Trottinette électrique

Une trottinette électrique est une trottinette équipée d'un moteur électrique. Ce type de véhicule électrique se généralise dans les grandes villes à la fin des années 2010. Selon les pays, l'usage de la trottinette électrique dans l'espace public est soumis à la règlementation des engins de déplacement personnel, des bicyclettes ou bien son usage n'est pas règlementé.

Historique

Les progrès en motorisation électrique au niveau des batteries électro-chimiques plus légères, des moteurs à rendement amélioré, de l'électronique de commande permettent actuellement de motoriser la trottinette pour en faire une aide efficace à la marche du piéton, réduisant notablement sa fatigue sur une longue distance lorsque l'état du sol le permet, c'est-à-dire faible déclivité et bon entretien du revêtement des trottoirs.

Ces trottinettes ont eu des succès dans des séries et des films pour la jeunesse (Volt, Linus et Boom…).

Les premiers dessins des trottinettes motorisées ont été réalisés par Roland Puisset en 1967.[réf. nécessaire]

Le constructeur allemand Krupp a produit de 1919 à 1922 des trottinettes motorisées. Il utilisa un brevet à l'origine américain[réf. nécessaire]. Arthur Hugo Cecil Gibson l'avait déposé le [1].

Depuis la fin des années 1980, des progrès similaires réalisés sur les petits moteurs à essence (d'un poids d'un à deux kilogrammes) dans l'industrie des débroussailleuses ont permis d'adapter ces moteurs sur des trottinettes, et ont donné naissance à un nouveau sport en plein développement aux États-Unis. Cela inclut des courses de distance sur route, des courses sur circuit, des compétitions de saut acrobatique, et bien d'autres disciplines.

À côté des modèles traditionnels fabriqués aux États-Unis, on trouve maintenant de plus en plus de modèles utilisant des technologies électriques (moteur roue, brushless, à courroie...).

Les trottinettes légères sont bien adaptées au transport combiné. En France, les services publics reconnaissent leur utilisation en tant que jeu, leur autorisation selon le code des piétons et le principe de prudence[2].

C'est surtout à partir de 2017 que les trottinettes électriques se démocratisent réellement, notamment du fait de l'apparition de services de location, entraînant un véritable bouleversement de la mobilité et surtout de la circulation dans de nombreuses métropoles, en particulier européennes[3].

Services de location sans station

Trottinettes électriques en libre service à Lyon.

À partir de 2018, plusieurs marques de services de location de trottinettes électriques sans station ont fait leur apparition sur les trottoirs des grandes villes françaises, avec un certain succès auprès des utilisateurs mais sans aucun cadre légal. À la différence des systèmes de vélos en libre service, ces trottinettes ne sont pas liées à une station de stockage et sont mises en place et récupérées quotidiennement par l'entreprise gérant la flotte pour procéder aux rechargement des batteries. L'absence de station de stockage cause de nombreux problèmes (encombrement des trottoirs, dégradations...) et les villes réfléchissent à un moyen de règlementer leur utilisation[4]. En effet, ce système entraîne des nuisances importantes et surtout un vandalisme catastrophique, avec des milliers de trottinettes (et leurs dangereuses batteries au lithium) noyées dans la Seine, le Rhône ou le vieux-port de Marseille, et de nombreuses épaves disloquées jonchant les trottoirs, écrasées par les voitures ou encombrant la voie publique[5].

Le soir, les trottinettes sont rechargées par des « chargeurs de trottinettes » (juicer en anglais) qui collectent les trottinettes via une application mobile d'un opérateur de trottinettes et procèdent à leur recharge avant de les redéposer le matin pour les utilisateurs à un emplacement indiqué par l'application[6],[7]. Ces tâches sont en général externalisées à des auto-entrepreneurs qui reçoivent une rémunération à l'unité, qui leur procure souvent un revenu inférieur au salaire minimum horaire une fois leurs charges déduites[8].

Le modèle économique de ces entreprises repose sur une bulle financière : les différents services de location opèrent en effet des prix attractifs, au prix d'énormes pertes financières (la durée de vie d'une trottinette électrique est estimée à moins de 3 mois, alors qu'il en faudrait plus de 4 pour pouvoir commencer à envisager une rentabilité). En conséquence, les différents services fonctionnent actuellement à perte grâce à des investisseurs puissants (Lime est détenu par Google, Ufo par Seat, Hive par BMW et Daimler, Jump par Uber, BlaBla Ride par BlaBlaCar), et chacune de ces marques attend que les autres abandonnent le marché pour empocher le monopole et pouvoir ensuite augmenter les prix (sur le modèle d'Uber pour les VTC)[5]. Au total ce sont près de 1,5 milliard de dollars qui furent investis par toutes ces start-up. Il est estimé que le marché mondial de la location de trottinettes électriques représentera 40 à 50 milliards de dollars d'ici l'horizon 2025[9].

Usagers

D'après une enquête de l'ADEME menée en 2019, en France certains profils d'usagers prédominent dans l'utilisation de trottinettes électriques, qu'elles soient à usage privée ou en location sans station. On y retrouve surtout un profil d'étudiants et de cadres aisés[10].

Les utilisateurs des trottinettes électriques en libre-service à Paris sont les habitants de la ville de Paris, les adultes et les enfants de plus 12 ans[11], mais également des touristes. Les 18-24 ans représentent 50 % des utilisateurs[12].

Règlementation par pays

La trottinette électrique est classée :

  • comme un engin de déplacement personnel (Personal Mobility Devices) à Washington, D.C., et à Singapour ;
  • comme un engin de déplacement assisté personnel électrique (Electric Personal Assistive Mobility Devices) à Atlanta ;
  • comme une bicyclette en Autriche et en Nouvelle Zélande.

Belgique

Le code de la route belge impose aux trottinettes électriques de ne pas dépasser la vitesse de 18 km/h par construction pour pouvoir rouler sur la chaussée et de ne pas dépasser l'allure du pas sur les trottoirs[13]. Le stationnement est interdit dans les zones rouges et le port du casque n'est pas obligatoire[14].

Espagne

À Madrid, en raison des très nombreux accidents survenu dans la province de la capitale, la règlementation est la suivante :

  • les usagers âgés d'au moins 15 ans peuvent les utiliser en solo ;
  • en dessous de 15 ans l'usager doit être accompagné ;
  • vitesse limitée à 90 km/h ;
  • port du casque obligatoire pour les moins de 16 ans (amende de 90 euros) ;
  • port d'écouteurs sanctionné de 90 euros ;
  • interdiction de circuler sur les voies de bus et les trottoirs par nature réservés aux piétons ;
  • stationnement hors zone réservée : 100 euros[15].

États-Unis

Plusieurs compagnies très puissantes se partagent le marché américain, comme Lime (propriété de Google) et Bird. Leur irruption brutale et parfois chaotique à partir de 2017 a entraîné leur interdiction pure et simple dans certaines municipalités, comme à San Francisco[16].

France

En France, en vertu de l'article R311-1 du Code de la route, seules les trottinettes à moteur ne pouvant circuler à une vitesse supérieure ou égale à 6 km/h sont autorisées sur le trottoir (le conducteur est dans ce cas considéré comme piéton) et seules les trottinettes homologuées (réceptionné avec carte grise) ayant une plaque d'immatriculation et une assurance peuvent circuler sur la route (elles sont dans ce cas assimilées à des cyclomoteurs). Toutes les autres trottinettes à moteur sont interdites sur la voie publique[17].

En 2019, le Code de la route français doit s'adapter aux « engins de déplacement personnel motorisés », dont la vitesse maximale possible doit être limitée à 25 km/h. Un projet de décret propose d'obliger les conducteurs de trottinettes électriques à circuler sur les bandes ou pistes cyclables quand elles existent. Ils seraient autorisés à rouler sur la chaussée uniquement en cas d'absence de bandes ou pistes cyclables, uniquement dans les zones où la vitesse maximale est de 50 km/h et en file indienne et en serrant sur la droite pour gêner le moins possible la circulation des autres véhicules. Hors agglomérations, leur usage serait interdit sur les voies limitées à plus de 50 km/h, la circulation n'étant autorisée que sur les pistes cyclables ou voies vertes. L'utilisation de ces engins serait interdite aux enfants de moins de 8 ans, le port du casque obligatoire pour les enfants de moins de 12 ans et le port d'un gilet réfléchissant pour tous, la nuit ou en cas de mauvaises conditions de visibilité. Les trottinettes devraient être équipées d'un avertisseur sonore et de freins et de dispositifs rétro-réfléchissants, en plus de feux avant et arrière. Le port d'écouteurs sera interdit, tout comme pour les cyclistes. Toute infraction aux règles de circulation générales sera punie de l'amende prévue pour les contraventions de deuxième classe, soit 35 euros. L'amende s'élèvera à 135 euros (4e classe) en cas de circulation sur un trottoir, alors que l'excès de vitesse, au-delà de 25 km/h, serait sanctionné par une amende de 5e classe d'un montant de 1 500 euros[18].

Les trottinettes font leur entrée dans le Code de la route le [19].

Depuis le , Les trottinettes électriques doivent être dotées de feux de position avant et arrière (ainsi que de catadioptres blanche à l'avant, rouge à l'arrière et orange sur les côtés), d'un avertisseur sonore (audible à 50 mètres) et d'un système de frein efficace[20].


La redevance sur le nombre de flottes de trottinettes électriques en libre-service à Paris est entrée en vigueur en avril 2019. En effet, la mairie de Paris souhaitait réguler le nombre de trottinettes électriques en circulation afin de ne pas atteindre 40 000 engins dans la Capitale en 2020. La municipalité recherchait à limiter le nombre d’engins à 15 000 dans la ville soit 5 000 par opérateurs. La redevance dépend donc de la quantité de trottinettes électriques par entreprise. Une entreprise qui possède moins de 500 trottinettes devra payer 50 euros par engin à l’année. Quant aux entreprises de plus de 3 000 trottinettes, le prix passe à 65 euros par engin à l’année[21]. Cela a pour but de faire réfléchir les entreprises avant de déployer d’énormes flottes dans la ville[22]. En avril 2019, cette redevance concernait les 12 opérateurs mais trois mois plus tard, suite à l’appel à la candidature, seulement trois entreprises ont obtenu le droit de déployer des flottes sur Paris. Ainsi les recettes de cette redevance financent les 2 500 zones de stationnement sur lesquelles les utilisateurs doivent garer les trottinettes, cela met fin au free-floating c’est-à-dire le dépôt des engins dans n’importe quel endroit de la ville[23].

D’autres régulateurs impactent ce marché des trottinettes électriques en libre-service. La loi d’orientation des mobilités (LOM), datant de décembre 2019i mpose aux entreprises de demander l’autorisation à la mairie concernée dl déploiement de flotte. Elles sont alors soumises à la redevance[24].

Suisse

En Suisse, la limite serait une puissance de 500 watts et une vitesse maximum de 20 km/h[25].

Impacts environnementaux

À l'heure actuelle, les données sur les impacts environnementaux des trottinettes électriques sont plus nombreuses et peu d'études scientifiques ont réussi à évaluer l'impact écologique de celle-ci. En effet, le coût environnemental de l’usage d’une trottinette électrique (Xiaomi M365) est évalué à 200 grammes de CO2 par personne et par mille[26].

Sécurité routière

En , a eu lieu le premier accident mortel pour un conducteur de trottinette électrique à Paris, dans lequel un homme de 25 ans est mort percuté par un camion auquel il avait refusé la priorité. En , un piéton âgé avait été percuté par une trottinette à Levallois-Perret et n'avait pas survécu au choc[27],[28]. Le survient le premier accident mortel au Royaume-Uni : l'influenceuse Emily Hartridge meurt percutée par un poids lourd[29].

À Bruxelles, les accidents de trottinette documentés au service des urgences de l'hôpital Saint-Pierre sont deux fois plus nombreux que les accidents de bicyclette. L’alcool semble impliqué dans une grande partie des accidents. En effet 34 % des blessés arrivent aux urgences alcoolisés. Les blessures provoquées par ces accidents peuvent notamment concerner : des traumatismes crâniens, des lésions à la colonne vertébrale, ainsi que des fractures des membres supérieurs, notamment les coudes ou les poignets[14].

Notes et références

  1. Brevet n°US1293641.
  2. Service-public.fr
  3. « Explosion du marché de la trottinette électrique, record de ventes », (consulté le )
  4. Sébastian Compagnon et Christine Henry, « Trottinettes, vélos, scooters en libre-service à Paris : c’est le bazar ! », sur Le Parisien, (consulté le ).
  5. Hervé Liffran, « Les trottinettes font disjoncter mairies, ministres et marchés », Le Canard Enchaîné, no 5156, .
  6. Aurélien Collas, « Profession : chargeur de trottinettes, dernier-né des petits boulots de l’ubérisation », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  7. Julien Cadot, « Chargeur de trottinette électrique en libre-service : le nouveau métier de l’ubérisation », sur numerama.com, (consulté le ).
  8. Pia de Quatrebarbes, « Les jobs pourris du nouveau monde », sur humanite.fr, (consulté le ).
  9. « Seeking Perpetual Motion with Mobility as a Service », sur https://www.bcg.com (consulté le ).
  10. « Usages et usagers de services de trottinettes électriques en free-floating en France », sur 6t, (consulté le )
  11. « Circulation en trottinette électrique, rollers ou skateboard », sur www.service-public.fr (consulté le )
  12. Antoine Pestour, Approche socio-économique des enjeux relatifs aux trottinettes électriques en libre-service en France (lire en ligne)
  13. « LÉGISLATION DES TROTTINETTES ÉLECTRIQUES EN BELGIQUE. », sur https://moovmoov.com/ (consulté le )
  14. Afaf Razouki, « Conçue comme un moyen alternatif de mobilité, la trottinette électrique devient vite un cauchemar en ville », sur mapnews.ma, .
  15. Pierre Chaperon, « Vitesse limitée, casque obligatoire pour les jeunes... Madrid impose ses règles aux utilisateurs de trottinettes électriques », sur francetvinfo.f, .
  16. Samantha Raphelson, « Dockless Scooters Gain Popularity And Scorn Across The U.S. », NPR.org, (lire en ligne, consulté le )
  17. Texte sur Légifrance
  18. « Trottoirs interdits, casque, stationnement, amendes... Ce que prévoit le décret sur les trottinettes électriques », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
  19. Agence France-Presse, « L’usage des trottinettes désormais encadré par le code de la route », sur lemonde.fr, (consulté le )
  20. FabienPionneau, « Trottinettes électriques : éclairage, freinage et avertisseur sonore sont maintenant obligatoires », sur lesnumeriques.com, (consulté le )
  21. « Paris instaure une redevance pour les trottinettes électriques », sur LEFIGARO (consulté le )
  22. Par Sébastian Compagnon Le 21 mars 2019 à 13h12 et Modifié Le 22 Mars 2019 À 18h14, « Trottinettes, vélos et scooters électriques en libre-service à Paris : la Ville va instaurer une redevance », sur leparisien.fr, (consulté le )
  23. « Trois opérateurs de trottinettes autorisés à déployer leur flotte dans Paris », sur www.paris.fr (consulté le )
  24. « La régulation du free floating par la loi LOM », sur Parme Avocats (consulté le )
  25. Alain Detraz, « Une trottinette flashée à 57 km/h inquiète la police », 24 heures, (lire en ligne, consulté le ).
  26. (en) Joseph Hollingsworth, Brenna Copeland et Jeremiah X Johnson, « Are e-scooters polluters? The environmental impacts of shared dockless electric scooters », Environmental Research Letters, vol. 14, no 8, , p. 084031 (ISSN 1748-9326, DOI 10.1088/1748-9326/ab2da8, lire en ligne, consulté le )
  27. « Premier accident mortel de trottinette électrique à Paris », sur Marianne, (consulté le )
  28. « Paris : accident mortel de trottinette électrique dans le quartier de la Goutte d'Or », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
  29. « Une Youtubeuse meurt dans un accident de trottinette électrique à Londres », sur RTL.fr (consulté le ).

Voir aussi

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