< Recherche:Imagine un monde
Wikimédia et l'univers cité de demain
Neuvième chapitre de l'ouvrage Imagine un monde !

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De Lionel Scheepmans.

Cette étude a ceci de particulier qu'elle porte sur une communauté épistémique (le mouvement Wikimédia) tout en étant réalisée au sein d'une autre communauté épistémique (l'Université catholique de Louvain). Toute deux de par leur dynamique[B 1] propre auront bien entendu influencé mon point de vue et mes convictions sur cette mission de production et de partage du savoir humain qu'elle partage. Il m'apparaissait donc injuste de conclure cette ouvrage, sans parler de l'environnement de recherche dans lequel j'ai réalisé ce projet d'écriture. Je rejoindrai donc en ce sens, cette affirmation selon laquelle « le premier terrain d'une ethnologie de la mondialisation commence dans les universités et les centres de recherche »[B 2]

Humanities 2.0:E-Learning in the Digital World - rep.2011.116.1.102.pdf

Assieds-toi et écris ta thèse ! Trucs pratiques pour la rédaction scientifique

Influence du terrain et du cadre institutionnel

Alain Testart disait  La méthode, en tant que moyen, ne peut être que subordonnée à une finalité :l'étude d'un objet scientifique. L'objet justifie la méthode. C'est donc par lui qu'il faut commencer lorsque nous nous demandons :comment définir l'anthropologie sociale ? »[B 3]. Jean-Paul Colleyn à son tour, affirma qu'« il y a aujourd'hui autant d'anthropologies qu'il y a d'objets d'études (anthropologie de l'art, de la musique, de la religion, de la santé ou de la perception) [...] »[B 4]. Quant à Michael Singleton, il dira pour sa part que « l'anthropologie ça n'existe pas, [...] ce qui existe réellement, ce sont des anthropologues »[B 5] avec cette précision de Pierre-Joseph Laurent qui souligne que « L'anthropologue ne sous-traite pas le terrain. Il s'y engage lui-même. »[B 6]

Dans le prolongement de ces affirmations, et selon ma propre expérience, j'aurais pour ma part envie de dire que tant l'engagement du chercheur sur son terrain que celle au sein son environnement institutionnelle influencera grandement la personnalité de l'anthropologue, sa vision du monde et donc finalement l'anthropologie qu'il produit. En effet, tout au long de mon observation participante au sein du mouvement Wikimédia et de mon intégration au sein de mon laboratoire d'anthropologie, s'est installée petit à petit ce que Pierre-Joseph Laurent appellerait sans doute une double « familiarité informée »[B 7] dont découlera une façon ambivalente les enjeux soulevés simultanément par mon terrain d'études et mon environnement professionnel finalement très proches au niveau de leur raison d'être.

À ce stade de lecture, et alors qu'il n'est plus nécessaire de parler du mouvement Wikimédia, il reste encore et par contre, beaucoup de choses à dire sur le laboratoire d'anthropologie prospective (LAAP) dans lequel je fus actif, membre de l'Institut d'analyse du changement dans l'histoire et les sociétés contemporaines (IACCHOS) et de L'Université catholique de Louvain (UCLouvain). Pour le faire sans m'éloigner du sujet de cette ouvrage et sans m'épandre sur un sujet certainement trop pour qu'il puisse être correctement traité ici, je prendrai pour option de formuler une critique constructive, sorte de plaidoyer pour une autre manière de faire science, directement inspiré du mouvement Wikimédia.

Une science à l'écart du corporatisme

En avril 2011, J'ai eu pour idée d'écrire mon mémoire de fin de Master intitulé :Culture FR Wikipédia, Monographie ethnographique de la communauté des contributeurs actifs sur l'espace francophone de Wikipédia[B 8] au sein même de Wikipédia. J'avais ainsi pour souhait de faire d'une pierre deux coups en écrivant mon ethnographie au sein même de mon terrain d'observation participante dans une sorte de processus récursif. Malheureusement, il s'est avéré que cela n'était pas possible en raison du premier des cinq « principes fondateurs »[W 1] du projet encyclopédique stipulant que  Wikipédia est une encyclopédie »[W 2]. Une affirmation triviale de premier abord, mais qui permet au final de se mettre d'accord sur tout « ce que Wikipédia n'est pas »[W 3]. À la lecture de ce contenu, j'apprenais donc à mes dépens que  Les essais personnels et travaux inédits (TI)[N 1] n'ont pas leur place sur Wikipédia. »[W 2].

On me redirigea dès lors vers un autre projet intitulé Wikiversité que je ne connaissais pas à l'époque bien qu'il faisait partie de plus d'une dizaine d'autres projets collaboratifs appelés « projets frères de Wikipédia »[W 4] (voir figure 2.1 ci-contre) que nous découvrirons plus en détails par la suite. Je me rendis donc sur la page d'accueil du site Wikiversité et j'y découvris avec grand intérêt que ce projet était un lieu dédié au « partage de contenus pédagogiques et à la rédaction de travaux de recherche »[W 5].

Après avoir annoncé mon arrivée au sein du projet par un message déposé sur la page d'une sorte de forum général intitulé « la salle café »[W 6], j'ai ensuite cherché l'endroit dans lequel je pouvais situer mon travail. Au cours de cette recherche, Crochet.david[W 7], un enseignant en électrotechnique[W 8] administrateur[W 9] [N 2] du projet Wikiversité qui avait déjà répondu de manière sympathique[W 6] à mon message d'arrivée, me proposait sur son espace de discussion utilisateur[N 3], de placer mon travail parmi les « travaux de recherche en sociologie »[W 10]. J'en resterai très surpris jusqu'à la découverte de l'organigramme du projet Wikiversité dans lequel l'anthropologie apparaissait comme départements de la faculté de sociologie[W 11].

Cette situation m'apparut extrêmement compliquée, car non seulement je devais demander l'accord de mon promoteur pour écrire mon mémoire en ligne et en temps réel sur un site internet, mais en plus, je devais à présent lui dire que ce mémoire réalisé dans le cadre d'un master en anthropologique, serait publié dans une faculté de sociologie. Connaissant la scission très claire au sein de mon université entre sociologues et anthropologues, je me suis senti quelque peu désarmé face à cette situation.

J'ai alors tenté de placer mon travail au niveau du département d'anthropologie de la Wikiversité sans faire mention de la faculté de sociologie. Mais David Crochet, de son vrai nom, est alors revenu vers moi pour me dire que « les projets sont associés aux facultés et non aux départements. »[W 12]. S'entame alors un débat qui fut transféré[W 13] dans la salle café qu'il soit accessible aux autres membres de la communauté. Au terme des discussions, nous sommes finalement arrivés à la conclusion qu'il fallait que je lance une prise de décision[N 4] pour renommer la faculté de sociologie.

Lors de cette prise de décision[W 14], JackPotte[W 15], un ingénieur en informatique[W 16] et autre administrateur du site, avait déposé un message pour nous tenir informés de la classification décimale universelle[W 17]. Dans cette version de la CDU[N 5], le terme anthropologie y apparaissait plusieurs fois, une fois dans le champ des sciences sociales (anthropologie culturelle) et une autre fois dans le champ de la biologie (anthropologie physique). Une telle information m'encouragea d'autant plus à renommer la faculté de sociologie en faculté de socio-anthropologie de telle sorte à pouvoir, avec un seul mot et de façon explicite, de regrouper la sociologie et l'anthropologie au sein d'une même faculté, tout en y excluant de celle-ci l'anthropologie physique.

L'acceptation de ma proposition à l'unanimité, fut pour moi une double satisfaction. D'une part celle de pouvoir présenter mon projet de mémoire dans de bonnes conditions, d'autre part, celle d'avoir lancé et participé pour la première fois à une prise de décision au sein du mouvement Wikimédia. Cependant, cette expérience suscita chez moi un certain questionnement. Comment en effet une séparation entre la sociologie et l'anthropologie a-t-elle pu voir le jour et comment a-t-elle pu persister jusqu'à nos jours ?

Coïncidence ou presque, j'ai trouvé réponse à cette question dans une revue intitulée « socio-anthropologie »[N 6], fondée en 1997 par Pierre Bouvier, avec pour ambition d'aborder « les déstructurations et les recompositions qui sont au cœur du monde contemporain »[W 18]. Dans le premier numéro de cette revue, on y cite Yves Grafmeyer[B 9] qui se remémore qu'à une certaine époque « l'anthropologie, la science de l'homme, s'est consacrée principalement à l'étude des peuples primitifs »[B 10]. On y découvre par la suite l'idée selon laquelle « l'anthropologie incombe à l'étude des sociétés sans écriture où se révèlent des cultures exotiques tandis que reviennent de droit à la sociologie les sociétés avancées dans l'urbanisation et l'industrialisation. »[B 11].

Voici donc qui répondait à ma question sur l'origine du clivage entre anthropologie et sociologie. Mais il ne s'agit là que d'une explication sur les origines, car aujourd'hui, l'expression « peuples primitifs » a disparu et la notion d'exotisme, a perdu tout son sens dès lors qu'un laboratoire d'anthropologie situé en Belgique peut rassembler des chercheurs originaires des quatre coins d'un monde[W 19]. Quant aux sociétés dites « avancées » dans l'urbanisation et l'industrialisation, il y a bien longtemps qu'elles ont dépassé les frontières de l'occident.

D'autre part, et ce dès la fin du vingtième siècle, l'anthropologie s'est intéressée de plus en plus au monde occidental et contemporain. Parmi les premiers travaux attestant ce changement, on retrouvera par exemple les travaux d'observations participantes réalisés dans le monde du travail par Pierre Bouvier[B 12] déjà cité précédemment. Il fut avec Marc Augé[B 13] par ailleurs, l'un des premiers anthropologues francophones à parler d'une « Socio-anthropologie du contemporain »[B 14]. Mobiliser de nos jours la question d'exotisme et d'un prétendu stade d'avancement des sociétés pour dissocier l'anthropologie de la sociologie n'a donc plus aucun sens.

Reste alors la possibilité de distinguer la sociologie et l'anthropologie de par leurs méthodes. Mais, là aussi, les choses se discutent. Car suite à l'arrivée du courant interactionniste au sein de l'école de Chicago, les pratiques anthropologiques, telles que l'ethnographie et l'observation participante adoptées par la sociologie. Harold Garfinkel professeur de sociologie à Harvard, n'hésitera d'ailleurs pas en 1967 a mobilisé l'expression « ethnométhodologie »[B 15] pour situer sa méthode de travail. De tels changements de paradigmes feront apparaître « les conflits des méthodes en sociologie »[B 16] dont l'existence rendra caduque l'argument de la méthode pour spécifiquement distinguer l'anthropologique de la sociologique.

En vérité, on est en droit de se demander aujourd'hui quels sont encore les sociologues qui pourraient se voir interdire la pratique de l'ethnographie, de l'étude de cas, ou autre démarche inductive ? Et réciproquement, quels anthropologues pourraient encore dire de nos jours que l'analyse quantitative des données de terrain et que la formulation de questions de départ seraient à proscrire de toute démarche anthropologique ?

Au terme de ce raisonnement, je suis donc tenté de croire que ce qui sépare l'anthropologie de la sociologie de nos jours, n'est rien d'autre que le maintien qu'un certain « corporatisme »[B 17] présent au sein de nos universités. De celui-ci sera né certainement cette réputation de « panier de crabes » attribuée au milieu académique par celui du politique[N 7]. Un constat bien triste finalement puisque que toute attitude sectaire nuira toujours à l'ouverture d'esprit et à l'échange entre chercheurs et donc in fine au progrès et au développement des connaissances et de la science en général.

Rappelons-nous enfin de ce concept de « complétude étude » introduit dans l'avant-propos de ce présent travail et directement inspiré des travaux de Ken Wilber. Ne se met-il pas ici tout à propos, pour penser à briser les barrières qui séparent l'anthropologie de la sociologie ? Ne nous invite-t-il pas aussi à briser toutes autres barrières qui sépareraient les chercheurs de toutes disciplines confondues dans le but de les rassembler autour d'une même cause universelle ? Celle d'une complétude étude quadridimensionnelle (culturelle, sociale, psychique et intentionnelle) de tout objet scientifique ?

Par chance et comme le dira Rémi Bachelet, maître de conférences à l'École Centrale de Lille[W 20] et contributeur du projet depuis septembre 2009[W 21], sur Wikiversité, « on est loin des guerres de disciplines ! »[W 22] Une raison pour laquelle sans doute, je m'y suis senti libre d'y concevoir le concept de « complétude étude » et d'intégrer au sein d'une étude qui se voulait au départ purement ethnographique, des données quantitatives et statistiques issues du terrain et aussi incontournables que problématiques de par leurs surabondances.

Un regain d'intérêt du numérique en science sociale

Avec l'essor des TIC, les anthropologues, comme les autres travailleurs en sciences humaines, sont de plus en plus confrontés à l'utilisation et à l'observation de nombreux moyens de communication mis en œuvre au sein espaces numériques. Les réseaux sociaux, les forums, les groupes de messageries instantanées, les listes de diffusion, les sites collaboratifs, etc. sont devenus des lieux de vie partagés par de nombreuses communautés humaines. Au fils du temps, ces nouveaux espaces numériques produiront de nouveaux terrains ethnographiques qui deviennent petit à petit de nouveaux terrain d'investigations en sciences sociales. Ne parle-t-on pas déjà aujourd'hui déjà, d'anthropologie virtuel ou des mondes virtuels, d'ethnographie numérique ou de netnographie, de techno-anthropologie, de cyber-anthropologie, d'anthropologie du numérique ou des espaces numériques ? Tout un ensemble de que l'on peut regrouper autour du terme « anthropologie numérique » même si l'expression « anthropologie des espaces numériques » me semble plus précise.

et que celle-ci pourrait être encore reprise dans un ensemble encore plus vaste appeler .

Dans ce contexte, des outils informatiques de traitement automatique du langage semblent devenir indispensable dès lors que des corpus linguistiques de grand volume deviennent accessibles sur les terrain d'étude. Ce fut la raison pour laquelle, je me suis inscrit, dans le cadre de ma formation doctoral à trois cours qui m'ont semblé indispensables. Il ne m'aurait pas été possible d'en suivre plus en raison de ce qui m'était permis de faire, mais aussi parce que mon université ne dispensait aucun autre cours pouvant répondre à mes besoins de chercheur en science social. D'ailleurs aucun de ces trois cours n'était organisé au sein de ma faculté de sciences économique, sociales, politiques et de communication (ESPO), mais bien en faculté de philosophie; arts et lettres (FIAL)

Le premier cours fut un cour d'humanité numérique dans lequel nous n'étions que trois participant, mon second était un séminaire consacré au pratique numérique où je me suis retrouvé seul avec le professeur, et le dernier que j'ai tenter de reprendre en vain l'année suivante étant donné que je n'avais pas présenté mon travail de fin d'année était un cour d'analyse automatisé du language naturel dans lequel je me suis retrouvé au milieux d'une quinzaine d'étudiants linguistes.

La raison de cette échec était que ce cours ne répondait pas à mes attentes de socio-anthropologie désireux requérir de nouveaux outils pour sa recherche ethnographie et pas de me lancer dans l'analyse linguistique de corpus issus de travaux ethnographiques[B 18]. Mes travaux exploratoires produits dans ce cours ne s'apparentaient même pas de l'anthropologie linguistique et n'auront donc finalement jamais répondu aux attentes des professeurs. Alors que ma présentation des fonctionnalités du logiciel libre TXM que je trouvais utiles à mes recherches ethnographique n'intéressait personne, je ne trouvais pour ma part aucun utilité d'apprendre par exemple, que le femme utilisait plus souvent l'émoticône « :-) » ou « ;-) » contrairement aux hommes qui préfère « :) » ou « ;) ».

Cette erreur de parcours, qui illustre ici à titre indicatif un certain manque d'intérêt pour les outils numériques en sciences sociale (absence de cours et d'étudiant), ne fut finalement sans conséquence sur mon parcours doctoral basé sur le principe qu'il faut atteindre un certains nombre de crédits d'heure sans pour autant respecter un programme préétabli. L'expérience m'aura par contre permis de découvrir le monde du traitement automatique du langage aux travers les cours et les travaux pratiques, et aussi par la suite, grâce à mes propres investigation au niveau du logiciel libre TXM. Malheureusement, le manque de temps, de ressources informatiques et d'aisance dans la mise en œuvre de mes nouvelles compétences, mais aussi la présence de très nombreux et très volumineux corpus libres d'accès au sein du mouvement Wikimédia (pages de discussion, forum, blogs, liste de diffusion, chat, etc) ne m'auront pas permis de tout mettre en œuvre tel que je l'aurai voulu au sein de ce travail.

Cette étude apportera la preuve que l'aire du numérique n'est pas forcément incompatible avec la « slow science » et que contrairement à ce que certain croie, le développement des techniques numériques ne tendent pas à « rendre le format de la monographie complètement désuet »[B 19] en répondant précisément à au rêve d'être « au plus près du monde sensible des autres ».

Principes de l'HyperNietzsche | Cairn.info

Fonctionnement du logiciel MediaWiki

Grâce au logiciel MediaWiki qui sauvegarde tous l'historique des activités en ligne pour le rendre librement accessible à tous[N 8], il devient en effet possible d'offrir aux lecteurs un accès à l'information telle qu'elle aura été découverte par le chercheur. De plus, dans ce contexte bien précis, la contrainte d'historicité soulevé par Passeron disparaît totalement étant donné que l'information archivée sera par définition figée dans le temps et ne subira donc aucune altération entre le moment de sa récolte et celui de sa redécouverte par le lecteur.

Dans l'interface de MediaWiki, des permaliens sont accessibles via l'item « Lien permanent » situé dans la colonne de gauche apparaissant sur toutes les pages des projets. De manière plus précise encore, il est aussi possible de fournir un lien vers une page qui affichera les « différences entre versions » aussi appelées « diffs » dans le jargon wikipédien. Ces pages « diff » dans lesquelles apparaît surligné dans un cadre de gauche ce qui a été supprimé et en gras dans un cadre de droite ce qui a été ajouté, sont toutes accessibles au départ des historiques des pages de contenus et permettent de visualiser directement l'état de ces dernières avant et après une modification (voir figure 2.7). L'avantage principal de cette méthode par rapport aux permaliens, est que le nom de l'auteur la modification et le moment exact où elle a été faite sera directement visible sans aucune autre manipulation.

Figure 2.7 :Capture d'écran de la page de Wikipédia affichant les différences apportées par ma modification faite à l'article « Science ouverte » .

Sur Wikipédia, produire les hyperliens pointant vers des pages « diffs » représente d'ailleurs une procédure courante dans le cadre d'une protestation adressée à la communauté. Dans le cadre d'une contestation du statut d'administrateur[W 23], il est par ailleurs clairement stipulé qu'« une contestation doit être expliquée et étayée par des diffs ou entrées de journal, sinon elle n'est pas valide ». Ces pages « diffs » ou du journal des activités permettent ainsi à chacun de valider ou de « réfuter » les accusations portées à l'encontre d'un administrateur du site. Typiquement, on y retrouvera des liens pointant vers des propos ou des actes contraires aux règles et recommandations en vigueurs au sein des projets.

S'il s'agit d'une information au sujet des dires ou des faits d'un acteur de terrain, la référence pointera alors vers la page « diff » présentant les différences entre la version pré et post écriture ou le journal des actions utilisateurs.

Malheureusement, ce qu'il est possible d'offrir à tout lecteur internaute au niveau des sources webographiques primaires, sera malheureusement impossible au niveau des sources bibliographiques secondaires. En effet, depuis longtemps déjà, ces sources font l'objet d'une dramatique marchandisation rendant leurs accès, y compris numérique, payant et donc limité. Aux yeux de certains, cette situation est le résultat d'un « oligopole d'éditeurs qui tire un profit maximum du fait que laboratoires scientifiques et chercheurs sont évalués en fonction des revues ou des maisons d'édition où ils publient leurs résultats »[W 24].

Dans un tel contexte et suite à ce que nous avons déjà débattu en début de cette section, aux « questions d'éthique concernent la publication scientifique »[B 20] s'ajoute désormais d'autres questions épistémiques cette fois, liées à une possible réfutabilité ou vérifiabilité des sources secondaires citées dans un ouvrage. Elles sont supposées exister bien sûr, mais sans y avoir accès, c'est alors là un nouveau pacte que l'on demande aux lecteurs de signer. Un pacte qui regroupera cette fois un ensemble de trois acceptations :une première sur l'existence des sources, une deuxième sur le fait qu'elles ont été pleinement exploitées sans être détournées, soit par déformations des propos, soit par omission du contexte dans lequel elles furent initialement exposées, et une troisième enfin sur le fait que la vérifiabilité de ces sources soit soumise à une marchandisation et donc fatalement une exclusion des personnes les plus démunies financièrement.

Un tel pacte, et surtout sa troisième acceptation, n'est-il pas finalement plus problématique que le pacte ethnographique dont nous parlions précédemment ? Doit-on en effet accepter que la pratique de la science ainsi que la réfutation de ses propos soit l'apanage d'une franche limitée de notre communauté humaine ? N'est-il pas temps enfin de penser à une science où toute information serait inconditionnellement accessible à tous et dans le respect de tous ?

Une science ouverte et transparente

Comme nous allons le voir, les questions d'ouverture, de transparence ne sont pas nouvelles dans le secteur de la recherche scientifique et sucitait déjà des question au sein du mouvement Wikimédia en contatant que les photos produite par la Nasa était dans le domaine publique en raison de la loi américaine alors que celle de l'agence spatiale européenne sont sous copyright alors qu'elles sont produites avec des fonds publics[B 21]. Depuis longtemps déjà, un mouvement s'est créé autour de l'expression « Open Science » avec l'apparition en 1999 du site dédié à l'écriture et à la diffusion de logiciels scientifiques libres et open source[W 25]. L'expression anglaise se verra traduite en français par celle de « science ouverte » qu'il ne faut pas confondre avec l'expression « Science libre » qui désigne le nom d'un magazine publié sous copyright[W 26].

Au même titre que le mouvement Wikimédia, le mouvement des sciences ouvertes peut être considéré comme l'héritier de celui du logiciel libre initié par Richard Stallman[N 9]. Cet extrait de l'ouvrage intitulé  Richard Stallman et la révolution du logiciel libre » nous permet de découvrir la position de Stallman au sujets des différentes production de l'esprit et leur protection juridique :

« Stallman propose de classer les œuvres soumises au copyright en trois catégories.

La première, fonctionnelle, comprend les logiciels informatiques, les dictionnaires, les manuels.

La deuxième comprend les œuvres ayant rôle de témoignage — par exemple des documents scientifiques ou historiques. Leur fonction pourrait être mise à mal si les auteurs comme les lecteurs étaient libres de les modifier à volonté. Cette catégorie inclut aussi les œuvres d'expression personnelle — journaux intimes, autobiographies ... — dont la modification reviendrait à falsifier les souvenirs d'une personne ou ses opinions, ce que Stallman considère comme injustifiable d'un point de vue éthique.

Enfin, la troisième catégorie concerne les travaux artistiques et de divertissement. Les droits accordés aux utilisateurs de chaque œuvre doivent, pour Stallman, être adaptés au type d'œuvre. Ainsi pour la première catégorie des œuvres fonctionnelles, les utilisateurs devraient-ils se voir conférer le droit illimité d'en faire des versions modifiées.

Pour les deuxième et troisième catégories, les droits de l'utilisateur devraient être modulés selon le souhait de l'auteur. Cependant, Stallman insiste sur le fait que, quelle que soit la catégorie de l'œuvre, la liberté de copier et de redistribuer de manière non commerciale devrait s'appliquer intégralement et en tout temps. Si cela signifie de laisser les internautes imprimer une centaine de copies d'un article, d'une image, d'une chanson ou d'un livre et ensuite d'en distribuer par courriel les copies à une centaine d'étrangers, alors qu'il en soit ainsi »[B 22].

En comparaison, un ouvrage intitulé « Science ouverte, le défi de la transparence » décrit le mouvement des sciences ouvert comme tel :

« Bien au-delà de l'accès ouvert, la science ouverte s'étend sur un champ très vaste et prend en compte, dans un effort de rénovation et de modernisation, l'ensemble des problématiques de la recherche et de ses conséquences, telles que l'ouverture et la gestion des données de recherche, l'ouverture et l'inter-opérabilité des logiciels, la transparence des évaluations, l'encouragement de la participation citoyenne à la recherche et la liberté d'accès aux matières d'enseignement. »[B 23]

Sur base de cette dernière citation, nous pouvons déjà réaliser à quel point le mouvement Wikimédia répond intrinsèquement aux attentes de la science ouverte. D'un côté, son projet de libre partage des connaissances humaines repose sur le logiciel libre MediaWiki qui offre à la fois l'ouverture et l'interopérabilité voulue. De l'autre, le dispositif d'archivage automatisé de MediaWiki tel qu'il fut déjà présenté offre à l'environnement numérique Wikimédia un degré de transparence inégalé.

De façon concrète cette transparence est assurée au travers de chaque page historique associée à chaque page web produite par le logiciel MediaWiki. Dans la figure 2.8 présente ci-dessous représentant une copie d'écran de la page historique de l'article Wikipédia intitulé « science ouverte », on y voit s'afficher de manière chronologique une liste de lignes reprenant de manière respective :

  • un lien « actu » pointant vers la page de contenu tel qu'il se présente actuellement ;
  • un lien « diff » pointant vers une page de différence entre versions dans laquelle apparaît en gras (texte ajouté) et en surligné (texte retiré) les modifications faites au contenu ;
  • la date et l'heure exacte de la modification sous forme d'un lien pointant vers la version de la page archivée juste après la modification ;
  • le nom d'utilisateur de l'auteur de la modification suivit entre parenthèse d'un lien « discuter » pointant vers sa page de discussion et d'un lien « contributions » pointant vers une page listant chronologiquement toutes ses modifications au sein du projet. Par défaut de compte utilisateur, s'affichera alors l'adresse IP de la connexion Internet utilisée par l'éditeur sous forme de lien pointant pareillement vers une page listant toutes les modifications faites par cette adresse au sein du projet. S'affichera ensuite entre parenthèses un lien « discuter » pointant vers une page de discussion consacrée aux échanges avec le titulaire du compte utilisateur ou l'utilisateur d'une adresse IP fixe ou les utilisateurs en cas d'adresse IP dynamique ;
  • en cas de modification mineure la lettre « m » en caractère gras ;
  • la taille de la page suite à la modification et celle de la modification exprimée en octets ;
  • entre parenthèse, un résumé des modifications éventuellement apporté par l'auteur ou le titre de la section automatiquement fourni par le système ;
  • et finalement entre parenthèse un lien annuler permettant d'enregistrer la version de la page antérieure à la modification et un lien « remercier » permettant d'adresse une notification de remerciement à l'auteur.

En haut des pages historiques du projet Wikipédia francophone on verra aussi apparaître toujours comme le montre le figure 8 ci-dessous un ensemble de liens pointant vers des outils d'analyses statistiques externes. Dans l'ordre de leurs apparitions respectives, ces outils permettront :

  • de filtrer les informations historiques affichées sur la page ;
  • d'afficher des statistiques sur les éditions et les auteurs ;
  • de retrouver l'auteur d'un passage écrit produit sur la page ;
  • de voir les statistiques de consultation de la page ;
  • de connaître le nombre de contributeurs ayant la page dans leur liste de suivi ;
  • d'afficher toutes les modifications de cette page faite par un seul contributeur.
Figure 2.8 :Copie d'écran de l'historique des modifications faite à l'article Wikipédia  Science ouverte ».

Ces pages d'historiques, permettront ainsi au final de visualiser l' édition d'une page et son évolution au fil du temps comme le démontre de manière explicite la vidéo 2.1 ci-dessous.

Tout ceci montre donc à quel point le souci de transparence peut être garanti au niveau des projets d'édition soutenus par le mouvement Wikimédia. Les nombreuses fonctionnalités du logiciel MediaWiki que certains pourraient qualifier de « fantasme de la technologie »[B 24] apparaissent ainsi, dans le contexte bien précis d'une science ouverte, comme solution au « défi de la transparence »[B 23], J'y vois aussi pour ma part une occasion unique, libre et gratuite de rédiger mes travaux scientifiques dans un espace totalement respectueux des revendications faites par le mouvement des sciences ouvertes, et ce sans aucun effort.

Il est même possible de pousser les choses encore plus loin en créant par exemple un laboratoire d'étude tel que le Laboratoire d'étude du mouvement Wikimédia[W 27], dans lequel j'invite tout un chacun, à s'investir dans l'étude du mouvement Wikimédia. Un tel espace permet ainsi de partager publiquement tout un ensemble de ressources découvertes ou produites lors de travaux de recherche, et qui ne peuvent être publiés en raison d'un manque de place un niveau d'un standard éditorial quelconque.

Un apprentissage des langages informatiques

Il restait enfin pour faire fonctionner le dispositif dialogique d'être capable de maîtriser un minimum le langage de mes interlocuteurs. Joseph-Marie de Gérando, l'un des précurseurs de l'anthropologie moderne, n'écrivait-il pas dans le journal de la société des observateurs de l'homme Le premier moyen pour bien connaître les Sauvages [expression commune à cette époque], est de devenir en quelque sorte comme l'un d'entre eux ; et c'est en apprenant leur langue qu'on deviendra leur concitoyen. »[B 25]

Mais avec plus de 300 versions linguistiques de Wikipédia, le mouvement Wikimédia apparaît tel un espace de rencontre extrêmement polyglotte. Heureusement comme toujours dans ce type de communauté cosmopolite, l'anglais viendra au secours de chacun pour faire office de lingua franca bien que la connaissance des langages naturels ne sera pas toujours suffisant. Effectivement, la pratique du wikicode peut s'avérer parfois nécessaire pour participer aux discussions ayant cours dans les nombreux espaces numériques gérés par le logiciel MediaWiki.

Fort heureusement de nouveau, la compréhension du wikicode ne constitue pas un obstacle insurmontable bien qu'elle n'en demande pas moins un certain temps d'assimilation. Sa connaissance s'avère par la suite très utile pour comprendre les enjeux du numérique, mais aussi pour pouvoir dialoguer confortablement au sujet de l'environnement sociotechnique du mouvement Wikimédia. Reste enfin que dans des débats plus poussés techniquement, la connaissance du wikicode peut apparaître comme insuffisante et dois dès lors être complétée par un vocabulaire et une grammaire provenant d'autres langages informatiques[N 10]. Une connaissance pour le moins passive de ces derniers devient dès lors un atout d'autant plus indispensable.

Respect du copyleft par les chercheurs

L'ultime avantage enfin lié à l'environnement numérique Wikimédia, c'est que tous ces échanges, au même titre que l'ensemble du contenu des projets éditoriaux, est librement exploitable dans une étude sans qu'aucune demande d'autorisation préalable ne soit nécessaire. La seule obligation sine qua non pour pouvoir profiter de cette liberté, sera de publier son travail aussi sous licence CC.BY.SA afin de respecter la condition de partage dans les mêmes conditions imposées par celle-ci[W 28]. Cette condition appelée aussi « copyleft » est de première importance, car elle garantit à elle seule que tout contenu libre reste libre après réutilisation.

Malheureusement, la plupart des études portant sur Wikipédia sont publiées au sein de revues ou d'ouvrages publiés sous copyright. Le cas le plus emblématique sans doute, sera celui de l'ouvrage  Commons Knowlege An ethnography of Wikipedia »[B 26] qui comprend une quantité importante de citations en provenance de Wikipédia et qui pourtant fut publié sous copyright en 2015 par la maison d'édition Stanford University Press. Cette entorse à la licence creative commons est d'autant plus surprenante que Dariusz Jemielniak, auteur de cet ouvrage, sera élu membre du conseil d'administration de la fondation Wikimédia durant l'année de publication de son ouvrage[W 29] et sera même réélu par la suite en 2017[W 30]. Selon l'avis d'un utilisateur expérimenté du projet Wikimédia Commons, Jemielniak et la Stanford University Press, s'exposent cependant au risque de se voir un jour inquiétés par une plainte en provenance d'un ou de plusieurs utilisateurs lésés par cet abus[W 31].

Une réforme de la science

« l'épistémologie est une conséquence de l'éthique et non l'inverse »[B 27]

La fabrique des imposteurs[B 28] Roland Gori - La Fabrique des Imposteurs -à partir de 34'

precariat - OECD

Société de termite de fourmis. Les sociétés fonctionnant sur des normes sont animal.

Profécie autoréalisatrise

Prolétarisation de l'existence. Il n'y a plus de liberté, l'imagination, de créativité. La fin de l'artisanat

Pour peu que l'on dépasse la posture d'opposition d'une certaine élite intellectuelle[B 29], l'environnement sociotechnique si particulier des projets Wikimédia peut donc apparaitre comme l'allié d'une évolution des pratiques de la science universitaire et de sa communauté épistémique. Peut-être même que le mot révolution serait plus adéquat si l'on se mettait vraiment à rêver d'une science non corporative, multi-paradigmatique, vérifiable par chacun, ouverte, libre d'accès, transparente, dialogique, participative et respectueuse de tous.

Malheureusement, et jusqu'à ce jour, le milieu académique semble peu enclin à s'impliquer dans la production de nouveaux savoirs au sein même de l'univers Wikimédia. Il est vrai que le mouvement s'est principalement concentré sur le développement de l'encyclopédique Wikipédia et par conséquent, sur la récolte, la synthèse et la diffusion d'un savoir préexistant. Plus récemment, le projet Wikidata aura attiré beaucoup d'attention et de moyens institutionnels et financier pour porter son ambition de développer le web sémantique[B 30]. Pour les 8 autres projets Wikimédia, une consultation des souhaits de la communauté Wikimédia en 2020, exceptionnellement limitée aux « projets hors contenus wikipédiens »[W 32], peut servir d'indicateur de classement en fonction de la distributions du nombre de souhaits par projets.

Sur 72 souhaits formulés, le projet Wikisource arrive en tête avec 28 propositions récoltées. Il est suivi du Wiktionnaire qui récolte 20 propositions, lui-même suivi du projet Wikiversité qui rassemble quant à lui 11 propositions. Malheureusement pour eux, les 5 autres projets restant ne dépasseront pas les 5 propositions. Si l'on ajoute Wikipédia et Wikidata à ces 8 projets, cela nous indique donc que Wikiversité, le seul projet réellement dédier à la production de nouveau savoir, n'apparait qu'en cinquième place en matière d'intérêt porté par la communauté Wikimédienne.

Les choses évoluent cependant évoluer avec la naissance au sein du projet Wikiversité anglophone d'un journal scientifique nomé WikiJournal déjà primé par l'Open publishing awards dans la catégorie « modèles de publication ouverts »[W 33]. Un projet de relocalisation du Wikijournal dans nouveau site Wikimédia séparé de Wikiversité a même été soumis au conseil d'administration de la fondation Wikimédia[W 34].

N'est-ce pas là une belle occasion pour les universitaires de passer du stade utilisateurs passifs et parfois méprisant à celui de contributeurs actifs au sein du mouvement Wikimédia ? Ne serait-ce pas non plus une nouvelle opportunité offerte à tout un chacun de produire du contenu scientifique sans pour autant s'inscrire ou adhérer à une institution Universitaire ? Le projet étant à ces débuts et actuellement réservé au monde anglophone avec une initiative francophone restée au simple stade d'acceptation par la communauté[W 35], une réponse à ces questions serait à la fois prématurée et hors sujet dans le cadre de ce travail dédier à la sphère francophone du mouvement Wikimédia.

La revue RNA Biology exige les personnes qui veule publier une section d'en remettre d'abord un résumé qui sera ensuite publié sur Wikipédia après revue par les paires[B 31].

Une socio-anthropologie prospective

Pierre-Joseph Laurent. Livre 6. Déconstruction des catégories, critique de la coopération et ... - YouTube


L'expression écrite « anthropologie prospective » semble être apparue pour la première fois en 1888 dans un cours de George Vacher de Lapouge[B 32], mais le concept à proprement parlé d'« anthropologie prospective » fut créés par Gaston Berger[B 33]. « Dès 1955, il trace les contours d'une méthode nouvelle [la prospective] qui réconcilie savoir et pouvoir, finalités et moyens, en donnant à l'homme politique la possibilité de transformer sa vision de l'avenir en actions, ses rêves en projets. » (Durance, 2008, p.13)[B 34]. Au sein d'une humanité encore inconsciente d'un réchauffement climatique naissant, Gaston Berger observait déjà une dangereuse accélération :

« L'homme est devenu capable d'actes irréversibles (Berger, 1960a)[B 35]. Par ailleurs, cette accélération n'affecte pas tout, ni tout le monde, de la même façon ; des " décalages ", des tensions, apparaissent un peu partout, qui renforcent encore ce sentiment de transformation du monde[B 36]. » (Id.).

Définie par son auteur comme science de « l'homme à venir » [B 37],[B 38] l'anthropologie prospective aura donc pour objet d'« élaborer de nouvelles formes d'études prospectives, qui auraient comme sujet les différentes situations dans lesquelles l'homme pourrait se trouver dans l'avenir [...] Ces études devront s'attacher à dégager les structures profondes des phénomènes, puis faire jouer l'imagination pour esquisser les premiers schémas des situations à venir » (Id.). Dans l'esprit de Gaston Berger, « Cette " mission " devra être confiée à des spécialistes de divers horizons (psychologie, sociologie, économiste, pédagogue, ingénieurs, médecin, statisticien, démographe, etc.). » (Id.).

Afin de rassembler toutes ces disciplines un « Centre International de la prospective » fut créé en mai 1957, trois ans avant le décès de Gaston Berger qui en fut le premier président[B 39]. D'autre centres naîtront ensuite sous la même impulsion, tel que le Centre d'études prospectives (Association Gaston-Berger)[B 40] ou encore le centre d'anthropologie prospective de Rouen qui produira en 1973, une première et dernière publication[W 36] contenant les actes d'un premier colloque axé sur le thème « La psychanalyse d'aujourd'hui » [B 41] dans lesquels l'anthropologie prospective restera présenté comme un « projet d'unification et de synthèse » (Clancier, 1974, p.15)[B 42]. Pour la suite, Gaston Berger restera cité dans la littérature mais de moins en moins durant les vingt ans qui suivront son décès[W 37]. Le concept de « prospective » aura cependant marqué les esprits et lancé une mouvance qui se concrétisera notamment par la naissance club de Rome connu pour son rapport sur Les limites à la croissance (Meadows, 1972)[B 43], et ses préoccupations concernant une crise planétaire naissante.

Quant à l'anthropologie prospective, on n'en parlait déjà plus en 1979 dans un titre de la collection Que sais-je pourtant intitulé « La prospective »[B 44]. Cependant, le concept réapparu soudainement en 2001, dans le titre de la revue Recherche Scociologique de l'Université Catholique de Louvain. Sous la direction de Mike Singleton [B 45], cette revue marquera les débuts d'un laboratoire d'anthropologie prospective (LAAP) dont je suis actuellement membre actif et quelque part héritier. L'anthropologie prospective, venait donc d'être réinventée quarante-cinq ans plus tard et de façon « inédite » (ibid., p.3), comme le croyaient ses nouveaux fondateurs, ignorant à l'époque l'existence des travaux de Gaston Berger tombés dans l'oubli au cours des années 70. Un fait quelque peu amusant, puisqu'il s'agissait pour ces créateurs d'un acte de « réincarnation » (ibid., p.2), non pas de l'anthropologie de Gaston Berger, mais bien d'une anthropologie dont « on prédisait sa mort imminente » [B 46].

En faisant renaître l'anthropologie prospective, les créateurs de ce laboratoire ont aussi opté pour une transdisciplinarité (ibid., p.4), et non plus un projet interdisciplinaire telle qu'elle avait été conçue par Gaston Berger lorsqu'il rassembla au sein de son projet, différentes disciplines scientifiques. A contrario, la stratégie du laboratoire d'anthropologie fut de rassembler au sein d'une anthropologie comme unique discipline, des personnes originaires d'horizons scientifiques différents (droit, agronomie, histoire, économie, communication, astrophysique, etc.). Une deuxième stratégie consista ensuite à retrancher le fait anthropologique derrière un « fait d'anthropologues » (ibid., p.3) ou autrement dit, d'accorder plus d'importance et de reconnaissance aux travaux singuliers d'anthropologues qu'à l'anthropologie elle-même qui n'est dès lors plus perçue comme une pratique monolithique mais comme une posture commune.

Tant pour le LAAP[B 47] que pour le centre de Gaston Berger[B 48], faire de l'anthropologie prospective, c'est aussi adopter une posture à la fois réflexive et engagée. J'assumerai pour ma part le côté réflexif en adoptant par moment un style d'écriture auto-ethnographique[B 49], qui permettra aux lecteurs de se situer par rapport à mon vécu au sein du mouvement Wikimédia et donc aussi par rapport aux biais d'interprétation que ce vécu pourrait engendrer. Au niveau de l'engagement, il sera aussi très présent dans mon style d'écriture autant qu'il a été lors de mon observation participante où je n'ai pas hésité à me présenter à plusieurs reprise comme candidat dans divers conseil d'administration. Au niveau du style d'écriture, j'utiliserai donc la première personne du singulier pour exprimer mes propres propos et le discours direct pour les paroles prononcée par les acteurs.

Selon Mike Singleton enfin, « on ne fait pas de l'anthropologie prospective pour satisfaire sa curiosité théorique [...] mais pour activer l'énergie humaine » [B 50]. Je suivrai donc aussi ce dernier enseignement en me remémorant la lecture d'une ethnographie de Wikipédia dans laquelle la dernière citation reportait le fait que : « le problème avec Wikipédia, c'est que cela fonctionne seulement en pratique, en théorie cela ne fonctionne pas » [B 51] [N 11]. Pour mieux cerner ce paradoxe qui pourrait s'appliquer in fine à l'ensemble du mouvement Wikimédia, et pas seulement à son projet Wikipédia, passons à présent à une approche ethnographique plus approfondie de notre sujet d'étude.

Notes et références

[N]otes

  1. Bien que cette formulation soit ambiguë, on parle souvent de « travaux inédits » sur Wikipédia en référence à ce que la communauté anglophone nome de façon plus appropriée  original research » que je traduirais pas l'expression travail de recherche original.
  2. Sur les projets éditoriaux Wikimédia, les administrateurs (aussi nommés sysop) sont des utilisateurs nommés par la communauté pour assurer la maintenance du site grâce à des outils techniques qui leur sont réservés et qui leur permettent de suspendre la publication de pages ou d'en empêcher l'édition aux autres utilisateurs, ou encore de bloquer un utilisateur malveillant, etc.
  3. Dans l'espace numérique des projets éditoriaux Wikimédia, chacune des pages des sites web possède une page de discussion associée qui permet aux lecteurs ou éditeurs de la page de dialoguer sur le contenu de la page. D'autre part, chaque utilisateur enregistré au sein des projets bénéficie aussi d'une page de présentation et donc d'une page de discussion associée à cette page de présentation. Cette page de discussion représente dès lors un lieu où l'on peut déposer un message public à l'intention de l'utilisateur. C'est seul un moyen en fait d'écrire à un utilisateur quand on ne possède pas son adresse e-mail et que la fonction « envoyer un courriel » n'a pas été activée par ce dernier au niveau de ses préférences personnelles.
  4. Selon les projets éditoriaux Wikimédia et leurs versions linguistiques, il existe différentes façons de prendre des décisions collectives sur des changements majeurs qui pourraient toucher toute la communauté. Dans le cas précis du projet Wikiversité francophone, les prises de décisions sont faites sur des pages créées à cet effet, et dans lesquelles les membres de la communauté discutent en vue d'obtenir un consensus. Si nécessaire, et c'est souvent le cas, un vote sera organisé et les propositions seront acceptées dès lors qu'il y a plus de 75% des votes en sa faveur. Pour pouvoir voter, il faut répondre à certains critères d'éligibilités des votants essentiellement déterminés sur base d'une certaine ancienneté et un minimum de participation au sein du projet.
  5. La classification décimale universelle a connu plusieurs éditions depuis sa création en 1905 par les deux juristes belges Paul Otlet et Henri La Fontaine fondateurs de l'Institut international de bibliographie.
  6. La revue Socio-anthropologie est disponible en accès ouvert sur le portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales .
  7. Cette expression m'est venue d'une observation participante au sein d'un cabinet ministériel en 2010 dans le cadre d'un cours portant sur les lieux de médiation.
  8. L'information pourrait cependant ne plus être accessible au lecteur si entre temps elle a été masquée pour des raisons légales ou, chose peu probable, si le site a été victime d'actions malveillantes au niveau des serveurs. Sachons enfin que le choix de la fondation d'ouvrir de nouveaux espaces en ligne reposant sur d'autres logiciels que MediaWiki fait disparaître la possibilité de consulter des pages d'historiques. C'est notamment le cas depuis la migration du site de la fondation Wikimedia depuis l'adresse foundation.wikimedia.orgvers l'adresse wikimediafoundation.org mais aussi depuis la création du Wikimedia space. Un archivage de ces deux sites reste cependant disponible sur le site https://archive.org/du projet Internet Archive, mais représentera toujours une source d'information bien plus limitée que ce que peut offrir le logiciel MediaWiki.
  9. Voir à ce sujet la section de cette ouvrage intitulé  Les racines du mouvement Wikimédia ».
  10. Dans le cadre du mouvement Wikimédia, les langages informatiques principalement utilisés sont l'HTML, le CSS, le JavaScript, le PHP et Lua,
  11. Texte original :The problem with Wikipedia is that it only works in practice. In theory, it can never work.

[B]ibliographie

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  7. Pierre-Joseph Laurent, Devenir anthropologue dans le monde d'aujourd'hui., Karthala Editions, 2019 (ISBN 978-2-8111-2622-3) (OCLC 1112553066) [lire en ligne], p. 13
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  11. Ibidem, page 9
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[V]idéographie

    [W]ebographie

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