Volaverunt
L'eau-forte Volaverunt (en français « Elles s'envolèrent ») est une gravure de la série Los caprichos du peintre espagnol Francisco de Goya. Elle porte le numéro 61 dans la série des 80 gravures. Elle a été publiée en 1799.
Interprétations de la gravure
Il existe divers manuscrits contemporains qui expliquent les planches des Caprichos. Celui qui se trouve au musée du Prado est considéré comme un autographe de Goya, mais semble plutôt chercher à dissimuler et à trouver un sens moralisateur qui masque le sens plus risqué pour l'auteur. Deux autres, celui qui appartient à Ayala et celui qui se trouve à la Bibliothèque nationale, soulignent la signification plus décapante des planches[1].
Manuscrit du musée du Prado :
« Le groupe de sorcières qui sert de piédestal à la petite précieuse, au lieu d'être nécessaire, n'est qu'un ornement. Il y a des têtes si pleines de gaz inflammable, qu'elles n'ont pas besoin pour voler de ballon, ni de sorcières[2],[3]. »
Manuscrit de Ayala :
« La Duchesse d'Alba. Trois toreros la bercent de vaines promesses[4],[3]. »
Manuscrit de la Bibliothèque nationale :
« Trois toreros bercent de vaines promesses la Duchesse d'Alba, qui perd la boule par son inconstance[5],[3]. »
La duchesse d'Alba est affublée d'ailes de papillon sur sa tête, symbolisant sa légèreté féminine. Cette estampe est une des plus commentées. Presque toutes les interprétations du Capricho 61 sont d'accord pour identifier la figure féminine avec la duchesse, et expliquent l'image comme une critique amère d'un amant délaissé. Plusieurs arguments appuient cette interprétation : la ressemblance de la jeune femme avec l'aristocrate, l’ambiguïté du titre Volaverunt, la mention de la duchesse dans les commentaires manuscrits qui ont circulé à partir de la publication des Caprichos.
Dans un de ces commentaires on lit : « « Trois toreros bercent de vaines promesses la duchesse d'Alba » », faisant référence à la protection que la dame accordait à des toreros connus de l'époque.
Comme souvent dans les titres des autres Caprices, le vocable latin « volaverunt » possède plusieurs sens : en plus de sa traduction littérale — « volèrent » — existe une autre acception faisant référence à la perte de quelque chose. Perdre l'affection était le sens des paroles d'un ancien amant dans la comédie d'Agustín de Salazar, Thetis y Peleo (1681) :
« Qu'en est-il de votre passion terminée ? Et de votre amour ? Volaverunt. »
Goya et la duchesse d'Alba
L'hypothèse d'une relation amoureuse entre la duchesse d'Alba et Goya doit être considérée avec beaucoup de circonspection.[réf. nécessaire] La ressemblance des traits n'est qu'apparente et est absente dans le dessin préparatoire. Les allusions à la duchesse dans les commentaires manuscrits doivent être traitées avec prudence car ces textes sont postérieurs à la gravure ; ils ont été écrits après la publication des Caprices par des personnes étrangères à Goya.
Références culturelles
En 1980, Antonio Larreta obtient le prix Planeta pour son roman Volavérunt, basé sur la vie de Goya et dont le titre est tiré du nom de cette estampe.
Bigas Luna en fait une adaptation cinématographique du même nom[6] (Espagne, 1999)[7].
Technique
L'estampe mesure 214 × 149 mm sur une feuille de papier de 306 × 201 mm.
Goya a utilisé l'eau-forte, l'aquatinte et la pointe sèche.
Le dessin préparatoire est à la sanguine. Dans le coin inférieur gauche, au crayon : “56”. Le dessin préparatoire mesure 197 × 143 mm.
Catalogue
- Numéro de catalogue G02149 de l'estampe au musée du Prado.
- Numéro de catalogue D04223 du dessin préparatoire au musée du Prado.
- Numéro de catalogue 51-1-10-61 au musée Goya de Castres.
Notes et références
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Volavérunt (Goya) » (voir la liste des auteurs).
- Helman, op. cit., p. 54.
- « El grupo de brujas que sirve de peana a la petimetra, más que necesidad, es adorno. Hay cabezas tan llenas de gas inflamable, que no necesitan para volar ni globo, ni brujas. »
- Helman, op. cit., p. 225.
- « La Duquesa de Alba. Tres toreros la levantan de cascos. »
- « Tres toreros levantan de cascos a la Duquesa de Alba, que pierde al fin la chaveta por su veleidad. »
- « Fiche du film Volavérunt », sur IMDb (consulté le ).
- (es) « Fiche d'Antonio Larreta », sur epdlp.com (consulté le ).
Annexes
Bibliographie
- José Camon Aznar, Francisco de Goya, tome III, Caja de Ahorros de Zaragoza, Aragón y Rioja. Instituto Camon Aznar
- Juan Carrete Parrondo, Goya. Los caprichos. Dibujos y Aguafuertes, Central Hispano. R.A.de Bellas Artes de San Fernando. Calcografía Nacional, , « Francisco de Goya. Los caprichos »
- Rafael Casariego, Francisco de Goya, Los caprichos, Madrid: Ediciones de arte y bibliofilia,
- Gabinete de Estudios de la Calcografía., Clemente Barrena, Javier Blas, José Manuel Matilla, José Luís Villar et Elvira Villena, Goya. Los caprichos. Dibujos y Aguafuertes, Central Hispano. R.A.de Bellas Artes de San Fernando. Calcografía Nacional, , « Dibujos y Estampas »
- Edith Helman, Transmundo de Goya, Madrid: Alianza Editorial,
- Pierre Gassier et Juliet Wilson, Vie et Œuvre de Francisco Goya, Fribourg: Office du Livre,
- F.J. Sánchez Catón, Goya Los caprichos, Barcelone: Instituto Amatller de Arte Hispánico,
Articles connexes
Liens externes
- Le Caprice nº 61 en grand format à la Bibliothèque virtuelle Miguel de Cervantes (recto-verso — exemplaire de la Biblioteca de Catalunya)
- Le Caprice nº 61 au musée du Prado
- Dessin préparatoire du Caprice nº 61 au musée du Prado
- Les Caprices au musée Goya de Castres
- Le Caprice nº 61 au musée Goya de Castres
- Le Caprice nº 61 chez Gallica
- (es) Brève analyse sur chaque Caprice (Miguel Moliné)
- Portail de la gravure et de l'estampe
- Portail de l’Espagne