Écu (héraldique)
L'écu, en héraldique, est le support physique du blason, au centre des armoiries.
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Dans la panoplie que représente le blason, l'écu proprement dit représente le bouclier de l'homme d'arme. Les armes sont généralement figurées sur un écu, mais d'autres supports sont possibles : un vêtement comme le tabar du héraut, un élément d'architecture comme un panneau mural, un objet domestique… Dans ce cas, la forme du contour est celle du support.
L'écu se matérialise par la forme géométrique et ses divisions potentielles, ou « table d'attente », dans laquelle sont représentées des armes. L'écu peut prendre différentes formes, suivant l'origine de sa représentation.
Table d'attente
On entend par table d'attente la forme géométrique de l'écu dans son ensemble, ou de l'une de ses parties, ou éventuellement d'une pièce honorable, en tant que surface qui attend ses armoiries (le champ, et les pièces et meubles éventuels). La table d'attente peut faire l'objet d'une partition préalable, dans le cas d'armes composées.
La table d'attente désigne également l'écu de l'aspirant qui vient de recevoir sa panoplie de combat, mais n'a pas encore composé ses armes. Son bouclier est alors en attente d'être armorié. Cette situation peut être symbolisée par un écu d'argent (le blanc étant ici une absence, symbolisant l'espace à remplir), ou mieux encore par un écu d'acier, qui symbolise à la fois la surface du métal non encore peint, et sa capacité à servir de miroir métallique prêt à réfléchir l'image de celui qui s'approche.
Dans des grandes armes, la table d'attente peut aussi correspondre à un emplacement réservé pour des ancêtres dont les armes sont inconnues. Dans ce cas, l'espace est laissé dans la couleur du fond (papier non coloré), ou en acier.
L'élaboration d'un écu armorié commence donc symboliquement par le tracé de la table d'attente.
Forme de l'écu
L'écu, c'est-à-dire le bouclier, support matériel du blason, n'a pas le même dessin selon le lieu ou l'époque, et peut revêtir des formes plus ou moins fantaisistes (voir ci-contre).
- La forme la plus simple est la forme dite « de tournoi » ou « en bannière », simple quadrilatère de « sept parties de largeur sur huit de hauteur ».
- L'écu français ancien a une pointe inférieure en ogive, dont l'arrondi part au milieu des flancs. Dans l'écu français moderne, introduit par l'héraldique d'Empire, le quadrilatère garde les proportions de l'écu « en bannière », mais a les angles inférieurs (ou reins) arrondis d'un quart de cercle (d'une demie partie), et la pointe est formée par la jonction de deux quart de cercles de même proportion.
- Les dames et demoiselles eurent longtemps des écus respectivement ronds ou en ovale et en losange. Cependant, l'écu en losange ne se prête pas bien au dessin des pièces honorables et à celui des blasons composés (qui privilégient les partitions verticales et horizontales).
- Les écus diffèrent selon les pays :
- L’écu italien est en forme de chanfrein, ou « tête de cheval » (testa di cavallo).
- L’écu suisse présente trois pointes au chef.
- L’écu anglais est anguleux, à sommet prolongé en cornes horizontales.
- L’écu allemand est en forme de targe de tournoi (avec une échancrure permettant de poser la lance).
- L’écu polonais est à échancrures multiples.
- L’écu au bord inférieur arrondi à la pointe se retrouve en Espagne et au Portugal, ainsi qu'en Flandres (qui ont longtemps été espagnoles).
Les formes peuvent être plus fantaisistes, ou ne pas être fixées par la tradition, comme l'écu limité par des arabesques (de gueules) que l'héraldique française attribuait aux colonies d'Afrique du Nord.
Quelques remarques sur ces formes :
- l'écu ancien, à trois côtés, (non représenté ci-contre) était dessiné non pas debout sur la pointe selon le mode classique, mais souvent posé sur son côté droit (« à l'ancienne ») ;
- un des écus italiens, ovale, était porté par les ecclésiastiques et en France par les femmes mariées (mais aussi par beaucoup d'hommes à partir du XVIe siècle) ;
- les côtés relevés en triangle de l'écu anglais distinguaient les écus nobles de ceux des roturiers ;
- l'échancrure de l'écu allemand permettait de supporter la lance. Il se rapproche de la targe très à la mode à la Renaissance.
Notes :
- Théodore Veyrin-Forrer recense 24 formes différentes d'écus.
- O. Neubecker (op. cit. ci-dessous) en présente plus d'une centaine, rangés par pays et par époques avec des datations certifiées pour la plupart (p. 76-77).
Divisions et régions
Le tracé des figures géométriques peut être effectué quelle que soit la forme de l'écu (ou plus généralement, pour toute forme servant de table d'attente). La position de ces lignes doit être ajustée à la forme de la table d'attente, de manière que les neuf régions obtenues soient équilibrées.
- Directions : les quatre divisions simples reçoivent le nom des coups que les chevaliers portaient avec l'épée à deux mains : « parti » (de haut en bas), « coupé » (à l'horizontale), « taillé » (de droite à gauche, en descendant) et « tranché » (de gauche à droite en descendant). Employées seules, ces quatre divisions partagent chacune la table d'attente en deux parties égales.
- Régions : d'autre part, la forme de la table d'attente peut être divisée en régions suivant quatre lignes, deux lignes verticales et deux lignes horizontales. Ces lignes délimitent cinq régions principales : le chef (en haut), le flanc dextre (à gauche), le flanc sénestre (à droite), la pointe (en bas), le centre (ou cœur, ou abîme). Ces mêmes lignes délimitent quatre cantons : dextre du chef, dextre de la pointe, sénestre du chef et sénestre de la pointe. D'autres régions secondaires peuvent être identifiées (honneur, reins, sommet, base…).
Avec les principales lignes de partition, ces lignes permettent de tracer les pièces honorables et de positionner les meubles.
Organisation de l'écu
Pour se situer sur l'écu, celui-ci est divisé en 9 zones appelées « points de l'écu ». Ces points sont identifiés par des noms qui varient quelque peu selon les auteurs, exception pour le « point du centre » (5) nommé aussi « cœur » ou « abîme » (aussi écrit « abyme » ; voir l'expression « mise en abyme »).
Deux autres points, cités par tous, sont le « point d'honneur » (H) et le « nombril » (N). Mais si, pour certains, il s'agit d'une surface équivalente aux premiers, placée à cheval sur 2 zones (cf. dessin), pour d'autres, il s'agit de points au sens géométrique, situés au milieu des frontières 2-5 et 5-8.
Quels que soient les auteurs, il y a symétrie d'appellation entre 1 et 3, 4 et 6, 7 et 9 où dextre pour 1, 4 et 7 correspond à sénestre pour 3, 6 et 9.
En héraldique, gauche (sénestre) et droite (dextre) sont celles du porteur de l'écu.
- Point 1 : canton dextre du chef (Duhoux D'Argicourt le nomme « angle dextre du chef » qui désigne chez les autres auteurs l'angle matériel du bouclier) ;
- Point 2 : point du chef (de nombreux auteurs le nomment simplement « chef » mais ne confirment pas cette appellation dans leur définition de « chef ») ;
- Point 4 : point du flanc dextre (même remarque que pour chef) ;
- Point 7 : canton dextre de la pointe (Duhoux D'Argicourt comme pour 1, parle d'angle) ;
- Point 8 : point de la pointe. La majorité des auteurs utilisent pointe seule (mais on retrouve plus souvent confirmation dans la définition de « pointe »). On trouve parfois « pié ».
Ces écarts de vocabulaire ou de définition sont en pratique sans conséquences pour le blasonnement — ce qui explique probablement pourquoi ces différences subsistent.
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