Giorgio Vasari
Giorgio Vasari ( à Arezzo - à Florence) est un peintre, architecte et écrivain toscan. Son recueil biographique Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, particulièrement sa seconde édition de 1568, est considéré comme une des publications fondatrices de l'histoire de l'art.
Biographie
Né dans une famille modeste, sur la recommandation de son cousin Luca Signorelli, il devient l'élève de Guglielmo da Marsiglia, un peintre de vitraux.
En 1524, à l'âge de 13 ans, le cardinal Silvio Passerini l'envoie poursuivre ses études à Florence, près d'Andrea del Sarto et de ses élèves Rosso Fiorentino et Jacopo Pontormo.
Son éducation d'humaniste n'est pas négligée et il rencontre Michel-Ange dont le modèle de peinture l'a influencé.
En 1529, il visite Rome et étudie les travaux de Raphaël et d'autres artistes de la Haute-Renaissance romaine. Ses propres peintures maniéristes ont été davantage admirées pendant sa vie qu'après.
Il est employé par les maîtres des maisons de la famille Médicis à Florence et à Rome et il travaille aussi, entre autres, à Naples ou à Arezzo.
Plusieurs de ses travaux existent encore, du plus important, les peintures des murs et du plafond dans la grande Salle de Cosme Ier du Palazzo Vecchio à Florence, datant de 1555, aux fresques inachevées à l'intérieur de la vaste coupole du Duomo, terminées par Federigo Zuccaro et avec l'aide de Giovanni Balducci.
Il organise la décoration du Studiolo de François Ier du Palazzo Vecchio, plutôt comme directeur des productions artistiques qui doivent y apparaître que comme artiste producteur d'œuvres.
Sa production architecturale est plus importante que celle de peintre. La loggia des Offices allant du Palazzo Vecchio et débouchant sur l'Arno ouvrant une vue au bout de sa longue cour étroite est un morceau unique d'urbanisme qui fonctionne comme une place publique, le piazzale des Offices, unique rue de la Renaissance avec un seul traitement architectural.
Il est, à partir de 1553, un proche des Médicis à Florence et fonde l'Académie de dessin de Florence en 1563, avec le grand-duc et Michel-Ange comme premiers directeurs de l'établissement et de trente-six artistes choisis comme membres.
En , il écrit, pour le mariage de François de Médicis et de Jeanne d’Autriche, la Mascarade de la généalogie des dieux, dont il publie le livret.
La même année, il conçoit à Florence le Corridoio reliant le Palazzo Vecchio au Palais Pitti, le construit en cinq mois, commandité par Cosme Ier et inauguré pour le mariage de son fils François. Ce corridor permettra aux Médicis de circuler sans escorte et sans descendre dans la rue pour traverser l'Arno par le Ponte Vecchio, tout en admirant les nombreux tableaux qui l'ornent (beaucoup d'autoportraits depuis Léopold de Médicis) et la ville par ses fenêtres.
Il rénove également les églises médiévales Santa Maria Novella et Santa Croce, et transforme le jubé et la chaire dans le goût maniériste de son temps.
À Rome, Vasari travaille avec Giacomo Barozzi da Vignola et Bartolomeo Ammanati pour la Villa Giulia du pape Jules III.
Vasari, qui aura été apprécié pendant toute sa vie, amasse une fortune considérable. En 1547, il se fait construire une maison à Arezzo (it) (devenue un musée qui lui est consacré), et consacre beaucoup de son temps et de son énergie à décorer les murs et les voûtes. Il est élu au conseil et priori municipal de sa ville natale, et est finalement élevé au titre suprême de gonfalonier.
Écrivain également, il est l'auteur du précieux recueil intitulé Les Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes (Le Vite de' più eccellenti pittori, scultori e architettori) (1560-1570). Cet ouvrage est d'une importance majeure, car il pose les bases des premières approches méthodologiques de l'histoire de l'art (approche historique et méthode biographique).
Citations à son propos
« Ce fut un homme aimable, d'une belle figure, doué de quelques petits talents, de beaucoup d'adresse, et de persévérance, et d'une de ces âmes froides, très convenables pour faire son chemin dans le monde, et pour être un plat artiste. »
— Vasari vu par Stendhal dans Histoire de la peinture en Italie
« Vasari, le Georges à tout faire de Michel-Ange, quinze siècles après le ministre d'Auguste, est le Mécène de la renommée. Il a fait et défait les réputations. Peintre détestable, architecte sans goût, juge sans équité, Jules Romain de la critique et de la Toscane, Vasari n'en est pas moins un des plus précieux Italiens de la Renaissance, et son livre un des trésors que l'on doit à l'Italie. »
— André Suarès, Le Voyage du condottière, p. 362
Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes
Édité une première fois en 1550, l'ouvrage, aussi désigné sous son nom italien abrégé Le Vite, fait l'objet d'une seconde édition en 1568. La première édition ne comporte que les vies des auteurs décédés au moment de sa rédaction, à l'exception de Michel-Ange. Giorgio Vasari y ordonne les artistes qui l'ont précédé ou qui lui sont contemporains dans une perspective historique. Il rassemble des données, tant sur les artistes que sur leurs œuvres : enquêtes biographiques, catalogues des œuvres, anecdotes et légendes. Il est le premier, dans Les Vies, à utiliser le terme « Renaissance » pour qualifier son époque : rinascimento de la bella maniera incarnée par Raphaël et Michel-Ange dont le but est l'imitation du travail des anciens et qui apparaît selon lui dans la seconde moitié du XIIe siècle).
Cet ouvrage apparaît, aujourd'hui, comme un des éléments fondateurs de l'Histoire de l'art. C'est de Vasari que viendrait le terme « gothique », comparant l'étrange architecture du Moyen Âge avec la barbarie du peuple des Goths.
Giorgio Vasari décrit sa propre œuvre dans la deuxième édition des Vies : éd. 1568, t. 3-2, p. 980-1012 (trad. fr. de 1842, t. 10, p. 157-218).
C'est pendant la rédaction des Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes que Giorgio Vasari a acquis la collection de dessins qui constitue le Libro de' Disegni. Vasari insiste dans les deux éditions des Vite, de 1550 et 1568, sur l'importance des dessins comme documents permettant de percevoir la maniera des grands maîtres.
Œuvres
- Déposition du Christ (1532), huile sur panneau, 144 × 113 cm, Arezzo, Maison natale de Vasari.
- Sainte Famille avec saint Jean Baptiste et saint François d'Assise[2], Musée des beaux-arts de Bordeaux.
- Portrait de Laurent le magnifique (vers 1534), huile sur panneau, 90 × 72 cm, Galerie des Offices, Florence.
- Portrait d'Alexandre de Médicis (vers 1534), huile sur panneau, 157 × 114 cm, Galerie des Offices, Florence.
- Le Christ chez Marthe et Marie (1539-1540), huile sur panneau, 404 × 250,6 cm, Bologne, Pinacoteca Nazionale.
- Déposition de la croix (1540 ca), huile sur toile, 311 × 210 cm, Camaldoli, Chiesa dei Santi Donato e Ilariano.
- La Cène de Saint Grégoire le Grand (1540, huile sur panneau, 403 × 255 cm, Bologne, Pinacoteca Nazionale.
- Allégorie de l'Immaculée conception (1541), huile sur panneau, 58 × 39 cm, Galerie des Offices, Florence.
- La Tentation de saint Jérôme (vers 1541), huile sur panneau, 169 × 123 cm, Florence, Palais Pitti, Galerie Palatine.
- La Sainte Famille avec sainte Anne (1541-1547), Musée de Grenoble.
- La Sainte famille avec saint François (1542), huile sur toile, 184 × 125 cm, Los Angeles, County Museum of Art.
- La Justice (1542), huile sur toile, Venise, Gallerie dell'Accademia.
- Allégorie de la Justice, la Vérité et la rumeur (1543), huile sur panneau, 353 × 252 cm, Naples, Museo di Capodimonte
- Venus et Cupidon (vers 1543), huile sur panneau, 131 × 199 cm, Windsor, Royal Collection.
- Le Pape Paul III Farnèse dirige la construction de Saint Pierre (1544 ca), fresque, Rome, Palazzo della Cancelleria
- La Résurection du Christ (1545), huile sur panneau, 117 × 73 cm, Musée Capodimonte de Naples
- Saint Pierre marchant sur les eaux (1545), huile sur bois, 137,5 x 104 cm, Dijon, musée des beaux-arts de Dijon[3]
- La Récolte de la Manne (vers 1545)[4], plume, encre brune et lavis brun sur tracé à la pierre noire, H. 0,245 ; L. 0,395 m. Beaux-Arts de Paris. Cette étude est liée au décor du réfectoire du couvent de Sant'Anna dei Lombardi à Naples. Vasari réalise aux extrémités de la pièce deux compositions en forme de lunette : la Récolte de la Manne (Museo regionale di Palazzo Abatellis, Palerme) et un Repas chez Simon le Pharisien (Museo nazionale de Capodimonte, Naples), achevées en mars 1545. Le dessin des Beaux-Arts a été identifié comme préparatoire à la Récolte de la Manne[5].
- La Nativité (1546 ca), huile sur toile, Rome, Galerie Borghèse.
- La Sainte Famille avec sainte Anne et saint Jean (vers 1546), huile sur toile, 82 × 60,5 cm, Vienne, Kunsthistorisches Museum.
- La Déposition de la Croix (vers 1550), huile sur bois, 174 × 130 cm, musée de la Chartreuse de Douai.
- Judith décapite Holopherne (vers 1554), huile sur panneau, 108 × 79 cm, Musée d'art de Saint-Louis, Saint-Louis.
- La Toilette de Venus (1558), huile sur toile, Stuttgart, Staatsgalerie.
- La Lapidation de saint Étienne (vers 1560), huile sur toile, 300 × 163 cm, Musées du Vatican, Pinacoteca Vaticana.
- Les Quatre Éléments (vers 1560), Florence, Palazzo Vecchio.
- Les Travaux d'Hercule (vers 1560), Florence, Palazzo Vecchio.
- Salvator Mundi (vers 1561), huile sur bois, 74 × 54 cm, collection Alana (acquisition 2018), Newark (Delaware), États-Unis[6].
- L'Annonciation (1564-1567), bois, 216 × 166 cm, Musée du Louvre, Paris. Élément central du triptyque peint pour le maître autel de l'église de Santa Maria Novella d'Arezzo[7].
- Fresques de la Sala del Cinquecento (1565), Florence, Palazzo Vecchio.
- Saint Luc peignant la Vierge (vers 1565), fresque, Florence, Chiesa della Santissima Annunziata.
- Autoportrait (vers 1566-1568), huile sur panneau, 100,5 × 80 cm, galerie des autoportraits du Corridor de Vasari, musée des Offices, Florence.
- Le Prophète Élisée, huile sur bois (1566), musée des Offices, Florence.
- La Forge de Vulcain (1567-1568), musée des Offices, Florence.
- Christ dans le jardin de Gestsemani (vers 1570), huile sur panneau, 143,5 × 127 cm, Tokyo, National Museum of Western Art.
- L'Adoration des bergers (1570-1571), huile sur panneau, 131 × 69 cm, Chazen Museum of Art.
- Persée et Andromède (1570-1572), huile sur toile, 117 × 100 cm, Florence, Palazzo Vecchio.
- Allégorie des fruits d'automne (vers 1570-1574), huile sur bois, 80 × 80 cm, collection Alana (acquisition 2018) Newark (Delaware), États-Unis[8].
- Le Laboratoire de l'alchimiste (1570 ca), Florence, Palazzo Vecchio.
- Couronnement de la Vierge nommée aussi Pala del Vasari, retable de 1571, 400 × 300 cm, chœur de l'église Sainte-Catherine de Livourne.
- L'Incrédulité de saint Thomas (vers 1572), huile sur panneau, basilique Santa Croce de Florence
- Le Jugement Dernier (1572-74), fresque, 4 000 m2, Florence, coupole de Santa Maria del Fiore.
- Allégories (1545) fresques, sacristie de l'Église Saint-Anne-des-Lombards, Naples
- Crucifixion (1545), Église San Giovanni a Carbonara, Naples.
- La Dernière Cène, Basilique Santa Croce de Florence.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Giorgio Vasari » (voir la liste des auteurs).
- Cf. Claude Frontisi, « Vasariana. Un autoportrait inséré », 1988, p. 31.
- Notice du musée de Bordeaux
- « collections du musée des beaux-arts de dijon - Affichage d'une notice », sur mba-collections.dijon.fr (consulté le )
- « La Récolte de la Manne, Giorgio Vasari », sur Cat'zArts
- Sous la direction d'Emmanuelle Brugerolles, Le dessin à Florence au temps de Michel-Ange, Carnets d'études 13, Beaux-arts de Paris les éditions, 2009-2010, p. 108-111, Cat. 24
- Carlo Falciani et Pierre Curie (conservateur) (dir.), La Collection Alana : Chefs-d'œuvre de la peinture italienne, Bruxelles, Fonds Mercator, , 216 p. (ISBN 978-94-6230-154-2)Ouvrage publié à l'occasion de l'exposition au musée Jacquemart-André du 13 septembre 2019 au 20 janvier 2020, notice de Carlo Falciani, p. 171.
- Vincent Pomarède, 1001 peintures au Louvre : De l’Antiquité au XIXe siècle, Paris/Milan, Musée du Louvre Editions, , 589 p. (ISBN 2-35031-032-9), p.313
- Carlo Falciani et Pierre Curie (conservateur) (dir.), La Collection Alana : Chefs-d'œuvre de la peinture italienne, Bruxelles, Fonds Mercator, , 216 p. (ISBN 978-94-6230-154-2)Ouvrage publié à l'occasion de l'exposition au musée Jacquemart-André du 13 septembre 2019 au 20 janvier 2020, notice de Carlo Falciani, p. 173.
Voir aussi
Bibliographie
- Roland Recht, « Cours du [à propos de Vasari et des Vies] », dans Regarder l'art, en écrire l'histoire, Paris, Collège de France, 2009 (captation audio de la 1re et 2e heure ; résumé année 2009-2010).
- Georges Didi-Huberman, « Ressemblance mythifiée et ressemblance oubliée chez Vasari : la légende du portrait sur le vif », dans Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, 106-2, Rome, 1994, p. 383-432 (en ligne).
- Claude Frontisi, « Vasariana. Un autoportrait inséré », dans Revue de l'Art, 80, Paris, Ophrys, 1988, p. 30-36 (ISSN 0035-1326) (en ligne).Voir aussi les autres articles du dossier Autour de Vasari de Catherine Monbeig Goguel, Gabriella Rèpaci-Courtois, Sylvie Deswarte-Rosa, Christiane Lorgues-Lapouge, Michel Hochmann et Véronique Gérard Powell, avec une présentation d'André Chastel.
- André Chastel, « Vasari, Giorgio (1511-1574) », dans Encyclopædia Universalis, c. 1980 (bibliographie avec quelques màj, depuis).
- Julius von Schlosser, La littérature artistique : manuel des sources de l'histoire de l'art moderne, Paris, 1984, p. 307-356 (1re éd. 1924) ; réimpr. 1996 (ISBN 2-08-012602-4).
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