Virus de l'immunodéficience féline

Le virus de l'immunodéficience féline (VIF ou FIV, de l'anglais feline immunodeficiency virus) est un virus qui cause le syndrome d'immunodéficience acquise (sida : VIF +) du chat, une maladie virale grave du chat. Il s'agit d'un lentivirus (sous-groupe des rétrovirus, proche du VIH).

Pour les articles homonymes, voir VIF et FIV.

Virus de l'immunodéficience féline
Test de détection.
Classification selon l’ICTV
Royaume Riboviria
Règne Pararnavirae
Embranchement Artverviricota
Classe Revtraviricetes
Ordre Ortervirales
Famille Retroviridae
Sous-famille Orthoretrovirinae
Genre Lentivirus

Espèce

Virus de l'immunodéficience féline
ICTV 1991[1]

Cette maladie découverte en 1986 et responsable d'une immunodéficience qui rend le chat vulnérable aux infections est équivalente au sida de l'humain, mais il n'y a aucun risque de transmission du chat à l'humain (les virus sont différents). Il ne s'agit donc pas d'une zoonose. La présence du VIF a par contre été observée également chez le lynx et le puma.

La fréquence d'infection est variable suivant les populations de chats. L'infection est rare chez les chats vivant en appartement et n'étant pas en contact avec d'autres chats, alors qu'elle est fréquente chez les chats errants (environ 15 % des chats des rues sont porteurs du virus).[réf. nécessaire]

Mode de transmission du virus

Le principal moyen de transmission est la morsure lors de bagarres entre chats (car le virus est présent dans la salive), c'est pourquoi ce sont principalement des chats mâles non stérilisés qui sont porteurs de ce virus.

Il ne peut pas en principe se transmettre par léchages mutuel ou partage de gamelles ou lieux de vie. Le virus ne peut se transmettre que de sang à sang ou de salive à sang, et non pas de salive à salive, le virus étant très fragile et se détruisant sous quelques secondes.

Il peut exister également une transmission par voie sexuelle ou lors de la gestation (de la mère aux chatons), mais aucune certitude n'est établie au sujet de la transmission fœto-maternelle.

À noter que des chatons infectés par la mère et donc testés positifs, peuvent se révéler être négatifs après quelques mois. Jusqu'à 5 % des chatons porteurs d’anticorps réagissant positivement au test du virus du VIF seront testés négatifs par la suite.

Évolution de la maladie et symptômes

La durée d'incubation est de 4 à 6 semaines. La maladie comporte plusieurs phases.

  • 1re phase de la maladie : On peut observer une fièvre modérée, une baisse du taux des globules blancs et une augmentation légère de la taille des ganglions lymphatiques. Cette phase dure deux mois environ et passe souvent inaperçue.
  • 2e phase de la maladie : Comme pour la leucose féline (FeLV) ou le sida de l'humain (VIH), le chat est séropositif et ne présente aucun symptôme. Il est par contre contagieux pour les autres chats. Cette phase est d'une durée très variable, de 5 à 10 ans environ.
  • 3e phase de la maladie : À la faveur d'un stress important, d'une maladie ou sans aucune raison, le chat devient malade. Le virus se multiplie très activement et détruit des globules blancs (cellules sanguines), nécessaires à la défense du chat contre les maladies. Il y a donc une diminution des défenses immunitaires, ce qui rend le chat très sensible aux microbes, même à ceux qui sont peu dangereux pour des chats non atteints par le VIF.

Le chat est donc très souvent atteint de maladies dites opportunistes : ce sont des maladies qui profitent de l'affaiblissement de l'animal pour se développer. Il peut également développer des maladies dites « classiques » : il est alors atteint plus gravement qu'un chat négatif pour le VIF. Vacciner son animal contre les autres infections est donc d'autant plus important.

Le chat peut présenter des maladies très variées car il s’agit d’une immunosuppression. Il n'y a pas de symptômes particuliers, ils peuvent donc, par exemple, toucher les voies respiratoires, la bouche, les intestins, les voies urinaires, etc. Ainsi, on peut notamment observer :

  • des symptômes généraux : fièvre, amaigrissement, augmentation de la taille des ganglions lymphatiques ;
  • des infections buccales (gingivite, stomatite) ;
  • des diarrhées chroniques qui ne guérissent pas malgré la mise en place de traitements ;
  • des infections des yeux (conjonctivites) ou de l'appareil respiratoire supérieur (rhinites, trachéites) ;
  • des abcès cutanés récidivants ;
  • des troubles nerveux (encéphalite, convulsions) ou des troubles comportementaux.

Enfin, lorsqu'un chat est atteint par le VIF, il développe souvent, surtout en phase terminale, des cancers du sang (comme des leucémies).

Prévention et dépistage

Un vaccin contre le VIF est commercialisé en Amérique du Nord depuis quelques années. Son efficacité est incomplète et son utilisation encore controversée. En Europe, il n'y a pas de projet de commercialisation de ce vaccin qui a été développé avec des souches virales présentes essentiellement en Amérique du Nord[2].

La prévention passe par l'évitement de tout contact entre chats sains et malades. Il est aussi recommandé de faire stériliser les chats (mâles ou femelles) qui sortent afin d'éviter les bagarres (et donc les morsures) et la transmission vénérienne du virus.

Il est jugé important[précision nécessaire] de dépister cette maladie chez les animaux à risque (chats mâles, chats errants) et les nouveaux arrivants, notamment dans les élevages ou les chatteries lorsque les animaux ne sont pas placés dans des cages individuelles.

Traitement

Il n'existe aucun traitement pour éradiquer le VIF.

Un traitement préventif à l’interféron alpha humain en solution buvable est possible, avant le déclenchement de la maladie. Ce traitement oral simple et très bon marché retarderait l’apparition de la maladie et améliorerait les conditions de vie de l’animal, par le renforcement de ses défenses immunitaires. Il n’est pas efficace sur tous les chats. Le traitement se présente sous forme d’interféron alpha humain dilué dans du sérum physiologique. La dose journalière est de 1 ml de liquide, à faire avaler à l’animal, soit directement, soit diluée dans son eau de boisson, soit mélangée à sa nourriture. La préparation, fournie directement par le vétérinaire, se conserve 3 mois au réfrigérateur et revient à environ 15 euros (5 euros par mois).

Une fois la maladie déclenchée, les soins sont ponctuels et visent les maladies opportunistes au fur et à mesure qu'elles atteignent le chat. Les traitements symptomatiques à la cortisone comportent de nombreux effets secondaires. D'autre part, la cortisone associée à l'interféron réduirait sérieusement l'effet bénéfique de l'interféron, puisque schématiquement, la cortisone est un immunosuppresseur, à l'inverse de l'interféron qui est un "immunobooster". Il existe aussi un traitement thérapeutique à l’interféron oméga félin injectable (Virbagen félin). Ce traitement, en cure de plusieurs injections, est très coûteux (environ 300-400 euros par cure), mais il améliore grandement les conditions de vie de l’animal et allonge sa durée de vie.

Recherches en cours

Le VIF provoque le sida chez les chats de la même manière que le VIH chez les humains : en décimant les lymphocytes T qui luttent contre les infections. Voilà pourquoi, en 2011, une équipe dirigée par Eric Poeschla de la clinique Mayo (Minnesota) a inséré un gène de macaque rhésus - producteur d'une molécule antivirale - dans des ovules de chattes non encore fécondés. Pour suivre le transfert du gène sous un microscope et certaines lumières, les scientifiques ont ajouté une protéine luminescente issue d'une méduse. Résultat à la génération suivante : des chatons qui brillent dans le noir et produisent eux-mêmes la protéine antivirale. Bientôt, l'équipe procédera à des tests pour voir si les chats génétiquement modifiés sont vraiment immunisés contre le VIF. Paula Canon, spécialiste de thérapie génique à l'université de Californie du Sud, explique que ces travaux sont « une étape essentielle » dans les recherches génomiques sur le sida - pour la santé des chats, mais aussi des humains.

VIF chez d'autres félins

Le VIF observé chez les félins non domestiques est génétiquement différent du VIF observé chez les animaux domestiques et la transmission interspécifique est très rare[3]. Le virus a été détecté chez le lynx (Lynx rufus) et chez le puma (Puma concolor) en Californie et en Floride[4].

En Europe, le VIF est signalé pour la première fois en 2016 chez le lynx en Suisse, où un individu capturé dans le canton de Soleure a été reconnu porteur du virus ; au début de 2017, deux individus porteurs également sont capturés dans le canton du Jura, à Saint-Ursanne et à Longeau[5].

Références

  1. ICTV. International Committee on Taxonomy of Viruses. Taxonomy history. Published on the Internet https://talk.ictvonline.org/., consulté le 25 janvier 2021
  2. Vetérinet, pour tout savoir sur les animaux
  3. Gavier-Widen, Meredith et Duff 2012.
  4. (en) D.M. Lagana, J.S. Lee, J.S. Lewis, S.N. Bevins, S. Carver, L.L. Sweanor, R. McBride, C. McBride, K.R. Crooks, S. VandeWoude, « Characterization of regionally associated feline immunodeficiency virus (FIV) in bobcats (Lynx rufus) », Journal of wildlife diseases, vol. 49, no 3, , p. 718-722 (DOI 10.7589/2012-10-243., lire en ligne).
  5. « Porteurs d'un virus, deux lynx capturés dans le Jura ont été euthanasiés », sur RTS info, (consulté le ).

Référence biologique

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Dolorés Gavier-Widen, Anna Meredith et J. Paul Duff, Infectious Diseases of Wild Mammals and Birds in Europe, J. Wiley, , 568 p. (lire en ligne).

Liens externes

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