Église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra

L’église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra est une église orthodoxe russe située à Nice (Alpes-Maritimes), rue Longchamp.

Elle est construite alors que Nice appartient au royaume de Sardaigne, sous l'impulsion de l'impératrice de Russie Alexandra Feodorovna, afin de donner un lieu de culte à l'aristocratie russe qui séjourne dans la région. Consacrée en 1860, elle est la première église paroissiale russe d'Europe occidentale et, après l'annexion de Nice à la France, l'une des premières églises orthodoxes de France. Elle ne doit pas être confondue avec la cathédrale orthodoxe russe Saint-Nicolas, construite également à Nice mais plusieurs décennies après. Elle est depuis 2019 rattachée à l'Église orthodoxe roumaine.

Elle est inscrite au titre des monuments historique depuis 1990.

Histoire

L'église au XIXe siècle.

La colonie russe de la Riviera était habituée depuis une dizaine d’années à la Côte d’Azur, où l’aristocratie européenne avait lancé la mode de l’hivernage. Certains y venaient aussi se soigner de la tuberculose qui faisait alors des ravages. L’impératrice Alexandra Féodorovna, l’épouse du défunt Nicolas Ier, aimait à y séjourner pour s’y reposer depuis son veuvage. En 1856, elle fait lever des fonds pour la construction d’une église servant de paroisse et l’on confie le projet à l’architecte de la Cour impériale Alexandre Koudinoff et à André-François Barraya[1]. L’église est bâtie au 6 de la rue Longchamp, non loin de l’actuelle avenue Jean-Médecin. Elle est consacrée le [2]. La ville compte à l’époque plus de 45 000 habitants et fait partie avec son comté du royaume de Piémont-Sardaigne, appartenant à la Maison de Savoie, avant d’être annexée à l'Empire français quelques mois plus tard en .

Au moment de sa consécration, elle est la première église paroissiale russe d'Europe occidentale[1]. Après l'annexion de Nice à la France, elle est le second lieu de culte orthodoxe russe du pays (après un oratoire à Paris, rue de Berri, ouvert en 1816), et donc la seule église de cette tradition religieuse, avant que ne soit consacrée l'église Saint-Alexandre-Nevsky de Paris en [3],[4]. Après l'annexion, elle est également la deuxième église orthodoxe de France après l'église orthodoxe grecque de la Dormition-de-la-Mère-de-Dieu de Marseille construite en 1834[3].

La cérémonie a lieu en présence de la comtesse Stroganoff, née grande-duchesse Marie de Russie, fille aînée de l’impératrice douairière, sœur d’Alexandre II et protectrice des arts. L’impératrice Alexandra déjà malade ne peut se déplacer[5]. Parmi les invités, on remarque la présence de la famille de la princesse de Bade, des diplomates et des officiels russes.

Après la mort de tuberculose du tzarévitch Nicolas en 1865, la communauté orthodoxe fait construire un oratoire dans le parc de la villa Bermond, où il est mort. Au début du XXe siècle, une seconde église russe est construite à Nice : la cathédrale Saint-Nicolas située à proximité de l'oratoire. Pour la différencier de celle-ci, l'église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra est parfois surnommée la « vieille église russe[6] ».

L'église et le jardin attenant sont inscrits au titre des monuments historique par arrêté du [1].

L'église est gérée depuis les années 1920 par l'Association cultuelle orthodoxe russe de Nice (ACOR) responsable de la paroisse orthodoxe Saint-Nicolas de Nice[6]. Celle-ci ne reconnait pas l'autorité de l'Église orthodoxe russe mais est rattachée jusqu'en 2019 au patriarcat œcuménique de Constantinople puis à la métropole orthodoxe roumaine d'Europe occidentale et méridionale[7]. Un conflit judiciaire oppose ACOR à la fédération de Russie. Celle-ci, qui a déjà évincé ACOR de la cathédrale Saint-Nicolas, revendique la propriété de l'église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra ainsi que du cimetière orthodoxe de Caucade[8]. Le , le tribunal judiciaire de Nice donne raison à l'association en considérant qu'elle est propriétaire de l'église et du cimetière au titre de la prescription acquisitive[8],[9].

Caractéristiques

L'iconostase de l'église, un don de l'impératrice Alexandra Feodorovna, a été fabriquée à Saint-Pétersbourg[8]. Ses icônes, peintes par I.L. Vassiliev[1], sont de style byzantin. Le dessin de son décor est l'œuvre de N.N. Gornostaieff[1].

Offices

En 2021, le quotidien Le Monde note que les offices de l'église « attirent des Niçois d’origine russe, mais aussi bon nombre de Géorgiens et de Moldaves arrivés plus récemment »[8].

Notes et références

  1. Notice no PA00080941, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Nicolas Ross, Saint-Alexandre sur-Seine : l'église russe de Paris et ses fidèles : des origines à 1917, t. 1, Paris, Éditions du Cerf, coll. « Collection historique de l'Institut d'Études Slaves », , 320 p. (ISBN 2-204-07838-7, lire en ligne), p. 221.
  3. Christophe Levalois, Le christianisme orthodoxe face aux défis de la société occidentale, Paris, Éditions du Cerf, coll. « Cerf patrimoines », , 196 p. (ISBN 978-2-204-12604-5 et 2-204-12604-7, lire en ligne).
  4. Claire L'Hoër, « Rue Daru : une cathédrale très orthodoxe », Valeurs actuelles, (lire en ligne, consulté le ).
  5. Elle meurt en juillet suivant.
  6. AFP, « La justice ne reconnaît pas la propriété de la Russie sur la "vieille église" orthodoxe de Nice », sur https://france3-regions.francetvinfo.fr/, (consulté le ).
  7. AFP, « Bras de fer judiciaire autour de la "vieille église" orthodoxe russe de Nice », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
  8. Gilles Rof, « La seconde église orthodoxe de Nice, convoitée par la Russie, lui échappe encore », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  9. AFP, « Nice : Non, la "vieille église" orthodoxe de la ville n’est pas la propriété de la Russie », 20 Minutes, (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Luc Svetchine, Pierre-Antoine Gatier, Alexis Obolensky, et Hervé Hôte, Les Églises russes de Nice, Arles, France, Éditions Honoré Clair, , 160 p. (ISBN 978-2-918371-01-4)
  • Bertrand Lettré, L'église orthodoxe russe, rue Longchamp, p. 93-97, Nice-Historique, 2003, no 458 Texte

Articles connexes

Liens externes

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