Amyotrophie spinale

L'amyotrophie spinale est le nom donné à un groupe de maladies héréditaires caractérisées par une faiblesse et une atrophie des muscles.

Amyotrophie spinale
Souris avec une amyotrophie spinale.
Spécialité Neurologie
CIM-10 G12
CIM-9 335.0-335.1
OMIM 253300 253550 253400 271150
DiseasesDB 14093 32911 12315
MedlinePlus 000996
MeSH D009134
GeneReviews Spinal Muscular Atrophy

Mise en garde médicale

Cette pathologie se transmet de manière autosomique récessive. Elle n'affecte pas le cerveau mais tuerait autrefois les enfants en bas âge car faute de muscles actifs, leurs poumons ne fonctionne plus. Les respirateurs artificiels sont encore nécessaires, mais des espoirs de nouveaux traitements existent (thérapie génique...)

Symptômes

S'attaquant aux cellules nerveuses (motoneurones) qui stimulent et commandent les muscles volontaires, la maladie entraîne leur détérioration. À cause de cela, les neurones moteurs qui se trouvent dans la moelle épinière ne sont plus en mesure de transmettre des signaux aux muscles, ce qui empêche ces derniers de fonctionner normalement. Par conséquent, les tissus musculaires s'affaiblissent puis s'atrophient (fondent). Cela n’affecte jamais les fonctions intellectuelles.

Il existe quatre types d'amyotrophie spinale qui présentent des symptômes différents. De manière générale, on peut remarquer une faiblesse des muscles et une faible tonicité musculaire.

Épidémiologie

L'amyotrophie spinale touche aussi bien les personnes de sexe féminin ou masculin. Près d'un enfant sur 10 000 naissances est touché par cette maladie[1], ce qui représente environ 130 enfants en 2013 en France et une naissance par jour aux Etats-Unis.

La maladie est de type autosomique récessive : elle se transmet de génération en génération, à condition que les deux parents soient atteints. Si le père et la mère sont tous deux porteurs sains, l'enfant présente un risque sur quatre de développer une amyotrophie spinale[2]. l'allèle mutée est présent dans environ une personne sur 54[1].

Cause

Sur le chromosome 5 sont situés deux gènes : SMNt (télomérique) ou SMN1 et SMNc (centromérique) ou SMN2. Ces deux gènes diffèrent l'un de l'autre par la substitution de 5 acides aminés. Le plus important des échanges est le changement dans l'exon 7. Celui-ci rend 90 % de la protéine synthétisée appelée SMN (Survival Motor Neuron) par SMN2 tronquée donc non fonctionnelle. La gravité de la maladie dépend en particulier du nombre de gènes SNM2 mutés[3].

Classification

Dénomination

Cette affection est décrite sous des appellations variées[4] :

  • en français  :
    • AS (Amyotrophie Spinale)
    • Atrophie musculaire progressive
    • Amyotrophie spinale distale
    • Amyotrophie spinale scapulopéronière
    • Amyotrophie spinale de forme scapulo-péronière
    • Amyotrophie spinale scapulo-péronière
    • Syndrome de Stark-Kaeser
    • Amyotrophie spinale oculopharyngée
    • Amyotrophie spinale oculo-pharyngée
    • Amyotrophie spinale progressive
    • Amyotrophie spinale proximale progressive
    • Amyotrophie spinale progressive proximale
    • Neuropathie bulbospinale
    • Neuropathie bulbo-spinale
    • Amyotrophie spinale de l'adulte
    • Amyotrophie spinale de l'adulte type 4
    • Amyotrophie spinale de l'adulte type IV
  • en anglais :
    • Spinal Muscular Atrophy
    • Scapuloperoneal Form of Spinal Muscular Atrophy
    • Oculopharyngeal Spinal Muscular Atrophy
    • Progressive Muscular Atrophy
    • Bulbospinal Neuronopathy

Classification

Parmi les amyotrophies spinales, on distingue quatre types (deux types infantiles, un type juvénile et un type de l’adulte)[2] :

  1. le type I, appelé amyotrophie spinale infantile sévère, apparaissant avant l’âge de 6 mois et caractérisé par l’absence d’acquisition de la station assise. Il existe des sous-types d’ASA de type I de sévérité variable ;
  2. le type II, ou amyotrophie spinale infantile intermédiaire, survenant à l’âge de 6 à 18 mois et caractérisé par l’absence d’acquisition de la marche ;
  3. le type III, aussi appelé amyotrophie spinale juvénile, survenant après l’âge d’acquisition de la marche (après 18 mois - 2 ans) ;
  4. le type IV ou amyotrophie spinale adulte, se manifestant à l’âge adulte. Il s’agit de diverses formes de la même maladie présentant des différences considérables du point de vue de l’âge d’apparition, de la gravité des symptômes et du pronostic.

Les trois premiers types sont regroupés sous le terme « amyotrophies spinales infantiles » (ASI), alors que le terme « amyotrophie spinale antérieure » (ASA) fait référence à l’ensemble des quatre types.

Le terme anglo-saxon SMA, pour spinal muscular atrophy, est également utilisé.

Le plus grand danger vient des affections respiratoires, pneumonie ou autres, contre lesquelles l'enfant combat difficilement.

Il existe des types alternatifs appelés « Bis » et « Tierce » ainsi que des classifications allant de la forme aiguë (maladie de Werdnig-Hoffman correspondant au type I) à la forme chronique (syndrome de Kugelberg-Welander correspondant au type III) en passant par des formes intermédiaires.

Les catégories évoquées là sont remises en cause car elles ne seraient ni objectives ni réalistes à cause des différences importantes de qualité de vie des patients (ex. : un type III peut être dans un état clinique plus grave qu'un type I bis)

Espérance de vie et traitement

Si ce type de pathologie a vu reculer l'âge des décès de ces porteurs (autrefois très précoces) depuis l'amélioration des prises en charge (notamment grâce à la ventilation artificielle), la maladie affecte encore grandement l'espérance de vie. Elle varie énormément d'une forme à l'autre.

En décembre 2016, le premier médicament pour l'amyotrophie spinale utilisant la thérapie antisens nommé nusinersen (Spinraza), a été autorisé aux États-Unis par la FDA. Cet ARN permet l'augmentation de l'expression du SNM2 normal en empêchant l'exclusion de l'exon 7. Ce traitement nécessite des injections répétés par ponction lombaire, permettant l'amélioration des symptômes et de la survie[5].
En 2018, alors que des experts préfèreraient d'abord obtenir plus de données d'essais humains pour vérifier la fiabilité et l'innocuité du traitement, des groupes de familles et certains membres du Congrès poussent le Département de la Santé et des Services sociaux, et son administrateur (Alex Azar), à ajouter dès 2018 cette maladie au panel de tests sanguins recommandés pour tous les nouveau-nés[6]. Une décision devrait être prise début juillet[6].

De nombreuses études cliniques sont aussi en cours, utilisant des petites molécules et la thérapie génique[7]. Ainsi l'injectection du gène SNMnormal associé à un adénovirus en intraveineux, de manière qu'il s'inclue dans le génome permet l'amélioration des symptômes et de la survie dans les formes juvénile de type 1[8] ou les formes plus tardives[9].

Notes et références

  1. Sugarman EA, Nagan N, Zhu H et al. Pan-ethnic carrier screening and prenatal diagnosis for spinal muscular atrophy: clinical laboratory analysis of >72,400 specimens, Eur J Hum Genet, 2012;20:27-32
  2. (en) Adele D'Amico, Eugenio Mercuri, Francesco D. Tiziano, Enrico Bertini, « Spinal muscular atrophy », Orphanet Journal of Rare Diseases, vol. 6, no 1, , p. 71 (ISSN 1750-1172, PMID 22047105, DOI 10.1186/1750-1172-6-71, lire en ligne)
  3. Mailman MD, Heinz JW, Papp AC et al. Molecular analysis of spinal muscular atrophy and modification of the phenotype by SMN2, Genet Med, 2002;4:20-26
  4. « Descripteur français : Amyotrophie spinale », sur mesh.inserm.fr
  5. Finkel RS, Mercuri E, Darras BT et al. Nusinersen versus sham control in infantile-onset spinal muscular atrophy, N Engl J Med, 2017;377:1723-1732
  6. Wadman M (2018) Newborn screening urged for fatal neurological disorder ; Science mag 29 Juin : Vol. 360, Issue 6396, pp. 1385 DOI: 10.1126/science.360.6396.1385
  7. (en) Karen Weintraub, « A boy’s unlikely survival raises the curtain on a new class of drugs. », MIT Technology Review, (lire en ligne)
  8. Mendell JR, Al-Zaidy S, Shell R et al. Single-dose gene-replacement therapy for spinal muscular atrophy, N Engl J Med, 2017;377:1713-1722
  9. Mercuri E, Darras BT, Chiriboga CA et al. Nusinersen versus sham control in later-onset spinal muscular atrophy, N Engl J Med, 2018;378:625-635

Voir aussi

  • Maladie de Werdnig-Hoffmann ou amyotrophie spinale de type I
  • Syndrome de Kugelberg-Welander ou amyotrophie spinale de type III
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