Type Mouchon

Le type Mouchon est une série de timbres-poste d'usage courant émis en France du à . Ils servent de valeurs intermédiaires entre les timbres au type Blanc portant de petits faciales et ceux au type Merson pour les plus fortes.

10 centimes rouge Mouchon au type 2 (observer la base incurvée du « 1 », émis en 1900.

Cependant, fortement critiqué, remanié en 1902, le dessin de Louis-Eugène Mouchon est finalement abandonné au profit du type Semeuse qui va servir jusqu'en 1940.

Entre 1902 et 1931, le dessin retouché de 1902 a également servi pour fabriquer des timbres en usage dans les bureaux français à l'étranger (notamment au Levant), ceux du mandat en Syrie et du protectorat au Maroc français[1].

Description

Émissions de 1900

L'illustration est une allégorie féminine de la République portant un bonnet phrygien et une couronne de lauriers, signe de paix, même si elle est vêtue d'une cuirasse défensive[2]. Assise, elle tient avec sa main gauche une table de pierre sur laquelle est gravée « DROITS DE L'HOMME » et une main de justice dans l'autre. Une tête de lion sur la cuirasse signale le courage de la République[2].

La mention du pays « REPVBLIQVE FRANÇAISE » se trouve en bas d'un cadre orné. En haut à droite, un cartouche blanc permet d'imprimer la valeur faciale sous le mot « POSTES ».

Cinq valeurs sont émises le Le 10 centimes rouge et le 25 centimes bleu existent sous deux types, le 15 centimes orange sous le type 2, le 20 centimes brun-lilas et le 30 centimes lilas uniquement sous le type 1. Les timbres au type 1 sont imprimés en typographie en deux presses : la première pour l'illustration, la seconde pour la valeur faciale ; cette manière d'opérer est la cause de mauvais centrages fréquents de la valeur faciale à l'intérieur de son cartouche. Au type 2, l'impression est réalisée en une seule fois.

Des différences dans le dessin permettent de distinguer types 1 et 2 pour les deux valeurs concernées. Pour le 10 centimes, la base du « 1 » est plate sur le type 1 et incurvée vers l'intérieur du chiffre pour le type 2. Pour le 20 centimes, le cadre intérieur du cartouche est un trait continu sur le type 1, mais discontinu sur le type 2.

Type Mouchon retouché de 1902

20 centimes brun-lilas au type Mouchon retouché de 1902.

Suite aux critiques, le dessin est retouché pour des émissions étalées tout au long de l'année 1902 pour chacune des cinq valeurs précédentes. Le cartouche de la valeur faciale est désormais un écu couronné de laurier. Le mot « POSTES » est centré dans la ligne de décoration en haut du timbre. Dessin du timbre et valeur faciale sont imprimés en une seule passe.

Historique

Genèse

Le type Mouchon est présenté pour la première fois par son auteur au concours de 1894[3] qui a pour but de remplacer le type Sage (ou Paix et Commerce), utilisé depuis 1876, par un timbre « républicain », selon la volonté du député de la Seine Gustave Mesureur. Le jury d'artistes ne décerne finalement aucun prix, mais des mentions honorables pour cinq œuvres dont celle de Mouchon[4]. Par rapport au timbre de 1900, l'allégorie originelle porte un casque et la valeur faciale est inscrite dans un blason proche de la version retouchée de 1902.

En , le Comité technique postal décide de diviser les valeurs entre trois nouveaux types, avec désormais le soutien de l'administration des Postes décidée à renouveler ses méthodes d'impression pour en faire baisser les coûts. Le ministre du Commerce Alexandre Millerand et son sous-secrétaire d'État aux Postes Léon Mougeot consulte les projets du concours de 1894 et décide d'utiliser la proposition de Mouchon avec quelques retouches[5].

Contrairement aux deux autres timbres dont il faut créer le dessin et pour lesquels des retards ont lieu, le type Mouchon est prêt à être émis dès , pour l'Exposition universelle à Paris[6]. Mais, Millerand veut une émission simultanée qui a lieu le . Avec les types Blanc et Merson, le type Mouchon connaît la première mise en vente anticipée de timbres de France, qui a lieu au palais Bourbon et au palais du Luxembourg[7].

Accueil

Le dessin est cependant très mal accueilli par la presse philatélique, mais aussi non philatélique, et une partie du public.

Le philatéliste Arthur Maury critique les « V » à la place des « U » dans la mention du pays, ainsi que la présence d'un symbole de la monarchie, la main de justice[8].

Le , Alfred Jarry donne son avis sur le type Mouchon, qu'il raconte avoir découvert lors d'un achat dans un marchand de tabac. Il trouve que l'allégorie de la République est représentée en prostituée : « la vignette représente une scène plutôt regrettable : une dame, aveugle et le bras en écharpe, assise sur un pliant, apitoie les passants au moyen d'une pancarte qui promet à l'homme, sur sa personne, tous les droits ; au-dessus de sa tête se balance une lanterne avec le numéro de sa maison. Le prix s'élève, pour les étrangers, jusqu'à vingt-cinq centimes[9], quoi que ce soit toujours la même dame. »[10]

Des ligues féministes collent des vignettes « Droits de la femme » à côté de ces timbres sur leur courrier[11].

À la Chambre des députés même, Léon Mirman, député de la Marne, obtient l'organisation d'un vote sur le retrait du type Mouchon. 250 voix votent le maintien contre 243[12].

Malgré les retouches au dessin réalisés en 1902, la popularité de ces timbres portant les tarifs les plus utilisés ne s'accroît pas. En , Georges Trouillot ministre du Commerce et Alexandre Bérard sous-secrétaire d'État chargé des Postes décident de son remplacement par la Semeuse d'Oscar Roty qui est déjà utilisée sur les pièces de monnaie depuis 1897[13].

Franchise militaire

1re Franchise militaire type Mouchon
Franchise militaire type Mouchon retouché

À partir de la loi du , les militaires doivent désormais apposer un timbre surchargé « F.M. » pour « franchise militaire » sur les deux lettres mensuelles qu'ils ont le droit d'envoyer en franchise, c'est-à-dire gratuitement.

Le premier timbre de franchise militaire est le 15 centimes au type Mouchon qui est émis en . le second est un 15 centimes dans la version retouchée et est émis en .

Comme pour les autres timbres Mouchon, le 15 centime « Franchise militaire » est finalement remplacé par une Semeuse lignée, le 15 centimes vert, en .

Outre-mer

Entre 1902 et 1931, le type Mouchon retouché est adapté pour imprimer des timbres qui servent dans les bureaux français à l'étranger, dans le mandat en Syrie (avec la légende « LEVANT ») et le protectorat du Maroc français[1].

Ce sont les inscriptions qui sont modifiées : « POSTE FRANÇAISE » en haut et le nom du pays en bas.

Plusieurs de ces séries sont surchargées d'une valeur en monnaie locale.

Timbres commémoratifs

Malgré cet accueil et cette courte carrière, le type Mouchon connaît deux émissions commémoratives.

Une reproduction du 25 centimes bleu de 1900 par Jules Piel est visible en timbre sur timbre dans la bande émise à l'occasion de Philatec, exposition philatélique internationale de Paris en 1964, aux côtés du type Blanc et de deux timbres sur les activités des PTT.

Dans l'hommage aux anciennes séries d'usage courant lors des émissions Journée du timbre de 1994 à 1998, le type Mouchon est honoré en  : l'allégorie gravée par Charles Bridoux est imprimée en bleu et en taille-douce sur un fond violet.

Voir aussi

Sources

  • Jean Storch et Robert Françon, Les types "Droits de l'Homme" de J.-E. Mouchon, éd. Timbroscopie, 1988, (ISBN 2907124013).
  • Catalogue de cotations de timbres de France, éd. Dallay, 2005-2006, pages 123-127 pour les timbres postaux, et page 663 pour le 15 centimes « Franchise militaire ».

Notes et références

  1. Jean Storch et Robert Françon, Les Types "Droits de l'Homme" de J.-E. Mouchon, éd. Timbroscopie, 1988, page 61.
  2. Louis-Eugène Mouchon dans une lettre du 21 mai 1901 à Arthur Maury, citée dans Storch et Françon, Les Types "Droits de l'Homme" de J.-E. Mouchon, éd. Timbroscopie, 1988, pages 14-15.
  3. Règlement paru au Journal officiel du 4 février 1894, cité dans Jean Storch et Robert Françon, Les Types "Droits de l'Homme" de J.-E. Mouchon, éd. Timbroscopie, 1988, page 7.
  4. Jean Storch et Robert Françon, Les Types "Droits de l'Homme" de J.-E. Mouchon, éd. Timbroscopie, 1988, page 8. Neuf des projets sont reproduits dans cet ouvrage. Les journaux en publièrent en tout une trentaine. Les cinq « mentions honorables » eurent l'honneur d'être représentées sur les boîtes d'alumettes-bougies de 1894 de l'administration des contributions indirectes.
  5. Jean Storch et Robert Françon, Les Types "Droits de l'Homme" de J.-E. Mouchon, éd. Timbroscopie, 1988, page 9.
  6. Jean Storch et Robert Françon, Les Types "Droits de l'Homme" de J.-E. Mouchon, éd. Timbroscopie, 1988, page 11.
  7. Jean Storch et Robert Françon, Les Types "Droits de l'Homme" de J.-E. Mouchon, éd. Timbroscopie, 1988, page 12.
  8. Cité dans le dossier sur la genèse et l'histoire du type Mouchon par Jean-Luc Trassaert, « Moderne et républicaine », paru dans l'Écho de la timbrologie n°1694, février 1997.
  9. 25 centimes est l'affranchissement nécessaire pour une lettre simple pour l'étranger depuis les tarifs postaux du 1er mai 1878, cité dans le catalogue de timbres de France Dallay, édition 2005-2006, page 121.
  10. Alfred Jarry, « Petite gazette d'art : Les nouveaux timbres », La Revue blanche, 15 janvier 1901, page 140 ; compris dans le tome 24, janvier-avril 1901, reproduction sur Gallica et transcription sur Wikisource. Extrait également cité dans le dossier sur la genèse et l'histoire du type Mouchon par Jean-Luc Trassaert, « Moderne et républicaine », paru dans l'Écho de la timbrologie n°1694, février 1997.
  11. Exemple d'une telle lettre reproduite dans le Patrimoine du timbre-poste français, éd. Flohic, 1998, page 142.
  12. Jean Storch et Robert Françon, Les Types "Droits de l'Homme" de J.-E. Mouchon, éd. Timbroscopie, 1988, page 12-13.
  13. D'après « L'étonnante carrière de la Semeuse d'Oscar Roty », dans Chronique du timbre-poste français, Éditions Chronique-La Poste, 2005, page 79.

Lien externe

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