Dans ce chapitre, nous décrivons le plan d'étude général pour les suites récurrentes d'ordre un. Nous montrons également comment donner une représentation de cette étude, qui aide parfois à comprendre le problème étudié.
Plan d'étude
Étude de ƒ
La première grande étape consiste à étudier la fonction qui définit la récurrence, c'est-à-dire l’application ƒ telle que :
- .
On s'attachera alors à étudier les points suivants :
- Caractère affine de ƒ : il convient tout d’abord de vérifier si ƒ est affine (auquel cas, on utilisera les outils adaptés aux suites arithmético-géométriques) ou non (auquel cas, on utilisera les outils de cette leçon). On peut par exemple repérer le domaine de définition de ƒ : si elle n'est pas définie sur R tout entier, la fonction ne peut pas être affine.
- Intervalles stables : on peut établir la liste des intervalles stables par ƒ maximaux. Puisqu'un point initialement dans un de ces intervalles y restera, nous pouvons étudier ce cas indépendamment de ce que fait ƒ en dehors.
- Variations : vérifier — sur chacun des intervalles stables — la continuité (souvent), la dérivabilité (assez souvent), la monotonie (moins souvent) de ƒ fournit des informations pertinentes à son sujet. On peut, de plus, vérifier si ƒ (qu'on sait continue) est k-lipschitzienne, avec k < 1 (ƒ est alors contractante). On étudiera par ailleurs les variations de ƒ(x) - x.
Étude des intervalles stables
Nous considérons maintenant chacun des intervalles stables trouvés lors de l'étape précédente. On note I l'intervalle stable que nous étudions.
Si ƒ est contractante sur I
Si de plus l'intervalle I est fermé et borné, le théorème suivant s'applique :
![](../../I/Dobry_Artykul-MK.svg.png.webp)
Soit I = [a, b] un intervalle stable par ƒ. On suppose ƒ une application contractante sur I.
Alors :
- ƒ admet un unique point fixe dans I, noté ;
- si u₀ est dans I, alors la suite (un) converge, et sa limite est ;
- la convergence de la suite est rapide (géométrique) : si ƒ est k-lipschitzienne,
.
On définit sur I l’application : , à valeurs réelles. Puisque ƒ est contractante, ƒ est continue, donc g est continue.
Puisque par hypothèse I est stable par ƒ, on a :
Alors, g étant continue, d'après le théorème des valeurs intermédiaires, il existe (au moins) un réel tel que :
c'est-à-dire tel que soit un point fixe de ƒ.
On a, pour tout entier n :
- .
On en déduit (par récurrence) :
- .
Puisque k < 1, cela montre que la suite converge. De plus, on a :
- .
D'après ce qui précède, tout point fixe de est limite de . Par unicité de la limite, le point fixe est donc unique.
Si la fonction ƒ(x) – x est de signe constant sur I
On a alors, si un est dans I :
- Premier cas : ƒ(x) – x est positive ou nulle, alors la suite est croissante :
- .
- Second cas : ƒ(x) – x est négative ou nulle, alors la suite est décroissante :
- .
Trois cas se présentent alors si I est fermé :
- ou bien ƒ n'admet pas de point fixe dans I, donc diverge ;
- ou bien ƒ admet un point fixe sur I mais n'y converge pas, à cause de la monotonie ;
- ou bien ƒ admet un point fixe sur I, et y converge.
Si la fonction ƒ est monotone sur I
On dispose dans ce cas d'un autre outil — qu'il ne faut surtout pas confondre avec le précédent — pour étudier la monotonie de la suite :
- si ƒ est croissante, alors la suite est monotone mais pas nécessairement croissante ; on peut cependant préciser facilement : elle est
- croissante (comme dans le premier schéma ci-dessous) dès que u₁ ≥ u₀,
- décroissante (comme dans le deuxième schéma ci-dessous) dès que u₁ ≤ u₀ ;
- si ƒ est décroissante, alors la suite est n'est pas monotone mais les deux sous-suites d'indices pairs et d'indices impairs le sont, puisqu'elles sont définies chacune par une récurrence associée à la fonction , qui est croissante.
Autres intervalles
Le cas des autres intervalle se ramène souvent, à partir d'un certain terme, à celui d'un point dans un intervalle stable.
![](../../I/Oxygen480-apps-preferences-desktop-icons.svg.png.webp)
Étudier la suite définie par son premier terme et la relation de récurrence :
- .
Soit (continue).
- Signe de et points fixes de
- donc la suite est décroissante (strictement, sauf si elle s'annule en un certain rang, auquel cas elle est constante à partir de ce rang) et le seul point fixe de est 0.
- Découpage en intervalles (à partir du point fixe)
- L'intervalle I := ]-∞, 0[ est stable (car ).
- L'intervalle ]0, +∞[, lui, n'est pas stable : on n'a que si . Mais ce sous-intervalle J := ]0, 1[ est stable (car si , on a non seulement mais aussi ).
- .
- L'intervalle restant, ]1, +∞[, n'est pas stable mais son image est I (car si alors ).
En excluant les deux cas triviaux u₀ = 0 (suite constante) et u₀ = 1 (suite constante à partir de l'indice 1), on a donc :
- Premier cas : u₀ est dans J
- La suite est décroissante et minorée (par 0), donc converge, et ce ne peut être que vers le point fixe de ƒ.
- Par conséquent, .
- Second cas : u₀ est dans I
- La suite étant strictement négative et décroissante, elle ne peut pas tendre vers 0.
- Par conséquent, .
- Troisième cas : u₀ > 1
- Alors, . Ainsi, à partir du premier rang, l'étude se ramène à celle du second cas.
- Par conséquent, à nouveau, .
Représentation
Il est possible de donner une représentation graphique de l'étude d'une suite récurrente d'ordre 1 :
- on trace la courbe C d'équation y = ƒ(x) ;
- on trace la droite D d'équation y = x.
Alors, les points d'intersection de C et D correspondent aux points fixes de ƒ — si la suite doit converger, c’est vers l'un de ces points.
- On place sur l’axe des abscisses le premier élément u₀.
- On trace le segment qui part de ce point et atteint verticalement la courbe C ; on a alors atteint le point (u₀, ƒ(u₀)) c'est-à-dire (u₀, u₁).
- On trace le segment qui part de ce point et atteint horizontalement la droite D ; on a alors atteint le point (u₁, u₁).
- On recommence à l'étape 2.
Il peut alors se présenter différents cas :
Cas d'une suite convergente
Si par exemple la suite est croissante et converge, on a un graphe dont l'allure est la suivante :
![](../../I/Recurrent_sequence_convergence.svg.png.webp)
Cas d'une suite qui tend vers l'infini
Si par exemple la suite est décroissante et diverge, on a un graphe dont l'allure est la suivante :
![](../../I/Recurrent_sequence_divergence.svg.png.webp)
Cas d'une suite sans limite (finie ou infinie)
Un cas parmi bien d'autres (et dans lequel apparaît un cycle limite) est représenté sur l'image suivante :
![](../../I/Recurrent_sequence_cycle.svg.png.webp)