Température corporelle humaine
L’être humain est un organisme homéotherme, ce qui signifie que sa température corporelle est quasiment constante.
On considère généralement que la température basale usuelle du corps humain est de 37,0 °C, cependant cette valeur dépend de l'endroit du corps où est faite la mesure, de l'heure de la journée et du niveau d'activité de la personne. Une température corporelle normale se situe entre 36,1 °C et 37,8 °C[1].
Facteur influant sur la température corporelle
Les échanges de chaleur qui se produisent chez un individu entre son corps et l'environnement sont tous envisagés par les lois de la thermodynamique.
Le premier principe de la thermodynamique, celui de la conservation des masses et de l'énergie, dit que l'énergie chimique dans les aliments, si elle n'est pas dépensée dans des efforts physiques, ou en élévation de température lors de l'effort physique, sera transformée en graisse. Le second principe de la thermodynamique dit que la chaleur s'écoule toujours d'un milieu à haute température vers un milieu à basse température, ce qui se produit habituellement pour le corps au contact de son environnement. Les échanges de chaleur se réalisent par évaporation, par conduction, par convection, par rayonnement. L'énergie restante est le travail. L'évaporation est sensible à l'humidité, les autres modes d'échange thermique ne le sont pas[2].
Les pertes de chaleur du corps humain se répartissent comme suit[3],[4] :
- rayonnement, environ 40 % ;
- évapo-transpiration, environ 25 % ;
- convection, environ 20 % ;
- conduction, environ 10 %.
Causes de refroidissement
Par rayonnement
Le corps se refroidit par rayonnement dans la mesure où il se trouve dans un environnement qui est plus froid que lui.
Par la transpiration cutanée
La fonction principale de la transpiration animale chez les homéothermes est la régulation thermique par évaporation. La transpiration retire un certain nombre de calories de l'organisme (L'évaporation d'un litre de sueur absorbe 500 kcalories[2].) La transpiration est accrue par l'élévation de température, par la sécheresse de l'air, par les mouvements de l'air, par l'échauffement de la peau, elle est diminuée par l'air froid, par la stagnation de l'air, par l'humidité de l'air et par le refroidissement de la peau.
Par la transpiration pulmonaire
De la vapeur est exhalée par la respiration. De plus, les volumes d'air introduits dans les poumons par la respiration se trouvent ordinairement à une température plus basse que celle du corps, ce qui provoque un refroidissement de celui-ci (Voir convection).
Par la conduction ou par convection
Les pertes de chaleur par conductivité thermique supposent que les corps qui touchent celui de l'humain se trouvent à une température plus basse que lui, et parmi ces corps c'est l'air atmosphérique qui le plus constamment est la cause de ce refroidissement, par convection (une forme de conduction). La perte de chaleur par conduction est extrêmement limitée chez les animaux ou chez les humains pour les raisons suivantes :
- les animaux dont la température est élevée sont revêtus d'enveloppes naturelles qui sont de très mauvais conducteurs de chaleur, la fourrure, les plumes ou les duvets et l'humain dont la peau est nue se couvre d'enveloppes artificielles, les vêtements, qui jouissent des mêmes propriétés (Isolation vestimentaire) ;
- les parties de surface du corps qui sont en contact avec un corps froid se refroidissent rapidement, la circulation devient lente ou presque nulle et la transmission de chaleur s'arrête ou devient très lente. Par exemple la peau d'un corps plongé dans un bain froid devient rapidement pâle, presque aussi froide que le bain lui-même. En cela, elle est presque réduite à la condition de membrane inerte, conduisant très mal la chaleur et servant d'enveloppe au reste du corps.
L'exposition à un vent froid, compliquée (si ce vent est sec) par une évaporation peut produire un refroidissement important (refroidissement éolien). Certains explorateurs polaires ont remarqué que l'on supportait mieux une température de −36 °C par vent calme que −18 °C par un vent vif.
Causes de réchauffement
L'organisme tend à réguler naturellement les déperditions thermiques (Voir plus loin, régulation).
Un environnement chaud contribue au réchauffement du corps : le corps reçoit de la chaleur par conduction ou par rayonnement pour peu que les surfaces et l'ambiance extérieure soient plus chaudes que la température corporelle.
D'autre part l'humain s'est créé un environnement qui vise à limiter les déperditions (vêtements, parois isolées de son habitat), quand il ne va pas puiser dans les ressources du chauffage les calories qui lui permettent de créer un milieu qui va contribuer à la conservation de son équilibre thermique, soit en limitant les surfaces ou ambiances froides, soit en communiquant directement des calories (par rayonnement, conduction) à son organisme.
Le chauffage et la climatisation visent, au-delà des besoins physiologiques, à réaliser un confort thermique qui pour beaucoup est culturel (confort adaptatif).
Régulation
L'hypothalamus, qui contient le centre thermorégulateur, reçoit des informations de tous les thermorécepteurs (cutanés et centraux) ; il analyse la température en permanence, et la compare à une valeur de consigne (environ 37 °C).
Lorsque la température du corps est supérieure à la valeur de consigne, l'hypothalamus provoque le phénomène de transpiration : l'évaporation de la sueur provoque un abaissement de la température de la peau. Dans le même temps, les artérioles cutanées se dilatent (augmentation du diamètre) afin de favoriser les échanges de chaleur avec l'extérieur.
Lorsque la température du corps est inférieure à la valeur de consigne, l'hypothalamus active plusieurs mécanismes de thermogenèse :
- réduction de la déperdition de chaleur à la surface du corps : vasoconstriction cutanée via le système nerveux sympathique (les catécholamines agissent sur les récepteurs adrénergiques alpha-1) pour diminuer les échanges thermiques entre la peau et le milieu ambiant. La chair de poule est également un mécanisme de thermogenèse, peu efficace chez l'humain en raison de sa faible pilosité.
- augmentation de la production de chaleur :
- par l'activité musculaire : les frissons sont des successions de secousses cloniques de la musculature striée ne fournissant aucun travail mécanique, toute l'énergie étant libérée sous forme de chaleur ;
- par le métabolisme : les catécholamines libérées par le système nerveux sympathique augmentent le métabolisme par lipolyse et glycogénolyse, ce qui induit la production de chaleur.
Variations
Rythme nycthéméral
La température corporelle varie naturellement de +1 ou -1 degré Celsius selon le rythme nycthéméral[réf. souhaitée]. La température est au plus bas environ 3 heures avant le lever et au plus haut en fin d'après-midi vers 18 h.
Maladie
Lorsque cette température est trop élevée, et que cette altération est produite par le corps lui-même — par exemple en réaction à une infection —, on parle de fièvre (qu'il convient de distinguer de l'hyperthermie résultant, elle, de l'accumulation de chaleur issue de l'environnement et/ou produite par un effort intense). Cette fièvre apparaît lors d’un dérèglement du système de régulation de la température par changement de la valeur de consigne. La fièvre peut se soigner en luttant contre sa cause (traitement de l’infection), en agissant sur la grandeur de consigne (aspirine, paracétamol, etc.) ou en refroidissant le corps de l’extérieur (bains frais, glace, etc.).
Lorsque la température centrale est trop basse, on parle d’hypothermie. Celle-ci peut être due à certains types d’infections ou à un refroidissement important ou prolongé.
Lorsque l’organisme n’arrive pas à compenser une variation de température imposée, il y a, selon le cas, coup de chaleur ou hypothermie, les deux pouvant être mortels à l’extrême.
Cycle menstruel
Chez la femme en âge de procréer, la température matinale est un peu sous 37 °C en début de cycle, et passe brutalement au-dessus au moment de l’ovulation (décalage thermique). Ce phénomène est utilisé dans la méthode des températures pour favoriser la grossesse ou à titre d'indicateur pour la contraception.
Adaptation au froid
Il semble que le corps humain exposé pendant de longues périodes au froid s'acclimate en faisant baisser partiellement la température corporelle pour dépenser moins d'énergie. On parle d'adaptation métabolique du corps. Les pêcheuses de perles de Corée Ama qui passent régulièrement du temps sous l'eau à des températures parfois avoisinant les 10°C, ont une température orale qui baisse à 32 - 33 °C dès qu'elles sont exposées au froid[5]. Au retour de sa marche en solitaire vers le Pôle, l'explorateur Jean-Louis Étienne après avoir été exposé à des températures très basses a vu sa température corporelle baisser jusqu'à 35,5 °C au repos lorsqu'il était exposé à de faibles températures (1 °C pendant deux heures) et ce sans conséquences[6].
Méthodes pour mesurer la température
La température de référence se situant au centre de l’organisme, celle-ci est difficilement mesurable. On distingue les méthodes non invasives, qui ne nécessitent pas le franchissement des muqueuses (pas de contact sanguin), des méthodes invasives. La fiabilité de la mesure diffère suivant la technique utilisée : la méthode la plus précise reste la mesure intrarectale, les autres conduisant fréquemment à une sous-évaluation de la température corporelle[7].
Méthodes non invasives
La prise de la température est sujette à controverse, car la température de référence se situe au centre de l’organisme, endroit où il est difficile d’accéder. Dans ces conditions, on se contente de pis-aller, en prenant la température dans un endroit pas trop exposé à l’air ambiant, et, malgré tout, accessible :
- le rectum permet d'obtenir une donnée fiable. Le thermomètre doit être nettoyé et désinfecté après utilisation, il peut être protégé par une enveloppe à usage unique ;
- la bouche : une sonde à usage unique est placée sous la langue, bouche fermée. La prise doit être relativement éloignée d'une absorption chaude ou froide ;
- l’oreille : thermomètre tympanique à infrarouge avec un embout à usage unique[8]. Les résultats peuvent être faussés par la présence d'un bouchon de cérumen ou le positionnement sur le côté du conduit auditif et non près du tympan ;
- l'aisselle ou pli axillaire : la température est de 0,5 °C inférieure aux autres prises avec un thermomètre électronique. Elle peut être impossible chez les personnes cachectiques. La peau ne doit pas être frictionnée avant la prise ;
- l'aine ou pli inguinal : idem qu'à l'aisselle ;
- moins utilisée, et coûteuse, une caméra infrarouge peut révéler des zones d'inflammation (révélant par exemple des zones touchées par une arthrite, en médecine vétérinaire notamment).
En France, le thermomètre à mercure ayant été interdit, il a été remplacé par des thermomètres au galinstan. En pratique, les thermomètres électroniques ou à infrarouges sont de plus en plus utilisés.
Méthodes invasives
Réservée aux patients hospitalisés nécessitant un suivi intensif et continu, la mesure de la température peut être réalisée avec une sonde urinaire, une sonde œsophagienne ou avec un cathéter artériel doté d'une sonde de température (notamment lors de la mesure de la pression artérielle invasive)[9],[10].
Notes et références
- (en) The Physics Factbook, Temperature of a Healthy Human (Body Temperature), édité par Glenn Elert écrit par ses étudiants
- Véronique Billat. Physiologie et méthodologie de l'entraînement: De la théorie à la pratique. De Boeck Supérieur, 15 mai 2003 - 224 pages. Consulter en ligne
- René Vittone. Bâtir: manuel de la construction. PPUR Presses polytechniques, 10 juin 2010. Consulter en ligne
- J. B. G Barbier. Traité élémentaire de matière médicale. établissement encyclographique, 1837. Consulter en ligne
- (en) B. S. Kang, S. H. Song, C. S. Suh et S. K. Hong, « Changes in body temperature and basal metabolic rate of the ama », Journal of Applied Physiology, vol. 18, , p. 483–488 (ISSN 8750-7587 et 1522-1601, lire en ligne)
- « Jean-Louis Etienne - Explorateur », sur www.jeanlouisetienne.com (consulté le 11 octobre 2016)
- Niven DJ, Gaudet JE, Laupland KB et al. Accuracy of peripheral thermometers for estimating temperature: A systematic review and meta-analysis, Ann Intern Med, 2015;163:768-777
- Denis Leduc, Sandra Woods, « La mesure de la température en pédiatrie », sur www.cps.ca, Société canadienne de pédiatrie, (consulté le 20 mars 2015).
- (en) O'Grady NP, Barie PS, Bartlett JG, Bleck T, Carroll K, Kalil AC, Linden P, Maki DG, Nierman D, Pasculle W, Masur H; American College of Critical Care Medicine; Infectious Diseases Society of America, « Guidelines for evaluation of new fever in critically ill adult patients: 2008 update from the American College of Critical Care Medicine and the Infectious Diseases Society of America », Crit Care Med, vol. 36, no 4, , p. 1330-49. (PMID 18379262, DOI 10.1097/CCM.0b013e318169eda9) [Erratum in Crit Care Med. 2008 Jun;36(6):1992].
- (en) Stelfox HT, Straus SE, Ghali WA, Conly J, Laupland K, Lewin A, « Temporal Artery versus Bladder Thermometry during Adult Medical-Surgical Intensive Care Monitoring: An Observational Study », BMC Anesthesiol, no 10, , p. 13. (PMID 20704713, PMCID PMC2931507, DOI 10.1186/1471-2253-10-13, lire en ligne [html])
Articles connexes
- Température corporelle
- Température basale
- Confort thermique
- Isolation vestimentaire
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