Ève Francis
Ève Francis, de son vrai nom Èva Louise François, née à Saint-Josse-ten-Noode (Bruxelles, Belgique) le et morte à Neuilly-sur-Seine (France) le , est une actrice française.
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Nom de naissance | Èva Louise François |
---|---|
Naissance |
Saint-Josse-ten-Noode, Bruxelles |
Nationalité | France |
Décès |
Neuilly-sur-Seine, Hauts-de-Seine |
Profession | Actrice |
Films notables |
Fièvre (1921) La Femme de nulle part (1922) |
Biographie
Née d’une famille française, la jeune bruxelloise Ève Francis médaillée du gouvernement Belge est envoyée perfectionner ses études à Paris[1]. Elle se passionne très jeune pour l’art de la comédie et suit les cours de Paul Mounet au conservatoire[2]. En 1913, lors d’une matinée au théâtre Antoine, elle rencontre le poète, journaliste et homme de théâtre Louis Delluc qui va devenir son pygmalion au cinéma et l’homme de sa vie. Ils ont une passion commune pour la littérature, la poésie et la musique, la guerre va les rapprocher[2]. Subissant la démobilisation à la fin de la Première Guerre mondiale, son mari lui dédie son ouvrage « La danse du scalp » avec la mention : « à Mahée : Toi seule pourras dire si c’est un cri de haine ou bien un cri d’amour »[3].
En 1914, Paul Claudel dresse un portrait de l'actrice, rapporté dans l'ouvrage du critique littéraire, Henri Guillemin : « S'il a tant apprécié Ève Francis, c'est qu'elle possédait, disait-il, un sens inné de ce qu'il avait personnellement voulu faire et qu'il avait tout de suite constaté un accord miraculeux et comme substantiel entre la diction de cette actrice et son propre souffle, l'économie sonore de ses vers et leur texture secrète »[4].
Elle épouse Louis Delluc, le à la mairie du 8e arrondissement de Paris, puis à l'église Saint-Philippe-du-Roule[2],[5],[6].
Ève Francis joue dans la plupart des films de son mari. C'est dans l’œuvre la plus connue, La Femme de nulle part (1922), l'avant-dernier que réalise Louis Delluc, qu'elle révéle tout son talent[7].
Elle rédige la chronique cinématographique du mensuel « La Revue de la femme », créé en . Pierre Bost lui succéde rapidement[8].
Ève Francis fut également une assistante de Marcel L'Herbier. Ses souvenirs ont été publiés en 1947[9].
Une affiche lithographique la représentant, intitulée affiche de promotion de la comédienne Ève Francis, œuvre de Bernard Bécan, est conservée à la Cinémathèque française[10].
Lors d'une interview d'Ève Francis réalisée en 1978, l’entretien s'achève par la narration passionnée de ses rapports avec Paul Claudel qui a été « la personnalité la plus extraordinaire de sa vie »[11]. En 2006, l'écrivaine Dominique Bona retrace la rencontre d'Ève Francis et de Paul Claudel dans une biographie[12].
Ève Francis décède le . À l'issue d'une cérémonie à l'église Saint-Pierre de Neuilly, elle est inhumée dans la sépulture familiale du cimetière parisien de Bagneux. Tout en ayant été séparée de son mari, Louis Delluc, cinquante-huit ans auparavant, elle a pris soin de faire refaire et graver la pierre tombale en beau granit, ornée d’un bronze de Gabriel Spat (ru)[13].
Filmographie
Actrice
- 1914 : La Dame blonde (court métrage), de Charles Maudru[14] ;
- 1916 : Un homme passa (court métrage), de Henri Roussell[2] ;
- 1917 : Le roi de la mer, de Jacques de Baroncelli[14] ;
- 1917 : Âmes de fous (film à épisodes), de Germaine Dulac[2] ;
- 1918 : Frivolité, de Maurice Landay[14] ;
- 1918 : Le Bonheur des autres (court métrage), de Germaine Dulac[2] ;
- 1919 : La Fête espagnole, de Germaine Dulac[2] ;
- 1919 : Fumée noire, de Louis Delluc[2] ;
- 1920 : Le Silence, de Louis Delluc[14] ;
- 1921 : Eldorado, de Marcel l'Herbier[14] ;
- 1921 : Le Chemin d'Ernoa, de Louis Delluc[14] ;
- 1921 : Prométhée... banquier, de Marcel L'Herbier[14] ;
- 1921 : Fièvre (moyen métrage), de Louis Delluc : Sarah[14] ;
- 1922 : La Femme de nulle part, de Louis Delluc[15] ;
- 1923 : L'Inondation, de Louis Delluc[2] ;
- 1924 : Âme d'artiste (court métrage), de Germaine Dulac[14] ;
- 1926 : Antoinette Sabrier (court métrage), de Germaine Dulac[2] ;
- 1934 : Le Bonheur, de Marcel L'Herbier[2] ;
- 1936 : Club de femmes, de Jacques Deval[14] ;
- 1937 : Forfaiture, de Marcel L'Herbier[14] ;
- 1938 : La Brigade sauvage, de Marcel L'Herbier[2] ;
- 1939 : Yamilé sous les cèdres, de Charles d'Espinay[14] ;
- 1939 : La Mode rêvée (court métrage), de Marcel L'Herbier[14] ;
- 1940 : La Comédie du bonheur / Ecco la felicità, de Marcel L'Herbier[14] ;
- 1968 : La Boniface (téléfilm), de Pierre Cardinal[16] ;
- 1968 : Le crime de Lord Arthur Saville (téléfilm), d'André Michel[17] ;
- 1971 : Tang, d'André Michel ;
- 1974 : La Chair de l'orchidée, de Patrice Chéreau[2] ;
- 1975 : Adieu poulet, de Pierre Granier-Deferre[13].
Assistante à la réalisation
- 1933 : L'Épervier, de Marcel L'Herbier[14] ;
- 1933 : Le Scandale, de Marcel L'Herbier[2] ;
- 1934 : Le Bonheur, de Marcel L'Herbier[14] ;
- 1934 : La Route impériale, de Marcel L'Herbier[2] ;
- 1935 : Veille d'armes, de Marcel L'Herbier[14] ;
- 1936 : La Porte du large, de Marcel L'Herbier[14] ;
- 1936 : Le Roman d'un spahi, de Michel Bernheim[18] ;
- 1936 : Les Hommes nouveaux, de Marcel L'Herbier[14] ;
- 1937 : La Citadelle du silence, de Marcel L'Herbier[14] ;
- 1937 : Forfaiture, de Marcel L'Herbier[14] ;
- 1938 : La Brigade sauvage, de Marcel L'Herbier[2] ;
Théâtre
- 1909 : Le Roi Bombance, de Filippo Tommaso Marinetti, Théâtre Marigny[19] ;
- 1911 : L'amour en cage, d'André de Lorde, Jean Marsèle, Frantz Funck-Brentano, Théâtre de l'Athénée[20] ;
- 1914 : L'Otage, de Paul Claudel, mise en scène Lugné-Poe, Théâtre de l'Œuvre[21] ;
- 1919 : L'Enfantement du mort, de Marcel L'Herbier, Théâtre Édouard VII ;
- 1920 : L'Homme à la rose, d'Henry Bataille, mise en scène André Brulé, Théâtre de Paris ;
- 1922 : Natchalo, d'André Salmon et René Saunier, mise en scène Henri Burguet, Théâtre des Arts[22] ;
- 1922 : Rosmersholm, d'Henrik Ibsen, trad. de Maurice Prozor, Théâtre de l'Œuvre[23] ;
- 1922 : Terre inhumaine, de François de Curel, mise en scène Julien Lacroix, Théâtre des Arts[24] ;
- 1924 : Ma femme danseuse, comédie en 3 actes de Louis Delluc, Théâtre des Mathurins
- 1928 : Le Renard bleu, de François Herczeg, mise en scène Alexandre Arquillière, Théâtre de la Potinière ;
- 1935 : Le Procès d'Oscar Wilde, de Maurice Rostand, Théâtre de l'Œuvre ;
- 1937 : L'échange, de Paul Claudel, mise en scène Georges Pitoëff, Théâtre des Mathurins[25] ;
- 1972 : Le Directeur de l'Opéra, de Jean Anouilh, mise en scène de l'auteur et Roland Piétri, Comédie des Champs-Élysées.
Source et références
- Source
- Gilles Delluc et Brigitte Delluc, « 23e colloque des amis de Cadouin : Louis Delluc. Homme de lettres, cinéaste et malade » [PDF], sur amisdecadouin.com, (consulté le ), p. 56 sur 80
- Références
- Gaston Mouru de Lacotte et Steinlen, « Œuvres de bienfaisance : France et Belgique », sur Gallica, (consulté le ).
- Daniel Chocron, « Biographie : Ève Francis », sur cineartistes.com, (consulté le ).
- 23e colloque des amis de Cadouin, p. 64.
- Marie-Clotilde Hubert (1933-), Bibliothèque nationale (préf. Pierre-Henri Simon (1903-1972) et Étienne Dennery (1903-1979)), Paul Claudel (1868-1955) : Catalogues d'exposition, Paris, BnF, , 228 p., 21 cm (notice BnF no FRBNF37065238, présentation en ligne, lire en ligne), p. 79.
- 23e colloque des amis de Cadouin, p. 56.
- Marcel Tariol (Présentation) et Louis Delluc (ill. Jean Fortin), Louis Delluc, vol. 30, Paris, Éditions Seghers, coll. « Cinéma d'aujourd'hui », , 23 p., 9 × 11,3 cm (lire en ligne [PDF]), p. 18.
- « Louis Delluc (1890-1924), de par la plume et la caméra », sur cinetom.fr, (consulté le ).
- Pascal Manuel Heu, « Oubliés et méconnus : Quelques figures féminines », La lettre du SFCC, Paris, Imp. Grafik Plus (Rosny-sous-Bois), no 49, , p. 7 / 17 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
- Ève Francis, Temps héroïques, théâtre - Cinéma, éditions Denoël, Paris, 1947, préface de Paul Claudel.
- La Cinémathèque, Affiche de promotion pour la comédienne Êve Francis
- [vidéo] Pierre Beuchot, « Portrait et entretien : Ève Francis », sur madelen.ina.fr, (consulté le ).
- Dominique Bona, Camille et Paul : La passion Claudel, Paris, Grasset & Fasquelle, (réimpr. 2007) (1re éd. 2006), 402 p., 23 cm (ISBN 2-246-70661-0 et 978-2246706618, OCLC 421526389, notice BnF no FRBNF41433598, SUDOC 108884619, présentation en ligne, lire en ligne), p. 331-358.
- 23e colloque des amis de Cadouin, p. 76.
- « Filmographie d'Ève Francis », sur notrecinema.com, (consulté le ).
- Michaël Mandl, « Inédits du cinéma muet : Lucien André Daven (Davenport) » [PDF], sur mandlonline.com, (consulté le ), p. 42 / 163.
- (en) La Boniface (fullcredits) sur l’Internet Movie Database (consulté le ).
- (en) Le crime de Lord Arthur Saville (17 février 1968) sur l’Internet Movie Database (consulté le ).
- (en) Le Roman d'un spahi (fullcredits) sur l’Internet Movie Database (consulté le ).
- Le Roi Bombance : tragédie satirique en 4 actes sur data.bnf.fr (consulté le ).
- L'amour en cage : comédie en 3 actes sur data.bnf.fr (consulté le ).
- L'otage : drame en 3 actes sur data.bnf.fr (consulté le ).
- Natchalo : drame en 3 actes sur data.bnf.fr (consulté le ).
- Rosmersholm : pièce en 4 actes sur data.bnf.fr (consulté le ).
- Terre inhumaine : drame en 3 actes sur data.bnf.fr (consulté le ).
- L'échange : pièce en 3 actes sur data.bnf.fr (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Allociné
- (en) AllMovie
- (en) Internet Movie Database
- Ressource relative au spectacle :
- Vidéo
- [vidéo] Archives du XXe siècle : Pierre Beuchot, « Portrait et entretien : Ève Francis », sur madelen.ina.fr, (consulté le ).
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