Veille stratégique

La veille stratégique est un type de veille informationnelle qui englobe l'ensemble des autres veilles, telles que la veille sociétale, la veille en entreprise, la veille concurrentielle, la veille commerciale, la veille fournisseur, la veille image, la veille juridique ou encore la veille technologique. Elle regroupe les techniques de recherche d'information, traitement de l'information et de visualisation d'informations. La veille stratégique est une aide à la prise de décision stratégique pour une entreprise ou une administration, voire un État grâce à une analyse des évolutions tendancielles et de leur environnement. La veille est de nature itérative et prospective afin d'anticiper les changements dans l'environnement de l'organisation et d'éviter des événements indésirables[1].

Périmètre

En 2007, une enquête effectuée par un prestataire de veille indiquait que le périmètre de la veille stratégique était large et avait pour tendance d'englober l'ensemble des autres veilles comme une sorte de méta-veille.

Les personnes interrogées indiquaient en effet : "Focalisée en priorité sur les concurrents (82 %), la cellule de veille doit également assurer une veille à 360° pour 20 à 50 % des répondants sur les axes économiques, sociétaux, technologiques, réglementaires, financiers ou réputationnels".

Typologie

Il existe plusieurs types de veille stratégique, à l'image de la veille sociétale, de la « veille industrielle » ou encore de la veille juridique.

Chacun d'entre eux répond à un objectif bien précis choisi par l'organisation qu'il sert, en apportant généralement les bénéfices suivant à l'organisation :

Toujours selon l'observatoire Digimind[2], les objectifs admis pour les entreprises en général en matière de veille stratégique sont : "développer des parts de marché (72 %), innover (70 %), appuyer sa croissance externe (41 %), exporter (40 %)…".

Ceux relevant d'une administration ou d'un État seront différents.

Insertion dans les organisations

Pour les entreprises

La veille stratégique est avant tout une compétence cœur exercée en grande entreprise[3],[4].

La cellule de veille doit être insérée dans un triangle relationnel de trois directions fonctionnelles à savoir selon l'observatoire Digimind "la stratégie (80 %), le marketing (77 %) et le business développement (76 %) (ou direction commerciale)". Ce triangle sera dépassé si l'analyse requiert des expertises plus pointues (Directions R&D, Juridique, Finances, etc.).

Pour les PME et TPE, l'externalisation de la fonction semble incontournable pour pouvoir apporter une vraie valeur ajoutée sur le long terme. À court terme, une veille stratégique très ciblée peut être supportée par des outils internes.

Pour les administrations

La veille stratégique est devenue depuis quelques années une veille reconnue au plus haut niveau des États et s'intègre naturellement dans les travaux relevant de l'intelligence économique et du renseignement au sens classique du terme.

Étapes de la veille stratégique

La veille stratégique est fondée autour des six grandes étapes suivantes[5],[6] :

1re étape : définir les besoins

Il est essentiel de définir les besoins en fonction des objectifs stratégiques de l'entreprise. Les besoins diffèrent selon la taille de l'entreprise en question.

Pour définir correctement les besoins, il est nécessaire de déterminer des axes de développement, préciser la cible (entreprise, partenaire, client) de cette veille, effectuer une planification du plan de recherche où l'on mettra en évidence les limites concernant les délais et les coûts, puis on s'interrogera sur les informations que l'on souhaite se procurer (qualitatif et quantitatif).

2e étape : collecter les sources d'informations

Une entreprise doit procéder à une recherche minutieuse concernant le choix de leurs sources d'informations. De nos jours, il existe un grand nombre d'outils de recherche. Il faut donc être prudent sur le choix de la source.

Tout d'abord, l'entreprise peut posséder une base de données regroupant toutes les sources internes.

En ce qui concerne les sources externes à l'entreprise, elles sont multiples telles que les sites internet, les réseaux sociaux, les lettres d'information, les presses spécialisées, etc. Internet est le moyen le plus rapide pour se procurer une information. Par ailleurs, il faut recenser l'information la plus pertinente pour la veille stratégique en s'assurant de prendre des données concrètes et réelles. Il ne faut pas hésiter à payer une ou deux sources, celles-ci auront un niveau de fiabilité beaucoup plus important.

Aussi, se rendre en personne à des salons ou à des rencontres entre associations permettent de se créer un réseau et d'obtenir les informations souhaitées.

3e étape : regrouper les informations

Après avoir effectué la collecte des sources d'informations, il est nécessaire de regrouper toutes les informations.

On différencie les informations de deux types:

- les informations formelles (internet, les revues de presse, les bases de données, etc.)

- les informations informelles (salons, rencontres en personne avec des clients, etc.)

4e étape : analyser les informations

Il faut ensuite analyser les informations collectées et se procurer les informations qui sont les plus stratégiques en vérifiant la source mais aussi sa pertinence. Par la suite, il faut repérer les analyses internes et externes en travaillant sur le fond et la forme.

5e étape : diffuser l'information

Enfin, les résultats sont dévoilés aux collaborateurs ou aux commanditaires.

Il y a différents moyens pour communiquer cette information. Elle peut être sous forme électronique (messagerie professionnelle, intranet) ou bien sous une forme papier.

6e étape : sauvegarder le résultat de la veille

Les résultats d'une recherche peuvent être utiles pour une prochaine veille. Au fur et à mesure, les recherches pourront être affinées et améliorées.

Ces différentes étapes se renouvèlent en continu.

Aspects technologiques

L'essor des technologies Internet a fortement fait évoluer la veille stratégique en permettant à des entreprises de collecter et de traiter avec plus de facilité un grand nombre d'informations.

Cette banalisation a également rendu la veille stratégique accessible à des entreprises de taille plus modeste, à l'image par exemple de PME industrielles.

Mais l'explosion quantitative des données et l'insuffisance des canaux permettant leur synthèse imposent une remise en cause permanente des outils et organisations attachés à la veille stratégique pour éviter sa propre obsolescence.[7]

Formation en veille stratégique

Notes et références

  1. Pierette Bergeron, Christine Dufour, Dominique Maurel et Diane Mercier, La gestion stratégique de l'information dans Introduction aux sciences de l'information, Montréal, Presses de l'Université de Montréal, , 235 p. (ISBN 978-2-7606-2114-5 et 2760621146, OCLC 320584406, lire en ligne), p. 192
  2. Baromètre des pratiques de veille 2007 : Baromètre 2007 des pratiques de veille des grandes entreprises françaises | Digimind
  3. Lesca, Humbert (2004) Veille stratégique : la méthode L.E.SCAnning, EMS, (ISBN 978-2-8476-9015-6)
  4. Rohrbeck, Rene (2010) Corporate Foresight: Towards a Maturity Model for the Future Orientation of a Firm, Springer Series: Contributions to Management Science, Heidelberg and New York, (ISBN 978-3-7908-2625-8)
  5. « Intelligence économique »
  6. « Veille stratégique »
  7. Florian Breton, « Open Data et veille au parlement », sur www.stackadoc.com,

Liens externes

Revue Scientifique

Bibliographie

  • Xavier Delengaigne, Organiser sa veille sur internet: Au-delà de Google...Outils et astuces pour le professionnel, éditions Eyrolles, 2012, (ISBN 978-2212132953)
  • Philippe Cahen, Signaux Faibles, mode d'emploi, éditions Eyrolles, 2010, prix de l'Intelligence Économique 2011 décerné par l'Académie éponyme.
  • Philippe Cahen, Le marketing de l'incertain. Méthode agile de prospective par les signaux faibles et les scénarios dynamiques, édition Kawa 2011.
  • CHALUS épouse SAUVANNET Marie-Christine (2000), Dynamisation du dispositif de veille stratégique pour la conduite de stratégies proactives dans les entreprises industrielles Thèse de doctorat de l’Université Lumière Lyon 2, Faculté de sciences économiques et de gestion (sous la direction de Véronique ZARDET), soutenue le .
  • ROBBINS Anthony, Pouvoir illimité, Édition Robert .

Voir aussi

  • Portail du travail et des métiers
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