Webster (rappeur)

Aly est originaire de l’arrondissement La Cité-Limoilou, dans la ville de Québec[5]. Il est le fils d'un père sénégalais et d'une mère québécoise[6]^,[7] et est le descendant d'esclavagistes issus de la noblesse wolof du côté de son père[8]. Il a aussi une soeur cadette, Marieme Ndiaye[9]^,[4], à la fois chanteuse, animatrice de télévision et journaliste culturelle[10]^,[11]. Cette dernière a fait ses premières armes dans la chanson aux côtés de son frère Aly[12].

L'enfance de Webster a été bercée par la musique de Jacques Brel, Bob Marley, Barbara, Léo Ferré, par le reggae et l'afrobeat[13], ses parents étant mélomanes, mais pas musiciens[14].

Le dictionnaire Merriam-Webster est à l'origine du pseudonyme d'Aly Ndiaye.

Les versions des faits se contredisent légèrement quant à l'origine du surnom de Webster. Selon l'une d'elle, le surnom lui aurait été attribué par ses amis parce qu'à l'adolescence, il traînait avec lui le dictionnaire de langue anglaise de Webster pour y trouver des rimes (car ses premières chansons étaient en anglais)[15]. Selon une autre version, Aly, fervent lecteur[16], était considéré comme érudit par ses amis, qui lui auraient attribué ce surnom en référence au dictionnaire[17].

Aly a fait ses études à l'école primaire Saint-Fidèle[18], au Cégep de Sainte-Foy - dans le programme d'histoire et civilisation, de 1997 à 1999[19], puis à l'Université Laval, d'où il tient un baccalauréat en histoire[20]^,[6]. Il travaille pour un parc historique du gouvernement fédéral[21].

Webster commence sa carrière dans les années 1990 aux côtés de Slik Cat et DJ Def au sein de la formation Northern X dans le secteur 21 du quartier Limoilou. Après cinq ans de travail et de prestations live dans la vieille capitale, le groupe produit un premier projet intitulé Winter Walk en 2000.

En 2002, chacun travaille de son côté, mais on collabore souvent ensemble. C'est alors qu'on décide de fonder Limoilou Starz[4]. L'album Limoilou Style sort en 2002 et est produit la même année dans le cadre d'une nouvelle association qui comprend les artistes Inter, De Vasco, Shoddy et Webster. Le groupe bénéficie alors de subventions pour publier l'album, mais les liens serrés que des membres du groupe entretiennent avec le Wolf Pack, gang de rue vivant de la prostitution juvénile, plonge Limoilou Starz au cœur d'une controverse qui lui coûte cette contribution du gouvernement.

En 2003, Webster collabore avec Shoddy Abolik afin de sortir le premier double album du rap québécois, compilation des différentes chansons solo de Winter Walk et de Limoilou Style.

En 2007, Webster publie son premier album solo intitulé Sagesse immobile[22]. Depuis 2009, Webster anime des ateliers d'écriture auprès d'adolescents[23].

En 2010, il publie son deuxième album studio, Le vieux de la montagne[6]^,[24].

Webster fait de très nombreuses apparitions dans les médias[25]^,[26]^,[27] pour partager ses idées et ses opinions sur différentes questions. En tant que rappeur et historien, il accorde également des entrevues pour parler de ses différents projets musicaux et littéraires[28]. On le retrouve dans des journaux tels que Le Devoir[29], mais il accorde aussi des entrevues en anglais à la CBC[30], voire à India Today[31], magazine indien d'actualité en langue anglaise.

L'artiste et historien accorde également des entrevues dans les médias concernant la question de l'esclavage en Nouvelle-France et au Bas-Canada[32]^,[33], plus particulièrement par rapport à la portion afro-descendante des esclaves. On pourrait d'ailleurs percevoir chez lui une certaine tendance à l'afrocentrisme. En effet, si d'un côté il s'attriste en constatant que « les Premières Nations sont reléguées au second plan de l'histoire »[34], de l'autre on peut se demander s'il ne contribue pas au phénomène qu'il dénonce étant donné que les esclaves amérindiens n'occupent qu'un rôle de second plan dans ses productions et les entrevues qu'il accorde[35]^,[36]^,[37]^,[38], et ce, même si les Amérindiens étaient de beaucoup majoritaires en tant qu'esclaves au Canada français[39]^,[40].

On sollicite Webster pour des entrevues liées aux grands événements quand il est question de racisme envers les minorités, que ce soit la tuerie au Centre culturel islamique de Québec[41] (il appelle à un examen de conscience d'une ville où règne un certain racisme), l'affaire George Floyd[42] aux États-Unis ou la question de l'utilisation métalinguistique du « n-word » dans le contexte de l'affaire Verushka Lieutenant-Duval[43]^,[44]. À ce sujet, il estime qu'il faut être Noir pour pouvoir l'utiliser, même métalinguistiquement, c'est-à-dire que ce soit pour parler du mot lui-même - le signifiant - ou ce qu'il est censé désigner - le signifié. Cela dit, au cours d'une entrevue télévisée dont il est l'animateur, il ne semble pas réagir quand un homme blanc prononce devant lui le toponyme « Nigger Rock »[45] (le premier de ces mots étant la version anglaise du « n-word »), dont le caractère raciste a pourtant été évoqué en 2016 par Dan Philip, président de la Ligue des Noirs du Québec[46].

Ex Machina et Robert Lepage se sont retrouvés au centre d'une controverse d'appropriation culturelle sur laquelle Webster a exprimé son opinion.

Webster décrit dans les médias sa ville d'origine, Québec, comme « trop blanche et conservatrice » [47] et comme une « vieille ville fermée, blanche et francophone » [48] où règne « un certain racisme »[49], mais aussi comme une ville sécuritaire[50].

Dans le contexte de l'appel au boycott du spectacle musical SLĀV, d'autres entrevues accordées par Webster portent sur l'appropriation culturelle[51]. Il déclare que ce sujet ne l'intéresse pas[52], qu'il n'en est pas le porte-parole[53], et que c'est parce que les événements lui ont forcé la main qu'il a fait une sortie sur le sujet. Il croit que l'indignation et la colère des manifestants étaient légitimes[54] et se réjouit de l'annulation du spectacle[55]. Il affirme que l'étiquette d'appropriation culturelle « s'applique à la création artistique » en particulier [56]. Or, notons que Marieme Ndiaye, chanteuse - donc artiste - et soeur de Webster, a publié en 2014 l'album Petit Tonnerre sur lequel figure au moins deux photos d'elle portant une coiffe amérindienne[57] et que ce comportement est décrié à titre d'appropriation culturelle quand on n'est pas Amérindien[58]^,[59].

Logo du film American History X, dont le nom a inspiré celui des visites guidées organisées par Webster.

Webster tâche de transmettre au grand public ses connaissances sur la portion méconnue de l'histoire de la Nouvelle-France et du Bas-Canada qu'est l'esclavage[60]. Il organise donc des visites guidées en anglais et en français de la ville de Québec intitulées « Québec History X »[61], une référence au film American History X (Génération X-trême dans sa version québéçoise)[62]. Il y explique par exemple que les Canadiens français, malgré leur apparence blanche, sont les descendants d'esclaves noirs[63]^,[64]^,[65], qu'approximativement 4200 esclaves ont vécu sur le territoire actuel du Québec[66] et que la majorité de ces esclaves étaient Amérindiens[67]^,[68]^,[69].

Notons qu'aux États-Unis, la présence d'ancêtres afro-descendants, aussi infime soit-elle, vous place ipso facto dans la catégorie « Noir » - malgré une apparence blanche - en raison de la règle de l'unique goutte de sang, qui y imprègne encore les mentalités.

• Le grain de sable : Olivier Le Jeune, premier esclave au Canada (2019)
• À l'ombre des feuilles : Manuel d'écriture hip-hop (2019)

• Appropriation culturelle
• Cancel culture (qu'on pourrait également appeler « culture du boycott »)
• Descendance des esclaves au Canada
• Esclavage au Canada
• Esclavage au Québec
• Esclaves canadiens sous le régime français
• Esclavage des Amérindiens
• Esclavage en Nouvelle-France
• Frank Mackay (historien spécialiste de la question de l'esclavage)
• Histoire de l'esclavage
• Marcel Trudel (historien spécialiste de la question de l'esclavage)
• Marie-Joseph Angélique (esclave afro-descendante)
• Privilège blanc
• Règle de l'unique goutte de sang
• Sylvain Lelièvre (chanteur provenant également de Limoilou)
• Wolf Pack (organisation criminelle)

• Ressources relatives à la musique :
  • Discogs
  • (en) MusicBrainz
  • (en) Songkick
• Site officiel

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