Traversée du monde souterrain

Traversée du monde souterrain, Paysage avec la barque de Charon, Charon traversant le Styx, Passage du Styx, ou Traversée du Styx est un tableau peint par Joachim Patinier entre 1520 et 1524[1] et conservé au musée du Prado à Madrid.

Analyse de l'œuvre

Fait sans doute sans précédent dans l'histoire de la peinture occidentale[2], Charon, le passeur d'âmes de la mythologie, est le sujet principal d'un tableau. Moyennant péage, il a pour mission de conduire dans sa barque, sur les eaux du Styx, les défunts vers le séjour des morts.

Virgile le décrit ainsi dans l'Énéïde[3] :

« Le terrible et hideux Charon garde ces eaux et ces fleuves. De son menton descend une barbe épaisse, inculte et blanchie par l'âge. Ses yeux étincellent. Un nœud rattache son sale manteau sur ses épaules. Il conduit lui-même avec l'aviron et dirige avec la voile la barque funèbre sur laquelle il transporte les morts. Il est vieux, mais sa vieillesse, verte et vigoureuse, est celle d'un dieu. »

Situé au centre du tableau (fig. 1), Charon dans sa barque est au point crucial où il doit choisir sa direction.

À sa gauche (fig. 2), qui correspond à la partie droite du tableau, est la porte de l'Enfer. Elle est gardée par Cerbère, un chien à trois têtes. Derrière, des feux ardents illuminent çà et là les ténèbres qui règnent partout jusqu'au ciel.


Au premier plan (fig. 3), des vergers peuplés d'oiseaux forment à première vue, un paysage plus serein. Cependant, la présence un peu inquiétante d'un animal à face simiesque tempère l'impression initiale. Ce paysage ambigu semble suggérer les limbes.


À sa droite (fig. 4), qui correspond à la partie gauche du tableau, figure le Paradis avec ses vergers et son immense fontaine. Un ange fait un signe, comme pour engager Charon à virer de bord afin d'atteindre les rives idylliques verdoyantes, peuplées d'anges, de bienheureux, de biches, de licornes, de lapins, de cygnes, et de paons.



Joachim Patinier traite donc ici, dans ce tableau à suspens, le thème du bivium, de la bifurcation qui offre le choix entre la voie du mal et celle du bien qui mène au salut.

Bibliographie

  • Paul Dupouey, Le Temps chez Patinir, le paradoxe du paysage classique : thèse de doctorat, Université de Nancy II, 2007-2008, 533 p. (lire en ligne), p. 290-293.
  • (ang) Robert A. Koch, Joachim Patinir, Princeton, Princeton University Press, , 116 p. (ISBN 978-0-691-03826-1)
  • (es) Alejandro Vergara (ed.), Patinir, estudios y catálogo crítico, Madrid, Museo National del Prado, , 408 p. (ISBN 978-84-8480-119-1), p. 150-163.

Liens externes

Notes et références

  1. Cf. Koch 1968, p. 23 et Vergara (ed.) 2007, p. 150.
  2. Cf. Koch 1968, p. 43.
  3. Cf. Œuvres complètes de Virgile, trad. Th. Cabaret-Dupaty, Paris, Hachette, 1897, p. 229.

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