grelotteux

Français

Étymologie

  • Pour le miséreux : Du verbe grelotter, de froid en l’occurrence, suivi du suffixe -eux.
  • Pour l'adepte des modes : Evanghélia Stead, Le monstre, le singe et le fœtus: tératogonie et Décadence dans l'Europe fin-de-siècle, Librairie Droz, 2004, p. 224, propose :
Un mot dernier cri comme grelotteux, que Villatte explique par «boudiné» et date de 1884 par référence à un article de presse de Champsaur [691:148a], le requiert car il exprime aussi une physiologie en déclin. Avorton impuissant du dandy, le grelotteux, ce «dernier champignon poussé sur le vaste fumier de Paris, l'être flasque, mou, allongé, sans forme», est bien un monstre avec Maizeroy pour portraitiste dans La Fin de Paris [512:53].

Nom commun

Singulier et pluriel
grelotteux
\Prononciation ?\

grelotteux \Prononciation ?\ masculin (pour une femme on dit : grelotteuse) singulier et pluriel identiques

  1. Miséreux ou miséreuse qui grelotte ou qui tremble de froid.
    • Désormais, il n'y aura plus de prières marmonnées, au coin des rues, par des grelotteux affamés, sur votre passage.  (Léon Bloy, Le mendiant ingrat, décembre 1892 ; Edmond Deman éditeur, Bruxelles, 1898, pages 117-118.)
    • Et le feu d’un petit brasero avec trois grelotteux autour qui louchaient dans la fumée puante. On n’était pas très bien.  (Louis-Ferdinand Céline [Louis Ferdinand Destouches], Voyage au bout de la nuit, Denoël et Steele, Paris, 1932)
    • De même, en marge de la société, le clochard n'en est pas moins touché d'une certaine façon par la grâce. Peut-être d'ailleurs quittera-t-il le purgatoire terrestre pour le paradis, le jour du grand départ. C'est en tout cas ce que veut croire Bruant non sans une pointe d'ironie lorsqu'il achève son premier recueil par la mort du grelotteux : […].  (Solange Vernois, « La souffrance sociale dans les chansons d'Aristide Bruant illustrées par Steinlen », dans Histoires de la souffrance sociale : XVIIe-XXe siècles, sous la direction de Frédéric Chauvaud, Presses universitaires de Rennes, 2007, p. 57)
  2. (Désuet) Adepte de la dernière mode ; fashion victime.
    • On croirait que l'artiste chargé de composer ce rôle est allé s'asseoir souvent au café de la Paix et que lentement, patiemment, il a étudié et calqué, traits par traits, grimaces par grimaces, ces fantoches épuisés qui mènent la mode. Je ne sais qui les a baptisés du sobriquet railleur de « grelotteux », mais le vocable nouveau mérite qu'on le retienne, car il caractérise à merveille ce monde particulier d'inutiles. Les grelotteux !  (René Maizeroy, « Les Grelotteux », dans La Fin de Paris, Paris : éd. Victor-Havard, 1886, p. 49)
    • C'est grâce à cette affectation qu'on a la joie de rencontrer à Péra de jeunes grelotteux aussi ridicules que ceux des cercles en vogue de Paris ! Les tailleurs, qui connaissent le faible de cette vanité, en profitent pour faire payer à leurs clients des prix effrontés ; […].  (Kesnin-Bey (alias d'Eugène Chesnel), Le mal d'Orient (Mœurs turques), nouvelle édition, Paris : chez C. Marpon & E. Flammarion, s.d., p. 251)
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