, le monde aurait changé de face. Puisque le monde était déjà condamné à l'influence judaïque (et à son sous-produit le christianisme, une chose si insipide), il aurait mieux valu que l'islam triomphe. Cette religion récompense l'héroïsme, promet au guerrier les joies du septième ciel. Animé d'un esprit semblable, les Germains auraient conquis le monde. Ils en ont été empêchés par le christianisme»[30].

À partir de 1943, de nombreux fonctionnaires allemands consignent dans leurs rapports la tiédeur de l'Église et se plaignent que l'Église ne prie plus pour la victoire, mais seulement pour une paix prochaine[31]. La tiédeur de l'Église allemande vis-à-vis de l'effort de guerre nazi n'empêche pas Jäger, évêque de Paderborn de demander à ses fidèles de contribuer à la lutte engagée contre les deux grands ennemis de l'Allemagne, le libéralisme et l'individualisme d'une part, le collectivisme d'autre part.

La question des aumôniers militaires avait été une pierre d'achoppement au moment de la signature du concordat de 1933. Les nazis étaient a priori peu favorables à la présence de l'Église dans l'armée, et l'Église entendait bien que les aumôniers conservent une indépendance vis-à-vis de la hiérarchie militaire. À l'approche de la guerre, les nazis se montrent plus conciliants. En , au cours d'un entretien, Hitler avait déclare au cardinal von Faulhaber : « Un homme n'existe pas s'il ne croit pas en Dieu. Un soldat qui subit un bombardement intense pendant quatre jours a besoin de croire en Dieu » [32]. Ce n'est qu'en qu'intervient la nomination d'un Aumônier général de l'armée qui doit, selon le concordat, faire l'objet d'un accord mutuel. À leur corps défendant, les évêques ont dû accepter le nom de Franz Josef Rarkowski et lui donner rang d'évêque. Rarkowski faisait déjà fonction de chef de l'aumônerie militaire depuis 1929 et il affichait des opinions très proches de celles des nazis. Les évêques le considéraient comme un arriviste d'un niveau intellectuel inférieur au leur[33]. Pendant toute la durée de la guerre, la loyauté de Rarkowski au Führer sera sans faille.

Lors de son incorporation, tout soldat doit prononcer un serment d'allégeance à Hitler : « Je jure solennellement devant Dieu d'obéir inconditionnellement au Führer du Reich et du peuple allemand Adolf Hitler ». Selon la doctrine catholique, que soutenaient les évêques, un serment ne peut pas justifier ce qui est par ailleurs moralement condamnable, et un chrétien se trouve délié de son serment si ce dernier entre en conflit avec ce qui est dû à Dieu. Dans ses lettres pastorales, Rarkowski maintient une position toute différente selon laquelle le soldat catholique est tenu par son serment. Dans une de ces lettres, Rarkowski admet que la lutte contre l'Untermenschen (sous-homme) bolchevique soumet l'âme du soldat allemand à de sévères épreuves, et demande aux combattants de se préserver de toute perversion et de toute dégradation. Ces restrictions mentales n'ont pas cours lors des offices divins célébrés dans les camps militaires où la soumission au Führer est considérée comme un devoir sacré[34].

Dans tout le Reich allemand, seuls sept catholiques refusent de servir militairement leur pays[35]. Six sont exécutés et le septième est déclaré fou. Parmi les six exécutés, il y a un prêtre, Franz Reinisch[36]. L'aumônier de la prison lui refuse la communion sous le prétexte qu'il a violé son devoir de chrétien en refusant de prêter le serment d'allégeance à Hitler[37].

La question de l'eugénisme

Une politique eugénique a été prônée par les nazis dès les années 1920 :

« Si chaque année, l'Allemagne avait un million d'enfants et en éliminait sept ou huit cent mille parmi les plus faibles, le résultat final serait probablement un accroissement de notre force nationale » [38]

L'eugénisme mis en œuvre par les nazis est un sujet d'affrontement permanent avec l'Église catholique allemande qui le déclare contraire à l'encyclique Casti Conubii publiée par Pie XI le . La promulgation de la première loi eugénique ordonnant la stérilisation obligatoire de toutes les personnes affligées de certaines maladies ou infirmités est différée après la signature du concordat, mais elle entre en vigueur dès le . 32 268 stérilisations sont effectuées en 1934, 73 174 en 1935 et 63 547 en 1936. Des négociations menées entre l'épiscopat et le ministère de l'Intérieur aboutissent à exempter les directeurs d'établissements catholiques de solliciter la stérilisation de malades confiés à leurs soins[réf. souhaitée]. Le cardinal Bertram, représentant naturel de l'épiscopat allemand en tant que président de la conférence de Fulda, renonce à un projet de lettre pastorale sous la pression du vice-chancelier Franz von Papen. Finalement, en une lettre est lue dans les églises d'Allemagne, expliquant, sans toutefois faire allusion à la nouvelle loi, qu'il était défendu de se faire stériliser volontairement ou de provoquer la stérilisation d'autrui. Dans sa lettre pastorale de , von Galen, évêque de Münster attaque plus explicitement et plus violemment la loi nazie. Face au ministre de l'intérieur Frick, rendu furieux contre cette incitation pour les citoyens à pratiquer la désobéissance, le cardinal Faulhaber assume l'attitude contestatrice de l'Église.

Dans la pratique, cette attitude relativement claire soulève un certain nombre de problèmes: Par exemple, quelle doit être l'attitude des confesseurs face à des fonctionnaires ayant participé à l'application de la loi ? Les évêques apportent à ces questions une réponse moins claire que ne l'aurait souhaité le Vatican. Une laborieuse casuistique octroie le droit de signaler aux autorités les malades devant être stérilisés aux médecins catholiques et aux employés des services sociaux qui peuvent ainsi garder leur emploi. Par contre, établir un dossier demandant la stérilisation de quelqu'un est un acte de « collaboration formelle », réprouvé. En 1940, le Saint-Office tolère la participation d'infirmiers à des opérations de stérilisation s'ils sont menacés de perdre leur emploi et si un autre infirmier le ferait s'ils ne le faisaient pas[39].

Le , Hitler franchit la limite qui sépare l'eugénisme de l'euthanasie en donnant l'ordre de tuer toutes les personnes atteintes de maladies incurables. De à , environ 70 000 malades, souvent des déficients mentaux ou des déments incurables seront gazés.

Le programme d'euthanasie est classé ultra secret, mais des informations filtrent assez rapidement, entraînant des protestations du cardinal Bertram auprès des autorités en et du cardinal Faulhaber quelques mois plus tard. Des ecclésiastiques protestants élèvent également des protestations, mais le gouvernement poursuit son programme de massacre.

Une nouvelle fois, c'est de Galen que vient la réaction la plus ferme. Dans un sermon prononcé à l'église Saint-Lambert de Münster, le , il explique en détail comment on tue les malades innocents et comment on trompe les familles par des avis de décès falsifiés. Des copies du sermon sont distribuées dans toutes l'Allemagne et sur le front, parmi les soldats. Des officiels reçoivent l'accord de Bormann, secrétaire particulier de Hitler pour que l'on pende Galen, mais finalement, aucune action n'est intentée contre lui pour ne pas le transformer en martyr. Le ministre de la Propagande Goebbels s'y était opposé en ces termes :

"Si quoi que ce soit était tenté contre l'évêque, il serait à craindre que la population de Münster ne doive être perdue pour toute la durée de la guerre, et il serait à craindre que soit perdue, à coup sûr, la Westphalie tout entière." [40]

Peu après le sermon du , Hitler donne l'ordre d'arrêter le programme d'euthanasie.

Persécution et extermination des Juifs

Au début du XXe siècle les juifs représentent 1,04 % de la population allemande, ce qui est moins que la Pologne (16 %) ou des pays d'Europe centrale comme l'Autriche ou la Hongrie (4 %), mais beaucoup plus que la France (0,22 %). Après des mesures d'exclusion qui évoquent le Moyen Âge de l'Europe chrétienne (Voir les articles Antisémitisme et Antijudaïsme), les juifs d'Allemagne connaissent l'émancipation au cours du XIXe siècle, c'est-à-dire qu'ils obtiennent les mêmes droits que les autres Allemands. Cette régularisation est effective en Prusse, dans le Hanovre et le Nassau, en 1848, dans le Holstein en 1863, en Saxe en 1868.

À la différence de l'antisémitisme racial nazi qui catégorise les êtres humains en peuples supérieurs et en peuples inférieurs, l'antijudaïsme catholique traditionnel repose sur certaines conceptions théologiques élaborées dans les trois premiers siècles du christianisme. Les églises chrétiennes ont généralement toujours accepté des juifs convertis sans tenir compte de leur origine raciale[41]. Dans les années 1870, aiguillonnée par le fait que nombre de juifs connus participaient au mouvement anticatholique du kulturkampf, le Parti du Centre, catholique avait lancé une vigoureuse campagne antisémite au cours de l'été 1875. De cette époque, les catholiques allemands conservent une hostilité vis-à-vis du Libéralisme juif[42] mais ils ne cultivent pas l'antisémitisme racial, tel qu'il a pu se développer chez des catholiques autrichiens comme Karl Lueger et qui sera l'un des fondements de l'idéologie nazie. Karl Marx étant d'ascendance juive tout comme le révolutionnaire communiste Karl Liebknecht, l'hostilité viscérale de l'Église vis-à-vis du communisme a pu rejaillir également sur les juifs. Ainsi, dans le Handbuch de Gröber publié en 1937, le marxisme est-il défini comme « le socialisme matérialiste fondé, à l'origine, par le juif Karl Marx », et le bolchevisme comme « un despotisme d'État, asiate, en réalité au service d'un groupe de terroristes menés par les Juifs »[43].

L'antisémitisme raciste est un élément de la doctrine nazie qui ne cesse de s'affirmer entre 1920 et 1945. Selon Raul Hilberg, une fois que les nazis sont au pouvoir, à partir de 1933, ils vont mener de 1933 à 1940 une politique de persécution des juifs visant plus ou moins à les inciter à l'émigration, et une politique d'annihilation, de 1941 à 1945[44].

De 1920 à 1933, les catholiques, clercs ou laïcs qui luttent contre la montée de l'antisémitisme sont très peu nombreux[45]. Une association comme le Verein für die Abwehr der Antisemitismus qui regroupe chrétiens et juifs pour lutter contre l'antisémitisme ne compte que deux prêtres catholiques dans son comité de patronage. Si les évêques allemands dénonce dans la doctrine nazie la glorification de la race et du sang, ils ne s'expriment pratiquement pas sur la propagande antisémite et les violences qu'elle engendre[46].

Le , le Saint Office publie un décret dans lequel il condamne l'antisémitisme, défini comme « haine contre le peuple de Dieu », et renouvelle la volonté du Saint Siège de protéger le peuple juif contre l'« oppression injuste »[47] :

« ...comme il réprouve toutes les haines et les animosités entre les peuples, le Saint-Siège condamne résolument la haine contre un peuple déjà élu par Dieu, haine qu'aujourd'hui on désigne communément sous le nom d'"antisémitisme" »

À partir de 1933, les violences physiques auxquelles les SA se livraient sur les juifs cèdent peu à peu le pas à des mesures plus bureaucratiques: des lois d'exclusion interdisent aux juifs d'exercer un emploi dans la fonction publique et dans un certain nombre de professions parapubliques et culturelles. En , les lois de Nuremberg interdisent les mariages entre juifs et Aryens. Dans les années qui suivent, une série de mesures visent à exproprier les juifs et à les spolier de plus en plus durement[48]. Le , la Nuit de Cristal marque une reprise des agressions physiques et le commencement de la déportation: 20 000 juifs sont internés dans des camps de concentration comme Dachau.

Pendant cette période, de 1933 à 1939, certains évêques catholiques se montrent complaisants vis-à-vis des valeurs de la race. on peut ainsi lire dans le Handbuch de Gröber : « Chaque peuple est en lui-même responsable de la réussite de son existence, et l'apport d'un sang totalement étranger représentera toujours un risque pour la nation qui a prouvé sa valeur historique. C'est pourquoi, on ne peut refuser à aucun peuple le droit de maintenir la pureté de son origine raciale et de prendre des garanties dans ce but. La religion chrétienne demande simplement que les moyens utilisés ne pêchent pas contre la loi morale et la justice naturelle. » [49]

Au cours de l'été 1934, un journal social-démocrate de Prague publie le texte d'un sermon contre la haine raciale attribué au cardinal Faulhaber qui ne l'avait en fait jamais prononcé. Dans une mise au point, le secrétaire du cardinal expliquait que dans ses sermons prononcés à l'occasion de l'Avent, « le Cardinal avait défendu l'Ancien Testament des Enfants d'Israël, mais n'avait pas pris position en ce qui concerne l'actuelle question juive. » C'est qu'en effet l'Église prend des positions relativement ferme concernant la fidélité à l'Ancien Testament c'est-à-dire la Bible des juifs, que des nazis comme Rosenberg attaquent violemment. Elle est ferme également sur la « non-aryanité » du Christ, mais elle ne fait pas de la défense des Juifs opprimés un cheval de bataille[50].

La question des juifs convertis et des Mischlinge catholiques sera la source de conflits récurrents entre l'Église catholique et le pouvoir. Mischlinge est le nom donné à ceux que les nazis considèrent d'un point de vue racial comme des « demi-juifs » ou « quart-juifs ». D'après un recensement de 1939, il y a environ 72 000 Mischlinge au premier degré (2 grands-parents juifs) et quelque 39 000 Mischlinge au second degré (un seul grand-parent juif)[51]. Ces personnes sont souvent des catholiques : dans le courant du XIXe siècle, un nombre appréciable de juifs s'étaient convertis au christianisme, et dans pratiquement tous les cas, il s'agissait du catholicisme. Il y a donc beaucoup de catholiques ayant un juif parmi leurs ancêtre. Les évêques cherchent à protéger ces catholiques avec des origines juives. En 1937, l'Église oppose ainsi un refus à la demande du ministère des Affaires ecclésiastiques de consulter les dossiers diocésains concernant les conversions et les mariages mixtes. Deux associations catholiques s'occupent spécifiquement des convertis et des catholiques non aryens : le St Raphaelsverein et le Paulus Bund. En 1938, le St Raphaelsverein permet l'émigration de 1850 d'entre eux.

Des catholiques soutiennent les Juifs sans lien avec le catholicisme. Ce sont des exceptions. Après la nuit de Cristal, le doyen de la cathédrale de Berlin, Bernhard Lichtenberg décide de prier publiquement pour les juifs à chaque prière du soir. En 1941, il proteste également contre l'euthanasie. Il est condamné à deux ans de prison, et à sa sortie, la Gestapo le dirige sur Dachau. Il meurt pendant le voyage.

Le , le port de l'étoile juive qui était déjà en vigueur en Pologne devient obligatoire en Allemagne. Cette mesure concerne aussi les Juifs convertis au catholicisme après 1935. Les non-Aryens mariés à un conjoint aryen sont dispensés du port de l'étoile. Faut-il prévoir dans les églises des bancs spéciaux pour les juifs ? Dans une lettre à ses confrères datée du , le cardinal Bertram conseille d'éviter les « mesures précipitées qui pourraient blesser les juifs »[52]. Les évêques de Berlin interviennent, en vain, auprès de la Gestapo pour dispenser les Juifs catholiques de porter l'étoile.

Les déportations massives de Juifs allemands vers l'est commencent le . Les catholiques non-aryens ne sont pas épargnés, contrairement à de vagues promesses qui avaient été faites. Les évêques interviennent encore pour que des prêtres et des religieuses non-aryens puissent se porter volontaires pour accompagner les déportés pour célébrer des offices et faire le catéchisme aux enfants. Mais bien vite, des informations sur le sort qui attend les Juifs déportés remontent jusqu'aux évêques en même temps que les soldats qui reviennent du front russe racontent les atrocités dont ils ont été témoins : des civils juifs sont tués par milliers à la mitrailleuse. En , un officier nazi, Kurt Gerstein tente d'alerter le nonce apostolique, Orsenigo sur les faits dont il a été témoin dans les premiers camps d'extermination. Comme le nonce refuse de le recevoir, il raconte son histoire au conseiller juridique de Preysing, évêque de Berlin[53]. Les évêques ont d'autres informateurs issus de l'armée ou de l'administration.

En 1942, on trouve encore dans le Reich plus de 150 000 Mischlinge ou non-Aryens mariés à des Aryens, qui ne sont pas tenus de porter l'étoile jaune, mais en mars, il est décidé que les mariages interraciaux doivent être dissous. Au nom des évêques allemands, Bertram proteste auprès du ministère des Affaires ecclésiastique. En , la Gestapo s'empare à Berlin de plusieurs milliers de Juifs catholiques mariés à des Aryennes. Les épouses aryennes suivent leurs maris jusqu'à leur lieu de détention et les réclament en hurlant pendant des heures. La Gestapo cède[54]. En cas de promulgation du décret cassant les mariages interraciaux, les évêques avaient prévu de faire lire une déclaration dans toutes les églises pour rappeler l'indissolubilité du mariage. Le décret est finalement ajourné. Au cours de toutes les interventions qu'ils font auprès des autorités pour protéger les juifs chrétiens et les Mischlinge, les évêques n'abordent pas le sujet des juifs non-chrétiens. Ils font bien quelques déclarations contestant les injustices dont sont victimes les races étrangères, mais ces déclarations sont conçues dans un langage très général[55]. De même, il n'y a en Allemagne qu'une poignée de Juifs cachés par le clergé[56].

Accommodements et résistances

Pendant toute la période nazie, l'Église catholique d'Allemagne a pu subsister en tant qu'institution indépendante, avec des évêques qui pouvaient communiquer librement entre eux et avec les échelons inférieurs du clergé, et des fidèles qui pouvaient se rendre à peu près librement dans les églises. Les interventions et les lettres pastorales des évêques ont de ce fait été archivées de façon tout à fait correcte et forment un corpus d'où l'on peut dégager de grandes lignes : depuis le début de la prise du pouvoir par les nazis et le concordat qui a suivi, l'Église est en négociation permanente avec les autorités pour défendre le concordat, c'est-à-dire l'indépendance de l'Église dans le domaine religieux, en échange de quoi, elle ne conteste pas le gouvernement en place et soutient, par patriotisme, ses orientations nationalistes jusque dans la folie de la Seconde Guerre mondiale. Concernant les aspects moraux, elle a su s'opposer vigoureusement dans l'affaire de l'eugénisme. Elle est restée presque muette vis-à-vis la persécution et l'extermination des juifs, tout en défendant avec quelque succès les « non-Aryens » catholiques (comme le succès de Galen, évêque de Munster et Preysing, évêque de Berlin contre le Programme Aktion T4).

Cet accommodement a pu être taxé de « capitulation ». Aucun élément ne permet d'imputer cette attitude aux seuls évêques : Comme le note Lewy, aucun dirigeant, qu'il soit laïc ou ecclésiastique ne peut à la fois s'opposer longtemps aux valeurs, aux modes de pensée adoptés par le groupe qu'il dirige et s'attendre à conserver son poste de direction et son influence[57] et il cite à ce propos Carl Amery « La capitulation fut non pas le fait de évêques, des prélats du parti du Centre ou des Monsignori, mais le fait du juste milieu du catholicisme allemand » [58]

L'épiscopat allemand a fait au cours de la guerre des déclarations critiquant les injustices dont les races étrangères sont victimes. Ainsi, en , Joseph Frings, nouvel archevêque de Cologne rappelle dans une lettre pastorale que tous les hommes ont droit à la vie, à la liberté, à la propriété et au mariage et il souligne que ces droits ne peuvent être refusés « à ceux qui ne sont pas de notre sang »[59]. D'autres déclarations similaires sont faites mais ces déclarations conçues en termes très généraux n'ont guère d'impact sur le programme d'extermination des juifs perpétré par un Reich Grand Allemand qui, avec l'annexion de l'Autriche et de la Bohème-Moravie, est constitué d'une population dont 43,1 % est de confession catholique. Au sein même des SS, le pourcentage des catholiques est de 22,7 %[59].

Malgré la répression féroce qui s'exerçait sur les opposants, il y a eu une Résistance allemande au nazisme, au sein de laquelle on compte beaucoup de catholiques. Guenter Lewy note que non seulement les évêques n'ont jamais encouragé la Résistance, mais ils l'ont toujours condamnée[60]. Jusqu'à la chute du nazisme, ils clament que le gouvernement du Führer Hitler est l'autorité légitime auquel chacun doit obéissance[60].

Dans leur système concentrationnaire, les nazis rassemblèrent peu à peu, à Dachau, tous les prêtres arrêtés. Ils étaient emprisonnés dans un certain nombre de baraquements connus sous le nom de « baraque des prêtres ». 447 prêtres allemands transitèrent par Dachau, 94 y moururent. Sans doute tous n'étaient-ils pas des Résistants et avaient pu être arrêtés pour de simples propos imprudents, comme Karl Leisner. Ce nombre montre quand même que pour un certain nombre de catholiques courageux l'accommodement avait des limites.

La baraque des prêtres à Dachau : statistiques par nationalité
NationalitéNombre totalRelâchés pendant leur détention au campTransférés dans d'autres camps
ou devant les tribunaux
Libérés le 29/4/45Décédés
Belges 46 1 3 33 9
Allemands 447 208 100 45 94
Français 156 5 4 137 10
Hollandais 63 10 0 36 17
Italiens 28 0 1 26 1
Polonais 1780 78 4 830 868
Yougoslaves 50 2 6 38 4
Tchèques 109 1 10 74 24
Total 2720 314 132 1240 1034

Statistiques établies d'après les documents trouvés au camp. Les Autrichiens sont comptés comme Allemands[61].

Catholiques 2579, Protestants, 109, Orthodoxes grecs 22

Parmi les catholiques qui participèrent aux groupes de Résistance, on peut citer les jésuites Augustinus Rösch et Alfred Delp, les syndicalistes Bernhardt Letterhaus et Jakob Kaiser. Parmi les prêtres réfractaires Josef Metzger, Alfons Maria Washmann et Josef Losch, tous les trois exécutés. Le père Franz Reinisch objecteur de conscience, a été lui aussi exécuté, et le doyen Lichtenberg qui priait chaque soir pour les juifs est mort dans le train qui l'emmenait à Dachau.

Notes et références

  1. Catholicisme et Protestantisme en Allemagne
  2. Guenter Lewy (trad. Gilbert Vivier et Jean-Gérard Chauffeteau), L'Église catholique et l'Allemagne nazie [« the Catholic church und nazi Germany »], Paris, Stock, , 359 p. (OCLC 460282083), p. 27
  3. Guenter Lewy 1965, p. 20-26
  4. Erik Tängerstad, recension de Eugenio Xammar, « El huevo de la serpiente: Crónicas desde Alemania (1922-1924) », Barcelona: Acantilado, 2005, A Contemporary Catalan View of Germany in the 1920s and 1930s, H-Net Reviews, mars 2007, consulté le 15 avril 2008
  5. Lewy se réfère au Protokoll der Verhandlungen der Fuldaer Bischofsconferenz vom 3bis zum 5. August 1931, appendice 3, p. 24. Il ajoute qu'aucun procès-verbal n'indique comment vota chaque évêque
  6. Guenter Lewy 1965, p. 28.
  7. Cette formule avait été originellement employée par Mgr Buchberger, évêque de Ratisbonne, à propos du socialisme
  8. Guenter Lewy 1965, p. 30
  9. Encyclique Mit brennender Sorge, 1937
  10. Guenter Lewy 1965, p. 36.
  11. Hjalmar Schacht, My first Seventy Years, Londres, 1955, p. 358
  12. Frank J. Coppa, Politics and the Papacy in the Modern World, Praeger, juin 2008, (ISBN 978-0275990299), p. 102.
  13. Guenter Lewy 1965, p. 91-106.
  14. Guenter Lewy 1965, p. 92-93.
  15. Guenter Lewy 1965, p. 95.
  16. Guenter Lewy 1965, p. 94.
  17. Guenter Lewy 1965, p. 97 Faulhaber p. n'avait pas le pouvoir de lever l'interdiction, mais il promet d'intervenir auprès du Vatican
  18. La Résistance allemande contre Hitler, 1933 - 1945, Barbara Koehn
  19. Guenter Lewy 1965, p. 120.
  20. Arnaldo Momigliano, « The Disadvantages of monotheism for a universal state » in « Ottavo Contributo alla Storia degli Studi Classici e del Mondo Antico », Ed. di Storia e Letteratura, 1987, (ISBN 9788887114201) p. 323
  21. De Pacelli à Bergen, 30 avril 1937, Documents on German Policy, série D, vol.I.
  22. des Extraits du syllabus: les thèses à réfuter sur le site Les bons docs.
  23. Philippe Chenaux, Pie XII, diplomate et pasteur, Éditions du Cerf, 2003, p. 275.
  24. Rapport de la Zentralstelle für kirliche Statistik, Cologne, 1944, recopiés dans Guenter Lewy 1965, p. 323.
  25. Martinus-Blatt no 38, 17 septembre 1939, cité par Guenter Lewy 1965, p. 199
  26. Guenter Lewy 1965, p. 215.
  27. Goebbels écrit dans son journal : «  - C'est une honte de devoir constater que le clergé catholique ouvre moralement la voie à l'ennemi, avec la lettre pastorale qui a été lue dimanche dernier dans toutes les églises catholiques. Comme nous avons pu le constater jusqu'ici, le clergé tente une première percée avec cette lettre pastorale, avant d'attendre notre réaction et d'en tirer les conséquences pour l'avenir […] C'est dans un autre domaine que nous allons présenter la facture au clergé catholique. Nous interdisons ses revues, nous refusons les quantités de papier et les ouvriers nécessaires à la publication de ses livres, et nous le privons ainsi, peu à peu, de tout impact. »
    «  – Je reçois chaque jour de nouveaux documents prouvant que la dernière lettre pastorale de l'Église catholique a eu des effets pratiquement dévastateurs aux États-Unis. Ces traîtres de l'Internationale noire mériteraient qu'on leur dépose la tête devant les pieds. »
    Joseph Goebbels, Journal, Édition Tallandier
  28. cf. infra.
  29. Sermon du 20 juillet 1941, in Portmann, Kardinal von Galen, p. 44
  30. Adolf Hitler, Libres propos sur la guerre et la paix recueillis sur l’ordre de Martin Bormann, Flammarion, 1954, 28 août 1942, p. 297
  31. Guenter Lewy 1965, p. 203.
  32. Compte-rendu de Faulhaber, 5 novembre 1936, cité par Guenter Lewy 1965, p. 207
  33. Guenter Lewy 1965, p. 208-209.
  34. Guenter Lewy 1965, p. 211.
  35. Gordon Zahn, German Catholics and Hitler Wars, New York, 1962
  36. (de) Franz Reinisch
  37. Guenter Lewy 1965, p. 205.
  38. Völkischer Beobachter, no 181, 7 août 1929, cité par Ingbert Naab, Ist Hitler ein Christ, Munich, 1931
  39. Guenter Lewy 1965, p. 229.
  40. Guenter Lewy 1965, p. 231.
  41. Guenter Lewy 1965, p. 231-232.
  42. Guenter Lewy 1965, p. 235.
  43. Guenter Lewy 1965, p. 240-241.
  44. Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, Folio Gallimard, 2006, tome 1, p. 102
  45. Guenter Lewy 1965, p. 237.
  46. Guenter Lewy 1965, p. 238.
  47. Décret du Saint Office du 25 mars 1928 in Acta Apostolicae Sedis du 2 avril 1928, traduit en anglais par Manuela Consonni, « The Church and the memory of the Shoah : The Catholic press in Italy, 1945-1947 » in Eli Lederhendler (dir.) « Jews, Catholics, And the Burden of History », « annual Studies in Contemporary Jewry » vol XXI, Oxford University Press 2006, p. 34
  48. Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Folio Gallimard, 2006, Tome 1, p. 114-274
  49. Gröber, article Rasse in Handbuch der religiösen Gegenwarsfragen, 1937 p. 536
  50. Guenter Lewy 1965, p. 240-244
  51. D. Bankier, Holocaust and Genocide Studies, vol. 3, No 1 (1988), p. 1-20.
  52. Guenter Lewy 1965, p. 247.
  53. Guenter Lewy 1965, p. 249.
  54. Guenter Lewy 1965, p. 250.
  55. Guenter Lewy 1965, p. 252.
  56. Guenter Lewy 1965, p. 255.
  57. Guenter Lewy 1965, p. 88.
  58. Carl Amery, Die Kapitulation oder Deutscher Katholizismus heute, Reinbek bei Hamburg, 1963, p. 32.
  59. Guenter Lewy 1965, p. 252-253.
  60. Guenter Lewy 1965, p. 266-267.
  61. Le Camp de concentration de Dachau 1933-45, Comité international de Dachau.

Sources de l'article

L'essentiel des informations contenues dans cet article sont tirées du livre de Guenter Lewy The Catholic Church and Nazi Germany, Mc Graw-Hill Book Company, New York, 1964, réédité en 2000 chez Da Capo Press (ISBN 978-0306809316) ; traduit en français sous le titre L'Église catholique et l'Allemagne nazie, chez Stock, en 1965.

Bibliographie

  • Guenter Lewy, The catholic Church and nazy Germany, Mc Graw-Hill Book Company, New York, 1964, traduit en français sous le titre : L'Église catholique et l'Allemagne nazie, Stock, 1965.
  • Guillaume Zeller, La baraque des prêtres : Dachau, 1938-1945, Tallandier, , 320 p. (ISBN 979-10-210-0477-1, lire en ligne).
  • Jean Kammerer et Pauline Nicolas-Joly, La baraque des prêtres à Dachau, Paris, Salvator, , 183 p. (ISBN 978-2-7067-0452-9, OCLC 469538210).
  • Dominique Lormier, Ces chrétiens qui ont résisté à Hitler, Artège, 2018.

Annexes

Catholiques allemands

Église catholique

Histoire de l'Allemagne

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