Virginie Hériot
Virginie Claire Désirée Marie Hériot (-) est une navigatrice française, médaillée d'or en voile aux Jeux olympiques d'Amsterdam de 1928. Elle a contribué à la promotion de ce sport et sera reconnue comme une « ambassadrice de la marine française », ce qui lui vaudra également le surnom poétique de « Madame de la Mer ».
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Biographie
Virginie Hériot née au Vésinet (Yvelines) le , fille d'Olympe Hériot, propriétaire des Grands Magasins du Louvre, et de son épouse Cyprienne Dubernet. Elle effectue dès 1904, avec son frère Auguste et sept amis de la famille, sa première croisière, sur le yacht Ketoomba (qui sera rebaptisé plus tard Salvador) appartenant à sa mère. D'avril à juin, elle fait le tour de la Méditerranée et rencontre Pierre Loti qui l'accueille à bord du croiseur-torpilleur Vautour dont il est le commandant. Elle acquiert alors la certitude qu'elle veut devenir navigatrice.
Le , au château de La Boissière, propriété de sa mère, elle épouse le vicomte François Marie Haincque de Saint Senoch, également passionné par la mer.
En 1912, Virginie Hériot fait construire son premier yacht de course, l'Ailée I, avec lequel elle tente, sans succès, de reconquérir la Coupe de France que les Anglais détiennent depuis deux ans.
Le couple part en voyage de noces sur le Salvador, reçu en cadeau de mariage. Ils ont un fils, Hubert, né le . L'enfant est sain, mais ce sera son unique enfant. En effet, elle découvrira qu'elle est atteinte d'une maladie vénérienne. Pour cette raison, Virginie Herriot subit une grave intervention chirurgicale, qui la rend sterile. En , elle se sépare de François de Saint Senoch.
À compter de cette date, elle se consacre de manière de plus en plus exclusive à la navigation, ne séjournant que rarement dans son appartement parisien (rue de Presbourg, puis 54 rue de Varenne).
En 1921, elle acquiert un yacht à vapeur de 85 mètres et 1492 tonneaux, le Finlandia. Elle le remplacera en 1923 par une goélette de 45 mètres et 400 tonneaux baptisée Ailée II où elle passe dix mois par an.
Elle fait construire des bateaux de compétition : Aile (8 mètres) et Petite Aile (6 mètres). En 1922, l'Aile II est battue au Havre par le yacht Bora. Mais, avec persévérance, elle persiste et commence bientôt à enchaîner les victoires. En 1928, à Amsterdam, à bord du yacht Aile VI, elle remporte la médaille d'or aux Jeux Olympiques ainsi que la coupe d'Italie contre la Hollande, l'Italie, l'Angleterre, les États-Unis, la Suède, la Norvège et l'Argentine. En 1929, elle reprend la coupe de France aux Anglais et emporte la coupe d'Italie et la coupe du Roi d'Espagne. En 1931, elle remporte avec 9 minutes et 40 secondes d'avance le duel qui l'oppose au trois-mats Sonia sur le parcours Ryde-LeHavre-Ryde.
À la suite de ces exploits, elle est faite chevalier de la Légion d'honneur. Le roi Alphonse XIII lui rend visite avec sa famille sur la goélette Ailée II et la décore du Mérite naval espagnol en 1930. Le poète Rabindranath Tagore la surnomme « Madame de la Mer ».
Par sa célébrité et par ses conférences données à travers le monde, Virginie Hériot s'attache à promouvoir le yachting français et à faire connaître la qualité des ingénieurs et des chantiers navals français devenant, selon la formule du ministre de la Marine Georges Leygues, une véritable « ambassadrice de la marine française ». Elle se consacre également à des œuvres philanthropiques, soutenant des sociétés nautiques dont le Yacht Club de France, présidé à l'époque par Jean-Baptiste Charcot. Elle offre des yachts dits « monotypes brestois » aux élèves de l'École navale. Elle publie un Atlas des ports orné de ses propres dessins, ainsi que des poèmes. Grande amie d'Alain Gerbault, elle est souvent citée dans son œuvre (O.Z.Y.U. : dernier journal).
Au début de 1932, elle est grièvement blessée dans une tempête entre Venise et la Grèce, mais refuse d'arrêter la compétition. Fin août, lors des régates d'Arcachon, elle perd connaissance à bord de son petit voilier Aile VII, mais prend néanmoins le départ de la course. Victime d'une syncope au moment même où elle franchit la ligne d'arrivée, elle meurt le à bord d'Ailée II. Ses obsèques sont célébrées le à Paris en la basilique Sainte-Clotilde.
Sa mère, ne pouvant se résoudre à faire immerger son corps au large des côtes bretonnes, comme elle l'avait souhaité, la fait inhumer dans le caveau familial à La Boissière-École. Ce n'est qu'en 1948 que son fils fera respecter cette dernière volonté en faisant immerger son cercueil au large de Brest.
Palmarès
- 1924 : Aile III - Coupe d'or de SM Alphonse XIII (Saint-Sébastien, Espagne)
- 1925 : Aile IV - Coupe Rylard (Gènes), Coupe de la Méditerranée (Italie), Coupe Cumberland (Ryde, Angleterre), Championne de France
- 1925 : Aile V - Coupe de Copenhague (Danemark), Coupe Porte (Elseneur, Danemark), Coupe des Étrangers (Finlande)
- 1927 : Petite Aile II - Coupe du Cercle de la voile de Paris, dite « One Ton Cup » (Ryde, Angleterre)
- 1928 : Aile VI - Championne du Monde, médaille d'or aux Jeux olympiques (Hollande), Coupe d'Italie (Hollande), Coupe Rylard (Gènes)
- 1928 : Petite Aile II - Prix d'Honneur (Deauville), Coupe Clerc-Rampal, Prix d'Honneur (Le Havre), Meilleur Classement, Bilbao, Coupe de SM La reine d'Espagne (Saint-Sébastien, Espagne)
- 1929 : Aile VI - Coupe de France (Ryde, Angleterre), Coupe d'or de SM Alphonse XIII (Saint-Sébastien, Espagne)
- 1930 : Aile VI - Coupe Macomber, Coupe Thalassa
De son vivant Virginie Hériot légua plusieurs de ses bateaux à l'École navale, Petite aile II, Petite aile III et Petite aile V. Ces bateaux participèrent aux « Grandes régates de Brest » durant le printemps 1932.
À sa mort sa goélette Ailée II fut également léguée à l'École navale. En 1935 elle était toujours sous scellés au mouillage dans l'arsenal. Pendant la guerre le magnifique carré servit de mess aux officiers allemands. En 1944 elle fut sabordée par l'armée allemande. Après la libération de Brest, un devis fut demandé aux chantiers Camper & Nicholson pour la renflouer et le remettre en état. Hélas le devis s'avéra trop élevé et on ne put récupérer que le bronze et le plomb de la quille. La vente de ces matériaux servit à payer la construction aux Chantiers Robert CRAFF à Bénodet des « Bénodet » qui furent offerts à l'École navale[1].
Œuvres
- Carnets de voyages
- L'Aile I
- Quart de Nuit
- À bord du Finlandia
- La Seconde France (Impressions sur les fêtes du Centenaire), 1931
- Sur mer : impression et souvenirs, 1933
- Le Vaisseau Ailée, le bateau qui a des ailes, 1931
- Ailée s'en va, 1923-1927
- Service à la mer, 1932
- Poèmes
- Goélette ailée, poèmes, 1927
- Le Bateau de mon enfance, poèmes, 1928
- Une âme à la mer (Wikisource), 1929, préface d'Alain Gerbault, édition des Gémeaux, Paris - Prix de la langue-française de l’Académie française en 1930
Hommages et distinctions
- 1928 :
- médaille olympique de voile à Amsterdam
- chevalier de la Légion d'honneur
- La promotion 1932 des élèves de l’École navale porte son nom
Références
- source: Service Historique de la Défense, Département Marine de Brest
Voir aussi
Bibliographie
- Gilles Dhers, « Virginie Hériot, vie et mort de «Madame de la mer» », sur liberation.fr, (consulté le ).
Liens externes
- Ressource relative à la littérature :
- Ressource relative au sport :
- (en) Olympedia
- « Une amazone de l'océan », Bateaux
- « Virginie Hériot, Madame de la Mer », Société d'Histoire du Vésinet
- « Espace tradition Ecole navale »
- « Hériot Virginie : La grande dame du yachting » (version du 7 décembre 2008 sur l'Internet Archive), École navale
- (en) « Virginie Hériot », Sports Reference
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