Tous les matins du monde (film)

Tous les matins du monde est un film français réalisé par Alain Corneau et sorti en 1991. Il est tiré du roman éponyme écrit par Pascal Quignard, qui retrace la vie du compositeur français du XVIIe siècle, Marin Marais, et ses relations avec un autre compositeur contemporain, Jean de Sainte-Colombe.

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Tous les matins du monde
Réalisation Alain Corneau
Scénario Alain Corneau,
d'après le roman éponyme de Pascal Quignard
Acteurs principaux
Sociétés de production Film Par Film
Paravision International
DD Productions
Dival Films
SEDIF Productions
FR3 Films Production
Pays d’origine France
Genre Drame
Durée 115 minutes
Sortie 1991


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Il rencontre un important succès, avec plus de deux millions d'entrées, et remporte le César du meilleur film (1992). Il contribue à la renaissance de la musique baroque et à faire connaître la viole de gambe, interprétée dans le film par Jordi Savall, grand spécialiste de cet instrument.

Synopsis

Sur la fin de sa vie, Marin Marais, violiste des XVIIe – XVIIIe siècles, se remémore ses souvenirs de jeunesse et en particulier son apprentissage de la viole de gambe auprès de son maître, Monsieur de Sainte-Colombe et de ses deux filles, Madeleine et Toinette.

1673, dans la campagne près de Paris. Marin Marais, un adolescent gauche de 17 ans, se présente à Monsieur de Sainte-Colombe, un maître gambiste connu pour son austérité (il est janséniste) et sa sévérité : il voudrait devenir son disciple. Sainte-Colombe, bien que vivant retiré du monde, est connu pour sa virtuosité et pour ses innovations techniques (tenue de la viole et de l'archet, addition d'une septième corde pour obtenir les notes plus basses).

Le jeune Marais raconte son histoire d'une voix sourde : « Il était membre de la chorale paroissiale de Saint Germain l'Auxerrois, mais lorsque sa voix mua, il en fut chassé alors que son ami Michel-Richard de Lalande, qui n'avait pas mué, resta dans la formation... Il ne désirait pas être cordonnier comme son père. Il est doué pour la viole de gambe... » Le maître, après avoir écouté le jeune homme jouer une improvisation sur une Folia de l'époque lui annonce froidement : « Je ne pense pas que je vais vous admettre parmi mes élèves. » Devant l'étonnement de Marin, il ajoute brutalement : « Vous faites de la musique, Monsieur, vous n'êtes pas musicien. » Marin joue alors une aria de sa composition, qui, loin de transcender le maître, l'émeut cependant. Finalement, Monsieur de Sainte-Colombe l'accepte un mois plus tard, pour sa douleur et non pour son art.

Les deux filles du maître (en particulier Madeleine, l'aînée) sont émues par l'arrivée du jeune homme dans la gentilhommière désolée par la mort subite, quelques années auparavant, de Mme de Sainte-Colombe. D'ailleurs, depuis, le maître (qui a refusé d'aller jouer de la viole devant le roi Louis XIV), passe ses journées seul dans une cabane au fond du jardin, travaillant inlassablement son art et recevant parfois la visite de sa défunte épouse : il a fait peindre par Lubin Baugin la table (portant un verre de vin, une bouteille clissée et une assiette d'oublies) derrière laquelle l'apparition s'assied pour l'écouter jouer.

Pendant que le maître s'absente de ce monde, son élève et Madeleine, sa fille aînée, s'aiment. Alors que Marin Marais commence son ascension à la Cour du roi, il s'attarde à en raconter les détails à Madeleine pendant une leçon de viole. Monsieur de Sainte-Colombe lui enjoint à plusieurs reprises de jouer, en vain, et laisse sa fureur de voir son élève rechercher la gloire (et non la musique) prendre le dessus : il fracasse la viole du virtuose mondain contre la cheminée et le chasse hors de sa vue, mettant un terme à leurs leçons. Marais revient cependant, à l'insu du maître, prendre des leçons particulières auprès de Madeleine qui lui transmet tout ce qu'elle sait ; elle l'introduit même sous la cabane de Sainte-Colombe pour qu'il puisse continuer à s'inspirer des thèmes, des ornements inédits et du jeu inégalable du vieux musicien, lui vantant des morceaux jamais publiés, attisant ainsi sa curiosité.

L'ascension de Marin Marais dans le milieu musical de la cour continue et il s'éloigne de plus en plus de l'austère maison campagnarde. Il annonce finalement à Madeleine qu'il ne reviendra plus car « il a vu d'autres visages. » Elle s'alite alors, accouche d'un enfant mort-né et tombe en cachexie.

Au fil des années, le mutisme de monsieur de Sainte-Colombe s'accentue. Il refuse à Madeleine, confinée au lit, de lui jouer « La Rêveuse », une pièce que Marais avait composée pour elle autrefois. Sainte-Colombe, sentant néanmoins sa fille approcher de la mort, envoie un billet à Marais lui mandant de venir à son chevet. Celui qui est devenu un musicien bien en cour dirige à Versailles l'orchestre de chambre du roi, en battant impérieusement la mesure de sa canne (comme le faisait Lully) quand on lui apporte le billet ; il refuse tout net de se déplacer mais son battu se dérègle. Il finit par monter en carrosse pour aller chez les Sainte-Colombe. Madeleine, transformée par la vérole et l'anorexie, réalise en le revoyant qu'elle a aimé passionnément et tout donné à un cynique égoïste, qui ne sait que s'étonner de la décrépitude où elle est tombée. Marais s'en va après avoir joué pour Madeleine. Elle se pend au baldaquin de son lit après son départ (avec des rubans de chaussures offertes, jadis, par Marin Marais).

Marin Marais (comme narrateur) ponctue la scène par l'aphorisme « Tous les matins du monde sont sans retour. » qui donne son titre au film (extrait du chapitre XXVI de l'œuvre de Quignard).

Dans les années suivant la mort de Madeleine, Marais, pourtant devenu chef d'orchestre de la musique du roi, continue à se rendre tous les soirs chez Sainte-Colombe pour se glisser sous la cabane et tenter d'entendre les fameuses pièces que Madeleine avait évoquées, en vain. Mais une nuit, le vieux maître se lamente, seul, et Marais se découvre. Sainte-Colombe lui pardonne et accepte de lui donner « sa première leçon » lorsque Marin Marais lui prouve qu'il a compris que la musique n'était ni pour Dieu, ni pour la gloire ("Elle est un petit abreuvoir pour ceux que le langage a désertés"). Prêtant à Marais la viole de sa défunte fille, Sainte-Colombe lui montre une fois la partition des pièces et referme le livre avant qu'ils ne se mettent à jouer.

Le film se termine sur le retour à la Cour de Marin Marais, qui, dans ses derniers jours, voit Sainte-Colombe lui apparaître et lui confier qu'il a été fier de le compter parmi ses élèves.

Contexte de l'époque

Jean de Sainte-Colombe (qui a pour élève Marin Marais), est un partisan du très austère jansénisme, plus exactement, il était en faveur de Port-Royal des Champs.

Fiche technique

Distribution

Musiques

Fichier audio
Marin Marais - Sonnerie de Sainte-Geneviève du Mont de Paris
Sonnerie de Sainte-Geneviève du Mont de Paris, de Marin Marais, par Jordi Savall du film
Des difficultés à utiliser ces médias ?
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Musiques interprétées par Le Concert des Nations : Jordi Savall (basse de viole, direction), Montserrat Figueras (soprano), Maria Cristina Kiehr (soprano), Rolf Lislevand (théorbe), Christophe Coin (basse de viole), Pierre Hantaï (clavecin), Jérôme Hantaï (violon).

La bande-son du film intègre le « Top 30 » RTL-Virgin Radio et remporte un disque d'or[3].

Tournage

Tous les matins du monde a notamment utilisé comme lieux de tournage :

Récompenses

Notes et références

  1. JP, « Tous les matins du monde (1991)- JPBox-Office », sur www.jpbox-office.com (consulté le )
  2. Extrait du film Tous les matins du monde d'Alain Corneau www.youtube.com
  3. Renaud Machart, « « Tous les matins du monde » ou le tombeau de Jean-Pierre Marielle », Le Monde, (lire en ligne).
  4. "Ca s'est tourné près de chez vous: Tous les matins du Monde" sur le site de filmsfrance
  5. "Visite indiscrète des lieux de tournage" par Sylvie Santini, L'Express, 16 juillet 1992.

Bibliographie

Liens externes

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