Vignemale

Le Vignemale, plus précisément la pique Longue, est un sommet des Pyrénées, situé à la frontière franco-espagnole, dans le massif du Vignemale. Avec ses 3 298 m (ou 3 299 m selon des cartes espagnoles), c'est le point culminant des Pyrénées françaises[3], de la région Occitanie et de l'ancienne province de Gascogne. C'est aussi le 16e plus haut sommet de toute la chaîne des Pyrénées selon la liste officielle des 212 pics à plus de 3 000 mètres pyrénéens.

Vignemale

Vue d'une partie du massif du Vignemale, depuis le refuge des Oulettes de Gaube, avec la pique Longue au centre droit.
Géographie
Altitude 3 298 ou 3 299 m, pique Longue[1],[2]
Massif Massif du Vignemale (Pyrénées)
Coordonnées 42° 46′ 26″ nord, 0° 08′ 50″ ouest [1],[2]
Administration
Pays France
Espagne
Région
Communauté autonome
Occitanie
Aragon
Département
Province
Hautes-Pyrénées
Huesca
Ascension
Première 1792 ou 8 octobre 1837
Voie la plus facile Glacier d'Ossoue
Géolocalisation sur la carte : Hautes-Pyrénées
Géolocalisation sur la carte : Province de Huesca
Géolocalisation sur la carte : Pyrénées

En bordure du parc national des Pyrénées, et de la Reserva de la Biosfera Ordesa-Viñamala[4], il est accessible depuis Gavarnie, Cauterets ou Torla. Une partie de l'itinéraire d'accès côté français emprunte le GR 10. La voie d'accès la plus facile et évidente traverse une grande partie du glacier d'Ossoue (ou glacier de Baysselance), depuis les grottes de Bellevue sur le GR 10 jusqu'à la base de la pique Longue, où il faut alors finir l'ascension avec un peu d'escalade facile. Le Vignemale est l'un des sommets mythiques des Pyrénées. En aragonais, il est appelé Pico de Comachibosa et en espagnol Pico Viñamala.

Toponymie

Vignemale est repris de son nom gascon Vinhamala qui servait à désigner tout le massif du Vignemale, ce sont les pyrénéistes qui au XIXe siècle ont individualisé les noms des sommets et nommé le plus haut du nom de la montagne entière. La dénomination Vinhamala elle-même serait à l'origine une toponymie pléonastique de deux racines pré-indo-européennes « vin » et « mal » signifiant toutes les deux « montagne[5] ».

En considérant la langue vernaculaire, une autre hypothèse veut que Bigne signifie « hauteur » et Mála ou Male, « mauvaise », soit « la mauvaise hauteur ». La véritable orthographe serait pic de Bigne Male, ou à la rigueur pic de Vigne Male, mais la forme Vignemale est retenue sur les cartes. Les bergers espagnols de Broto appellent La Labaza le versant sud du Vignemale ; ce nom désigne bien, en effet, l'immense paroi rocheuse qui tapisse les flancs du massif entre le Cerbillona et le mont Ferrat. Mais les formes Villamala, Viñamala ont également été relevées, tandis que les bergers de Tena l'appellent : Camagibosa et la carte militaire porte : Camachivosa, qui est certainement une corruption graphique de Camagibosa[6]. Dans le même sens, les toponymes bigna ou vigna semblent pouvoir se traduire par « hauteur sévère, difficile d'accès » ; Bigna mala : la plus célèbre de toutes, la Vigne-Male, « la hauteur de mauvaise allure, pour les anciens : difficile sinon impossible à gravir »[7].

Côté espagnol, les habitants des vallées environnantes nomment le massif du Vignemale en langue aragonaise le Comachibosa.

La dernière étude en date (2009) indique : Vin soit « bosse, roc » (préceltique attesté cf. Dauzat) et Mala soit « mauvaise » (latin, à confirmer ou préciser)[8].

Géographie

Topographie

Le massif du Vignemale apparaît comme particulièrement imposant, que ce soit depuis la vallée d'Ossoue, ou bien depuis la vallée de Gaube. La pique Longue, assez « pointue » et d'une altitude élevée, est ainsi visible depuis de nombreux sommets des Pyrénées, même éloignés, et aussi depuis la ville de Lourdes.

Le Vignemale dominant toute la région, la vue depuis ce sommet est panoramique et extrêmement étendue par temps clair.

Vue à 360° depuis le sommet

Hydrographie

Le sommet délimite la ligne de partage des eaux entre le bassin de l'Adour, qui se déverse dans l'Atlantique côté nord, et le bassin de l'Èbre, qui coule vers la Méditerranée côté sud.

Climat

Coucher du soleil depuis le sommet

Le Vignemale est soumis à un climat de haute montagne subocéanique et glaciaire. Il n'y a aucune station météorologique au sommet. On estime les précipitations annuelles à 200 cm, avec un régime régulier (léger creux estival malgré de virulents orages) et un flux humide dominant de sud-ouest. Les températures sont de l'ordre de −11 °C en février à + 2 °C en août. Précipitations essentiellement sous forme de neige. Au sol elle persiste localement toute l'année, alimentant deux glaciers : sous les falaises du versant nord et dans le haut vallon au sud du sommet. Pour une ascension en randonnée (avec crampons) l'état nivologique le plus favorable se rencontre généralement en juin (lorsque les sentiers d'approche sont à peu près déneigés et qu'un manteau de neige meuble en journée recouvre encore le glacier).

Histoire

Premières ascensions

  • Le , des bergers érigent un signal au sommet du Montferrat à la demande de Louis-Philippe Reinhart Junker qui dirige une équipe de géodésiens chargés d'établir la délimitation de la frontière, et de définir l'altitude des sommets. Le lendemain, 2 août, les mêmes bergers dont personne n'a retenu les noms dressent un autre signal au sommet de la pique Longue, sommet principal du massif du Vignemale. (Cette ascension de la pique Longue n'est pas certaine[9]).
  • 1837 - Ce n'est que 45 ans plus tard, le 8 octobre, qu'a lieu la première ascension connue du Vignemale par Henri Cazaux, guide de Luz et son beau-frère Bernard Guillembet. C'est du moins ce que rapporte le Prince de la Moskowa dans le récit de son ascension du [10].
  • 1838 - Une compétition originale entre un homme et une femme d'exception va avoir lieu, pour devenir la première « personnalité » à gravir le Vignemale : après un premier voyage dans les Pyrénées en 1830, Miss Anne Lister (1791-1840) y revient en 1838 avec sa compagne Ann Walker. Elles arrivent à Luz le 9 juillet, où Anne Lister embauche son ancien guide Jean-Pierre Charles et Jean-Pierre Sajous. Anne Lister a envie d'une grande aventure. Ainsi le 24 juillet, du sommet du Pic du Piméné elle cherche un itinéraire pour aller au Vignemale, mais conclut qu'il est inaccessible par le côté français à cause du glacier. Elle se rend donc à Gèdre pour aller voir Cazaux, le seul à avoir atteint le sommet. Elle l'engage sur le champ et prépare l'ascension pour fin juillet. Un concurrent sérieux se présente : le prince de la Moskowa. Il retient également Cazaux. Lorsque Anne est informée des projets de son concurrent, elle décide de partir immédiatement. Le lundi 6 août, malgré un temps maussade, elle prend le chemin du Vignemale avec les guides Cazaux, Guillembet (les deux premiers vainqueurs du Vignemale), Charles et Sanjou. Ils passent une courte nuit dans la cabane de Saoussat Débat, et à 3 h la petite troupe part pour le Vignemale. Ils atteignent le sommet le 7 août, par une voie qui sera injustement appelée « Voie du Prince de la Moskowa » (voir plus loin). Cette voie longue et délicate n'est plus très fréquentée de nos jours. Anne Lister rentre dans l'histoire du pyrénéisme à 47 ans, en devenant la première femme et la première touriste qui atteint le sommet. Elle écrit son nom et ceux de ses guides sur une feuille qu'elle glisse dans une bouteille, et ils descendent par la même voie. Le col situé entre le pic de Cerbillona et le pic Central a été nommé « col Lady Lister » en souvenir de cette ascension (bien que Miss Anne Lister ne soit pas une lady).
    Quatre jours plus tard, le 11 août, le prince de la Moskowa, avec son frère et son domestique, réussit la quatrième ascension connue avec les guides Cazaux, Guillembet et Vincent de Luz, Baptiste Bareilles de Gavarnie et Jean Marie de Saint-Sauveur.
Henry Russell et des guides devant les grottes Russell en haut du glacier d'Ossoue.

La même année, Henry Russell loue symboliquement le Vignemale pour une durée de 99 ans. Il gravit le sommet 33 fois, dont la dernière après 70 ans. Il se fait aménager 7 grottes qui sont encore visibles : près du col de Cerbillona (la Villa Russell, la grotte des Guides, la grotte des Dames), sous le sommet de la pique Longue (la grotte du Paradis), et en contrebas du glacier d'Ossoue (les grottes Bellevue).

  • 1933 - Le 8 août, Henri Barrio et Robert Bellocq ouvrent la face nord de la pique Longue sans avoir planté un seul piton[12].
  • 1949, le , première hivernale de la face nord de la pique Longue par Marcel Jolly et Bernard Clos.
  • 1994 - Le 24 mars, Benoît Dandonneau, Christian Ravier et Rémi Thivel ouvrent, dans la face nord du Vignemale la voie « Les Délinquants de l'inutile ».

La course du Vignemale

En 1904 et 1906, la rivalité entre les guides de Gavarnie et ceux de Cauterets mena à une compétition originale : la course du Vignemale. Il s'agissait pour les concurrents de partir de Cauterets, de remonter la vallée de Gaube, puis le glacier d'Ossoue, d'arriver au sommet de la pique Longue et de redescendre par le col de Labassa, le lac d'Estom, la vallée du Lutour, jusqu'à Cauterets. La plupart des concurrents faisaient la course pieds nus[réf. nécessaire]. Le premier vainqueur fut Jean-Marie Bordenave, en six heures une minute, exploit renouvelé en 1906 avec cinq heures trente-sept minutes. Le premier des « amateurs » fut Henri Sallenave, de Pau.

En 1987, la municipalité de Cauterets remet cette course à l’honneur, sous le nom Trophée du Grand Vignemale. Elle a lieu en 1987, 1988, 1991, et chaque année depuis 2013. Depuis les dernières éditions, compte tenu de la dégradation du glacier d’Ossoue, la course n’atteint plus le sommet de la pique Longue, mais celui du Petit Vignemale (3 032 m).

Voies d'accès

Les plus célèbres voies d'accès sont les suivantes :

  • Voie normale par le glacier d'Ossoue : glacier puis petite escalade en rocher (F+)
  • Couloir de Gaube
  • Face nord
  • Couloir du Clos de la Hount
  • Couloir de Cerbillona
  • Traversées du Petit Pic et du Grand Pic
  • Éperon nord
  • Arête de Gaube

Notes et références

  1. « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  2. Vignemale sur l'IGN espagnol.
  3. Luis Alejos, Pyrénées guide des 3000 m, Éd. Sua, Bilbao, 2003 (ISBN 84-8216-147-4).
  4. Unesco : Man and the Biosphere Programme.
  5. Albert Dauzat et al. Dictionnaire étymologique des noms de rivières et de montagnes en France, Lille, Editions Klincksieck, 1982
  6. Alphonse Meilon, Étienne De Larminat, Massif du Vignemale - notice et carte au 20 000e, chapitre « Esquisse toponymique de la vallée d'Aussoue », 1929 ; réédité par Monhelios en 2011 (ISBN 978-2-914709-97-2)
  7. Marcellin Bérot, Centre régional des lettres de Midi-Pyrénées, La vie des hommes de la montagne dans les Pyrénées racontée par la toponymie, Éditions Milan, 1998, parc national des Pyrénées (ISBN 2841137368)
  8. Robert Aymard (membre de la Société française onomastique), Toponymes pyrénéens, Lacour, 2009 (ISBN 9782750424305), page 430
  9. Les premières ascensions des 3000.
  10. Henri Beraldi, Cent ans aux Pyrénées, tome II, p.77.
  11. Henri Brulle : « Le couloir de Gaube », La Montagne, n° 247, p. 93.
  12. Robert Ollivier, Pyrénées 1876-1976 - Les grandes heures du pyrénéisme, 1976, Club alpin français, section du Sud-Ouest

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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