Thétis

Dans la mythologie grecque, Thétis (en grec ancien Θέτις / Thétis) est une Néréide (nymphe marine), fille de Nérée et de Doris. Elle ne doit pas être confondue avec sa grand-mère Téthys, une divinité marine primordiale. Elle est la mère du héros Achille.

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Thétis
Mythologie grecque

Enlèvement de Thétis par Pelée. Intérieur d'un kylix attique à figures rouges, v. 490 av. J.-C.. Provenance : Vulci, Étrurie. - Bibliothèque Nationale de France
Caractéristiques
Nom grec ancien Θέτις
Fonction principale Divinité marine
Métamorphose(s) Multiples métamorphoses (oiseau, serpent, lion, poisson, seiche, eau et feu)
Résidence Océan / Palais de Pélée en Thessalie
Lieu d'origine Grèce antique
Période d'origine Grèce archaïque
Groupe divin Les Néréides et les divinités marines
Équivalent(s) par syncrétisme Anahita
Culte
Région de culte Laconie
Temple(s) Temple en Laconie
Mentionné dans la Théogonie d'Hésiode; l’Iliade d'Homère; la Bibliothèque d'Apollodore; les Retours d'Hégésias; l'Éthiopide d'Arctinos de Milet; Andromaque d'Euripide; l’Énéide de Virgile
Famille
Père Nérée
Mère Doris
Fratrie Les autres Néréides, Néritès
Conjoint Pélée
• Enfant(s) Achille

Fonction

Thétis était la Néréide de la « génération » des poissons ou de leur frai, souvent donnée également comme la plus importante et la plus connue des Néréides.[réf. nécessaire] Ainsi, lorsque Héra demande son aide pour sauver Jason lors de son voyage avec les Argonautes, c'est à Thétis que l'épouse de Zeus s'adresse. Et Thétis va activement mener les Néréides à préserver le vaisseau et son équipage.

Famille

Ascendance

Ses parents sont le dieu marin primitif Nérée, surnommé le vieillard de la mer, et l'océanide Doris. Elle est l'une de leur multiples filles, les Néréides, généralement au nombre de cinquante, et a un unique frère, Néritès. Pontos (le Flot) et Gaïa (la Terre) sont ses grands-parents paternels, Océan et Téthys ses grands-parents maternels.

Thétis est élevée par Héra, qui peut donc être considérée comme sa mère adoptive.

Descendance

Thétis est mariée contre sa volonté à Pélée, roi de Phthie en Thessalie, de qui elle a sept fils. Six mourront lors des tentatives de les rendre immortels en les plongeant dans le feu, seul le plus jeune, Achille, survivant, sauvé par son père.

Mythe

Elle est élevée par Héra, reine de l'Olympe. Désirée par Zeus et Poséidon, alors que même Zeus songe à l'épouser, Thémis prédit qu'elle donnerait naissance à un fils plus fort que son père[1]. Les dieux se hâtent donc de la donner en mariage à un mortel afin d'éviter tout problème diplomatique dans leur royaume. Mariée ensuite contre son gré à Pélée, roi de Phthie en Thessalie, elle déclare dans l’Iliade[2] :

« Seule entre les déesses de la mer, Zeus m'a soumise
À un mortel, l'Éacide Pélée, et fait entrer
Malgré moi, au lit d'un mortel, qui traîne en son palais
Une vieillesse amère[3]. »

Enlèvement de Thétis par Pélée, face A d'une pélikè attique à figures rouges, manière du Peintre de Léningrad, v. 460 av. J.-C., musée du Louvre

Comme le dieu de la mer Protée, Thétis se métamorphose sans cesse (oiseau, serpent, lion, poisson, seiche, eau et feu) pour échapper au mariage. Pelée est conseillé par le centaure Chiron, qui l'a élevé et sait comment fonctionnent les pouvoirs divins. Il explique donc à Pelée comment réussir à faire conserver forme humaine à sa future femme : il doit la maintenir fermement pendant qu'elle change d'apparence jusqu'à ce qu'elle cède de fatigue. Il finit par lui promettre d'exaucer son vœu de l'épouser. S'ensuit la cérémonie des noces sur le mont Pélion, durant lesquelles Éris, déesse de la discorde, furieuse de ne pas avoir été invitée, lance une pomme « à la plus belle », ce qui causera le jugement du mont Ida (voir Pâris).

Thétis et les Néréides pleurent Achille. Hydrie corinthienne à figures noires, 560–550 av.; noter le bouclier de la Gorgone, Louvre

Mère de sept fils[4], elle les plonge dans le feu pour les défaire de leur nature mortelle. Six n'y résistent pas, Achille, le septième, est sauvé par son père. Par la suite, elle se consacre à son fils, tentant de le préserver (en le plongeant dans le Styx pour le rendre invulnérable) et en l'empêchant de partir pour Troie, où elle sait qu'il mourra, selon un oracle consulté à sa naissance. Bien qu'elle lui ait expliqué le choix qui l'attendait (vivre vieux et inconnu ou mourir jeune, mais couvert de gloire), elle échoue.

Elle continue d'aider son fils en terre troyenne : elle intervient auprès de Zeus pour qu'il accorde l'avantage aux Troyens, quand Achille se retire dans sa tente[5]. Elle demande ensuite à Héphaïstos de lui forger de nouvelles armes, après qu'Hector a enlevé les anciennes de la dépouille de Patrocle[6]. Elle tente une dernière fois de le dissuader d'affronter Hector, lui prédisant une mort proche s'il y va, mais encore une fois, elle n'y parvient pas.

Plusieurs dieux sont redevables à Thétis : Dionysos d'abord, qui enfant se réfugie auprès d'elle, poursuivi par Lycurgue[7]. Elle recueille également Héphaïstos, quand il est jeté du haut de l'Olympe[8]. Enfin, elle sauve Zeus des chaînes quand Athéna, Héra et Poséidon veulent l'emprisonner, en faisant appel à Briarée, l'un des Hécatonchires, pour le délivrer[9].

Interprétations

Pour Jean Haudry, la légende de Thétis et de son fils Achille se rattache à la plus ancienne mythologie des cycles temporels et des âges du monde; de l'Aurore qui s'unit à un mortel : Thétis, Aurore du cycle cosmique, en est réduite à épouser Pélée. De cette union naît Achille, qu'elle tente d'immortaliser par l'eau et par le feu, mais elle échoue par la faute de ce dernier[10].

Culte

Une exception notable à l'observation générale résultant des documents historiques existants, indiquant que Thétis n'était généralement pas vénérée comme une déesse par le clergé, se trouve en Laconie conservatrice, où Pausanias a été informé de l'existence de prêtresses de Thétis à l'époque archaïque, quand un culte qui était centré sur une image de culte en bois de Thétis (un xoanon), qui a précédé la construction du plus ancien temple. Par l'intervention d'une femme haut placée, son culte avait été refondé avec un temple et, au deuxième siècle après JC, elle était encore vénérée avec la plus grande révérence. Les Lacédémoniens étaient alors en guerre contre les Messéniens, qui s'étaient révoltés, et leur roi Anaxandre, ayant envahi la Messénie, fit prisonnières certaines femmes, parmi lesquelles Cléo, prêtresse de Thétis. La femme d'Anaxandre, Leandris, demanda cette Cléo à son mari, et découvrant qu'elle avait l'image en bois de Thétis, elle installé cette dernière dans un temple pour la déesse. Leandris fit à cause d'une vision dans un rêve, et l'image en bois de Thétis était gardée en secret[11].

Dans un hymne fragmentaire[12] du poète spartiate du VIIe siècle Alcman, Thétis apparaît comme un démiurge, commençant sa création par poros (πόρος) « chemin, piste » et tekmor (τέκμωρ) « marqueur, poste final ». Le troisième était skotos (σκότος) « l'obscurité », puis le soleil et la lune. Un lien étroit a été soutenu entre Thétis et Métis, une autre puissance maritime métamorphosée plus tard qui fut aimée par Zeus, mais prophétisée qu'elle produirait un fils plus grand que son père en raison de sa grande force[13].

Hérodote[14] a noté que les Perses sacrifiaient à « Thétis » au cap Sepias. Par le processus d'interprétatio graeca, Hérodote identifie une déesse de la mer d'une autre culture (probablement Anahita) comme la « Thétis » hellénique familière.

Représentations dans les arts

Le Mariage de Thétis fut très souvent représenté dans la peinture :

Évocations modernes

Notes et références

  1. Selon le Prométhée enchaîné d'Eschyle, c'est Prométhée qui le prédit. Cette version ne se retrouve pas ailleurs.
  2. Chant XVIII, 368-467
  3. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] (XVIII, 432-435).
  4. Selon la scholie à Apollonios de Rhodes, IV, 816, c'est dans le chant II de l'Aigimios que se trouve cette version du mythe
  5. Iliade (I, 493-533).
  6. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], Chant XVIII, 368-467
  7. Iliade (VI, 130-140).
  8. Hymnes homériques [détail des éditions] [lire en ligne] (Aphrodite, 316-321).
  9. Iliade (I, 396-406).
  10. Jean Haudry, Courtisanes, Journal Asiatique, 303.2, 2015
  11. Pausanias, Description de la Grèce 3.14.4–5
  12. Le fragment de papyrus a été découvert à Oxyrhynque.
  13. M. Detienne et J.-P. Vernant, Les Ruses de l'intelligence: la Métis des Grecs (Paris, 1974) pp. 127–64
  14. Hérodote Histories 6.1.191.
  15. Vincent Pomarède, 1001 peintures au Louvre : De l’Antiquité au XIXe siècle, Musée du Louvre Editions, (ISBN 2-35031-032-9), p.273

Annexes

Sources

Articles connexes

Liens externes

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