Espérance de vie
Dans le domaine de la statistique, l’espérance de vie à l’âge X peut être définie non seulement pour les populations d’êtres et organismes vivants, mais aussi pour des objets, instruments, organisations, etc. En aucun cas elle ne traduit la « longévité potentielle », qui est la durée de vie maximale que peut atteindre un être vivant d'une espèce donnée ou un objet.
Elle est calculable, pour autant que :
- il soit possible d'attribuer un âge aux objets (à partir de la date de création, d’apparition, de première mise en fonctionnement, etc.) ;
- ceux-ci soient susceptibles de connaître un événement comparable à la mort (destruction, disparition, panne définitive, etc.)
Pour une population donnée P d’individus (ampoules électriques, machines, personnes de tel sexe résidant dans tel pays, etc.) et une durée donnée T (souvent une année) on définit :
- le quotient de mortalité à un âge donné A comme la probabilité de « décès » des individus de cet âge A au cours de la période T.
- l’espérance de vie à l’âge X comme la durée de vie moyenne à partir de l’âge X d’une génération fictive d’âge X qui connaîtrait, à tout âge supérieur à X les quotients de mortalité par âge définis plus haut.
Histoire
Des progrès importants dans l'espérance de vie et son estimation ont lieu à partir du milieu du XVIIIe siècle, grâce aux tables de mortalité successivement publiées par Antoine Deparcieux (1746), Théodore Tronchin (1748), Pehr Wilhelm Wargentin (1749), Thomas Simpson (1752), Johann Peter Süssmilch (1761), ou encore Daniel Bernoulli (1763), selon qui vacciner contre la variole augmente de trois ans l'espérance de vie globale.
Depuis la fin du XXe siècle, dans certains pays l'espérance de vie a commencé à reculer ou stagner (en France en 2012 par exemple, et pour la 1re fois depuis 250 ans (hors périodes de guerre) ; elle stagne pour les hommes et régresse légèrement pour les femmes. Selon l'INED et l'indicateur harmonisé[1],[2] européen calculé par Eurostat[3] : « En 2012, l'espérance de vie n'augmente pas, ... . Elle stagne pour les hommes (78,4 ans) et diminue même de 0,2 point pour les femmes (84,8 ans) », alors que l'espérance de vie en bonne santé (ou « espérance de vie sans limitation d’activité ») diminue dans de nombreux pays.
Les généticiens cherchent aussi à comprendre dans quelle mesure nos gènes influent sur notre espérance de vie. Selon une étude récente basée sur l'étude d'un arbre généalogique construit par crowdsourcing pour 13 millions de personnes, ces gènes n'ont que peu d'importance par rapport aux facteurs environnementaux et comportementaux : 16 % contre environ 25 % pensait-on jusqu'alors d'après des études antérieures faites sur les jumeaux en Scandinavie (cette différence pourrait s'expliquer selon Kaare Christensen (directeur du Danish Twin Registry d'Odense) par l'histoire et l'environnement paisible de la Scandinavie qui aurait pu donner à la génétique un rôle plus important qu'en moyenne dans le monde[4].
Sémiologie
Cette expression, polysémique, peut renvoyer à :
- l'espérance de vie humaine (ou animale), sans indication d'âge, est en général l'espérance de vie à l'âge 0 (naissance, début de fonctionnement, etc.). On parle aussi d'espérance de vie après l'apparition d'une maladie grave, ou après une opération chirurgicale ou chimiothérapie. Dans ces derniers cas on peut aussi parler d'« espérance de vie à 5 ans », c'est-à-dire dans les années qui vont suivre les 5 premières années après le traitement[5].
- l'espérance de vie en bonne santé (statistique Eurostat)
- l'espérance de vie corrigée de l'incapacité (statistique OMS)
- l'espérance de vie d'une population d'objets soumise à des contraintes données (contrainte de cisaillement, thermique, mécaniques, etc.).
En aucun cas elle ne traduit la « longévité potentielle », qui est la durée de vie maximale que peut atteindre un être vivant d'une espèce donnée, un objet, une machine, etc.[6]
Mode de calcul
Dans certains cas, la « durée de vie », le « temps moyen de fonctionnement », etc. sont calculés comme des médianes et non comme des moyennes de durées[réf. nécessaire] (voir Temps moyen entre pannes).
Notes et références
- Jean-Marie Robine, Carol Jagger et Euro-REVES (2003), « Creating a coherent set of indicators to monitor health across Europe: the Euro-REVES 2 project », European Journal of Public Health , 13(3), p. 6-14.
- Eurostat (2012), A synthesis report on the 2012 consultation on further harmonisation and documentation on the EU-SILC1 PH0302 variable, Eurostat, Unit F-5: Education, health and social protection, Luxembourg.
- INSEE : Tableaux de l'économie française - édition 2013 ; INED 2013 Revue "Population et société", n°499, avril 2013.
- Kaiser, Jocelyn (2018) Thirteen million degrees of Kevin Bacon: World’s largest family tree shines light on life span, who marries whom ; Science, 1er mars 2018.
- Cancer du poumon : l'espérance de vie a-t-elle progressé ?, Interview du Dr Philippe Girard, pneumologue, par France 5, consulté 2012-09-17.
- Définitions lexicographiques et étymologiques de « Longévité » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
Voir aussi
Articles connexes
Lien externe
- Estimation espérance de vie restante et à la naissance selon le pays et le sexe. Avec carte mondiale
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