Troisième guerre anglo-afghane
La troisième guerre anglo-afghane opposa le Royaume-Uni à l'Afghanistan entre le 6 mai et le . À suite de ce conflit, l'Afghanistan récupère son indépendance en reprenant le contrôle de sa politique étrangère avec le traité de Rawalpindi, domaine qu'il avait perdu à l'issue de la deuxième guerre anglo-afghane (1878-1880).
Date | 6 mai – |
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Lieu | Inde britannique et Afghanistan |
Issue |
Victoire afghane
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Émirat d'Afghanistan | Royaume-Uni Inde britannique |
Amanoullâh Shâh Mohammad Nadir Shah | Lieutenant-Général Sir Arthur Barrett Brigadier-Général Reginald Dyer Alexander Eustace |
50 000 hommes 80 000 membres de tribus | 8 divisions, 5 brigades indépendantes et 3 brigades de cavalerie |
environ 1 000 tués[1] | 1 751 tués ou blessés[2] |
Rétrospectivement, ce conflit est perçu par les historiens comme l'un des prémices de la vague de décolonisation qui déferlera sur le monde, surtout à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Déroulement du conflit
Le conflit débuta le , lorsque les troupes afghanes franchirent la frontière pakistanaise à l'extrémité ouest de la passe de Khyber et s'emparèrent du village de Bagh[3]. Ce dernier était stratégiquement important pour les Britanniques et les Indiens, fournissant de l'eau à Landi Kotal, garnison qui était occupée par seulement deux compagnies de troupes coloniales indiennes[3]. Bien que d'abord considérée comme une violation mineure de la frontière, cette attaque faisait en réalité partie d'un large plan d'invasion élaboré par les Afghans. Elle avait été lancée plus tôt que prévu, Amanullah ayant eu l'intention de provoquer un soulèvement de la population à Peshawar le . L'incident alerta Sir George Roos-Keppel (en), qui avait pris conscience du plan[3] et réussit à convaincre le vice-roi Lord Chelmsford de la nécessité de répondre à l'occupation afghane de Bagh et des troubles à Peshawar[4].
Le , l'Inde britannique déclara la guerre à l'Afghanistan et ordonna la mobilisation générale des forces indiennes et britanniques[5],[6]. Le , les Britanniques lancèrent ainsi une contre-attaque sur Bagh durant laquelle 100 Afghans furent tués et 300 autres blessés, alors que les pertes britanniques étaient relativement minimes, seulement 8 tués et 31 blessés[7]. Les régiments envoyés sur le front étaient en grande partie Sikhs.
Lors de cette guerre plusieurs avions furent utilisés par les forces anglaises, dont un exemplaire de bombardier lourd Handley Page V/1500 qui effectua un raid de bombardement sur Kaboul. Au total, durant le conflit, un aéronef britannique s'écrasa et deux autres furent abattus par les Afghans[8].
Sur le terrain, l'armée coloniale de l'Inde britannique dominait militairement, mais ce que redoutait le haut commandement de l'armée coloniale, ainsi que le gouvernement britannique, était que même si ce pays était militairement conquis, le fort nationalisme sur place était connu depuis longtemps des stratèges militaires coloniaux britanniques, ce qui laissait présager des actes de guérilla incessants, et au minimum plusieurs années au moins, pour pacifier cet immense territoire, entraînant des dépenses de plusieurs millions de livres sterling, alors que le Royaume-Uni sortait tout juste de la Première Guerre mondiale, confronté à la question de l'indépendance de l'Irlande, et aussi au nationalisme déjà présent dans les Indes britanniques, avec l'émergence de Gandhi, et d'autres indépendantistes indiens. Se maintenir en Afghanistan était la crainte d'entrer dans un « bourbier », qui pouvait voir mourir un grand nombre de soldats, et aussi, amplifier les mouvements nationalistes en Inde. La décision de négocier un accord, sera alors prise, par les autorités Britanniques.
Le , le traité de Rawalpindi mit fin au conflit. Dans ce document, le Royaume-Uni reconnaît l'indépendance de l'Afghanistan, renonce à étendre l'Inde britannique au-delà de la passe de Khyber et cesse de verser de l'argent à l'Afghanistan. Peu après la fin de ce conflit, les tribus du Waziristan, la zone tribale de l'Empire des Indes située à la frontière avec l'Afghanistan, décident de se révolter, obligeant les Britanniques à mener de nouvelles opérations pour ramener la paix.
Notes et références
- (en) Third Anglo-Afghan War 1919, consulté le 5 mai 2012
- 236 tués en action, 615 blessés, 566 morts du choléra et 334 morts d'autres maladies ou d'accidents.
- (en) Michael Barthorp, Afghan Wars and the North-West Frontier 1839–1947, p.151
- (en) Michael Barthorp, Afghan Wars and the North-West Frontier 1839–1947, p.152
- (en) Robert Wilkinson-Latham, North-West Frontier 1837–1947, p.23
- (en) George Molesworth, Afghanistan 1919—An Account of Operations in the Third Afghan War, p.27
- (en) George Molesworth, Afghanistan 1919—An Account of Operations in the Third Afghan War, p.53
- (en) David Loyn, Butcher & Bolt: Two Hundred Years of Foreign Engagement in Afghanistan, p.170
Bibliographie
- Michael Barthorp, Afghan Wars and the North-West Frontier 1839–1947, Londres, Cassell, (1re éd. 1982), 184 p. (ISBN 0-304-36294-8)
- Robert Wilkinson-Latham, North-West Frontier 1837–1947, Londres, Osprey Publishing, coll. « Men-at-Arms Series # 72 », (1re éd. 1977), 48 p. (ISBN 0-85045-275-9)
- George Molesworth, Afghanistan 1919—An Account of Operations in the Third Afghan War, New York, Asia Publishing House, (OCLC 7233999)
- David Loyn, Butcher & Bolt : Two Hundred Years of Foreign Engagement in Afghanistan, Londres, Windmill Books, , 400 p. (ISBN 978-0-09-952263-8)
- Hugh Cook, The Battle Honours of the British and Indian Armies, 1662–1982, Leo Cooper, , 552 p. (ISBN 0-85052-082-7)
- James Elliott, The Frontier 1839–1947, Londres, Cassell, (OCLC 46160081)
- General Staff Branch, Army Headquarters India, The Third Afghan War 1919 Official Account, Naval & Military Press, (1re éd. 1926) (OCLC 63665705)
- (en) David E. Omissi, Air Power and Colonial Control : The Royal Air Force, 1919–1939, New York, Manchester University Press, , 260 p. (ISBN 0-7190-2960-0, lire en ligne)
- Brian Robson, Crisis on the Frontier : The Third Afghan War and the Campaign in Waziristan 1919–1920, The History Press, , 302 p. (ISBN 978-1-86227-403-7 et 1-86227-403-7)
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