Canadien français

Français

Étymologie

« Ce n’est que très graduellement que l’ethnonyme “canadien français” apparaît au cours des années 1840[1]. » On disait précédemment Canadien tout court pour désigner les habitants francophones du Canada. → voir Canadien et français.

Locution nominale

Singulier Pluriel
Masculin Canadien français
\ka.na.djɛ̃ fʁɑ̃.sɛ\

Canadiens français
\ka.na.djɛ̃ fʁɑ̃.sɛ\
Féminin Canadienne française
\ka.na.djɛn fʁɑ̃.sɛz\
Canadiennes françaises
\ka.na.djɛn fʁɑ̃.sɛz\

Canadien français \ka.na.djɛ̃ fʁɑ̃.sɛ\ masculin

  1. Francophone du Canada.
    • « Le projet de la Révolution tranquille, c’est de sortir les Canadiens français du Québec de leur sous-développement et de leur situation d’infériorité », explique Paul-André Linteau, professeur au département d’histoire de l’UQAM et auteur de l’Histoire du Québec contemporain.  (Le Devoir, 29-30 octobre 2005)
    • Si les années 1960 et 1970 furent en effet effervescentes, il n’en demeure pas moins que la Révolution tranquille consista grandement en un rattrapage du retard accumulé sous l’emprise d’une Église catholique conservatrice, qui définissait grandement le futur des Canadiens français comme la conservation d’un héritage, comme une simple survivance.  (Le Devoir, 11 septembre 2006)
    • Elle conte l’histoire d’une famille victime de la Dépression puis des difficultés d’un Canadien français à une certaine époque : le chômage, la double aliénation linguistique et politique, la misère endémique.  (Nuit blanche, no 150, printemps 2018, p. 39)
    • À l’heure où pénètrent Canadien français et Canayen dans l’usage, le premier chez l’élite, l’autre chez le peuple, des intellectuels s’opposent au principe d’adopter des dénominations qui se substitueraient à Canadien, concession injuste à leurs yeux. Ils vont défendre l’idée qu’il faut s’accrocher au nom Canadien, appartenant historiquement en propre aux francophones : « Nos aïeux […] étaient purement et simplement des Canadiens. Canadien-français est un pléonasme : qui dit canadien dit français. […] Nous étions déjà des Canadiens sous le régime français, nous sommes restés canadiens après la cession, et c’est pour conserver ce titre de Canadien que nos aïeux ont lutté contre les conquérants » (La Presse, 9 avril 1892).  (Geneviève Joncas, « Virage à 180 degrés : Des Canadiens devenus Québécois », in Cap-aux-Diamants, no. 96, 2009, p. 25–28)

Notes

Le terme Canadien français a surtout été utilisé jusqu’à la fin des années 1960. À partir de ce moment, avec l’ascension du sentiment d’identité québécoise, il a été associé à une époque révolue ou à un fédéralisme de mauvais aloi, pour être marginalisé au profit du mot Québécois.
Il en est résulté :
  1. La disparition d’un mot qui désignait à la fois les Canadiens français du Québec et les Canadiens français hors Québec (ces derniers étant actuellement au nombre d’environ un million).
  2. La disparition de la distinction entre les Canadiens français « de souche », en tant qu’ethnie, et les Québécois de plus en plus nombreux qui ne sont pas d’ascendance française (issus d’une immigration de plus en plus importante depuis les années 1970).
Aujourd’hui, le terme Canadien anglais est plus courant que le terme Canadien français, malgré ce que pourrait laisser croire le parallélisme des deux formes.
Le mot Canadien a longtemps désigné exclusivement les Canadiens français, pendant le Régime français évidemment mais aussi jusqu’au milieu du XXe siècle. Il s’oppose alors à Anglais au sens de « Canadien anglais ».
  • Cet Écossais, nommé Brown, est l’ami des Canadiens français. Il dit qu’il aime mieux les Canadiens que les Anglais. Il nous parle souvent de sa femme qui est une Canadienne française.  (Journal de Lorenzo Létourneau (1898), 17 Eldorado, Qualigram/Linguatech, Montréal, 2006)
En Acadie, au milieu des années 1960, une certaine mouvance dominante s’opposant à la vision traditionnaliste de l’Acadie et des Acadiens a rejeté le mot Acadien pour le remplacer par Canadien français, vocable considéré comme plus ouvert. Toutefois, cette tendance n’a duré que quelques années[2].
« Au début du XIXe siècle, […] la notion de Canada français n’existait pas. Deux facteurs clés ont toutefois contribué à son invention : les effets d’une forte immigration en provenance des îles britanniques et l’union politique du Bas-Canada et du Haut-Canada. Devenus majoritaires et maîtres incontestés du jeu politique […], les Britanniques du Canada-Uni ont commencé à employer le nom Canadians pour se nommer eux-mêmes, accolant du même coup à leurs voisins celui de French Canadians pour bien s’en distinguer. Il faut le souligner : s’il y avait un French Canada et des French Canadians, il n’y avait pas d’English Canada, ni d’English Canadians. Si les Canadiens anglais existent aujourd’hui, c’est parce que les nationalistes québécois les ont inventés[3]. »

Variantes orthographiques

  • Il peut paraître impossible qu’en dépit des traits accentués de son caractère et des tendances conservatrices qui le rendent réfractère [sic : réfractaire] à l’assimilation, le Canadien-français se soit adapté au rouage des institutions britanniques.  (Henri Bourassa, Les Canadiens-français et l’Empire britannique, S. A. Demers, 1903, page 9)
  • On sait comment, pour les Canadiens-français qui apprennent l’anglais, les inversions phonématiques des lettres g et j restent très longtemps en ambiguïté devant l’esprit.  (Henri Bélanger, Place à l’homme, Hurtubise HMH, Montréal, 1972)

Apparentés étymologiques

Quasi-synonymes

Vocabulaire apparenté par le sens

Hyponymes

Traductions

Références

  1. Éric Bédard, Les Réformistes – Une génération canadienne-française au milieu du XIXe siècle, p. 72.
  2. Joel Belliveau, émission Aujourd'hui l'histoire, Radio-Canada, 20 octobre 2016.
  3. La trahison québécoise, un mythe canadien-français, http://tagueule.ca/2012/03/10/la-trahison-quebecoise-un-mythe-canadien-francais
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