Zanskar

Le Zanskar ou Zangskar (ladakhi : ཟངས་དཀར, Translittération Wylie : zangs dkar) est un tehsil (sous-district), du district de Kargil, dans la partie nord-ouest de l'État indien du Jammu-et-Cachemire. Son centre administratif est Padum, capitale de l'ancien royaume. On y parle le Kenhat, des dialectes du haut-Ladakh et du Zanskar[1]. La région est célèbre pour les treks qu'elle propose[2].

Ne doit pas être confondu avec Zanskar (rivière).

Zanskar

Rivière Zanskar se jetant dans l'Indus.
Administration
Pays Inde
État ou territoire Ladakh
District Kargil
Statut tehsil
Fuseau horaire IST (UTC+05:30)
Démographie
Gentilé Zanskarpas
Population 13 849 hab. (2006)
Densité hab./km2
Géographie
Coordonnées 33° 29′ nord, 76° 50′ est
Altitude Min. 3 500 m
Max. 7 000 m
Superficie 700 000 ha = 7 000 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Inde
Zanskar
Géolocalisation sur la carte : Ladakh
Zanskar
Géolocalisation sur la carte : Ladakh
Zanskar
    Carte de localisation du Zanskar.

    Histoire

    On trouve des traces humaines datant de l'âge du bronze. Des pétroglyphes, disséminés sur le territoire, laissent penser que des tribus turco-mongoles de l'Altaï auraient vécu dans la région[3].

    Sous l'influence de l'Empire kouchan (Ier siècle av. J.-C.IIIe siècle), appelés par la population locale Mon, la région s'est convertie au bouddhisme où se tient un 4e conseil légendaire, sous le règne du roi Kanishka (125 — 152)[4].

    Envahis par l'Empire du Tibet (629 – 877) fondé par Songtsen Gampo au VIIe siècle, ils furent obligés de se convertir à leur religion animiste, le Bön.

    Lorsque ce dernier se convertit au bouddhisme par l'influence chinoise de la princesse Wencheng de la dynastie Tang et l'influence népalaise de la princesse Bhrikuti, offertes en mariage à l'Empereur en signe d'alliance et en échange de l'arrêt de ses conquêtes, la région put de nouveau pratiquer ce culte.

    Après l'assassinat du dernière empereur, Langdarma par un ermite bouddhiste en 841 ou 842, Ses deux fils se battent pour le pouvoir, une guerre fratricide pour la prise du pouvoir commence entre Yumtän (tibétain : མངའ་བདག་ཡུམ་བརྟན་, Wylie : mang' bdag yum-brtan, THL : Ngadak Yumten) et Ösung (tibétain : འོད་སྲུང་།, Wylie : 'od srung, THL : ösung ou tibétain : མངའ་བདག་འོད་སྲུང།, Wylie : mang' bdag vod-srung, THL : Ngadak Ösung). Les successeurs d'Ösung contrôlent alors le Ngari, qui devient le royaume de Gugé, tandis que ceux de Yumtän contrôlent l'Ü[5].

    Nyimagön (ཉི་མ་མགོན།), petit-fils d'Ösung, vécut vers la fin du Xe siècle et conquiert tout le Tibet occidental. Il partage son territoire entre ses trois fils : Gugé (གུ་གེ) fondé par Tashigön (ou Trashigön བཀྲ་ཤིས་མགོན།), le Zanskar (ཟངས་དཀར།) à Detsugön (བདེ་བཙུགས་མགོན།) et le Maryül (Ladakh) à Palgyigön (ou Pelgigön)[6].

    Zanskar, devient une monarchie en 930, le pays est gouverné par 2 à 4 maisons de la même famille.

    À partir du XVIe siècle, le pays est subordonné au Ladakh.

    En 1822, une coalition originaire de Kullu, Lahoul et Kinnaur envahit le Zanskar et détruit le palais royal à Padum.

    Vers le milieu du XXe siècle, le Ladakh est divisé entre la Chine, le Pakistan et l'Inde, le Zanskar se retrouve alors en Inde.

    Tenzin Gyatso, le 14e dalaï-lama, se rendit au Zanskar en août 1980 pour les besoins d'un film[7].

    Géographie

    La région se situe dans la plus haute vallée peuplée de l'Himalaya à plus de 4 000 mètres d'altitude. Le Zanskar rejoint le toit du monde à des hauteurs de 7 000 mètres et reste isolé quasiment huit mois par an. Même les hautes vallées, situées à 3 500 mètres, restent bloquées par la neige bloquant les accès par les cols. Pour rejoindre le Ladakh voisin, une seule voie est alors possible : le fleuve Zanskar. Avec l'avancée de la route, 3/4 jours de marche permettent de franchir les gorges en marchant sur le fleuve gelé. Si la glace est mince, ce parcours peut être une véritable aventure.

    Coutumes

    • Hisser un drapeau est, au Zanskar, une manière de manifester sa foi et de se concilier la bienveillance des divinités. Humbles morceaux d'étoffe où l'on inscrit parfois des mantras, on en voit partout sur les chemins, les ponts, les terrasses, dans les cours des maisons et des temples, sur les « chörtens » (monuments pieux) ou au sommet des cols.
    • Sur des pierres isolées, empilées ou formant des sortes de murets, il est fréquent de voir des images saintes ou, beaucoup plus souvent encore, sculpté en tibétain, le mantra libérateur : Om Mani Padme Hüm.

    Population

    La population est composée principalement de 95 % bouddhistes pratiquant le bouddhisme tibétain, le reste pratiquant principalement un Islam sunnite. Padum héberge la seule mosquée de la région.

    La population est un mélange de Tibétains et d'Indo-européens (Changpas Dards (en) et Mon), ces derniers sont également des Dard, mais ont leur nom propre pour les distinguer des Dards arrivés plus tardivement.

    Environ 12 000 habitants vivent pauvrement de l'agriculture et de l'élevage des moutons et des yacks. L'élevage est principalement pratiqué par les femmes et les enfants.

    Les femmes vivent en polyandrie, système dans lequel plusieurs frères sont mariés à la même femme.

    Les hommes partant principalement pour le célibat de la vie monastique, l'important taux de mortalité des enfants participent à la régulation de la population. La population reste stable car les terres cultivables ne peuvent s'étendre.

    Dès les premières neiges, qui tombent en novembre, le Zanskar entre en hibernation.

    Galerie

    Notes et références

    1. Zeisler 2011.
    2. Bouquet.
    3. Francfort, Klodzinski et Mascle 1990
    4. Francke 1995, p. 20
    5. Shakabpa 2010, p. 177
    6. (en) Matthew T. Kapstein, The Tibetans, Malden, MA ; Oxford, Blackwell Pub., (lire en ligne), p. 77
    7. Film — La Traversée du Zanskar - Le périple de 17 enfants dans l’Himalaya.

    Annexes

    Références universitaires

    • (en) August Hermann Francke, A History of Wastern Tibet: One of the Unknown Empires, Madras, New Delhi, Asian Educationnal Services, (lire en ligne), p. 19-
    • (en) Michiyo Hoshi (星実千代) et Tondup Tsering, Zangskar Vocabulary: A Tibetan Dialect Spoken in Kashmir, Tokyo, Institute for the Study of Languages and Cultures in Asia and Africa, , 96 p.
    • Michel Neyroud, « Organisation de l'espace, isolement et changement dans le domaine transhimalayen : le Zanskar », Espace géographique, t. 14, no 4, , p. 271-284 (DOI 10.3406/spgeo.1985.4058, lire en ligne)
    • Henri-Paul Francfort, Daniel Klodzinski et Georges Mascle, « Pétroglyphes archaïques du Ladakh et du Zanskar », Arts asiatiques, vol. 45, no 1, , p. 5-27 (DOI 10.3406/arasi.1990.1275, lire en ligne)
    • Isabelle Riaboff, « Chos rgyal et lha chen. Dimensions religieuses de la figure royale au Zanskar / Chos Rgyal and lha Chen. On the Religious Aspects of the King's Figure in Zanskar. », Archives de sciences sociales des religions, no 99, Religion, politique et identités en Himalaya, , p. 105-128 (DOI 10.3406/assr.1997.1135, lire en ligne)
    • (en) N. F. Howard, « The Political Geography of South-east Zanskar, and a Reconsideration of the Royal Chronologies of Zanskar and Ladakh in the 15th Century », South Asian Studies, vol. 18, no 1, , p. 91-108 (DOI 10.1080/02666030.2002.9628612)
    • (en) W. D. Shakabpa, One Hundred Thousand Moons: An Advanced Political History of Tibet, vol. 1, Brill Publishers, (ISBN 9789004177888, lire en ligne)
    • (en) Bettina Zeisler, « Kenhat, The Dialects Of Upper Ladakh And Zanskar », Himalayan Languages and Linguistics., Brill, vol. 5, no 12, , p. 235-302 (e-ISSN 9789004216532[à vérifier : ISSN invalide], DOI 10.1163/ej.9789004194489.i-322.69, présentation en ligne)
    • (en) Rob Linrothe, « Site Unseen: Approaching a Royal Buddhist Monument of Zangskar (Western Himalayas). », The Tibet Journal, vol. 40, no 2, , p. 29-88 (présentation en ligne)
    • (en) Rob Linrothe, Seeing into stone : pre-Buddhist petroglyphs and zangskar's early inhabitants, New Delhi, Studio Orientalia, (ISBN 9788192450285)

    Autres références

    • Michel Peissel, Zanskar, royaume oublié aux confins du Tibet, Paris, Laffont, 1979, 256 p. (trad. de l'œuvre originale en anglais, Zanskar: The Hidden Kingdom, par Théo Carlier).

    Articles connexes

    Liens externes

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