Valeur de la vie

La valeur de la vie est une notion utilisée en philosophie et en économie pour les êtres vivants, spécialement pour les cultures humaines. Transposer la valeur d'une vie humaine en monnaie se heurte à des tabous sur la mort et l'argent mais permet d'évaluer l'efficacité des politiques de prévention[1].

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Évaluation statistique

D’un point de vue statistique, la valeur d’une vie humaine peut être évaluée en terme monétaire (prévention des risques, assurance, etc.), au moyen du coût marginal des mesures de prévention. Ces travaux d’évaluation sont utilisés en médecine, en travaux publics (aménagement des réseaux de transport, etc.) et surtout en politique pour évaluer l’impact de dépenses, d'investissements ou de réglementations publiques sur le risque décès, les autorités publiques déterminant le budget optimal à consacrer à chaque projet par une analyse avantages-coûts.

Cette évaluation fait l’objet d’une littérature académique théorique et empirique abondante[2],[3],[4]. Les études s'appuient sur la notion de capital humain mesurant la valeur d’une vie humaine à partir de sa contribution au bien-être de la société. Cette valorisation se calcule ainsi en termes de revenu et de production et de probabilité de vivre jusqu’à un certain âge. Une autre approche consiste à évaluer la disposition à payer (en) (concept formulé par Jacques Drèze en 1962[5], montant qu’une personne est prête à payer pour diminuer son exposition au risque[6].

En se basant sur les résultats de ces études[7], le rapport de l’OCDE en 2012 recommande d'utiliser une valeur statistique de la vie (VVS) de référence entre 1,5 million et 4,5 millions USD (USD de 2005) pour les pays de l’OCDE ou pour l’UE-27, et autour de 3 millions d’euros pour la France[8].

Valeur d'une vie statistique humaine

La valeur d’une vie statistique[9] (ou valeur d’une fatalité évitée) est le consentement à payer d’un individu pour une réduction marginale de son risque de mortalité. Cette valeur correspond à ce qu’un individu est prêt à payer pour une réduction à la marge d’un risque mortel :

est le consentement à payer d’un individu pour une réduction de la probabilité de décès. Par exemple, si un individu annonce qu’il consent à payer 2 000  pour la réduction de 5/10 000 à 1/10 000 de la probabilité de décès, on en déduit une VVS égale à

Ce que la société est prête à dépenser pour sauver une vie statistique diffère de ce que des individus seraient prêts à dépenser pour épargner une vie identifiée.

Analyse coût-bénéfices et valeur de la vie statistique

Les critiques de l’analyse coût-bénéfices[9] s’attaquent souvent à cette mesure de la valeur d’une vie statistique, la qualifiant d’indécente. Selon ses partisans[Qui ?], cette mesure est implicite dans tout investissement public en matière de sécurité (routière, sanitaire), ainsi que dans toute réglementation concernant les produits toxiques (qualité de l’eau potable, qualité de l’air dans les zones urbaines, etc.) et l’ACB permet de rendre plus transparents les arbitrages qui sont réalisés entre coût d’une mesure et impacts sur la vie des citoyens.

Les VVS généralement utilisées dans les analyses coût-bénéfices sont largement supérieures à celles généralement constatées pour la compensation d’un accident mortel du travail ou d’un accident de la route.

Références

  1. Emmanuel Thibault, professeur à l'université de Perpignan et chercheur à la Toulouse School of Economics et Frédéric Cherbonnier, professeur à Sciences po Toulouse, « Osons donner une valeur à la vie ! », Les Échos,
  2. (en) Liu, J.T., J.K. Hammitt et J.L. Liu, « Estimated Hedonic Wage Function and Value of Life in a Developing Country », Economics Letters, vol. 57, no 3, , p. 353-358 (DOI 10.1016/S0165-1765(97)00238-3)
  3. (en) Bowland, B.J. et J.C. Beghin, « Robust Estimates of Value of a Statistical Life for Developing Economies », Journal of Policy Modeling, no 23, , p. 385–396 (DOI 10.1016/S0161-8938(01)00072-2)
  4. (en) Viscusi, W.K. et J.E. Aldy, « The Value of a Statistical Life: A Critical Review of Market Estimates Throughout the World », Journal of Risk and Uncertainty, no 27, , p. 385–396 (DOI 10.1023/A:1025598106257)
  5. Jacques Drèze, « L’utilité sociale d’une vie humaine », Revue française de recherche opérationnelle, no 1, , p. 93-118
  6. Georges Dionne, Martin Lebeau, « Le calcul de la valeur statistique d’une vie humaine », L'Actualité économique, vol. 86, no 4, , p. 487-530 (DOI 10.7202/1005680ar)
  7. Méta-analyse des estimations de la valeur d’une vie statistique, rapport de l’OCDE, 2012
  8. Émile Quinet, rapport « L'évaluation socioéconomique des investissements publics » pour le Commissariat général à la stratégie et à la prospective, septembre 2013, p. 105
  9. Valérie Meunier et Eric Marsden, « Analyse coût-bénéfices: guide méthodologique », Cahiers de la Sécurité Industrielle, Institut pour une Culture de Sécurité Industrielle (Toulouse), vol. 2009, no 06, (ISSN 2100-3874, lire en ligne)

Voir aussi

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